HOMÉLIE DU 1er dimanche de l’Avent C

HOMÉLIE DU 1er dimanche de l’Avent C

28 Novembre 2021
Jérémie : 33,14-16 1TH3,12-4,2 Luc 21,25-28 .34-36

Nous entrons aujourd’hui, dans le temps de l’Avent.
Le cycle liturgique nous amène chaque année à nous plonger dans l’attente de l’évènement qui récapitulera tout dans le Christ (Eph, 1,10)
« Alors, Dieu sera tout dans tous » (1CO15,18)
L’Avent c’est l’Avènement –La venue du Christ dans la gloire- pour mettre un point d’orgue sur l’humanité en la faisant participer définitivement à la gloire de Dieu .
« Car la vie éternelle c’est de te connaître, toi le seul Dieu, et de connaître celui que tu as envoyé, Jésus-Christ » (Jean 17,3)
Mais, évidemment, l’Avent évoque pour nous un autre évènement, bien concret celui-là : Noël, la venue de Dieu dans l’humanité, pour lui manifester son amour et lui montrer que les hommes et les femmes de ce monde ont du prix à ses yeux.
Les deux évènements, les deux avènements, loin de s’opposer, s’éclairent l’un l’autre.
Si Dieu a voulu, par le Christ, vivre l’aventure humaine avec ses créatures, ce n’est pas pour les abandonner au néant, mais bien pour les faire vivre de sa vie : La vie éternelle.
C’est cela que le prophète Jérémie dit dans la première lecture : « Voici venir des jours où j’accomplirai la promesse du bonheur que j’ai adressée à Israël et à Juda : je ferai naître chez David, un germe de justice. » Ce germe de justice, c’est Jésus, cette promesse de bonheur, c’est la vie éternelle.
Pour le dire autrement : l’Avent c’est l’humanisation de Dieu à Noël, et la divinisation de l’Homme à la parousie (la fin des temps)
Cependant, nous comprenons bien que la venue du Christ, l’objet de notre attente, est intemporelle. Nous sommes hors histoire. Nous sommes déjà dans la vie divine. Mais, parce qu’il nous faut des repères pour vivre sur terre, Noël vient à point nommé nous redire chaque année que nous sommes appelés à la transcendance (cf Maurice Zundel)
En effet, c’est Noël chaque fois que l’amour est premier, et c’est tous les jours le Jugement dernier, dixit Albert Camus. Car c’est chaque jour que Dieu nous relève, chaque jour qu’il nous justifie et nous fait passer de pécheur à la sainteté.
Nous devons dissiper un malentendu. Dieu n’est pas au-dessus de nous, ni en dehors de nous, ni même vis-à-vis de nous. Il est en nous, nous vivons de sa vie, il vit de la notre.
C’est tout le sens de l’incarnation : « Si le Christ est en vous, votre corps a beau être voué à la mort à cause du péché, l’Esprit est votre vie, parce que vous êtes devenus des justes » (Ro 8, 10)
C’est la belle formule du baptême : Tu es maintenant baptisé, tu es
membre du corps du Christ, tu participes à sa dignité de prêtre de
prophète et de roi »
Devenus Christ par le baptême, nous sommes comme lui, avec lui, fils
et héritiers, pour « être avec lui dans la gloire » (Ro 5)
Donc, l’Avent, la venue du Christ, même si elle se situe hors de notre
temps d’Homme, est l’aboutissement de la promesse faite par Dieu de
donner le Salut, la vie éternelle et sa gloire, à tous ses fils.
Mais cette attente ne peut pas être passive. Puisque Dieu se fait nous,
et que « nous serons semblables à lui » (Jean 3,2), nous avons notre
part à prendre à la construction du Royaume. C’est ce que dit Saint
Paul (deuxième lecture Th3,12) « Ayez à l’égard des hommes un amour
de plus en plus intense, Faites de nouveaux progrès »
De même, dans l’Evangile, Saint Luc après avoir décrit la fin du
monde en termes catastrophiques, rapporte les paroles de Jésus à ses
disciples : « Redressez vous, levez la tête, tenez vous sur vos gardes,
restez éveillés, priez, car votre rédemption approche »
Notre attente sera confiante parce que la Parole de Dieu est une Parole
sure. Nous devons donc savoir raison garder face à des évènements
qui, pour la plupart, nous échappent.
Le réchauffement climatique, la pollution, les crises économiques,
financières, sanitaires, la perte des valeurs morales, ce sont là des
inquiétudes que n’éprouve pas le tiers de la population du monde qui
a faim.
Nous sommes confiants parce que nous sommes acteurs, donc
responsables d’un monde plus fraternels, plus juste et plus humain.
Dieu ne nous a pas créés sujets, mais fils et filles. Dieu ne nous a pas
crées objets mais créateurs
« Dieu a créés des créateur »s selon la belle formule de Bergson.
Chers amis, mettons à profit cette attente confiante pour revoir nos
comportements vis-à-vis de notre entourage, vis-à-vis de la société,
vis-à-vis de l’Eglise, etc…
Sommes bien ces créateurs auxquels Dieu confie son oeuvre originelle ?
Saisissons l’occasion que nous donne la Synode de l’Eglise
Universelle initié par le Pape François, pour réfléchir avec d’autres
et le Saint Esprit, à la manière de rendre notre Eglise plus à
l’écoute des cris du monde, et plus disposée à vivre avec les
hommes et les femmes de ce temps.
N’espérons pas tenir tout seul.
L’Eglise est avec nous, la prière est pour nous, Dieu est en nous
Ainsi nous pouvons dire avec toute l’humanité ces derniers mots du
dernier chapitre de notre bible
« Marana tha » « Viens Seigneur Jésus. »
Amen
Bernard Buisson, diacre
28.11.2021


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