DIMANCHE 9 JANVIER 2022. BAPTÊME DU SEIGNEUR. ANNÉE « C »

Isaïe (40, 1-5. 9-11) ; Psaume 103 (104) ; Tite (2, 11-14 ; 3, 4-7) ; Luc (3, 15-16. 21-22)

Aujourd’hui, nous célébrons le Baptême de Jésus, le premier acte public de sa vie, le prolongement même de son épiphanie (sa manifestation comme Fils de Dieu, Sauveur du monde)
Jésus n’avait aucun péché à se faire pardonner, il n’avait aucune culpabilité. En se faisant baptiser, Jésus veut épouser pleinement l’élan, le désir de l’homme suppliant Dieu de le justifier et de l’apaiser. Il se montre viscéralement solidaire de nos inquiétudes, de nos appels à quelque chose de vrai et de pur.
A sa prière qui suivait le baptême, le ciel répondit : le Père dévoilé dans la voix, « Toi, tu es mon Fils bien aimé ; en toi, je trouve ma joie » ; le Fils assumé dans l’homme qui se fait baptiser des mains de Jean le Baptiste, « Comme tout le peuple se faisait baptiser et qu’après avoir été baptisé lui aussi, Jésus priait, le ciel s’ouvrit » et l’Esprit Saint manifesté « sous une apparence corporelle, comme une colombe, descendit sur Jésus ».
Jésus qui se fait baptiser est ce « Serviteur » annoncé par Isaïe, celui qui vient inaugurer une ère nouvelle. De cette fonction et revêtu des pouvoirs de l’Esprit Saint, dit Saint Paul à Tite, Jésus ouvre pour tout baptisé les portes du ciel, il donne accès à la vie de Dieu. En effet, « rendus justes par sa grâce, nous devenions en espérance héritiers de la vie éternelle ».
Dans le baptême du Christ c’est le renouvellement de toute la création qui est annoncé. C’est notre propre baptême au cours duquel nous avons été crées fils de Dieu, grâce à la présence vivante de l’Esprit qui nous fait participer à la mort et à la résurrection du Christ.
Toi mon frère, toi ma sœur,
En célébrant le baptême de notre Seigneur : Que dis-tu de ton baptême ? Qu’as-tu fait de la grâce reçue, cette vie de Dieu en toi ? De quelle manière tu en prends soin et tu en rayonnes dans l’Eglise et dans le monde ? Par le baptême, à la suite de Jésus, tu es prêtre pour sanctifier, prophète pour enseigner et roi pour servir. Comment, dans la réalité, tu vis cette mission ?
Père Davy B. B.

IVe DIMANCHE DE L’AVENT / C

Dans une semaine, nous célébrerons Noël, la fête de la venue de Jésus dans notre monde. Le récit de la Visitation que nous lisons aujourd’hui, constitue l’ultime étape de notre chemin de préparation de l’Avent, commencé depuis trois semaines. Dans la rencontre entre Marie et sa cousine Élisabeth, la liturgie nous fait contempler la manifestation d’une mystérieuse réalité qui n’est visible que par les yeux de la foi : c’est le mystère de la présence secrète du Messie de Dieu, présence révélée par l’Esprit Saint.
Afin de partager avec force et dans la foi la joie et le bonheur de ces deux femmes, suscités par l’heureux événement de la présence de Jésus parmi nous, il convient de nous laisser d’abord éclairer par les autres textes liturgiques de ce dimanche, qui nous en parlent.
La première lecture (Mi 5, 1-4a) nous renvoie au temps de l’invasion, au VIIIe siècle av. J-C. Réfugié à Jérusalem, Michée, le paysan, observe et crie son dégoût en voyant le clergé entretenir une espérance illusoire par la multiplication des sacrifices rituels, parfaitement vains. Un jour, tout ce monde faux sera balayé. Alors surgira le Messie. Venu du plus petit des clans de Juda, ce Messie refera l’unité du peuple. Il introduira dans le monde le règne du Seigneur. Nouveau David, il sera source de paix. En célébrant la naissance de Jésus à Noël, nous serons témoins de la réalisation de cette promesse. Dès maintenant nous participons à l’avènement du Seigneur, dans la mesure où chacun de nous se sent personnellement concerné par sa naissance qui bouleverse notre histoire.
La seconde lecture (He 10, 5-10) souligne la mutation religieuse radicale introduite par le Christ. Alors que les sacrifices rituels par lesquels les religions antérieures à celle inaugurée par ce dernier n’opéraient qu’une purification illusoire, seul Jésus, qui s’est donné lui-même, par amour, répond à la volonté de Dieu d’expulser le mal qui ronge nos cœurs. Tel est le véritable sacrifice, source de vie. Et c’est en vue de ce sacrifice pour notre salut que Jésus a pris chair dans le sein de la Vierge Marie, qu’il est né à Bethléem.
Prêt pour le sacrifice, le Christ dit, selon la Lettre aux Hébreux : « Me voici, je suis venu pour faire ta volonté ». Et Marie, qui communie pleinement au sacrifice d’amour de son fils, dit, dans l’évangile de l’annonciation : « Voici la servante du Seigneur ; que tout m’advienne selon ta parole ». Dans l’évangile d’aujourd’hui, la paix fondée sur l’amour que Marie porte en elle par la force de l’Esprit Saint, la met immédiatement en mouvement vers sa cousine Élisabeth, pour lui apporter son aide. A l’occasion de la rencontre de ces deux femmes, la joie est partagée. « Marie porteuse de Dieu [et allant vers sa sœur], nous montre là un bel exemple à suivre. Ces quelques jours avant Noël nous donnent l’occasion de prendre conscience que nous sommes porteurs, nous aussi, d’une part de Dieu en nous. Avons-nous un cœur assez ouvert, assez disponible, pour transmettre cette grâce de Dieu aux autres ? »
À la suite de Marie, il nous faut ouvrir notre cœur et nos bras au partage. Il nous faut offrir de la chaleur humaine à tous ceux que le Seigneur met sur notre route. Mais aussi, au terme de la célébration de ce dimanche, nous sommes invités à goûter les prémices de la Nativité, car il s’agit d’accueillir la Parole qui vient toucher notre être tout entier. Le tressaillement de Jean dans le sein de sa mère n’est autre que notre éveil à la présence de Dieu qui vient vers nous en brisant toute distance. Saurons-nous reconnaître cette lumière qui vient nous éclairer ?
Père Basile

