2ème dimanche Avent B

Lecture de la deuxième lettre de saint Pierre apôtre : Bien-aimés, il est une chose qui ne doit pas vous échapper : pour le Seigneur, un seul jour est comme mille ans. Cependant le jour du Seigneur viendra, comme un voleur. Alors les cieux disparaîtront avec fracas, les éléments embrasés seront dissous, la terre, avec tout ce qu’on a fait ici-bas, ne pourra y échapper.
Frères et sœurs, combien dans une église aujourd’hui (pas dans cette église bien sûr), croient à la fin du monde ?
Lecture du livre du prophète Isaïe : Une voix proclame : « Dans le désert, préparez le chemin du Seigneur ; tracez droit, dans les terres arides, une route pour notre Dieu ».
En étant attentif à ces deux lectures, on ne peut s’empêcher de relire l’histoire religieuse de notre pays depuis 60 ans, et nous donner des perspectives, pour redresser une situation qui pourrait paraître perdue. Vous le savez, notre pays, comme une partie de l’Europe occidentale, a fait face dès la fin des années 1960 à un effondrement de toutes les courbes concernant la pratique religieuse. La sociologie nous apprend que de véritables nappes de charriage ont déplacé la jeunesse de cette époque, qui d’un coup, a été avide de liberté, ne voulant plus ni autorité, ni contraintes, ni interdits, et où les activités intellectuelles, culturelles, sportives et ludiques devenaient subitement plus attractives que la messe.
Mais cette analyse doit aussi être complétée par une démission de l’Église à l’issue du concile Vatican II, où toutes les contraintes de la religion sont passées subitement à la trappe : louper la messe n’est plus un péché, et les enfants de chœur ne sont plus utiles ;  le jeun devient une pratique désuet, de même que les processions ou la confession ; ajouté à l’abandon de tout un vocabulaire qui pouvait faire peur ou froisser (le purgatoire, l’enfer), ou ne pas entrer dans une science qui devait tout expliquer (la fin du monde)
.Plus de barrières, et au devant de parents désemparés, est arrivé le « catholique non pratiquant ». Celui-ci, vivant dans le souvenir de la vielle matrice a pu encore vivre quelque chose de l’évangile ; mais le non pratiquant est systématiquement remplacé par un non chrétien. Cette évolution vous le savez, elle est massive. Une religion ne survit pas à l’absence de rites ou de barrières, visibles, et qui construisent la personne. Aujourd’hui, nous ne sommes en France qu’une poignée à pratiquer ; 90% sont dehors, et seront bientôt tous, hors de la sphère et de la culture même du catholicisme.
Les conséquences, d’abord sociales, deviennent monumentales. Prenons les resto du cœur, le secours catholique, le secours populaire et les associations pour les migrants… et je ne parle pas de la visite des malades ou des plus âgés dans les Ehpad ou autre maison de retraite… je n’ai même pas besoin de dire que si on enlève les pratiquants, il ne sera plus possible de continuer… Et pire, pire, prenons la personne elle-même : que va-t-elle penser, comment va-t-elle réagir, lorsqu’au moment de sa mort, elle va voir apparaître cette lumière vive qui voudrait l’envelopper ? Qui aurait voulu l’envelopper ?
Évangile de Jésus Christ selon saint Marc : Il est écrit dans Isaïe, le prophète :
« Voici que j’envoie mon messager en avant de toi,
pour ouvrir ton chemin.
Voix de celui qui crie dans le désert : Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers ».
Frères et sœurs, nous crions dans le désert, pas de doute, mais il nous faut probablement passer par là. Il nous faut sortir et parler à la périphérie, comme le Christ savait le faire. Sur le chemin du Christ, il n’y a pas que des chrétiens à 95% (on ne l’est jamais à 100%), mais il y en a beaucoup à 5%. Et je dirais même que notre Seigneur a pris davantage soin de ceux qui peinaient à croire, soin de ceux qui peinaient à prier.
Ste Thérèse d’Avila, qui dans sa jeunesse a eu de grandes difficultés à prier, dit un jour au Seigneur : « Seigneur, 7 fois que je viens, 7 fois que je compte les carreaux ». Et le Seigneur lui a répondu : « Ne t’excuse pas : 7 fois que tu viens me voir ! »

