HOMÉLIE DU DIMANCHE DES RAMEAUX

Avec le dimanche des rameaux, commence la semaine Sainte. Les offices de cette semaine sont les plus beaux, les plus significatifs de l’année. Ce sont des évènements qui ont donnés naissance à cette semaine et les plus importantes de toute l’histoire humaine.
L’atmosphère qui ressort du récit évangélique est joyeuse et festive, et derrière les chants d’acclamations qui accompagnent l’entrée du Christ dans la ville sainte s’annonce déjà son triomphe définitif sur la mort et le péché durant la nuit pascale. Mais le climat change avec les lectures de la messe qui mettent en relief les conditions nécessaires pour que ce triomphe puisse s’opérer. Comme le dit Saint Bernard : « Si la gloire céleste se trouve présentée dans la procession, dans la messe se trouve manifestée quelle route nous devrons emprunter pour la posséder. »
Cette route que nous pouvons contempler dans la personne même du Christ est celle de l’abaissement et de l’humilité, celle de l’obéissance filiale, de l’abandon entre les mains du Père, celle du don total par amour jusqu’à mourir sur la Croix.
L’hymne de l’épître aux Philippiens dans la deuxième lecture est peut-être le passage qui nous décrit cela de la façon la plus aboutie : « Le Christ Jésus, lui qui était dans la condition de Dieu, n’a pas jugé bon de revendiquer son droit d’être traité à l’égal de Dieu ; mais au contraire, il se dépouilla lui-même en prenant la condition de serviteur. Devenu semblable aux hommes et reconnu comme un homme à son comportement, il s’est abaissé lui-même en devenant obéissant jusqu’à mourir, et à mourir sur une croix. »
Oui, Jésus est bien le Messie – Serviteur souffrant, annoncé par le prophète Isaïe, qui ne s’est pas révolté, qui ne s’est pas dérobé ; qui a présenté son dos à ceux qui le frappaient, et ses joues à ceux qui lui arrachaient la barbe ; qui n’a pas protégé son visage des outrages et des crachats selon la description de la première lecture. Mais c’est par ses souffrances que nous sommes sauvés, souffrances qui ne sont que le prolongement de son acte d’obéissance parfaite au Jardin des Oliviers.
Car c’est bien là que se joue notre salut. En communiant humainement à la volonté divine du Père, Jésus rétablit notre nature humaine dans une relation filiale avec le Père.
En choisissant d’entrer dans sa Passion et de la vivre jusqu’au bout, il exprime son abandon total entre les mains de son Père. Jésus nous sauve en accomplissant dans une nature humaine l’existence filiale parfaite.
La foule a salué Jésus qui entrait à Jérusalem. Mais la même foule qui criait « Hosanna » et « Béni soit celui qui vient » criera « Crucifie-le » ! Il y a dans la vie des moments où il est facile de se laisser entraîner à suivre et à acclamer Jésus. Mais saurons-nous reconnaître le visage du Christ dans notre quotidien ? Le suivrons-nous lorsque ce choix impliquera de porter la Croix ? Les textes de ce dimanche nous invitent à nous interroger sur notre attachement au Christ. Nous le reconnaissons et l’acclamons comme notre Roi, notre Sauveur, notre Rédempteur. Notre attitude devant la Croix, quand elle se proposera à nous, sera pourtant révélatrice de ce que représentent réellement pour nous ces titres que nous lui attribuons. Les textes de ce jour nous apprennent que le plus fondamental peut-être c’est d’entrer toujours davantage dans la même intimité, la même communion de volonté avec Jésus que celle qu’il entretenait avec son Père. C’est une invitation à prier toujours plus et toujours plus intensément. C’est, en effet, dans la prière seule, comme Jésus à Gethsémani, que nous trouverons la force de choisir et non pas de subir nos croix dans le don total de nous-mêmes. L’enjeu est de taille car c’est ici que se joue l’avènement du Royaume de Dieu.
« Seigneur, fais-nous la grâce, durant cette semaine sainte, d’être renouvelés dans notre attachement à ta personne. Fais-nous la grâce de savoir te contempler et t’écouter dans ta Passion, t’écouter parler à notre cœur, t’écouter nous dire : « Tu comptes beaucoup pour moi. »