MÉDITATION DU 3ème DIMANCHE DE L’AVENT « C ». DIMANCHE 12. 12. 2021

Sophonie (3, 14-18a) ; Cantique Isaïe 12, 2-3, 4bcde, 5-6 ; Philippiens (4, 4-7) ; Luc 3, 10-18
Le secret de Dieu : Joie du cœur

« Jubile, crie de joie, car il est grand au milieu de toi, le Saint d’Israël ». Notre attente vigilante et qui espère, à la lumière de cet appel et à mesure surtout qu’approche la venue du Sauveur au monde, se fait joyeuse et pleine d’assurance. Ce « déjà-là et pas-encore-là » de la clarté et joie de Noël, nous fait ainsi entrer dans le secret de Dieu : Joie du cœur. Un cœur, de toujours, en élan de joie. Un cœur, pour toujours, en effusion de joie.
Avec une joie toujours nouvelle, joie du cœur, secret de Dieu, avançons à la rencontre de Dieu-avec-nous, Jésus qui est venu, qui vient et qui viendra !
Une joie, selon le prophète Sophonie, que chacun se doit d’être porteur, comme on porte la bonne nouvelle : « Pousse des cris de joie…Éclate en ovations…Réjouis-toi, de tout ton cœur bondis de joie…Le Seigneur ton Dieu est en toi, c’est lui, le héros qui apporte le salut…il te renouvellera par son amour… »
Une joie, selon l’apôtre Paul, à témoigner. C’est-à-dire dont on se doit de rendre compte : « soyez toujours dans la joie du Seigneur…Que votre bienveillance soit connue de tous les hommes…en toute circonstance, priez et suppliez, tout en rendant grâce… »
Une joie, selon Jean-Baptiste, à incarner dans la vie quotidienne, comme d’un dynamisme positif. A la question : « Que devons-nous faire ? », cette joie peut se traduire : en geste de partage et d’amitié (réponse à la foule), en attitude de loyauté et de fidélité (réponse aux publicains, collecteurs d’impôts) et en une vie de justice et de vérité (réponse aux soldats).
La joie ! Une expérience profonde et intense de vie dans l’Esprit Saint. Son prix est la conversion qui pousse à l’action et qui se réalise dans l’agir. Être dans la joie revient à se tourner toujours vers Dieu qui est plénitude de joie parfaite et véritable. Ainsi, au milieu des épreuves de ce monde, demeurer dans la joie c’est placer toute sa confiance en Dieu ; laisser Dieu être Dieu en nous ; ouvrir son cœur au feu de l’Esprit Saint.
Que notre joie soit patience et miséricorde, sans vanité ni envie, mais ferveur et sérénité.
P. Davy B. B

IMMACULÉE CONCEPTION DE LA BIENHEUREUSE VIERGE MARIE

Genèse (3, 9-15. 20) ; Psaume 97 (98) ; Éphésiens (1, 3-6. 11-12) ; Luc (1, 26-38)

