Lecture de la deuxième lettre de saint Pierre apôtre : Bien-aimés, il est une chose qui ne doit pas vous échapper : pour le Seigneur, un seul jour est comme mille ans. Cependant le jour du Seigneur viendra, comme un voleur. Alors les cieux disparaîtront avec fracas, les éléments embrasés seront dissous, la terre, avec tout ce qu’on a fait ici-bas, ne pourra y échapper.
Frères et sœurs, combien dans une église aujourd’hui (pas dans cette église bien sûr), croient à la fin du monde ?
Lecture du livre du prophète Isaïe : Une voix proclame : « Dans le désert, préparez le chemin du Seigneur ; tracez droit, dans les terres arides, une route pour notre Dieu ».
En étant attentif à ces deux lectures, on ne peut s’empêcher de relire l’histoire religieuse de notre pays depuis 60 ans, et nous donner des perspectives, pour redresser une situation qui pourrait paraître perdue. Vous le savez, notre pays, comme une partie de l’Europe occidentale, a fait face dès la fin des années 1960 à un effondrement de toutes les courbes concernant la pratique religieuse. La sociologie nous apprend que de véritables nappes de charriage ont déplacé la jeunesse de cette époque, qui d’un coup, a été avide de liberté, ne voulant plus ni autorité, ni contraintes, ni interdits, et où les activités intellectuelles, culturelles, sportives et ludiques devenaient subitement plus attractives que la messe.
Mais cette analyse doit aussi être complétée par une démission de l’Église à l’issue du concile Vatican II, où toutes les contraintes de la religion sont passées subitement à la trappe : louper la messe n’est plus un péché, et les enfants de chœur ne sont plus utiles ; le jeun devient une pratique désuet, de même que les processions ou la confession ; ajouté à l’abandon de tout un vocabulaire qui pouvait faire peur ou froisser (le purgatoire, l’enfer), ou ne pas entrer dans une science qui devait tout expliquer (la fin du monde)
.Plus de barrières, et au devant de parents désemparés, est arrivé le « catholique non pratiquant ». Celui-ci, vivant dans le souvenir de la vielle matrice a pu encore vivre quelque chose de l’évangile ; mais le non pratiquant est systématiquement remplacé par un non chrétien. Cette évolution vous le savez, elle est massive. Une religion ne survit pas à l’absence de rites ou de barrières, visibles, et qui construisent la personne. Aujourd’hui, nous ne sommes en France qu’une poignée à pratiquer ; 90% sont dehors, et seront bientôt tous, hors de la sphère et de la culture même du catholicisme.
Les conséquences, d’abord sociales, deviennent monumentales. Prenons les resto du cœur, le secours catholique, le secours populaire et les associations pour les migrants… et je ne parle pas de la visite des malades ou des plus âgés dans les Ehpad ou autre maison de retraite… je n’ai même pas besoin de dire que si on enlève les pratiquants, il ne sera plus possible de continuer… Et pire, pire, prenons la personne elle-même : que va-t-elle penser, comment va-t-elle réagir, lorsqu’au moment de sa mort, elle va voir apparaître cette lumière vive qui voudrait l’envelopper ? Qui aurait voulu l’envelopper ?
Évangile de Jésus Christ selon saint Marc : Il est écrit dans Isaïe, le prophète :
« Voici que j’envoie mon messager en avant de toi, pour ouvrir ton chemin.
Voix de celui qui crie dans le désert : Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers ».
Frères et sœurs, nous crions dans le désert, pas de doute, mais il nous faut probablement passer par là. Il nous faut sortir et parler à la périphérie, comme le Christ savait le faire. Sur le chemin du Christ, il n’y a pas que des chrétiens à 95% (on ne l’est jamais à 100%), mais il y en a beaucoup à 5%. Et je dirais même que notre Seigneur a pris davantage soin de ceux qui peinaient à croire, soin de ceux qui peinaient à prier.
Ste Thérèse d’Avila, qui dans sa jeunesse a eu de grandes difficultés à prier, dit un jour au Seigneur : « Seigneur, 7 fois que je viens, 7 fois que je compte les carreaux ». Et le Seigneur lui a répondu : « Ne t’excuse pas : 7 fois que tu viens me voir ! »
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