Père Paul KONKOBO

Homélie du 5ème dimanche du carême de l’Année B

« Amen, amen, je vous le dis : si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul ; mais s’il meurt, il donne beaucoup de fruit. » (Jn 12,24) L’étonnante renaissance d’une graine ! Enfoui dans une terre fertile, le grain de blé se désagrège, se décompose mais ne reste pas stérile. Il germe et promet de surcroît une récolte abondante, prête pour la moisson. Une merveille de la nature. Cette Parole du Christ est un véritable hymne à la Vie. Une image marquante pour illustrer le passage de sa Passion à sa Résurrection. La Croix porte en elle le germe de Vie ! Le paradoxe fondamental de la foi chrétienne. Avec ce cinquième dimanche de Carême, nous nous avançons à grands pas vers Pâques. Jésus commence à ressentir le poids de son sacrifice. Pourtant, résolument, Il va au-devant de ses souffrances. Il est prêt à affronter ce parcours le plus accidenté de sa vie terrestre. Sa mort mènera l’humanité à la Vie. La Rédemption passe par ce don suprême. Malgré cette apparence de désarroi avant les événements tragiques de la Passion, l’Évangile de ce dimanche nous prépare à célébrer la Résurrection du Christ, la clé de voûte de notre foi chrétienne. Mais avant de pouvoir renaître spirituellement dans le Christ, nous sommes appelés à nous transformer de l’intérieur et à mourir à nous-mêmes. Ce n’est qu’à cette condition que nous parviendrons à la Vie éternelle. « Celui qui aime sa vie la perd ; celui qui s’en détache en ce monde la garde pour la vie éternelle. » (Jn 12,25) Mourir à soi pour porter du fruit, garder jalousement sa vie c’est rester improductif. Le renfermement sur soi nous conduit à un isolement stérile.
L’égoïsme nous prive de la vraie Vie. Jésus nous invite à sortir de notre individualisme et à nous donner. Le chemin du vrai Bonheur se trouve dans cette ouverture de l’âme. En nous donnant aux autres, nous accédons à la pleine Vie. Ce don de soi stimule notre élan de cœur et relance notre vie spirituelle. Une exaltation au bout des sacrifices ! Mourir à soi-même pour renaître dans le Christ. C’est l’intime conviction de saint Paul : « Je vis, mais ce n’est plus moi, c’est le Christ qui vit en moi. Ce que je vis aujourd’hui dans la chair, je le vis dans la foi au Fils de Dieu qui m’a aimé et s’est livré lui-même pour moi. » (Galates 2,20) Le sacrifice du Christ nous montre le chemin de l’Amour. « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime. » (Jn 15,13) La force de sa Résurrection s’exprime à travers tous ceux qui ont la générosité de donner leur vie, ou une partie de son existence, pour faire régner l’Amour et la Paix dans le monde. Même au prix de grands efforts, la générosité est une source féconde d’énergie et de bonheur. Le don de soi nous procure de la joie et apporte en même temps du réconfort à notre entourage. ‘Veux-tu être heureux ? Donne du bonheur.’ (Antoine de Saint-Exupéry) Une magnifique réalité de la vie qu’on oublie si souvent ! …
Le Carême est dans une période de l’année où la nature se prépare à une renaissance après de longs mois de mûrissement. Autour de nous, la nature s’anime, elle s’est dépouillée de son ancienne carcasse pour renaître plus resplendissante. À l’approche de Pâques, nous sommes invités à nous émerveiller devant cette éclosion éclatante de la Vie. Le temps de Carême nous invite à nous transformer pour nous ouvrir spirituellement à une nouvelle vie bien meilleure. Dépouillons-nous de tout ce qui nous alourdit sur notre chemin vers Dieu. Saint Paul nous recommande : « Il s’agit de vous défaire de votre conduite d’autrefois, c’est-à-dire de l’homme ancien corrompu par les convoitises qui l’entraînent dans l’erreur. Laissez-vous renouveler par la transformation spirituelle de votre pensée. » (Éphésiens 4,23-24)
En cette fin de Carême, nous nous préparons à revivre la Passion du Christ dans la perspective de sa Résurrection. La commémoration de sa mort nous rappelle que le chemin de notre salut passe par ce don suprême. En mourant sur la Croix, Jésus nous mène vers la Vie ! Sa Résurrection concrétise son Amour pour les hommes. Jésus nous invite à Le suivre généreusement sur ce chemin : Nous dessaisir de nous-mêmes au profit d’autrui.
Que la Vie du Christ resurgisse en chacun de nous. Que son Amour sans limite resplendisse en notre cœur !
Père Aimé-Fulbert MALELA

Homélie 4è Dimanche de carême Laetare

En ce 4è dimanche de carême nous célébrons le dimanche de laetare, c’est-à-dire de la
joie
« Réjouis-toi, Jérusalem ; vous tous qui l’aimez, rassemblez-vous. Jubilez de sa joie, vous
qui étiez dans la tristesse ; alors vous exulterez, vous serez rassasiés de consolation ».
Is 66,10
C’est une manière d’anticiper la joie des fêtes de Pâques, de marcher vers la résurrection
du Christ.
Le carême est aussi le temps de la préparation au baptême pour les catéchumènes qui
seront admis aux sacrements de l’initiation chrétienne lors de la Vigile Pascale, avec
aujourd’hui le 2è scrutin, mais c’est aussi une démarche baptismale et de conversion pour
tous les baptisés.
L’Église souhaite que les assemblées chrétiennes accompagnent par la prière les
catéchumènes qui seront baptisés à Pâques. C’est donc une autre manière, mais bien
réelle, d’anticiper la joie pascale.
Cette joie c’est de savoir que nous sommes sauvés définitivement par le Christ.
Par le baptême, nous sommes configurés au Christ et devenons à sa suite prêtre,
prophète et roi et nous sommes déjà marqués par la résurrection.
Jésus est venu pour nous sauver et non pour juger ou pour condamner. Il nous ouvre à la
miséricorde du Père.
« Dieu est riche en miséricorde ; à cause du grand amour dont il nous a aimés, nous qui
étions des morts par suite de nos fautes, il nous a donné la vie avec le Christ : c’est bien
par grâce que vous êtes sauvés ! » . Ep 2, 4
Le salut de chacun de nous ne dépend pas de la seule volonté de Dieu mais aussi de
nous, il nous est offert par grâce, encore faut-il que nous l’acceptions.
Dieu soumet le salut du monde à la liberté de l’homme, de tout homme, qui est appelé à
choisir les ténèbres ou la lumière. Et si jugement il y a, il est à chercher dans cette
possibilité laissée à tout homme de préférer les ténèbres à la lumière !
Le jugement, la condamnation, ne vient pas de l’extérieur ; c’est l’homme qui se juge et se
condamne lui-même quand il refuse de croire. Le jugement c’est l’acte de celui qui refuse
l’amour de Dieu. « Celui qui ne veut pas croire est déjà jugé ». Jn 3, 18
Jésus est venu nous sauver de nos égoïsmes, de nos peurs, de nos petitesses, de tous
nos manques d’amour. Mais aussi de nos certitudes, de nos pseudo bonnes consciences,
tout ce qui nous enferme dans le mensonge, loin du Christ qui est la Vérité.
Il n’est pas d’amour véritable qui ne soit pas porté par le désir de donner à l’être aimé la
possibilité d’accéder à la vérité de son être, et, ce faisant, d’être autre !
Aimer en vérité, c’est toujours apprendre à respecter et à promouvoir ce que l’autre a
d’unique. C’est ainsi que Dieu nous aime chacun pour ce que nous sommes dans notre
identité propre.
Croire en Jésus, lumière venu éclairer le monde, c’est passer des ténèbres du
péché à la lumière de l’Amour de Dieu. C’est changer notre agir.
« Jn 3,19-21 la lumière est venue dans le monde, et les hommes ont préféré les
ténèbres à la lumière, parce que leurs œuvres étaient mauvaises… mais celui qui
fait la vérité vient à la lumière. »
C’est ce qui se passe par exemple pour l’aveugle né qui rencontre Jésus.
Dans les ténèbres de la cécité depuis sa naissance il représente l’humanité
refermée sur elle-même par le mal et par le péché des origines.
Entendant Jésus passer près de lui, l’aveugle crie vers lui. Jésus vient lui ouvrir les
yeux du cœur. Il fait découvrir le tout Autre qu’est Dieu et les autres que sont nos
frères et sœurs. L’illumination intérieure se traduit par un regard extérieur
renouvelé. C’est ce que les pharisiens, enfermés dans leur suffisance, se refusent
à faire.
Ainsi, l’aveugle passe de la cécité intérieure à la lumière intérieure de l’amour de
Dieu pour lui.
Voir n’est pas seulement une fonction physique. Voir c’est aussi une vision
spirituelle, une vision qui envahit le cœur et l’intelligence. C’est ce qui se produit
dans le Baptême chrétien qu’on appelait dans les premiers siècles de l’Église une «
illumination ». Le baptisé est illuminé par le Christ.
Sortir de nos ténèbres et laisser entrer la lumière du Christ en nous c’est ce que
nous sommes tous invités à faire et à toujours refaire. Le temps du Carême à
chaque année est là pour cela. C’est aussi le chemin que font les catéchumènes
jalonné des étapes qui les mènent à la rencontre du Christ par le baptême. Le
scrutin d’aujourd’hui en est une.
Comme à l’aveugle-né, Jésus demande à chacun de nous : « Crois-tu au Fils de
l’homme ? ». Et si je lui dis : « Et qui est-il, Seigneur, pour que je croie en lui ? »
Jésus me répondra: « Tu le vois, et c’est lui qui te parle ».
À l’exemple de l’aveugle-né, comme baptisés, nous sommes invités à refaire notre
profession de foi baptismale en disant nous aussi « Je crois, Seigneur ! ».
Que notre Carême, éclairé par les paroles de Jésus nous donne une foi encore
plus agissante et vivante.
P Jean-Hugues