La liturgie aujourd’hui nous fait contempler Marie comblée-de-grâce, l’Immaculée Conception. C’est-à-dire un corps totalement saisi par Dieu. Un corps voué au seul service de Dieu. Un corps arraché à toute souillure.
Dieu dans sa sainteté, dans sa grandeur et sa transcendance ne pouvait s’incarner (venir au monde en prenant notre humanité) que dans une créature parfaitement pure, parfaitement sainte, parfaitement immaculée. C’est pourquoi, il a fait du corps de Marie (par son OUI : son offrande, son obéissance et sa libre coopération) un sanctuaire : son tabernacle et son autel.
Marie de toute éternité est préservée des séquelles du péché originel en vue donc de l’incarnation du Verbe (Jésus-Christ, Notre Sauveur).
Célébrer alors l’Immaculée Conception de la Bienheureuse Vierge Marie, chaque 8 décembre, revient à se placer dans l’espérance qui nous fait attendre et nous fait désirer. Autrement, c’est se mettre en disposition d’Avent. Qui, au lieu de nous enfermer dans une attitude sentimentale et légère, nous fait plutôt entrer dans le Mystère de la Rédemption, Mystère du Salut offert à toute l’humanité.
De quel Mystère, parlons-nous ?
Mystère de Dieu qui vient à notre recherche, « Où es-tu donc ? » (1ère lecture). Il vient à notre rencontre pour nous recréer, nous réconcilier avec la Vérité en nous renouvelant son alliance éternelle.
Mystère de Dieu qui nous désire, « pour que nous soyons saints, immaculés devant Lui, dans l’amour »(2ème lecture). De toujours à toujours, Dieu nous veut du bien. Il nous a bénis et comblés des bénédictions de l’Esprit, au ciel, dans le Christ.
Mystère de Dieu qui nous veut à son service, « Voici la servante du Seigneur ; qu’il m’advienne selon ta parole » (Évangile). Pour le rendre ainsi présent. Et apporter au monde Jésus son Fils, le « Conseiller-merveilleux, Dieu-fort, Père-à-jamais, Prince-de-la-Paix » (Isaïe 9, 1-6).

O Marie, conçue sans péchés, priez pour nous qui avons recours à vous ! (P. Davy. B.B)