Homélie du 1ère dimanche de l’Avent, le 29 novembre 2020

En ce premier dimanche de l’Avent, nous entrons dans une nouvelle année liturgique en prenant le chemin qui mène à Noël, 1er avènement du Fils de l’homme, où Dieu vient s’incarner, se faire l’un d’entre nous. Dieu vient en Jésus visiter son peuple et lui apporter le salut pour la vie éternelle.
L’Avent est le temps où nous redécouvrons toutes les dimensions de l’Attente chrétienne, où nous nous remettons dans la perspective de l’A-Venir que Dieu nous promet.
L’Avent est d’abord le Temps de préparation à Noël où nous sommes invités à commémorer un événement historique, la venue du Christ dans l’histoire des hommes, et aussi à entrer résolument dans une perspective eschatologique, le retour du Christ, lorsqu’il viendra dans sa gloire pour établir définitivement le Royaume d’Amour du Père.
Les chrétiens ne sont pas tournés vers le passé mais vers l’avenir, nous l’avons entendu dans la 2ème lecture. « Ainsi aucun don de grâce ne vous manque,à vous qui attendez de voir se révéler notre Seigneur Jésus-Christ ».1 Co,1, 7
L’Avent est le signe de ce que nous vivons aujourd’hui, le Seigneur est venu, nous le savons, il reviendra dans sa gloire, c’est notre espérance.
Entre le 1er et le 2è avènement de Jésus il y a notre temps où nous participons à la construction du Royaume.
Mgr Aupetit, Archevêque de Paris, et médecin lui aussi, a comparé, dans son homélie de ce jour, le temps que nous vivons à celui d’une gestation, en précisant : Noël est la fécondation, c’est à dire le premier moment de la Vie, le début de la vie éternelle puisque le verbe s’est fait chair. […]
Le temps actuel est comme celui de la grossesse, le bébé est là, on le sait, mais on ne le voit pas encore, puisqu’il est toujours dans la matrice maternelle. On note sa présence dans des signes indirects. Nous savons que Jésus est là mais nous ne le voyons pas encore tel qu’il est dans la gloire de la résurrection. Cependant nous pouvons entendre les battements du cœur de Dieu dans sa Parole.
Pendant ce temps de l’Avent chacun est appelé à la vigilance et au changement de vie. La parole qui retentit en chaque liturgie dominicale de l’Avent, à travers les Prophètes et l’Évangile, redit la nécessité de la conversion et de la préparation du cœur dans l’espérance.
Dans l’Évangile de ce jour Jésus mets en garde ses disciples et donc nous aussi « Prenez garde, restez éveillés car vous ne savez pas quand ce sera le moment » Veiller veut dire prier, afin d’être remplis de l’Esprit-Saint qui nous fera entrer dans le projet de Dieu, dans la perspective de l’A-Venir qu’Il nous promet, dans l’attente du dernier avènement du Christ, lorsque les temps seront accomplis. C’est là notre espérance chrétienne. Veille et espérance sont liées, sachons en découvrir les signes quotidiens.
Celui qui veille ne dort pas. Nous le savons, quand le téléphone ou l’ordinateur sont en veille il suffit d’un simple clic pour qu’il soit à nouveau prêt et opérationnel, alors que s’ils sont éteints c’est plus long et compliqué. Pour le chrétien c’est pareil, ne soyons pas éteints, sans espérance, restons vigilants.
Alors pour ne pas s’endormir dans la veille, le meilleur moyen est de resté « connecté » à Dieu par la prière. C’est ce que Jésus demandera à Pierre,Jacques et Jean au jardin des Oliviers quand il ira prier avant son arrestation : « Veillez et priez afin de ne pas entrer au pouvoir de la tentation ». Nous connaissons la réponse des apôtres…
Pour être plus vigilant, le pape François a insisté sur l’importance de la prière : « le premier pas dans la prière c’est de reconnaître que Dieu est proche de nous pour ensuite lui demander de se faire plus proche. [..] Invoquons-le, viens Seigneur Jésus, nous avons besoin de toi. Viens proche de nous, Tu es la lumière. Éveille-nous du sommeil de la médiocrité, éloigne de nous les ténèbres de l’indifférence, viens Seigneur Jésus. Rends vigilants nos cœurs, fais-nous sentir le désir de prier et le besoin d’aimer. »
Au long des dimanches de l’Avent nous allumerons les quatre bougies, symboles de paix, joie, amour et espérance, qui viennent éclairer nos ténèbres.
Entrons donc avec joie et avec foi dans cette perspective, en nous préparant à accueillir le Seigneur dans l’enfant de la crèche, en redécouvrant ce chemin de prière, d’intimité avec le Seigneur qui nous ouvre à l’amour et au service de nos frères.
Père Jean-Hugues Malraison, curé



MÉDITATION DE L’AVENT

Pour cultiver l’Espérance

Introduction 
La pandémie du Coronavirus, fait souffler un vent de terreur sur la planète toute entière. Notre santé, notre économie, et aussi notre moral sont mis à mal.
A force de vivre sans Dieu, notre société en arrive à nier les aléas de la vie et l’inéluctabilité de la mort. Sevré de spiritualité, le monde est sans espérance. Ce temps de l’Avent est  favorable pour cultiver l’ESPERANCE, vertu théologale avec la foi et la charité.

L’avent, temps de l’Espérance
L’Avent  est le temps  de l’Espérance par définition.
-Attente dans la chair, du fils de Dieu pour dire aux hommes  des paroles divines :  l’amour inconditionnel du Père, et la joie du Salut. C’est NOËL.
-Attente dans l’Espérance du retour du Christ en gloire pour juger l’humanité et lui donner la joie de voir Dieu face à face. C’est la PAROUSIE. LE JUGEMENT DERNIER.  LA VIE ÉTERNELLE.

Espoir et Espérance
L’espoir est l’attente résignée d’un évènement désiré. (Dictionnaire Larousse) L’espoir repose sur l’analyse, il est nécessaire, mais peut se tromper.
L’Espérance est don de Dieu. L’Espérance est force confiante de Dieu. Elle est action. Elle nous invite à prendre part à la construction du Royaume . L’Espérance repose sur la promesse de Dieu, la certitude d’avoir été choisi par Lui.
L’espoir est attente. L’espérance est chemin.
L’espoir est statique. L’Espérance est dynamique.
L’espoir est humain. L’espérance est CHRÉTIENNE

L’Espérance chrétienne
« La Foi et l’Espérance Chrétienne ont un seul objet. « La vie commune avec le ressuscité » (Jurgen Moltmann)
Dans la Bible :
« Ainsi donc, justifiés par la Foi, nous sommes en paix avec Dieu par Notre Seigneur Jésus-Christ.
Par lui nous avons accès par la foi , à la grâce en laquelle nous sommes établis et nous mettons notre orgueil dans l’Espérance de la gloire de Dieu.
Bien plus, nous mettons notre orgueil dans nos détresses mêmes, sachant que la détresse produit la persévérance,  la persévérance la fidélité  éprouvée, la fidélité éprouvée l’Espérance et l’Espérance ne trompe pas car l’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné »(Ro  5,1-5)

«  Nous avons été sauvés  mais c’est en Espérance. Espérer ce que nous ne voyons pas c’est l’attendre avec Espérance » ( Ro8, 24-25)
Dans l’Église :
« L’espérance est la vertu théologale (qui s’enracine dans Dieu) par laquelle nous désirons comme notre bonheur le Royaume des Cieux et la vie Éternelle, en mettant notre confiance dans les promesses du Christ et en prenant appui, non sur nos forces, mais sur le secours de la grâce du Saint-Esprit. »(Catéchisme de l’Église Universelle n°1817)

