Ces derniers dimanches, la liturgie nous entraîne à la suite des prophètes.Le temps venu de nous poser la question :QUI SONT CES PROPHÈTES QUI ONT MARQUE SI FORT LE PEUPLE JUIF ? Au temps des rois, après David et Salomon, les douze tribus se divisent. Au nord le Royaume d’Israël composé de 10 tribus dont le roi est Jéroboam. Au sud le Royaume de Juda composé des tribus de Juda et de Benjamin ayant pour roi Roboam.
Dominés par l’Égypte et l’Assyrie, l’élite de leur population est déportée à Babylone au 8ème et au 6ème siècle avant Jésus-Christ. C’est la période de l’Exil si douloureuse pour les juifs.
C’est dans cette période trouble que va naître le prophétisme, ce mouvement qui va influencer jusqu’à la culture occidentale, par son humanisme.
Les prophètes ne sont pas des devins. Ce sont des hommes qui interprètent le présent, des hommes des temps de crise, lucides et justes, d’ âpres défenseurs des droits de Dieu et des droits de la personne humaine.
Ils sont à la fois, le soutien des populations en exil et les pourfendeurs de la débauche des puissants en les exhortant à revenir à Dieu et à la Loi.
Les prophètes sont avant tout des « porte-parole » de Dieu. Ils préfigurent ce qu’est l’humanité de Dieu que Jésus manifestera concrètement.
Je vous dis cela aujourd’hui parce que je trouve une certaine similitude entre la période des prophètes et celle que nous vivons actuellement, toute proportion gardée, bien sur.
Certes, actuellement, les lois sociales protègent du dénuement, les progrès de la médecine font que guérissent des maladies réputées incurables, les lois civiques garantissent une justice pour tous, les gouvernants sont contraints par des mesures qui limitent les excès de pouvoir ; Mais le mal est ailleurs.
L’argent est la valeur suprême, tout s’achète, toutes les opinions se valent, la sur-médiatisation crée une désinformation invalidante, les réseaux sociaux diffusent instantanément, sans contrôle des contre-vérités, des insultes voire des calomnies, etc.
Et il y a pire encore. La dissolution des mœurs, le mépris de la dignité de l’homme, la négligence de la nature, le rejet de Dieu, ouvrent sur une perspective de vie encore plus dramatique qu’il y a trois mille ans.
Heureusement, et vous l’aurez remarqué, tous les prophètes, après avoir dénoncé les abus, prononcé des oracles contre les puissants, achèvent leur message sur une note d’espérance.
Amos annonce le redressement et la prospérité d’Israël; Osée, l’amour sans limite de Dieu
Isaïe, la venue du sauveur, le Messie de Dieu. Ezékiel promet le retour des déportés.
Jérémie, prophétise : « Je susciterai pour David un germe juste. Il règnera en vrai roi. Il agira avec intelligence, il exercera dans le pays le droit et la justice. Juda sera sauvé. Israël habitera en sécurité On l’appellera : Le Seigneur est notre justice.
Où sont les prophètes aujourd’hui, qui nous éviteront le cahot et annonceront le salut espéré ?
Ils sont là, et pas seulement dans la chrétienté. Ils sont là, partout dans le monde, croyants et non-croyants, au nom de l’humanité, de l’amour avec ou sans transcendance.
Ils sont là, mais leur parole se fracasse contre l’hédonisme, l’activisme, le souci de l’image, le confort, le « moi possessif ». Leur parole n’est pas entendue parce que Dieu a été bouté hors de nos vies, parce que prévaut l’idée que la créature peut se passer du Créateur.
Alors ? Alors, il nous reste notre foi, et notre espérance.
Il nous reste notre prophète, et plus qu’un prophète : Dieu lui-même en Jésus-Christ, le sauveur.
Saint Marc nous dit dans l’Évangile de ce jour : « Jésus se prit de compassion pour une foule qui arrivait de toutes parts et partait sans même prendre le temps de manger, car ils étaient comme des brebis sans berger. »
Le voilà, le berger qui prend soin de l’humanité toute entière ; le seul, parce qu’il est Dieu, à pouvoir rassembler, guider, sauver. !
Saint Marc nous dit encore : « alors il se mit à les enseigner longuement »
.La parole de Dieu, voilà ce qui manque à notre monde saturé, d’informations orientées, haineuses, d’images violentes ou mercantiles. Pourtant elle est bien là cette Parole de vie, à notre portée, disponible, brûlante et vraie. Comment peut-on s’en passer après l’avoir goutée ?.
Comment peut-on se passer des Évangiles, des Béatitudes, du Notre Père, du Bénédictus, des lettres de Saint Paul, de la lettre aux Romains, et aujourd’hui même de ce qu’il nous dit dans la deuxième lecture : « Dieu nous a prédestinés à être pour lui, des fils adoptifs par Jésus-Christ; Par le Christ nous avons, les uns et les autres, accès au Père, dans un seul esprit. » (Ephésiens 2)
Mais, pour la goûter cette Parole, il faut l’entendre. Et pour l’entendre il faut qu’elle ait été dite.
C’est là que commence notre mission de prophète. Puisque par le baptême nous sommes « prêtre, prophète et roi »« Si l’Église ne donne pas la Parole de Dieu, qui la donnera ? » dit le Père Bruckberger
Nous sommes l’Église !
Alors donnons cette Parole du Dieu Amour.
Donnons le témoignage de la tendresse de Dieu.
C’est le moyen, modeste certes, mais efficace, de faire grandir le Royaume de Dieu.
B.Buisson, diacre