HOMÉLIE DU 1er dimanche de l’Avent C

28 Novembre 2021
Jérémie : 33,14-16 1TH3,12-4,2 Luc 21,25-28 .34-36

Nous entrons aujourd’hui, dans le temps de l’Avent.
Le cycle liturgique nous amène chaque année à nous plonger dans l’attente de l’évènement qui récapitulera tout dans le Christ (Eph, 1,10)
« Alors, Dieu sera tout dans tous » (1CO15,18)
L’Avent c’est l’Avènement –La venue du Christ dans la gloire- pour mettre un point d’orgue sur l’humanité en la faisant participer définitivement à la gloire de Dieu .
« Car la vie éternelle c’est de te connaître, toi le seul Dieu, et de connaître celui que tu as envoyé, Jésus-Christ » (Jean 17,3)
Mais, évidemment, l’Avent évoque pour nous un autre évènement, bien concret celui-là : Noël, la venue de Dieu dans l’humanité, pour lui manifester son amour et lui montrer que les hommes et les femmes de ce monde ont du prix à ses yeux.
Les deux évènements, les deux avènements, loin de s’opposer, s’éclairent l’un l’autre.
Si Dieu a voulu, par le Christ, vivre l’aventure humaine avec ses créatures, ce n’est pas pour les abandonner au néant, mais bien pour les faire vivre de sa vie : La vie éternelle.
C’est cela que le prophète Jérémie dit dans la première lecture : « Voici venir des jours où j’accomplirai la promesse du bonheur que j’ai adressée à Israël et à Juda : je ferai naître chez David, un germe de justice. » Ce germe de justice, c’est Jésus, cette promesse de bonheur, c’est la vie éternelle.
Pour le dire autrement : l’Avent c’est l’humanisation de Dieu à Noël, et la divinisation de l’Homme à la parousie (la fin des temps)
Cependant, nous comprenons bien que la venue du Christ, l’objet de notre attente, est intemporelle. Nous sommes hors histoire. Nous sommes déjà dans la vie divine. Mais, parce qu’il nous faut des repères pour vivre sur terre, Noël vient à point nommé nous redire chaque année que nous sommes appelés à la transcendance (cf Maurice Zundel)
En effet, c’est Noël chaque fois que l’amour est premier, et c’est tous les jours le Jugement dernier, dixit Albert Camus. Car c’est chaque jour que Dieu nous relève, chaque jour qu’il nous justifie et nous fait passer de pécheur à la sainteté.
Nous devons dissiper un malentendu. Dieu n’est pas au-dessus de nous, ni en dehors de nous, ni même vis-à-vis de nous. Il est en nous, nous vivons de sa vie, il vit de la notre.
C’est tout le sens de l’incarnation : « Si le Christ est en vous, votre corps a beau être voué à la mort à cause du péché, l’Esprit est votre vie, parce que vous êtes devenus des justes » (Ro 8, 10)
C’est la belle formule du baptême : Tu es maintenant baptisé, tu es
membre du corps du Christ, tu participes à sa dignité de prêtre de
prophète et de roi »
Devenus Christ par le baptême, nous sommes comme lui, avec lui, fils
et héritiers, pour « être avec lui dans la gloire » (Ro 5)
Donc, l’Avent, la venue du Christ, même si elle se situe hors de notre
temps d’Homme, est l’aboutissement de la promesse faite par Dieu de
donner le Salut, la vie éternelle et sa gloire, à tous ses fils.
Mais cette attente ne peut pas être passive. Puisque Dieu se fait nous,
et que « nous serons semblables à lui » (Jean 3,2), nous avons notre
part à prendre à la construction du Royaume. C’est ce que dit Saint
Paul (deuxième lecture Th3,12) « Ayez à l’égard des hommes un amour
de plus en plus intense, Faites de nouveaux progrès »
De même, dans l’Evangile, Saint Luc après avoir décrit la fin du
monde en termes catastrophiques, rapporte les paroles de Jésus à ses
disciples : « Redressez vous, levez la tête, tenez vous sur vos gardes,
restez éveillés, priez, car votre rédemption approche »
Notre attente sera confiante parce que la Parole de Dieu est une Parole
sure. Nous devons donc savoir raison garder face à des évènements
qui, pour la plupart, nous échappent.
Le réchauffement climatique, la pollution, les crises économiques,
financières, sanitaires, la perte des valeurs morales, ce sont là des
inquiétudes que n’éprouve pas le tiers de la population du monde qui
a faim.
Nous sommes confiants parce que nous sommes acteurs, donc
responsables d’un monde plus fraternels, plus juste et plus humain.
Dieu ne nous a pas créés sujets, mais fils et filles. Dieu ne nous a pas
crées objets mais créateurs
« Dieu a créés des créateur »s selon la belle formule de Bergson.
Chers amis, mettons à profit cette attente confiante pour revoir nos
comportements vis-à-vis de notre entourage, vis-à-vis de la société,
vis-à-vis de l’Eglise, etc…
Sommes bien ces créateurs auxquels Dieu confie son oeuvre originelle ?
Saisissons l’occasion que nous donne la Synode de l’Eglise
Universelle initié par le Pape François, pour réfléchir avec d’autres
et le Saint Esprit, à la manière de rendre notre Eglise plus à
l’écoute des cris du monde, et plus disposée à vivre avec les
hommes et les femmes de ce temps.
N’espérons pas tenir tout seul.
L’Eglise est avec nous, la prière est pour nous, Dieu est en nous
Ainsi nous pouvons dire avec toute l’humanité ces derniers mots du
dernier chapitre de notre bible
« Marana tha » « Viens Seigneur Jésus. »
Amen
Bernard Buisson, diacre
28.11.2021