Évangile de la Samaritaine

Dans l’évangile de ce jour, Jésus ne vient pas en marchant sur l’eau, il ne parle pas à une immense foule de 5000 personnes, il ne participe pas non plus à une fête où il va changer l’eau en vin. Non. Aujourd’hui, Jésus se met dans un comportement humain des plus simples : il fait chaud, il a soif, il voit une femme et il va lui demander à boire…
Il a donc besoin de cette femme pour qu’elle lui donne de l’eau, et c’est lui qui le premier se fait demandeur, c’est lui le fils de Dieu qui se met à son niveau, qui vient s’asseoir sur la margelle. Les disciples lui reprocheront bien cette attitude : parler à une femme qu’il ne connaît pas, qui plus est une Samaritaine… Car pour redonner l’espoir à cette Samaritaine au puits de Jacob, Jésus transgresse tous les tabous : le tabou racial, le tabou sexuel et le tabou religieux. Mais Jésus est un homme libre. Il ne croit ni aux blocages définitifs, ni aux étiquettes blessantes, ni aux rancœurs ancestrales ; mais il sait redonner l’espoir à ceux et celles qui sont abattus par les difficultés de la vie : «Venez à moi vous tous qui souffrez et qui ployez sous le poids du fardeau et moi je vous soulagerai.» nous dira t-il un peu plus loin dans l’évangile.
Et Jésus va écouter cette femme ; il est attentif à ce qu’elle vit, à ce qu’elle est, à son histoire, à ses blessures… et à ses soifs. Il sait quelles sont ses soifs. Il connait son cœur, et il va être respectueux, pédagogue, et partant de ses désirs, il va lui permettre de découvrir des désirs encore plus grands, des désirs… qui ne lui paraissaient même pas accessibles.
C’est maintenant la Samaritaine qui est demandeuse « Seigneur donne la moi cette eau ». C’est maintenant elle qui a soif, à travers cette conversation devant le puits, à travers ces paroles bienveillantes, où la femme découvre une autre soif beaucoup plus profonde. Oui, Jésus creuse un puits dans cette nouvelle créature, un puits qui devient source d’eau vive et de fécondité. Il lui révèle qu’elle vaut beaucoup plus que la somme de tous ses propres échecs.
Reconnaissant le Christ, le cœur de cette femme est sauvé. Dans sa vie superficielle, desséchée par une existence trop terre à terre, une source d’eau vive a jailli. Elle n’a plus que faire de ce puits et de sa cruche. Elle court communiquer ce qu’elle vient de découvrir, Celui qu’elle vient de découvrir. Cette Samaritaine qui a cherché son bonheur et sa vérité dans ses amours passagers, et qui n’a connu que des échecs, est consumée d’une autre soif que le Christ lui permet d’étancher. Elle n’aura donc plus jamais «soif» car la source d’eau vive est en elle et elle sait maintenant qu’elle est aimée de Dieu.
Et nous, que sommes-nous venus chercher ou demander dans cette église aujourd’hui ? Nous savons que nos demandes les plus fortes dépassent un verre d’eau pour passer une soif passagère. Nous sommes là, avec nos demandes les plus profondes, pour ceux que nous aimons, pour nous-mêmes peut être aussi. Comme vous qui venez chercher le baptême, ou vous qui allez vous engager dans le mariage, et vous tous ici rassemblés ; puissions-nous remplir notre cœur de ce Dieu qui vient nous dire son amour, qui vient constamment nous dire, comme à la Samaritaine, que nous sommes beaucoup plus grands que tous nos échecs cumulés.
Mais Dieu nous laisse libre. Libre de répondre ; libre de le suivre. Dans la table de la Loi que nous avons entendu en première lecture, Dieu, avant d’énumérer les lois, commence par nous donner la liberté « Je suis ton Dieu qui t’as donné la liberté » Un telle confiance en l’homme ne sera-t-elle jamais atteinte dans nos sociétés ?
Thierry Merle Diacre