Espérance et foi
la  foi est constitutive de L’Espérance.
« Si le Christ n’est pas ressuscité  notre foi est vaine et vaine est  notre espérance  (1,CO14,15)
Foi en la vie éternelle « Mes bien aimés, dès à présent nous sommes enfants de Dieu. Ce sue nous serons n’est  pas encore manifesté. Lorsque le fils de l’Homme paraitra nous serons semblables à lui parce que nous le verrons tel qu’il est «  1Jean 3,2)

Selon le pape Benoit XVI
« Le mot Espérance est un mot central de la foi biblique ; au point que  dans certains passages les mots foi et espérance semblent interchangeables.  La première épitre de Pierre exhorte les chrétiens à être toujours  prêts à rendre compte de l’Espérance qui est en eux, espérance est équivalent de foi »

Les fruits de l’espérance
Bonheur : «  L’espérance procure la joie dans l’épreuve »( Ro 12)
La vertu Espérance  répond à l’aspiration du bonheur placé en Dieu dans le cœur de tout homme, elle assume les espoirs qui inspirent les activités des hommes, elle les purifie pour les ordonner au Royaume des cieux, elle protège du découragement.  
L’élan de l’espérance préserve de l’égoïsme et conduit au bonheur de la charité.
Force de vie :    Entre la promesse d’amour de Dieu et la vie ordinaire il y a apparemment un fossé.
-On peut regarder tellement la promesse  que l’on n’éprouve plus d’angoisse  ni de peur,  et que la souffrance et la mort ne sont plus  regardées comme  un mal.
-On peut regarder tellement les difficultés de la vie  que l’on ne sache plus quel est le sens de la Promesse.
L’Espérance permet de regarder les deux à la fois.
Le regard de l’Espérance se forme en regardant le Crucifix, il  proclame la mort et la rend signe de  résurrection. Il accepte l’angoisse mais dans la paix

QUESTIONS POUR ALLER PLUS LOIN
1 –  Qu’est  ce qui  différencie Espoir et Espérance ?
2.- L’Espérance chrétienne peut –elle être individualiste ?
3.- Pourquoi l’Espérance est –elle un chemin, ?
4.-  Pour nous, qu’est ce que  la vie Éternelle. ?
5.- Marie chemin d’Espérance ?

Texte préparé par Bernard Buisson, diacre
Première semaine de l’Avent 2020



HOMÉLIE du 22 Novembre 2020

                Le Christ Roi de l’univers année A
Ez. 34 ,  1 Co 15, Mat 25, 31.46

La fête du  Christ Roi a été instaurée en 1925 par le Pape PieXI pour contrecarrer le laïcisme ambiant qui avait conduit au début du XIX ème siècle à la suppression des états pontificaux. (Congrès de Vienne) L’Église a  créé cette fête pour annoncer  un Christ roi d’une société humaine égale en droits sociaux, en justice, et combattre les totalitarismes  en Europe,  qui allaient conduire aux agissements que l’on sait : la guerre, la Shoah

Fêter le Christ Roi de l’Univers est à la foi un pléonasme et une incongruité.
Un pléonasme, parce que dans la tradition juive : « Le Christ est celui qui a reçu l’onction de Dieu, et il est  le chef du peuple »  donc le roi ou encore le Berger.
Une incongruité, parce qu’il n’est pas imaginable qu’on puisse réduire Dieu à nos contingences humaines, fussent-elles de le mettre à la première place. Dieu est le Tout –Autre, l’indéfinissable. Une incongruité  de vouloir donner au fils de Dieu  une autorité temporelle,  alors que toute sa vie humaine a été marquée par son humilité et son service des plus pauvres.
Il est né dans une étable,  il a travaillé de ses mains, vécu  avec les pauvres, prêché l’amour  de ses ennemis, le pardon, le partage, et il est mort sur une croix comme un brigand.
Bien entendu la liturgie s’appuie sur l’ Évangile et sur lui seul  pour célébrer cette fête. Et si le titre de roi est donné au Christ Jésus c’est plus par analogie avec le berger qui donne  sa vie pour ses brebis,  que pour marquer une domination. « Lui qui était de condition divine, s’est fait le serviteur de tous »( Ph 2) La liturgie de cette année A  nous offre le chapitre 25 de l’Évangile de Matthieu  qu’on appelle aussi du Jugement dernier. Matthieu nous parle d’un roi qui, comme le berger sépare  les brebis des chèvres le soir venu au retour des troupeaux.
Mais il n’y a pas d’ambigüité.  Dès le début du chapitre nous sommes fixés : « Quand le fils de l’homme viendra dans sa gloire,  Il siègera sur son trône de gloire, toutes les nations seront réunies ; il séparera les hommes les uns des autres  comme le berger sépare les brebis des boucs. »     
Le roi de la parabole est donc Dieu, le juge universel qui interviendra à la fin des temps . Car il y aura bien un jugement. Mais y aura-t-il une condamnation ? Notre  foi en la miséricorde divine nous fait espérer que non. Car personne n’est tout bon ni tout mauvais et le feu éternel ne peut pas détruire  ce qui constitue la partie vertueuse d’une créature du Père.
  A la requête d’Abraham pour sauver Sodome, « Le seigneur dit : Si je trouve dix justes dans la ville de Sodome, je ne la détruirai pas à cause de ces dix » (genèse 18-32)
Ainsi, ce roi (Dieu) sépare les hommes les uns des autres, et place à sa droite les élus: « Venez les bénis de mon Père… »
« Car vous m’avez donné à manger, donné à boire, vous m’avez accueilli, vous m’avez habillé, vous m’avez visité….etc »
Rien d’extraordinaire, rien qui  soit hors de notre portée, rien que nous n’accomplissions déjà, à notre insu même. !
A tel point, que comme les justes, étonnés de la réponse de Jésus  nous pouvons  lui poser la  question : « Quand est ce que nous t’avons vu ?. Quand sommes nous venus jusqu’à toi ? »
La réponse surprend : «  Chaque fois que vous l’avez fait à un de ces petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait 
Elle nous étonne aussi,  et elle nous chagrine. Comment se fait il que nous n’ayons  jamais vu le Christ dans le visage d’un frère ?… Notre égocentrisme sans doute ? Mais nous pouvons nous consoler,  parce que l’essentiel a été fait. Au nom de notre humanisme, certes,  mais n’est-ce-pas aussi l’humanité du Christ ?
Car ceux qui, sciemment, ne l’ont pas fait, seront jugés sévèrement, maudits et jetés dan le feu éternel. Certes, le trait est forcé, car nous ne pouvons pas imaginer que Dieu puisse condamner,  sans rémission, ses propres enfants .
Dans son livre « La peste » Camus fait dire par le docteur Rieux au Père Paneloux : « Je me fais une autre idée de l’amour d’un Dieu créateur d’un monde où meurent des enfants»
Eh bien moi, je me fais une autre idée  du Dieu dont la miséricorde  dépasse toutes nos défaillances  !  « Là où le péché abonde, la grâce surabonde. » (Romains 5,20)
Dimanche prochain, nous  entrons dans le temps de l’Avent, la préparation à la naissance de Dieu chez les Hommes, et aussi, le temps  où le Christ reviendra dans sa gloire. Le temps  du Jugement dernier ou Dieu(Roi) fera toute chose nouvelle.
 « Venez les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume préparé  pour vous depuis le commencement du monde. »