XXXIIIe DIMANCHE T.O / B

Comme à chaque fin d’année liturgique, nous lisons aujourd’hui des textes provenant du discours eschatologique, c’est-à-dire sur les derniers temps. C’est un tel discours que tient Jésus quand il parle du « soleil [qui] s’obscurcira et [de] la lune [qui] ne donnera plus sa clarté », etc. La première lecture tirée du livre de Daniel renforce le côté dévastateur à l’échelle humaine : « Car ce sera un temps de détresse comme il n’y en a jamais eu depuis que les nations existent, jusqu’à ce temps-ci », dit le prophète.
Dans le contexte des phénomènes dramatiques qui surviennent dans le monde actuellement, beaucoup de chrétiens se demandent si le cataclysme décrit par Jésus nous prévient que la fin des temps sera pour bientôt. Ils évoquent la pandémie, l’inondation, la guerre, etc. qui font des ravages sur la planète. Dans leur crainte, ils pensent aussi à ce fameux scandale, un vrai séisme, qui éclabousse l’Église à l’heure actuelle. Mais ce que nous devons savoir, c’est que voir dans ces dévastations impitoyables un signe de la fin du monde, c’est faire une lecture fondamentaliste des textes, c’est-à-dire se limiter à leur seul sens littéral. Sachons cependant que « ces images ne sont pas à entendre au sens matériel ; elles évoquent peut-être quelque chose qui nous dépasse, mais elles évoquent plus certainement la grâce de la résurgence d’une nouvelle création… C’est donc une manière de nous inviter à accueillir la nouveauté de Dieu. Dieu vient et renouvellera toute chose ».
L’image printanière du figuier dit la proximité de la venue du « Fils de l’homme » (Dn 7), c’est-à-dire de Jésus, dont la mort et la résurrection ont marqué le commencement des derniers temps. Dans son discours sur ces derniers temps, Jésus annonce la fin d’un monde et le début d’un autre. Il annonce la fin du Temple (Mc 13, 2), mais il invite ses disciples à rester sereins au milieu des épreuves à venir. Ce faisant, il s’inscrit dans l’esprit des visions de Daniel, lesquels ont été écrites pour soutenir la foi des Juifs persécutés de 167 à 164 av. J.-C. Qu’est-ce que cela nous dit aujourd’hui, ici et maintenant, dans le contexte des maladies, des conflits, de la mort où nous vivons ?
C’est qu’il est inutile de guetter la fin du monde : il faut reconnaître chaque jour les signes humbles mais réels du printemps pascal, du monde nouveau. « Ce qui nous arrive, des catastrophes survenues dans le monde ou le remous perturbant notre vie chrétienne, est un avertissement pour un changement radical. Un coup de semonce qui réveille nos consciences et nous pousse à agir ! Ne cédons pas au catastrophisme ambiant, mais sachons reconnaître avec sagesse le signe des temps ». Tout passe, mais Jésus demeure. Au-delà de nos morts, de nos désillusions, de nos coups durs, de nos abandons, le soleil de Dieu apparaît, la résurrection du Christ nous relève et nous permet d’entrer dans la sagesse de Dieu. N’oublions pas qu’à chaque moment de notre existence, même aux carrefours de nos morts, Jésus est là qui nous relève. « Loin [donc] de nier l’existence des problèmes, les désastres survenus doivent provoquer en nous les démarches de conversion. Une transformation du cœur. Une foi profonde pour rester connecté avec [le Seigneur], quoi qu’il arrive. Au lieu de se laisser bloquer par les dérèglements, partons à la recherche d’une voie qui nous permet d’harmoniser notre foi avec les défis du temps et les imperfections humaines. Nous allons devoir réviser notre mode de vie, réexaminer notre foi ! Ce sera une réorientation bénéfique, si nous y mettons toute notre bonne volonté. L’occasion de retrouver les bienfaits d’un changement de vie ».
Père Basile

32ème Ordinaire B

Nous vivons dans un monde où compte ce qui se voit, un monde à la recherche du sensationnel, un monde où l’information en continue peut laisser penser que nous connaissons tout, comprenons tout et maîtrisons tout…
Et voilà que dans ce monde où le paraître à beaucoup d’importance, l’évangile de Marc va nous inviter à regarder le geste très humble et discret d’une pauvre veuve qui jette deux petites pièces de monnaie dans le trésor du Temple. Personnellement, je l’ai un peu vécu hier lors de funérailles que je présidais, quand une petite fille est venue déposer un petit bouquet dans la tasse de son arrière grand-mère décédée, et qui l’a posée sur le cercueil… Des gestes simples, qui ne s’achètent pas, et heureusement, car elles ont un prix que personne ne peut payer.
Le geste timide de la veuve de l’évangile n’a pas échappé au regard du Christ car il était là tout proche ; il avait même choisi un bon poste d’observation, assis en face de la salle du trésor. Il regarde la foule, foule de pèlerins, foule de donateurs puisqu’il est d’usage de verser une offrande pour l’entretien du Temple. Mais le regard de Jésus va plus loin et plus profond : il ne regarde pas les sommes versées, mais la profondeur et la vérité du geste. Or, celui de cette femme veuve retient toute son attention, tant elle paraît perdue au milieu de ces riches pharisiens qui claironnent un peu partout leurs offrandes.
Elle se croyait seule, inconnue, plus ou moins méprisée, et voici qu’elle est regardée, et aimée par le Fils de Dieu lui-même. Si les pharisiens ont reçu leur récompense dans l’admiration des hommes, la veuve elle, vient de recevoir la sienne du regard aimant de Jésus. Et pourtant, elle ne s’en est peut-être pas rendu compte… car le Christ ne force jamais une entrée, mais il est attentif aux pauvres, à ceux qui triment, à ceux qui ont besoin de réconfort…
Cette pauvre femme, a donc donné ce qu’elle avait, et elle a fait déborder le cœur du Christ. Cela nous renvoie au projet de Dieu : lorsqu’il envoie son Fils dans le monde, Dieu ne donne pas de son superflu. Il n’offre pas quelque chose ou quelqu’un qu’il possède, mais il se donne lui-même. Ce Christ comme il est dit en première lecture, qui reviendra une deuxième fois sur terre pour racheter tout le genre humain.
Oui, le Christ reviendra, comme il est dit dans la lettre aux hébreux. Et le retour du Christ, nous mène, en ce jour où nous célébrons nos défunts, dans ce monde de Dieu que nous essayons tous d’entre-apercevoir, mais que nous imaginons bien mal avec nos intelligence, Peut être le discernons-nous mieux avec notre cœur…
Thierry Merle Diacre