HOMÉLIE DU DEUXIÈME DIMANCHE DE CARÊME B

Sacrifier notre Sacrifice*
C’est par ce pléonasme, ce semblant de répétition, chers frères et sœurs, que je veux résumer le contenu de ma méditation de ce 2ème dimanche de carême année liturgique B.
Sacrifier comme vous le savez c’est offrir, perdre, abandonner quelque chose qui a plus ou moins de la valeur au profit de quelqu’un ou de quelque chose. C’est un acte généralement sacré, ou encore significatif, important, même quand il n’est pas lié à un culte ou une tradition. Voilà pourquoi l’objet d’un sacrifice peut aller jusqu’à la vie. De plus, que ce soit l’auteur, la motivation ou le destinataire du sacrifice tout permet de rendre presque toujours l’acte sacrificiel plus solennel et grave.
Chers frères et sœurs, les textes soumis à notre méditation en ce deuxième dimanche de carême de l’année liturgique B, nous invitent à méditer sur le sens du sacrifice et la transfiguration de notre Seigneur Jésus Christ.
Dans la première lecture, Dieu demande à Abraham son fidèle serviteur de lui offrir son fils unique né par miracle. A l’écoute de ce récit, une question peut automatiquement nous inquiéter : comment Dieu peut-il demander à Abraham de sacrifier son fils ? Mais à bien y voir ce texte est au contraire une condamnation formelle et ferme de tout sacrifice humain puisque Isaac n’est pas sacrifié. En effet, à cette époque les sacrifices d’enfants étaient une pratique des Cananéens : de nombreux Israélites croyaient donc qu’un tel sacrifice plaisait à Dieu. Isaac son fils était tout ce qu’Abraham avait de plus cher mais plus que ce fils, il avait Dieu en qui il croyait et avait foi. Raison pour laquelle il n’hésite pas à accepter l’offrande de son fils à Dieu ; car ce n’est que ce qu’on a plus de cher qu’on peut offrir à son Dieu. Saint Paul nous confirme d’ailleurs la cherté du sacrifice dans la deuxième lecture lorsqu’il nous explique que Dieu est désormais prêt à tout pour nous parce qu’il a déjà osé sacrifier son Fils pour nous. Ce sacrifice suprême témoigne de son amour infaillible et indéfectible pour tous les hommes. Saint Jean dans son évangile le dit si bien : « Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique ». Quand on aime, on donne toujours.
Abraham ne pouvait se douter donc que la volonté de Dieu ne visait pas l’immolation de son fils Isaac. Or la fin du récit nous montre bien que la volonté de Dieu était autre. C’est ainsi que Dieu intervient de façon catégorique pour arrêter Abraham dans son élan. Car ce que Dieu recherchait c’était plutôt l’affermissement de la foi du patriarche. Dieu met à l’épreuve ses amis pour que leur foi grandisse (Cf. Hébreux 12,6 et Judith 8,27). Pour réserver ses plus grands bienfaits à ses fidèles il s’assure de leur fidélité quand tout espoir leur semble perdu. Pendant toute sa vie, Abraham a compté sur les promesses de Dieu pour son fils ; mais est-il prêt maintenant à sacrifier les promesses avec son fils ? Dieu l’a placé sur un chemin, que va-t-il faire si le chemin semble se perdre ?
Ces questions résonnent aussi pour nous qui avons entamé le carême il y a plus de dix jours et qui sommes rassurés que nos privations, nos sacrifices actuels sont tellement exigeants pour nous qu’ils nous mèneront forcément à la Résurrection, à Pâques. Toutes ces résolutions que nous prenons, ces efforts, ces oblations que nous faisons sont-ils réellement ce que Dieu attend de nous ? Serons-nous prêts à prendre un autre chemin aujourd’hui même s’il nous semble sans issue ? Sommes-nous prêts à sacrifier nos sacrifices pour aboutir à ce que Dieu veut réellement ?
Frères et sœurs, il s’agit une fois de plus encore de la volonté de Dieu. Car si nous avons fait des sacrifices selon notre volonté ou notre bon plaisir il nous faut rappeler que le combat du carême doit être fait les yeux fixés sur Jésus Christ notre Seigneur. C’est pourquoi aujourd’hui encore, Dieu nous fait entendre sa volonté suprême dans l’évangile : Écouter la voix de son Fils. De la Loi représentée par Moïse et des prophètes représentés par Élie, il fait un seul et unique corpus dont le tenant est Jésus, dans cette théophanie de la transfiguration.
En effet, Jésus et ses disciples retournent sur le chemin qui le conduira par Sa Passion et Sa mort, à la Gloire de la Résurrection. Jésus est monte sur la montagne pour prier. La montagne est le lieu de la Révélation, de la présence de Dieu qui se manifeste aux hommes. Jésus est transfiguré dans sa relation à Dieu, dans sa prière. Aujourd’hui c’est nous qui sommes appelés à reconnaître en Jésus le Fils de Dieu, le bien-aimé du Père et nous avons à l’écouter, car Il nous parle et croire, c’est d’abord écouter Jésus qui nous révèle l’amour du Père pour tous les hommes, qui est la Parole de Dieu, qui s’est manifestée une fois pour toutes dans le mystère de la Passion, de la mort et de la résurrection.  Écoutons-le, Il fera de nous des fils du Père dans l’Esprit Saint.  Écoutons-le, -nous, qui sommes disciples du Christ dans son Église. Il nous appelle à être ses témoins et à vivre avec Lui. Écoutons le Christ qui nous parle dans les personnes que nous côtoyons chaque jour, et dans les événements qui nous interpellent. Écoutons-le, car c’est le Fils de notre Père. Écoutons dans la prière et dans notre vie. Lui seul peut nous transfigurer. Oui, la vie chrétienne consiste à écouter la Parole de Dieu, à la laisser résonner dans notre cœur pour qu’elle nous transforme.
Aussi, comme le psaume le chante, offrir à Dieu le sacrifice d’action de grâce et lui tenir ses promesses c’est tout ce qu’il y’a de plus vénérable et souhaitable. Cependant le faire selon ce que Dieu a prévu et non pas comme nous l’entendons, c’est ce qu’il y’a de plus glorifiant pour Dieu et pour notre salut. Parvenus à ce premier quart de notre carême le moment est donc choisi, grâce aux textes de ce jour, pour apprécier l’objectif de notre carême 2024 ; est-il tourné vers nous-mêmes ou vers Dieu ?