Amen

Bernard Buisson, Diacre

DIMANCHE 15 NOVEMBRE 2020. 33ème DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE

Proverbes (31, 10-13. 19-20. 30-31) ; Psaume 127 (128) ; Thessaloniciens (5, 1-6) ; Matthieu (25, 14-30)
La fidélité : manifestation de la vigilance active dans le temps présent

Les textes de ce dimanche, l’ultime de l’année liturgique avant la Solennité du Christ Roi de l’Univers, nous convoquent à une interrogation sur l’exigence d’être chrétien au cœur de ce monde qui passe.
Chacun et chacune, comme ses serviteurs à qui cet homme qui part en voyage remet des talents, reçoit ainsi de Dieu, notre Père, les dons de sa grâce : des talents à faire fructifier, des richesses de ses bénédictions pour rendre le monde meilleur.
Alors, comment aujourd’hui, moi, dans ma situation et dans le contexte réel de cette époque, je vis la gestion des biens confiés et exerce la part de mes responsabilités accordées ? De quelle manière, dans ma vie comme dans mes engagements, je témoigne des qualités que Dieu m’a dotées ? Suis-je prompt, en ces temps troublés et criblés de crises, à rendre compte sinon raison de notre espérance ?
La femme vaillante, précieuse plus que les perles et dont ses œuvres disent sa louange, en est la puissante mobilisation pour travailler à nos responsabilités. Elle en est la parfaite métaphore, l’image ressource pour vivre et agir selon Dieu. (cf. Première lecture)
L’administration de nos jours, tout comme la gestion de notre vie sont à conduire dans la clairvoyance et la sagesse reconnues aux fils de la lumière, les fils du jour qui n’appartiennent pas à la nuit et aux ténèbres. Toujours vigilants et toujours prêts pour la venue du Seigneur afin de répondre de ses actes, sans ombre ni trouble au visage. (cf. Deuxième lecture)
Nous avons tous à rendre compte au Seigneur, Maître des temps et de l’histoire. A lui, toute vie doit se tourner pour témoigner du fruit de son travail.
« Très bien, serviteur bon et fidèle,… » (cf. Évangile). Toi mon frère, toi ma sœur, vas-tu t’entendre dire cette parole pleine de reconnaissance ? Serais-tu celui-là à qui le Maître fait résonner la joie de son cœur ? Avec quelles dispositions reçois-tu cette Bonne Nouvelle : Très bien, serviteur bon et fidèle ?
En ces jours de confinement, jours où l’expression de notre liberté est mise à dure épreuve pour des raisons que personne n’ignore, de quelle manière je demeure fidèle aux engagements de mon baptême ?
La vie aujourd’hui sollicite notre capacité de résistance et notre qualité d’alerte. Le moindre relâchement se révèle régressif. La moindre peur-panique ébranle et désoriente. Au point de se placer dans une sorte d’acédie (état spirituel de mélancolie dû à l’indifférence, au découragement ou au dégoût). N’est-ce-pas dans le temps que se décide son éternité ? Réveilles-toi, toi qui dors ! Vis et engages-toi ! Sois consolé des consolations du Seigneur. Ainsi ces paroles du Psalmiste trouveront sens dans ta vie :
« Heureux qui craint le Seigneur et marche selon ses voies !…Heureux es-tu ! A toi le bonheur !que le Seigneur te bénisse ! »

Père Davy

HOMÉLIE DU 32e DIMANCHE DU T.O. / ANNÉE A (Père Basile)