MÉDITATION DU DIMANCHE 31 OCTOBRE 2021. ANNÉE « B »

Deutéronome (6, 2-6) ; Psaume 17 (18) ; Hébreux (7, 23-28) ; Marc (12, 28b-34)

« Ecoute…Shema Israël… ». Des mots de Dieu qui font résonner la très sainte et douce volonté de son cœur dans l’alliance scellée avec l’humanité. Et rappellent les racines même de la foi. Des mots qui introduisent, tout baptisé aujourd’hui, dans les profondeurs d’un lien éternel, marqué du sceau de l’écoute permanente. Pour vivre au rythme d’un verbe, qui à lui seul conjugue toutes les paroles du Seigneur : Tu aimeras.
Le peuple de l’alliance hier, Corps Mystique du Christ aujourd’hui, est une Église à l’écoute. Et toujours en posture d’accueil attentif et fidèle. Pour laisser l’amour de Dieu qui est Père, Fils et Esprit Saint nous sanctifier (cf. Deutéronome), nous vivifier (cf. Hébreux) et nous illuminer (cf. Marc).
Partant, nous pouvons laisser notre cœur, nous Église du Seigneur, contempler le Christ dans la perfection de son sacerdoce : saint, non pas d’une sainteté assurée par un rituel minutieux de pureté, mais par sa conformité totale à la volonté de Dieu.
Ainsi dans le dialogue avec le Scribe qui lui demande le premier de tous les commandements, Jésus, parfait exemple de l’écoute de la voix du Père, répond en indiquant les mots de Dieu : « Écoute Israël… ». Écouter Dieu, c’est laisser son amour nous habiter, pour nous aimer à fond et aimer le prochain de ce même amour.
L’amour qui vient de cette écoute de Dieu n’est pas une pure spontanéité, un coup de cœur ou un coup de foudre. Il est un amour de vérité et non de mensonge, un amour de fond et non de forme, un amour réel et non de vent. Car c’est un amour de tout son cœur, de toute son âme, de tout son esprit et de toute sa force.
Chercher Dieu comme le Scribe pour s’en tenir à l’essentiel qui donne sens à ma vie c’est entrer dans une véritable dynamique d’écoute constante et sans borne à l’Esprit Saint qui vient ouvrir notre marche sur les voix de l’éternité. C’est-à-dire de la béatitude avec tous les saints du ciel, les Anges et les Archanges et la Vierge Marie, l’espérance des croyants et des élus du Père.
« Écoute…Shema Israël… ». Toi mon frère, toi ma sœur, laisse ces mots de Dieu devenir, en toi, la source de laquelle ta foi est irriguée, ton espérance fécondée et ton amour fructifié. Que cette disposition à écouter devienne principe de vie. Pour la plus grande gloire de Dieu et pour ton salut.
Père Davy B. B.

HOMÉLIE DU XXXe DIMANCHE T.O / B (Basile)