Père Paul KONKOBO

Homélie du 1er dimanche de Carême B

Depuis mercredi dernier, nous sommes entrés dans le temps du Carême. Cette période de quarante jours ressemble au grand nettoyage du Printemps. Il nous suggère de mettre au propre nos relations avec Dieu. Nous avons quarante jours pour nous préparer à la grande fête de Pâques. Le carême n’est pas d’abord un temps de pénitence et de privation. Bien au contraire, c’est un temps pour choisir la meilleure part. Il s’agit de rejeter la pacotille et de choisir le seul vrai trésor. Le Carême est un temps de conversion, un temps pour revenir à Dieu et lui redonner toute sa place dans notre vie. Nos appareils, nos voitures ont besoin d’une maintenance, d’une mise à jour. Il en est de même pour notre foi. Comme toute relation d’amour et d’amitié, elle a besoin d’entretien. Le Carême n’est donc pas un temps triste. C’est un temps de libération. C’est LE moment favorable pour nous libérer de tout ce qui nous empêche d’aller vers Dieu et vers les autres.
Vivre le carême, c’est redécouvrir que Dieu fait alliance avec l’humanité. C’est ce message que nous trouvons dans la première lecture. Dieu veut se faire partenaire de l’homme et devenir son compagnon. Il veut partager notre vie. Vivre le Carême, ce n’est pas d’abord faire des sacrifices, c’est regarder vers Dieu et nous attacher à lui. Si nous comprenons cela et si nous l’intégrons dans notre vie, notre carême sera rempli de cette présence et de cet amour de Dieu.
Dans sa première lettre, saint Pierre nous invite à faire un pas de plus. Il nous fait découvrir un sens nouveau à ce récit du déluge. Il attire notre attention sur le petit nombre de sauvés, huit en tout. Ce chiffre lui permettra de mettre en valeur la grandeur du salut en Jésus : le déluge est comme une figure du baptême. Il est bien plus qu’une simple purification. La famille de Noé est ressortie vivante des eaux du déluge ; désormais, c’est l’eau du baptême qui nous sauve. Nous sommes sortis de tout ce qui nous menait vers la mort et conduits vers Dieu. C’est lui qui fait alliance avec nous et qui nous invite à marcher avec lui.
L’évangile de ce dimanche nous présente précisément celui qui accomplit cette œuvre de Salut. Il nous fait passer directement du baptême de Jésus au contenu de son message en passant par le désert: « Les temps sont accomplis : le règne de Dieu est tout proche. Convertissez-vous et croyez à l’Évangile. » (Mc 1:15) Le Règne de Dieu est là, il faut dès à présent se tourner vers lui.
« Convertissez-vous ! » Jésus parle de l’effort qu’il faut faire pour entrer dans le Royaume de Dieu. Cet appel insistant à travers les Évangiles s’adresse à chacun de nous. Jésus nous invite à nous réorienter vers le bon chemin. En effet, au fil du temps et sans nous en rendre compte, nous nous sommes détournés petit à petit des valeurs chrétiennes. Se convertir, c’est changer un mode de vie incompatible avec l’idéal que nous nous sommes fixés. Jésus nous encourage à oser le changement, à faire du ménage dans notre vie pour revenir à l’essentiel. Certes, ce n’est pas une tâche facile. Cet élan intérieur exige un véritable effort que beaucoup d’entre nous hésitent à mettre en œuvre.
Le Carême nous prépare à une sincère transformation intérieure. Mettons-nous donc à l’œuvre, même à petit pas, en nous fixant de petits objectifs concrets et réalisables afin de progresser plus efficacement dans notre chemin de foi. Passons à l’action. Ne laissons pas passer l’opportunité de nous ressaisir et de nous élever. N’ayons pas peur de quitter la routine pour nous engager dans une nouvelle aventure plus inspirante. C’est une autre manière d’envisager la vie et de préparer l’avenir ! Transformons-nous ! Renaissons de nos cendres afin de ressusciter avec Jésus à une nouvelle vie plus simple et plus harmonieuse. « Le règne de Dieu est tout proche. » Ranimons notre feu intérieur pour renaître à la foi !
« Convertissez-vous ! » Jésus nous propose une relecture de notre vécu quotidien, une réelle réorientation de cœur. Cela ne se fera pas en un jour, bien sûr. C’est une démarche qui nécessite une relance régulière durant toute notre vie. Ce recentrage nous permet de nous rendre compte de l’importance du message de la Bonne Nouvelle : l’Amour et le partage. Durant ce temps de Carême, le Christ nous invite à quitter les sentiers battus et à réajuster notre rythme de vie selon l’Évangile. Prenons le temps d’entamer une relation personnelle avec Dieu. Laissons son Énergie agir en nous ! Ainsi, fortifiés par la grâce divine, nous serons prêts à relever de nouveaux défis et à relancer notre route vers Lui.
« Seigneur, enseigne-moi tes voies, fais-moi connaître ta route. Dirige-moi par ta vérité, enseigne-moi, car tu es le Dieu qui me sauve. » (Psaume 24:4-5)
Père Aimé-Fulbert