Le thème des lectures de ce trente-deuxième dimanche est celui des aguets, de l’attente du Seigneur. L’évangile nous parle de la condition dans laquelle nous devons nous trouver pour entrer, avec Jésus, dans la gloire céleste. Il répond à la question de savoir comment nous devons nous préparer pour que la fin de notre vie et l’avènement du retour du Christ ne nous surprennent pas comme un voleur.
Mais nous avons d’abord la seconde lecture, qui nous parle des défunts. Elle cadre bien avec cette période de l’année au cours de laquelle nous pensons spécialement à ceux qui nous ont précédés dans la mort – il était prévu de faire, ce dimanche, des messes à l’intention de tous les défunts de nos deux paroisses depuis la Toussaint 2019. Ne les oublions pas !
C’est un message d’espérance que saint Paul livrait aux chrétiens de la ville de Thessalonique et qu’il nous livre aujourd’hui. Les Thessaloniciens croyaient déjà en Jésus, mais devant la mort, ils éprouvaient un chagrin que l’espérance de la résurrection ne parvenait pas à dissiper. Comme nous encore aujourd’hui, ils se demandaient : où vont nos morts ? Continuent-ils à vivre sous une autre forme ou bien ils sont partis pour toujours ? Saint Paul leur répond et nous répond en nous éclairant sur ce qui se passe après la mort. Parce qu’il a ressuscité Jésus, nous enseigne-t-il, Dieu ne peut pas abandonner à la mort ceux et celles pour qui son Fils a donné sa vie ; il les réunira à Lui ; ils vivront dans sa communion ; nous serons toujours avec Lui… Nous avons bien là un message d’espérance.
Mais l’évangile nous montre que, si la vie qui nous vient de Dieu est un don gratuit, nous devons nous ouvrir à ce don, nous préparer à l’accueillir pour ne pas en être privés. Dans notre parabole, « l’époux qui se fait attendre mais qui finit par venir, c’est le Christ. Son retour n’est inscrit dans aucun calendrier. Chacun se doit d’être prêt pour le grand jour, sous peine d’exclusion ». Et les 10 jeunes filles qui attendent, c’est nous. Or, comme dit le texte de la parabole, 5 d’entre elles sont prévoyantes et les 5 autres ne le sont pas. Et moi ? De quel groupe suis-je ? De celui des prévoyantes ou de celui des non prévoyantes ? Et c’est quoi, être « prévoyant » ? Le texte nous dit que « c’est être vigilant et guetter le retour du Christ sans connaître le jour ni l’heure de son arrivée ». Quand Jésus nous demande de veiller, il nous invite à nous préparer à sa rencontre, ou, selon la 1ère lecture, à passer nos veilles à chercher la sagesse.
La certitude du retour du Christ qui reviendra en gloire nous engage dans une recherche de la sagesse qui n’est autre que la fidélité constante à la mission que le Seigneur donne à son Église et à chacun de ses membres, ici et maintenant. L’huile qui ne doit pas manquer dans nos lampes, c’est la Parole de Dieu et les sacrements qui nourrissent notre vie, en particulier l’Eucharistie. En ce temps de confinement, celle-ci va certes nous manquer, mais, à part l’écoute de la Parole, nous avons la recherche et la mise en œuvre de la volonté de Dieu, et la charité fraternelle comme moyens efficaces de communier au Christ vivant, pour nous aider à garder notre lampe allumée. Cette lampe, c’est la foi, qui « doit toujours être animée d’une flamme chaude et continue car la torpeur risque de nous faire rater le rendez-vous décisif avec le Seigneur. Il ne suffit pas d’être ‘tout feu tout flamme’, il faut encore que cet enthousiasme perdure. Jésus nous appelle à ne pas nous assoupir, à rester vigilants et lucides […]. À quoi ressemble en ce moment notre ‘provision d’huile’ ? » Sommes-nous prêts pour la Rencontre ?

Toussaint 2020

Frères et sœurs, la fête de la Toussaint nous renvoie à ceux qui nous ont précédés et que nous avons aimés. Cette fête vient en effet raviver nos racines, car nous sommes enracinés, dans la vie, dans l’amour et dans le labeur de tous ceux qui nous ont précédés. Ce recueillement et ce retour à nos racines, nous oblige immanquablement à nous poser la question du sens de notre vie : où allons-nous, vers quoi allons-nous, et vers qui allons-nous. Cette une question qui se pose à tout le genre humain. Même le pire des athées se la pose. Cette question à elle seule permet de définir l’homme…

Et c’est la Parole de Dieu, et j’oserai dire elle seule, qui nous aide à avancer dans les réponses. Mais curieusement, les lectures de ce jour ne nous parlent pas de mort et ne mentionne pas les défunts. Elle nous parle au contraire de vie, de joie et de bonheur pour nous aider à répondre à nos questions. Elle veut aussi nous indiquer à quel avenir nous sommes invités, et quels chemins il nous faut prendre pour y parvenir.

« Heureux les pauvres de cœur ! » Ne nous y trompons pas. Cette pauvreté dont parle Jésus n’est pas la misère. La misère est toujours un fléau contre lequel il nous faut lutter en lien avec les organismes de solidarité. Le bonheur des pauvres de cœur dont parle Jésus, c’est tout autre chose, et il ne concerne pas que la vie future ; il est surtout pour la vie présente : Jésus promet le bonheur immédiat à ceux qui ne sont pas pleins d’eux-mêmes, mais qui ont de la place pour autre chose, qu’à l’église on nomme « l’essentiel » et que dans la société civile on nomme solidarité ou fraternité. Quelle place faisons-nous pour cet essentiel ?

Et qui nous montre l’essentiel, sinon le Christ ? Alors c’est vrai que l’on ne le voit jamais très précisément, et cela nous manque à tous. Pourtant, le Christ, nous le voyons, voilé certes, dans l’hostie qui nous est donnée ; nous le voyons, voilé certes, sous la Parole que nous avons entendue de nos oreilles ; nous le voyons, voilé certes, dans l’attitude de telle personne qui crie sa demande dans une prière …

« Heureux les artisans de paix, il seront appelés fils de Dieu ». Voilà un message brûlant d’actualité. Ne connaissons-nous pas aujourd’hui une grande épreuve un peu comme celle dont parle le livre de l’Apocalypse ? Notre vie est à présent confrontée aux divisions, à la haine -un mot prononcé tous les jours maintenant par les médias-, aux oppositions, et à la violence aveugle.   Comment ne pas être ici possédés par cette actualité qui vient heurter nos principes, et raviver les craintes d’un avenir difficile, et pire même, pour certains, un avenir bouché.