Frères et sœurs, l’évangile que nous venons d’entendre en ce trentième dimanche nous ouvre plus d’un chemin, parmi lesquels celui de la confiance.
Le texte nous dit qu’« un mendiant aveugle, Bartimée, le fils de Timée, était assis au bord de la route ». Nous pouvons dire qu’il était posé là comme une poubelle, jeté sur le bord. Les gens allaient et revenaient sans se préoccuper de lui. Mais il a suffi qu’un homme appelé Jésus, c’est-à-dire ‘‘Dieu sauve’’, ‘‘Dieu délivre’’, pour que cet aveugle trouve quelqu’un qui s’intéresse à lui. Avec Jésus, les choses ont totalement changé. Car voir le visage de Jésus, c’est voir le Père plein d’amour ; c’est voir Dieu qui sauve son peuple, Dieu qui affirme, dans la première lecture, qu’il est un Dieu puissant et un Dieu de bonté, quand il dit : « L’aveugle et le boiteux, je les fais revenir ».
Bartimée se rend compte que celui qui passe n’est pas n’importe qui. Cet aveugle est un modèle de rencontre pour chacun de nous, il a l’audace de la prière, la vraie, celle qui interpelle le Seigneur qui passe. Il sait reconnaître le Messie, le Fils de David, sa foi le fait crier. A l’approche de Jésus, « on appelle donc l’aveugle, et on lui dit : ‘‘Confiance, lève-toi ; il t’appelle’’ ». C’est le verbe ressusciter qu’il faut lire derrière l’expression lève-toi. C’est un message d’espérance et de vie confié à l’Église que nous sommes pour qu’elle l’adresse à tous ceux qui ont besoin d’être guéris de tel ou tel mal, d’avoir une solution à tel ou tel problème.
Il est dit que comme réponse à l’appel de Jésus, l’aveugle jeta son manteau, bondit et courut vers lui. Trois verbes d’action pour montrer la confiance en acte. Le manteau qu’il jette, c’est toute sa richesse, toute sa possession ; il le jette comme on jette tout son passé, tout son fardeau, tout le poids des jugements qu’on vous a mis sur le dos. Libéré de tout ce poids, il peut alors bondir pour courir vite vers Jésus. Quelle belle dynamique ! Avant d’être guéri de sa cécité, il semble qu’il est d’abord guéri de ses pieds. Lui qui était à une place fixe sans jamais bouger, empêché par son handicap, le voilà bondissant. C’est un miracle de la confiance. Ce que Jésus donne à cet homme en réponse à sa foi, ce n’est pas seulement une guérison physique ; c’est aussi une guérison spirituelle, car le miraculé se met à suivre Jésus sur le chemin. Pour Bartimée, voir et croire deviennent un même chemin. Cet aveugle est un modèle de disciple, le modèle de ceux qui veulent vivre un nouveau commencement avec le Seigneur en cherchant la véritable lumière.
Nous aussi, dans notre faiblesse humaine, nous sommes atteints de cécité à un degré plus ou moins fort : quand nous nous enfermons dans notre petit monde bien clos, incapables d’ouvrir nos volets et de jeter un regard vers les autres, de nous ouvrir à l’appel de ceux qui ont besoin de nous. Nous sommes aveugles quand nous nous barricadons derrière nos propres vérités, incapables d’écoute, d’accueil et de remise en cause. Si comme le fils de Timée nous croyons que le Christ peut nous guérir de tous ces aveuglements, quel est ce manque de confiance qui nous empêche de crier vers lui, de nous en remettre à Celui qui nous rappelle qu’il est « un père pour Israël », un père pour nous ? Qu’est-ce qui entrave nos pieds au point que nous n’avons pas la force de bondir et de courir vers Jésus ?
Frères et sœurs, avec confiance, laissons, nous aussi la lumière du Christ nous guérir de nos aveuglements. « Implorons Dieu avec force. Pour nous-mêmes, pour les plus éprouvés ».

Méditation du 28ème dimanche b

10 Octobre 2021
Sagesse 7,7-11 ; Hébreux 4,12-13 ;Marc 10,17-30

Au 13ème siècle, Frédéric II (+1250), roi de Sicile, empereur du Saint Empire
Romain Germanique ; homme savant, féru d’art et de science, fit une
expérience cruelle.
Pour savoir quelle langue parleraient des enfants à qui on ne parlerait jamais,
il fit enfermer dans une pièce des nouveaux- nés, leur fit donner les soins que
nécessitait leur état, mais interdit formellement qu’on parle en leur présence.
Ces enfants ont dépéri et sont morts assez rapidement. La parole est donc
indispensable à la vie.
Il en est de même de la Parole de Dieu. Elle est indispensable à la vie du
chrétien. Sans la Parole, la foi s’étiole, la vie spirituelle est inexistante.
« La parole de Dieu est vivante, énergique, plus tranchante qu’une épée »
avons-nous entendu dans la deuxième lecture. Mais pour être salvifique, la
parole de Dieu, quand elle à été écoutée, doit être entendue c’est-à-dire vécue.
Parce qu’elle n’est pas une parole humaine, mais une parole divine, qui va au-delà
de notre compréhension, elle permet de passer au-dessus des idées
reçues, des sensations, des sollicitations et des agressions de notre vie.
Le monde actuel, sanglé dans son autosuffisance, se prive de cette parole.
C’est pourquoi naissent les désordres, les dérives les transgressions, et de ce
fait les drames que nous connaissons dans la société et même dans l’Église.
Quand il n’y a plus de garde-fou le long de la route, le précipice attire, et la
catastrophe est inévitable.
Quant à nos questionnements sur le fait que de tels actes,(ceux révélés par le
rapport de la Ciase sur la pédophilie dans l’Église) aient pu être perpétrés par
des personnes en responsabilités, ayant reçu, médité, enseigné la Parole de
Dieu, je pense que nous pouvons nous mettre modestement en face de ce que
dit Saint Pierre dans sa première lettre : « Soyez sobres, soyez vigilants, votre
adversaire, le démon, comme un lion qui rugit, va et vient, à la recherche de sa
proie » (1Pierre 5,8)
Arrêtons- nous maintenant sur l’Évangile du jour et sur quelques mots lourds de
sens.
« Jésus posa son regard sur lui, et il l’aima.» entre-nous, je préfère l’ancienne
traduction : (Jésus se mit à l’aimer)
Comme si Jésus ne l’aimait pas déjà, comme si Dieu n’aimait pas ses enfants de
la même mesure, sans condition, sans limite !
En fait Jésus se serait mis à l’aimer d’une façon particulière, parce qu’il a lu
dans la réponse de ce juif pieux, toute sa détresse, car sa bonne foi et sa
bonne volonté sont mises en doute ; « maître, j’ai observé tous ces
commandements depuis ma jeunesse »
Oui, notre Dieu est aussi un homme qui a de la peine avec ceux qui ont de la
peine, qui soufre avec ceux qui souffrent.
« Alors Jésus se mit à l’aimer » comme notre Dieu, qui aime encore plus ceux
qui sont « les plus petits d’entre les siens »