4ème dimanche de l’Avent Année Liturgique A

Avant la dernière étape de préparation à la grande fête de Noël, deux personnages retiennent
aujourd’hui notre attention : Acaz dans la première lecture et Joseph dans l’Évangile. Mais
qui sont ces deux-là? Commençons par le contexte historique de la première lecture pour
comprendre le sens profond de la prophétie qui s’accomplit du mystère qui s’opère, le rêve de
Dieu pour chacun et chacune de nous.
Acaz est le douzième roi de Juda décrit dans la Bible dont le royaume fut conquis par les
syriens et plein de difficultés pour le peuple, entre autres à cause de son idolâtrie effrontée.
Son royaume, par sa situation politique et historique, a des caractéristiques très particulières.
Reniant le Dieu de Israël, il cherche avec une intensité jamais vue des alliances avec d’autres
royaumes dans la corruption et la fausseté. Le roi Acaz se plie devant d’autres dieux et
d’autres spiritualités. Il sacrifie même son propre fils dans le livre de 2Rois 16,3, il expose
son fils au bûcher. Il expose son fils à la mort par le feu pour consolider son pouvoir, pour
assouvir sa folie meurtrière et son idolâtrie qui ne dit pas son nom. Il tue son propre fils à
cause de cette spiritualité pour s’assurer le pouvoir, le prestige et la survie de son règne. Mais
tout ça en vain. Parce que rien ne va satisfaire cette folie.
C’est précisément au cours de ce règne d’Acaz, VIIIème siècle avant Jésus-Christ, que le
prophète Isaïe formule la plus grande inattendue prophétie sur la naissance de Jésus pour
redonner espoir au peuple abattu sous ce règne meurtrier : « Voici que la Vierge est enceinte.
Elle enfantera un fils qu’elle appellera Emmanuel, c’est à dire Dieu avec nous. »
Après tant d’années passées, la prophétie d’Isaïe se réalisera par la conception et la naissance
de Jésus Christ, le messie tant attendu, le fils unique de Dieu, sauveur du monde, né de la
Vierge Marie par l’œuvre de l’Esprit saint. Et l’Évangile de ce jour nous décrit les
circonstances de cette naissance. Il commence par souligner que la naissance de Jésus est le
fruit de l’agir divin par l’œuvre de l’esprit saint. « Avant qu’ils aient habiter ensemble, Marie
fut enceinte par l’action de l’esprit saint. » Un casse-tête pour Joseph qui en est sensiblement
bouleversé. Pourtant, cette œuvre n’arrivera au plein accomplissement que grâce à la
collaboration de Joseph.En effet, malgré ce qu’il considère objectivement comme un scandale, l’adultère supposée de
Marie, Joseph décide de désobéir à la loi pour obéir à l’amour en agissant selon la
miséricorde pour ne pas exposer sa fiancée à l’opprobre. C’est une notion de la justice de
miséricorde dont parle aussi Emmanuel Levinas, qui va au-delà de l’obéissance à la lettre de
la loi qui est un légalisme impitoyable.
Beaucoup de couples se séparent à cause des situations incompréhensibles de ce genre. Tant
d’enfants naissent dans ce monde sans être reconnus par leurs parents légitimes,
innocemment abandonnés dans la rue à cause de l’irresponsabilité de l’un ou des deux
parents. Les familles se divisent, les vies sont sacrifiées et l’avenir de tant d’enfants est
hypothéqué à cause des situations similaires.
Il faut la grandeur d’esprit, prendre de la hauteur, faire l’aigle, faire preuve de patience, de
confiance et sens de responsabilité afin de pouvoir écouter la voix de Dieu qui nous parle.
Joseph y est arrivé après avoir écouté la voix de Dieu en songe par le biais de l’Ange. L’ange
aide Joseph à résoudre le drame qui l’assaille lorsqu’il apprend la grossesse de Marie : « ne
crains pas de prendre chez toi Marie ». Et sa réponse fut immédiate : « Quand il se réveilla, il
fit ce que l’ange du Seigneur lui avait prescrit ». Souvent la vie nous met face à des
situations que nous ne comprenons pas et qui semblent sans solution. Prier en ces moments là
signifie laisser le Seigneur nous indiquer la chose juste à faire. En fait, très souvent, c’est
la prière qui fait apparaitre l’intuition de la porte de sortie, comment résoudre cette situation.
Chers frères et sœurs, le Seigneur ne permet jamais qu’un problème survienne sans nous
donner également l’aide nécessaire pour y faire face. Il ne nous jette pas dans le four tout
seul. Il ne nous jette pas parmi les bêtes. Non. Le Seigneur, quand il nous montre un
problème ou nous révèle un problème, nous donne toujours la perspicacité, l’aide, sa
présence, pour nous en sortir, pour le résoudre.
En acceptant Marie, Joseph est entré dans le rêve de Dieu, entré dans le rêve de Dieu afin de
pouvoir se réveiller dans sa volonté du salut pour l’humanité, rêver comme Dieu rêve, entrer
dans le rêve de Dieu afin de pouvoir se réveiller et voir les merveilles s’accomplir. Oui
Joseph entre pleinement dans le mystère du salut d’Israël.
Quel est le rêve de Dieu pour ta vie. Quel est le rêve de Dieu dans ce monde? Quel est le
rêve de Dieu qu’il confie à toi? Cette volonté de Dieu se manifeste parfois entre ombres et
lumière, dans les vicissitudes et les difficultés, qui dépassent notre entendement.
Et pourtant, Dieu n’abandonne jamais les siens. Il est toujours avec nous, Emmanuel, Dieu
avec nous. Reconnaître la proximité de l’Emmanuel en ce dimanche, c’est donc accepter que
Dieu soit avec nous, chacun faisant de sa petite vie une vocation, une mission, une occasion
de bénédiction pour les autres. Ce pour quoi nous avons été aimés et appelés par Dieu afin
d’amener à l’obéissance de la foi toutes les nations païennes, souligne Saint Paul dans la
deuxième lecture.
Chacun de nous a une mission. Personne n’est ici au hasard. Chacun de nous a une œuvre à
accomplir. La grande œuvre de Dieu s’accomplit à travers nos petites œuvres de chaque jour,
mais que nous faisons avec fidélité et amour.
Chers frères et sœurs, prions les uns pour les autres. Soutenons-nous mutuellement afin que
nous arrivions à accueillir le messie dans notre cœur en faisant de nos cœurs des crèches
ambulantes, des crèches vivantes qui vont présenter Dieu, qui vont présenter Jésus, verbe de
Dieu incarné au monde entier qui en a tant besoin.
Priez pour moi comme je prie pour vous. Que Dieu vous bénisse.
Père Aimé