Cette pandémie, dont nous ne voyons pas comment nous en défaire, qui répand partout dans le monde le spectre de la mort, et puis les attentats, hier ce prêtre blessé, il y a 10 jours, ce professeur décapité qui travaillait pour l’éducation des jeunes, et jeudi, le massacre de ces personnes qui ne faisaient rien d’autre que prier dans leur église. Elles priaient ce Dieu de Jésus Christ, probablement avec toute la force de leur être ; et malheureusement elles n’ont pas eu le temps de dire à Dieu tout ce qu’elles auraient voulu lui dire…  Alors, que pouvons faire de mieux pour elles, sinon de  terminer leur prière…

Thierry Merle Diacre

30ème dimanche du Temps Ordinaire

« Le grand, le premier commandement »

Peuple de Dieu,
Qu’y a-t-il de plus essentiel, de plus désiré, de plus attendu dans le cœur de chaque homme que l’amour. L’amour en christianisme a pour nom charité et la charité est le résumé de tout l’évangile.
Déjà à travers l’Ancien Testament, Dieu se faisait proche de son peuple par son soutien incontournable manifesté à son égard. La Nouvelle Alliance ne fait qu’incarner cette promesse d’amour à l’image du Fils Jésus, Lui l’archétype de la réconciliation et de la miséricorde. Par amour pour nous, Dieu s’est révélé en Jésus incarné pour nous laisser percevoir son mode d’être. Pour Jésus, la première place revient à l’amour de Dieu mais ce dernier ne va pas à sens unique puisqu’il doit se manifester dans l’amour du prochain (Mt 22,36-40).

L’amour, paroxysme de la vie chrétienne

À la question du docteur de la loi : « quel est le plus grand commandement ?» (Mt 22, 36) Jésus répond : « tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, et de tout ton esprit. Voilà le grand, le premier commandement. Et le second lui est semblable : tu aimeras ton prochain comme toi-même. De ses deux commandements dépend toutes la Loi,
ainsi que les Prophètes » (Mt 22, 37-40). Ainsi seul l’amour est source et principe de la morale chrétienne. La désignation adéquate du chrétien est : celui qui aime. Toutefois il arrive qu’on se pose la question de savoir qui entre le Christ et la Charité, est la source de la morale chrétienne. Faut-il les identifier, ou faut-il les distinguer, comme deux pôles qui équilibrent un univers ? Le tout est de savoir, que ces deux préceptes sont distincts par leur objet, mais n’en font qu’un dans leur inspiration. Que ce soit l’adoration de Dieu qui exige la fidélité à sa volonté ou la dilection fraternelle qui ordonne la vie au service du prochain, c’est un unique amour qui commande la conduite du disciple, l’emporte sur l’exercice du culte et
assure la possession de la vie éternelle.
Le mystère de l’Eucharistie nous rassemble en un seul corps dans le Christ Jésus. A la lumière de saint Paul, la communion au Corps et au Sang du Christ, ne nous éloigne pas l’un de l’autre mais au contraire nous rapproche en formant une seule famille dans le Christ. Comme chrétien, notre union
au Christ passe également par la relation à autrui, car c’est pour nous tous qu’Il s’est dépouillé. La relation fraternelle dans notre vie quotidienne semble l’une des caractéristiques de l’appartenance au Christ. Celui ou celle qui embrasse la vie du Christ est invité à s’ouvrir de plus en plus envers ses
semblables en qui l’universalité de l’amour de Dieu est inscrite.
Jésus n’a-t-il pas dans ses messages et dans ses actes faire apparaître la figure du prochain que Lui a incarné ? La parabole du bon samaritain nous éclaire mieux. Elle nous montre que le prochain n’est pas uniquement les personnes de notre clan mais celui à qui je dois mon aide dans n’importe quelle circonstance et à travers un lieu donné. C’est en apportant une
réponse directe aux besoins des autres et en s’aidant mutuellement que cet exercice se concrétise.
Aimer le Christ ne se vit pas uniquement de façon verticale mais cela doit se traduire dans nos actes quotidiens, en développant notre capacité d’atteindre l’autre dans sa souffrance et l’aider à se reconstruire. Pour y arriver, cela requiert de chacun une attention particulière à l’égard de nos frères et sœurs.
D’autre part, en restant à la suite de Jean nous pouvons nous demander comment l’amour est-il possible ? Puisque Dieu est invisible. S’il est vrai qu’Il échappe à nos yeux, par quels moyens pouvons-nous manifester notre amour et notre attachement à Lui. La première lettre de Jean semble trouver une bonne formule pour nous éclairer sur ce sujet en nous
disant : « En effet celui qui n’aime pas son frère, qu’il voit, est incapable d’aimer Dieu, qu’il ne voit pas » (1Jn 4,20). Pour le disciple bien aimé, l’amour divin est intimement lié à l’amour du prochain. Autrement dit, c’est dans l’autre que je découvre le vrai visage de Dieu, car il continue encore de se révéler à nous. L’Amour de Dieu ne resplendira pas si chacun de nous se contente de son petit projet personnel jusqu’à exclure l’autre. Nous ne pouvons pas aimer Dieu et oublier les soucis de nos frères et sœurs qui peinent à se reconstruire. L’amour vrai se traduit dans nos actes de tous les jours, il se manifeste dans l’entraide, le partage et la communion fraternelle.
À la suite du Christ le disciple est appelé à vivre dans l’amour, et de Dieu et du prochain, dans le sens où cet amour s’est incarné et est le fondement de la relation de l’homme avec Dieu et de l’homme avec l’autre, ainsi sans lui l’homme ne peut vivre. C’est en cela que Saint Paul dit dans son hymne à l’amour ce qui suit : « j’aurais beau parler toutes les langues des hommes et des anges, si je n’ai pas la charité, s’il me manque l’amour, je ne suis qu’un cuivre qui résonne, une cymbale retentissante. (…) Ce qui demeure aujourd’hui, c’est la foi, l’espérance et la charité ; mais la plus grande des trois, c’est la charité » (1Co 13, 1-13).