Cependant la compassion n’est pas la faiblesse. Malgré la souffrance qu’il sent
dans l’attitude de son interlocuteur, il lui demande encore plus pour mériter le
Royaume : « va, vends ce que tu as, donnes le aux pauvres puis viens et suis moi
» L’invitation à vendre ses biens n’est pas la plus importante, elle n’est
faite que parce qu’elle conditionne l’appel; « viens et suis moi »
Nous avons bien compris que cet appel concernait cet homme en particulier.
Il n’est pas adressé à la cantonade. C’est un appel ciblé comme on dit
aujourd’hui.
Suivre Jésus est une voie royale personnelle, qui dépasse de loin toutes les
richesses du monde
Consacrer sa vie au Christ, à l’Évangile n’a pas son équivalent sur terre.
L’appel est certes exigeant. Saint Paul s’adressant aux Romains dit: « j’estime
que les souffrances du temps présent sont sans commune mesure avec la gloire
qui doit être révélée en nous. »
Monseigneur Joseph Doré, ex archevêque de Strasbourg disait : « N’espérez pas
suivre le Christ sans porter, avec lui, sa croix »
« Viens et suis moi» C’est un appel qui nous est adressé à tous personnellement,
mais toujours dans la limite de nos moyens. Un de mes amis, diacre a cette
belle formule : Dieu est un bon patron, il nous donne toujours les bons outils au
bon moment
Ce qui est important c’est la réponse à l’appel, car suivre le Christ c’est vivre.
Maintenant, permettez-moi de revenir sur cette image utilisée dans l’Évangile
et qui pose problème ; celle du chameau qui peut plus facilement passer par le
trou d’une aiguille qu’un riche entrer dans le Royaume. Il s’agit d’une
métaphore dont les orientaux sont friands, une exagération visant à faire
comprendre une idée complexe.
Cette expression semble être tirée d’une situation réelle. A Jérusalem, la porte
de l’aiguille, était si étroite et si basse que les chameaux ne pouvaient pas la
franchir sans être débâtés et déchargés de leurs fardeaux.
Maurice Zundel dit : « nous devons nous dés-approprier de nous-mêmes pour
laisser place au Christ ».
Cette comparaison montre bien les exigences de la vie à la suite du Christ :
se délester de l’inutile se désencombrer des préjugés se défaire de l’avoir
pour ÊTRE ;
Jésus n’aime pas à demi-mesure. Jésus n’est pas une idée, mais un homme qui
peut dire « Viens et suis moi » parce qu’il a lui-même suivi la voie sur laquelle il
nous entraîne. Celle de la Vie Éternelle
Après cet Évangile nous sommes dans l’embarras. Suivre le Christ. D’ACCORD.
Mais Comment ?
Serai-je assez lucide ? Serai-je assez fort pour choisir, pour renoncer ?
La réponse : Se nourrir de la Parole de Dieu. L’éclairer par la prière, « Ne nous
laisse pas entrer en tentation », faire confiance à la force de l’Esprit, celle des
sacrements.
Et puis, Jésus ne nous a-t-il pas dit : « je suis avec vous tous les jours » et
aussi : « Rien n’est impossible à Dieu ». Amen
B.Buisson, diacre 10.10.21