HOMÉLIE 3ème DIMANCHE DE L’AVENT A

Isaïe 35,1-10 J Jacques 5,7-10 Matthieu 11,1-11

Dimanche dernier nous avons fait la connaissance de Jean-Baptiste
Aujourd’hui, nous le retrouvons, mais emprisonné, pour avoir, en bon prophète, rappelé au roi
Hérode, ses obligations d’homme et de roi Nous connaissons la suite, le machiavélisme
d’Hérode, la danse de Salomé et la décapitation du baptiste.
Jean-Baptiste, c’est un monument dans l’histoire du salut. Outre qu’il est le cousin de Jésus, il
est celui qui fait le lien, aujourd’hui on dirait l’interface, entre l’ancien et le nouveau
testament, entre l’Ancienne et la Nouvelle Alliance conclue par Dieu avec l’humanité, en
Jésus-Christ.
C’est un ascète, vêtue de peau de bête il se nourrit de sauterelles et de miel sauvage. Il
annonce la venue du Messie, la nécessité de se convertir, de se faire baptiser, et de porter du
fruit, mais il profère aussi des menaces pour ceux qui se déroberaient à cette nécessité.
Par exemple : « Engeances de vipères » à l’adresse des publicains et des pharisiens qui venaient
demander le baptême pour se réclamer de la descendance d’Abraham.
Ou encore : « il vient derrière moi celui qui est plus fort que moi, il tient la pelle à vanner ; il
mettra le bon grain au grenier et brûlera la paille ».
Malgré son emprisonnement Jean Baptiste a conservé des contacts avec l’extérieur On lui
rapporte des faits qui ne sont pas conformes à la prédication qu’il a commencée, et que je viens de citer.
Au lieu de cela on lui dit que l’homme qui prêche, loin du chef de guerre annoncé, est un
homme ordinaire, qui mange avec les publicains, un homme doux, bienveillant, prêchant
l’amour de Dieu et le pardon.
Jean- Baptiste a besoin d’y voir clair, il envoie des émissaires pour demander à Jésus :
« Es-tu celui qui doit venir ou bien devons-nous en attendre un autre » ?
Comme toujours, vous l’avez remarqué, Jésus ne cherche pas à se justifier, il cite des faits
concrets, les écritures, les prophètes. Isaïe : « les aveugles voient les boiteux marchent et le
Bonne Nouvelle, est annoncée aux pauvres »
Ce ne sont pas tous les aveugles, ni tous les boiteux, ni tous les lépreux qui sont guéris, mais de boiteux, des aveugles, des lépreux. Ce sont autant de signes que celui qui vient est bien le
Messie.
C’est le Royaume de Dieu qui vient avec Lui.
Comme Jean-Baptiste, au fond de la prison de notre condition humaine, reconnaissons que nous pouvons parfois nous poser la question : « es-tu celui que nous devons suivre ? ou bien devons nous nous laisser séduire par les dieux de ce temps : l’argent, le pouvoir, le consumérisme ? »
La réponse ne viendra pas du ciel, mais du fond de nous-mêmes, et de notre capacité à
reconnaitre les signes que Dieu nous envoie dans les scènes de la vie courante.
Les saisons succèdent aux saisons sans que nous n’y soyons pour rien. Toutes les minutes,
malgré les guerres, les migrations, la famine, des enfants naissent, même dans des camps de
réfugiés où les conditions d’hygiène et de nourriture sont inexistantes. La vie a toujours le
dernier mot.
Autour de nous des hommes, des femmes abandonnent des situations confortables pour porter assistance à d’autres, hommes, femmes et enfants.
Il y a quelques décennies de cela, au cours d’une séance de formation qu’animait une jeune
théologienne, un assistant posa cette question : « pour vous, qu’est-ce que le Salut ?» Alors que je m’attendais à une définition savante de la part de cette personne érudite, voici sa
réponse ; « Les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, la Bonne
Nouvelle est annoncée aux pauvres. C’est l’avènement du Royaume de Dieu »
Aujourd’hui, le troisième dimanche de l’Avent est dit dimanche de gaudete dimanche de la joie.
Joie parce que le Seigneur vient. Il vient prendre notre condition, mais il viendra à la fin des
temps, à la parousie pour nous entrainer dans la vie nouvelle où « le loup habitera avec
l’agneau, le léopard se couchera près du chevreau, le veau et le lionceau seront nourris
ensemble, un petit garçon les conduira. La vache et l’ourse auront même pâture, le lion,
comme le bœuf mangera du fourrage. Le nourrisson s’amusera sur le nid du cobra ; sur le trou
de la vipère l’enfant mettra la main. Il n’y aura plus de mal ni de corruption »
Comme l’a prophétisé Isaïe.
Convenons qu’il y a vraiment de quoi être joyeux.
C’est le paradis retrouvé ! C’est le Royaume achevé !
Nous chrétiens, n’avons pas le droit de baisser les bras. Ne nous laissons pas, influencer par des cassandres qui ne prédisent que cataclysmes, crises, perte de sens, voire la fin de l’humanité.
Nous ne sommes pas les sauveurs du monde. (Mgr de Kérimel)
Ce jour de joie, ouvre le temps de l’Espérance. Car si nous ne savons pas où nous allons, Dieu le sait. Dieu le veut.
Le Seigneur vient pour nous. « Qui serait contre nous ? »
Amen
Bernard Buisson, diacre
11 décembre 2022

Homélie du 1er dimanche de l’Avent année A

La bénédiction solennelle pour le temps de l’avent commence ainsi :
« Vous croyez que le fils de Dieu est venu dans ce monde et vous attendez le jour où il
viendra de nouveau… »
Le temps de l’Avent a une double dimension :
— c’est le temps de préparation aux célébrations de Noël où l’on fête le premier avènement du
Fils de Dieu parmi les hommes, c’est le mystère de l’Incarnation.
— C’est aussi le temps où, d’ailleurs comme chaque jour de notre existence, nous nous
préparons au second avènement de Jésus-Christ à la fin des temps, qu’on appelle la parousie.
En effet lors de son Ascension Jésus a promis qu’il reviendrait dans la gloire à la fin des
temps pour établir définitivement le Royaume de Dieu.
Le temps de l’Avent est donc, pour ces deux raisons, un temps de préparation à la rencontre
du Christ dans la prière et l’espérance, un temps de joyeuse attente.
Jésus qui est venu au premier Noël est aussi celui qui continue à venir dans le quotidien
de notre vie, par la prière, sa Parole et l’Eucharistie. Il est celui qui est venu apporter le
salut au monde par sa résurrection et qui reviendra dans sa gloire.
Le temps de l’Avent permet de nous réveiller pour l’accueillir vraiment dans nos vies et
désirer son salut.
« C’est le moment, l’heure est déjà venue de sortir de votre sommeil » Rm 13,11
Le temps de l’avent, tout comme celui du carême avant Pâques, est le moment
favorable pour réorienter notre vie, le temps de sortir de la routine quotidienne en
retrouvant le sens profond de notre vie, aimer Dieu et aimer notre prochain à la suite du
Christ.
La Parole de Dieu, en ce premier dimanche de l’Avent vient donc nous éveiller, sans
faire peur, mais avec force.
Elle nous fait réaliser dans quelle torpeur nous sommes souvent plongés et par quelles
illusions nous nous laissons bercer dans ce monde matérialiste qui a tendance à oublier
son créateur. Cette Parole nous ouvre à la lumière, aux grands enjeux de la charité, de
la justice, de la paix, du partage, de la juste société.
Le pape François le dit dans l’Exhortation apostolique Evangelii Gaudium en 2013 :
« Le grand risque du monde d’aujourd’hui, avec son offre de consommation multiple et
écrasante, est une tristesse individualiste qui vient du cœur bien installé et avare, de la
recherche malade de plaisirs superficiels, de la conscience isolée. »
Nous sommes face à deux choix, suivre le Christ dans sa Parole de Vérité sur un
chemin qui mène à la béatitude, ou écouter les sirènes de ce monde et entrer dans la
désolation. C’est ce que dit St Mathieu dans l’évangile entendu aujourd’hui :
« Deux hommes seront aux champs : l’un est pris, l’autre laissé. Deux femmes seront
au moulin : l’une est prise, l’autre laissée. »
Il nous montre ainsi qu’il y a en nous deux attitudes possibles, celle d’être en éveil ou
celle d’être endormis, que ce soit dans les champs de nos activités et occupations
extérieures, ou au moulin de l’intime de nos pensées et de nos motivations profondes.
Alors voulons-nous être pris ou être laissés? Quel chemin prendre ?
St Paul, dans l’épître aux Romains, en 2è lecture, nous permet d’orienter notre choix :
« Rejetons les œuvres des ténèbres, revêtons-nous des armes de la lumière.
Conduisons-nous honnêtement, comme on le fait en plein jour, sans orgies ni beuveries,
sans luxure ni débauches, sans rivalité ni jalousie mais revêtez-vous du Seigneur Jésus
Christ. »
St Paul nous invite à être comme au jour de notre baptême, le cierge à la main, lumière
du Christ qui vient éclairer nos ténèbres, revêtus du Christ pur et sans péchés dont le
vêtement blanc est le signe, et ainsi avancer à sa suite, c’est à dire vivre pleinement
notre baptême.
En ce temps de l’Avent il nous faut veiller, en aimant, en pardonnant, en étant attentifs
aux autres, en compatissant aux malheurs et aux peines les uns des autres.
Oui, en faisant ainsi nous pourrons aller vers le Christ en répondant à l’invitation d’Isaïe :
« Venez ! Montons à la montagne du SEIGNEUR, à la maison du Dieu de Jacob !
Marchons à la lumière du SEIGNEUR. » Is 2, 3
« Tenez-vous donc prêts, vous aussi : c’est à l’heure où vous n’y penserez pas que le
Fils de l’homme viendra. » Mt 24,44
P Jean-Hugues Malraison