Père Thomas MESIDOR


Homélie du 29è dimanche du temps ordinaire, année A

Un chrétien peut-il appartenir à la société civile et obéir à ses lois tout en vivant pleinement sa foi ? Est-il de ce monde ? Est-il dans ce monde ?
C’est en fait la question sous-jacente dans le piège tendu à Jésus par les pharisiens et leurs partisans, replacée dans le contexte juif de l’époque.
Jérusalem est occupée par les romains dont César est l’empereur, vénéré comme un dieu tel Jupiter, et qui impose ses lois dans tous les territoires sur lesquels il règne.
Cette situation ne convient pas au peuple juif qui attend un libérateur, un messie envoyé par Dieu pour délivrer Jérusalem du joug de l’occupant romain et leur rendre ainsi cette terre sainte que Dieu leur a confié.
Et voilà que Jésus prétend être ce messie, lui qui est venu dans la pauvreté de la crèche, qui parcourt les villes et villages avec une bande de disciples qui n’a rien d’une armée conquérante et qui prêche un évangile d’Amour pour libérer le peuple de l’entrave du,péché et de la mort.
Rien à voir avec le messie triomphant espéré et annoncé par les grands prêtres. Exaspérés par l’aura de cet homme qui draine les foules, en particulier les plus petits, les estropiés de la vie et les pécheurs, les pharisiens vont tenter à plusieurs reprise de l’abattre, de l’accuser de blasphème pour le faire taire en le condamnant à mort.Quand on a pas d’arguments solide pour combattre l’adversaire, on le discrédite aux yeux
de tous.
C’est ainsi que les pharisiens vont agir, après avoir pris conseil entre eux.
Et bien sûr sans attaquer de front, mais en commençant par flatter, par endormir la vigilance de l’adversaire pour mieux le vaincre. Notons au passage que ce qui se pratiquait ainsi au temps de Jésus est encore d’une
brûlante actualité 2000 ans après ! ( Cela d’ailleurs nous rappelle une fable apprise à l’école :
« Que vous êtes joli ! que vous me semblez beau ! Sans mentir, si votre ramage se rapporte à votre plumage, vous êtes le Phénix des hôtes de ces bois, » où le renard utilise la flatterie pour obtenir le fromage tenu par le corbeau. )
« Maître, lui disent-ils, nous le savons : tu es toujours vrai et tu enseignes le chemin de Dieu en vérité ; tu ne te laisses influencer par personne, car ce n’est pas selon l’apparence que tu considères les gens »
Quelle belle entrée en matière. En appelant Jésus Maître ils reconnaissent en lui celui qui parle avec autorité, pour le moins un grand religieux, voire un envoyé de Dieu, un prophète. Et ils reconnaissent la profondeur et la véracité de son enseignement. Ils poussent même l’ironie en lui disant qu’il ne se laisse influencer par personne, alors que c’est précisément ce qu’ils essayent de faire à son égard. Quels hypocrites.
« Est-il permis, oui ou non, de payer l’impôt à César, l’empereur ? »
Le piège est donc tendu et quelque soit sa réponse Jésus ne pourra pas s’en sortir.
– Soit il refuse et incite le peuple à ne pas payer l’impôt prélevé au profit de l’occupant romain et il se place ainsi en révolutionnaire, devenant alors un hors la loi que l’on pourra dénoncer aux autorités,
– soit il approuve et conseille de payer l’impôt et se discrédite aux yeux du peuple et devient pour eux un collaborateur, que les grands prêtres pourront condamner. Une fois de plus Jésus va retourner la situation, avec la pièce à l’effigie de César. Cet enseignement est pour nous totalement d’actualité et peut se comprendre en trois points.
1 – « Rendez à César ce qui est à César », y compris en payant l’impôt.
C’est tout simplement, admettre que nous vivons en ce monde temporel dans une société régie par des lois qui permettent de pouvoir vivre en bonne intelligence et reconnaître l’autorité qui gouverne notre pays (et en ce qui nous concerne que nous avons élue ). Le chrétien est donc un citoyen qui vit selon ces lois temporelles (ce qui ne l’empêche pas de s’offusquer et dénoncer publiquement celles qui sont contraires à sa foi.)
2 – Ne rendez à César que ce qui est à César. Cela n’est pas dit de façon directe par l Christ mais se trouve de façon implicite. En effet quand César, l’empereur, gouverne et perçoit l’impôt, il est dans son droit, mais quand il exige qu’on lui rende un culte en se prenant pour un dieu, il outrepasse ses droits et devoirs et il expose ainsi le peuple à l’idolâtrie. Là il ne faut pas transiger, Jésus rappellera souvent que nous n’avons qu’un seul Dieu et Père.
3 – « Rendez à Dieu ce qui est à Dieu ». La vraie question est là : le temporel ne doit pas occulter le spirituel. Le chrétien est aussi et avant tout « citoyen de Dieu » et doit vivre selon sa foi en rendant un culte à Dieu et en pratiquant sa loi d’Amour que Jésus est venu nous rappeler par sa Parole.
Alors ne nous laissons pas enfermer dans des questions d’avoir ou de pouvoir et leurs querelles. Mais suivons le plus grand des commandements enseigné par le Christ, aimer Dieu notre Père et aimer notre prochain.
Vivons dans cette société en chrétien responsable pour qui tout vient de Dieu et pour qui tout revient à Dieu en action de grâce.
Père Jean-Hugues Malraison