HOMÉLIE DU 21èmeDIMAN CHE ORDINAIRE C

21 Août 2022
Isaïe 66, 18-21 ; Hébreux 12 ; Luc 12, 22-30

Décidément, il est bien déconcertant cet Homme-Jésus !
Dimanche dernier, il nous disait être venu apporter le feu sur la terre et provoquer la division à l’intérieur même des familles.
Puis, après nous avoir dit que les pauvres avaient sa préférence, que les prostituées nous précéderaient dans le Royaume, voici qu’aujourd’hui il refuse de reconnaître ceux-là même qui ont mangé avec lui. Et Plus encore, il précise à ceux qui se croyaient les « chouchous » qu’ils risquent bien d’être les derniers appelés.
Pourquoi tant de sévérité avec ceux, dont nous sommes, qui mettent pourtant tant de bonne volonté à faire bien ?
En fait, Jésus a pour nous, les mêmes exigences que celles qu’il l imposait à ses disciples : « je vous envoie comme des brebis au milieu des loups » Il a les exigences d’un père qui sait que ses enfants
Sont à la hauteur de la mission qui leur est confiée. Il a les exigences d’un père qui veut que ses enfants soient des hommes debout et responsables.
C’est un changement de comportement, une conversion radicale qu’il exige.
Suivons les textes du jour.
Jésus est en route vers Jérusalem.
C’’est le temps du martyre, le temps historique où va s’opérer le Salut du Monde.
Une question taraude les esprits forts de l’époque, les rabbins, les scribes. Mais, ne nous taraude-t-elle pas, nous aussi ?
« Qui va être sauvé ? Combien seront-nous à être sauvés ?
Sera- ce seulement le peuple élu, le peuple juif ? Mais alors que deviendront les autres ? »
Une fois de plus, Jésus ne répondra pas à la question, mais il apport une solution.
« Efforcez -vous d’entrer par la porte étroite, car, beaucoup chercherons à entrer et n’y parviendront pas. »
La porte est tellement étroite qu’elle sera fermée à ceux qui continueront à faire le mal alors qu’ils connaissent la voie du bien.
C’est à ceux là que jésus dit :Je ne vous connais pas. Éloignez vous de moi vous tous qui commettez l’injustice.
La porte étroite c’est Jésus le Christ que Dieu a envoyé au monde des hommes pour leur dire qu’ils sont aimés et qu’ils sont appelés à la félicité éternelle, en leur proposant une voie unique : celle de l’amour
.Jésus est cette porte « je suis le chemin la vérité et la vie, personne ne va vers le pète sans passer par moi »  (Jean 14,6)
Efforcez-vous d’entrer par la porte étroite Elle est étroite la porte mais large est le chemin qui conduit à la perdition (Mt 7,13 )
»Efforcez- vous ! Vous l’avez remarqué, Jésus propose une conversion totale : quitter les voies du mal
Pour le suivre lui, le CHEMIN. Le chemin de la liberté.
Bien entendu Jésus s’adresse aux païens de son époque qui vénèrent les idoles et offrent en sacrifice des animaux pour le salut de leur âme.
Ne nous consolons pas trop vite !
Ne sommes nous pas , plus ou moins, ces païens des temps modernes qui sacrifient aux idoles de l’argent , du pouvoir ou plus simplement encore du confort superflu ?
Oh, bien sur ! sans vouloir faire le mal, mais emportés que nous sommes, par le tourbillon de la vie
C’est à cela que jésus nous invite : renoncer, nous retourner pour entrer dans le temps de l’amour.
Comme le jeune homme riche, Jésus nous invite à nous défaire de ce qui fait obstacle à l’action d’aimer. « Viens et suis moi »
Suivre le Christ Chemin et porte du Royaume c’est peut être :
Vivre plus simplement pour que les autres puissent simplement vivre
Prier pour rester en contact avec le Christ
Vivre des sacrements, Ils sont la vie de Dieu
Aimer, tolérer, partager écouter, pardonner. Rien qui ne soit hors de notre portée, mais qui nécessite
Une volonté :« Efforcez -vous ».
Faute de quoi, nous risquons bien d’être de ceux qui se croient premiers , car baptisés, de la maison Église ; Mais pourtant appelés les derniers.
Alors, n’y aura-t-il que peu de gens à être sauvés ?
Dieu n’est pas comptable. Il nous fait les propres juges de nos actions. Ce qu’il veut c’est sauver l’humanité entière car il est Père (2ème lecture)
Dieu est un père qui veut l e bonheur de tous ses enfants et les rassembler de toutes les nations (1ère lecture)