HOMÉLIE DU 28ème dimanche du temps ordinaire A

11 Octobre 2020
Isaïe(25,6.10) PS 22 Ph.( 4,12-14.19-20) Mt (22,1-14)

C’est le quatrième dimanche consécutif, la liturgie nous propose des paraboles de Matthieu.
Que ce soit celle des ouvriers de la dernière heure, celle des deux fils, celle des vignerons homicides, ou aujourd’hui celle des invités au festin des noces, toutes concernent le Royaume de Dieu qui est offert à tous ceux qui font la volonté du Père.
Royaume qui ne figure sur aucun atlas, mais qui est déjà là parce qu’il est dans nos cœurs. On y voit le peuple élu, Israël, se détourner de la promesse et s’intéresser à ses propres affaires.
Mais Dieu est obstiné, Dieu est patient. Il ne se lasse pas d’inviter, il ne se lasse pas de faire confiance.
Dimanche dernier, les vignerons à qui la vigne était confiée tuent les serviteurs venus se faire remettre le produit de la récolte. ils tuèrent même le fils du propriétaire. Alors celui-ci leur retira la vigne pour la confier à d’autres. Ces autres, c’est le peuple de Dieu conduit par Jésus Christ ressuscité. Aujourd’hui, toujours dans le même esprit du Royaume offert à tous, mais à construire par tous, Matthieu nous invite au repas de noces que donne un roi pour son fils. Un repas c’est important, à fortiori pour une noce. Mais à l’époque du Christ, il l’était encore bien davantage puisque les noces, dit-on, duraient une semaine au moins.
Le Roi donc donne un banquet et envoie ses serviteurs avertir les invités. Mais à sa grande déception, certains refusent, préférant s’occuper de leurs affaires, allant même jusqu’à maltraiter voire tuer les serviteurs.
Alors le roi se fâche, punit les coupables et invite largement en dehors du cercle des habitués.
Essayons de voir ce que cela signifie pour nous.
Le projet de Dieu c’est de sauver tous les Hommes. C’est-à-dire les arracher à leur condition terrestre, périssable, pour les amener à la vie éternelle.
Il invite toute l’humanité, sans exclusion, sans condition .Dieu nous invite à ce grand banquet final dont parle Isaïe dans la première lecture. La mort sera détruite. « Il n’y aura plus ni deuil, ni larmes, ni douleur, mais la joie et la paix » (rituel)
Dieu invite à sa table, au banquet offert pour les noces éternelles de son fils Jésus-Christ. Cependant, prenons garde. Invité ne signifie pas automatiquement élu, accepté. Il y a une condition : revêtir le vêtement de noce. C’est-à-dire pour nous, satisfaire aux promesses de notre baptême : Devenir prêtre, prophète, et roi. (prier, annoncer, partager)
Le baptême, c’est notre vêtement de noce. Encore nous faut-il le vivre pour participer au repas.
« Maître que dois-je faire de bon pour gagner la vie éternelle ? » demande le jeune homme riche à Jésus ; et sa réponse : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de toute ton âme, de toute ta force et de tout ton esprit, et ton prochain comme toi-même » (Luc 10,25)
Notre baptême seul ne nous confère aucun privilège. Le Royaume est à construire tous les jours, avec l’Église, car nous ne sommes pas seuls
Nous avons vu dimanche dernier, qu’après avoir confié sa vigne aux vignerons, le propriétaire est parti en voyage. Dieu nous fait confiance. Il nous a donné tous les moyens de vivre selon sa loi. Un de mes amis diacre aime à dire que « Dieu est un bon patron, il nous donne toujours les bons outils au bon moment. »
Libre à nous de les utiliser ou non. C’est une lourde responsabilité qui nous est laissée. Dieu nous sait capable de l’assurer.
Peut-être faut-il voir dans le mauvais usage de cette liberté, une des causes du mal ?
Certes nous nous reconnaissons aussi bien dans ces invités qui se dérobent, que dans ces indélicats qui n’ont pas revêtu le vêtement de noce.
Mais nous avons plus confiance en la miséricorde de Dieu que dans notre force à résister au mal.
Pour ma part, à la suite de Maurice Zundel, je pense qu’il vaut mieux se tourner vers le Christ et sa lumière que se centrer sur soi-même. L’Église nous demande de croire en Dieu, pas au démon.
Si vous le permettez, au privilège de l’âge, je voudrais vous livrer quelques réflexions sur la situation actuelle qui entraîne l’acédie voire le doute alors que Dieu a mis dans notre cœur l’Espérance qui est le fruit de son amour.
Depuis toujours, le monde a connu des guerres, des épidémies, des catastrophes, des crises de toutes sortes y compris de la foi. Mais toujours, la Nature a montré sa capacité de résilience, et ce qui dans l’heure, paraissait irrémédiable, a repris son cours vers bien, vers mieux.
Car, la nature c’est l’œuvre de Dieu. Or Dieu n’abandonne ni ses créatures ni sa création. Quant à l’Homme, douloureuse victime de ces crises, il sait que sa vie terrestre n’est que passage et qu’il n’est pas appelé seulement à la résilience mais à la résurrection. « Nous savons que lorsque paraîtra le fils de l’Homme, nous serons semblables à Lui puisque nous le verrons tel qu’il est » (1Jean 3,2)
La période actuelle, comme celles des crises précédentes passera, comme toutes ont passées. « le ciel et la terre passeront mais mes paroles ne passeront pas ».(Mt24,35)
Les crises sont, pour l’humanité, les douleurs de l’enfantement qui annoncent le monde nouveau. Et pour nous croyants, la manifestation du Royaume qui avance vers la Lumière « Lorsque le Christ aura réuni tout en tous »(col ,3,11)
Le monde est en crise, l’Église est en crise. La crise n’est pas le signe de l’échec mais au contraire le signe de la transformation vers plus d’humanité.
Puissions nous, appuyés sur le Christ, sur l ‘Église et sur notre baptême, vivre et communiquer cette Espérance, pour participer pleinement au banquet des noces éternelles de l’amour de Dieu pour les Hommes.
Amen
B.Buisson, diacre