Homélie de Mgr de Kerimel prononcée le dimanche 30 janvier 2022 à la cathédrale Saint-Étienne de Toulouse

Frères et sœurs,
« S’il me manque l’amour, je ne suis rien », et je manquerais à ma mission et à la confiance que me font le Christ et l’Église en m’envoyant vers vous pour être votre pasteur au nom du Christ. S’il nous manquait l’amour, comment témoigner de l’Amour divin ? S’il nous manque l’amour, nous ne sommes pas disciples du Christ, et nous n’accomplissons pas la mission des disciples du Christ. Mais « nous avons reconnu l’amour que Dieu a pour nous, et nous y avons cru », comme l’écrit saint Jean, et nous nous sommes laissés saisir par l’Amour divin. « Dieu est Amour », et Il a envoyé son Fils pour nous révéler son amour et le répandre en nos cœurs par la puissance de l’Esprit Saint. En reconnaissant en Jésus la manifestation de l’Amour de Dieu, en mettant notre foi en Lui, nous nous laissons purifier, guérir, transformer par l’amour de Dieu ; nous devenons réellement enfants de Dieu, fils et filles de l’Amour divin.


.Jésus, rempli de l’Esprit Saint, est venu annoncer aux pauvres la Bonne Nouvelle de l’amour vainqueur ; Il est venu libérer tous ceux qui sont sous le joug du péché et du mal. Au début de sa vie publique, Il prêche dans les synagogues et accomplit de nombreux signes. C’est dans ce contexte qu’Il est entré dans la synagogue de Nazareth, sa ville d’origine, et qu’après avoir lu un passage du prophète Isaïe, Il a déclaré : « aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Écriture que vous venez d’entendre ». Avec Lui, l’Écriture s’accomplit, le salut est arrivé, le royaume de Dieu est là. Les gens de Nazareth lui rendent témoignage, mais rapidement ils vont devenir furieux au point de vouloir L’éliminer. Que s’est-il passé ?


Jésus, qui devine les pensées des cœurs, met en lumière le comportement intéressé de ses compatriotes. Les Nazaréens auraient voulu qu’Il accomplisse pour eux les signes qu’Il a réalisés à Capharnaüm ; ils auraient voulu L’avoir pour eux, au lieu d’entrer dans un chemin de conversion et de Le suivre sur le chemin du véritable amour. Jésus dénonce un amour captatif qui veut ramener à soi, au lieu de s’ouvrir à l’autre, au Tout Autre. La tentation est grande de se servir de Dieu, c’est une tentation que le diable a fait subir à Jésus Lui-même au désert ; la prière devient alors un moyen de capter un pouvoir, une force, d’utiliser Dieu pour son bien-être personnel. La tentation n’est pas moins forte de se servir des autres pour être conforté dans ses propres idées.


Le Fils de Dieu, en se faisant homme, vient au-devant de l’humanité par amour pour elle et pour lui apprendre à aimer. Il vient à nous pour nous sortir de nous-mêmes, de nos égocentrismes, pour nous tourner vers Dieu notre Père et vers le prochain. Le chemin de l’amour est exigeant ; le véritable amour est don de soi ; lui seul est source de vraies joies, mais il passe par des renoncements, des épreuves, une sortie de soi. Saint Paul a très bien décrit le véritable amour, dans la deuxième lecture que nous avons entendue : l’amour « supporte tout, il fait confiance en tout, il espère tout, il endure tout ».

Jésus ne se laisse pas récupérer, ni même impressionner par la fureur des
Nazaréens : « passant au milieu d’eux, il allait son chemin ». Il est libre face
aux flatteries ou aux critiques ; Il est tout à sa mission. Il a semé une parole qui
dérange, mais qui peut continuer à agir dans les cœurs, jusqu’à ce que ces
cœurs s’ouvrent à la grâce de Dieu.

Quelles leçons tirer de ce passage de l’Écriture ? La première est de nous laisser
déranger par la Parole de Dieu ; elle nous dérange pour nous faire grandir, pour
susciter le don de nous-mêmes, car, comme le dit le Concile Vatican II,
« l’homme ne peut pleinement se trouver que par le don désintéressé de lui même
».

La deuxième leçon est de demander la grâce de la liberté intérieure qui est le
fruit d’une relation étroite avec Dieu, et de la recherche de sa volonté.
Apprenons du Christ à garder du recul face aux agitations de surface, à
discerner avant de réagir, à ne pas nous laisser séduire par les flatteries ni
impressionner par attaques. C’est au Christ que nous cherchons à plaire, c’est
Lui que nous voulons suivre et non les courants d’opinion fugaces et versatiles ;
c’est Lui notre Lumière, la référence de nos pensées, de nos paroles et de nos
actions. Certes, nous vivons dans ce monde et nous l’aimons tel qu’il est ; nous
naissons dans une famille humaine, nous sommes enracinés dans un pays, dans
une région, dans une culture ; mais le coeur humain est ouvert sur l’infini, il ne
peut se laisser enfermer dans des horizons limités ; Dieu seul peut le combler. Il
nous revient d’être présents et acteurs dans notre société, de discerner ses
questions, ses attentes, de partager ses angoisses et ses espoirs, mais aussi de
lui transmettre la Parole de vie et de lui donner une espérance.

La troisième leçon que je tire de ce passage est l’ouverture à l’universel : déjà
les prophètes Élie et Élisée avaient été envoyés à des païens et ils leur avaient
fait du bien ; Jésus Lui-même enverra ses disciples dans le monde entier.
L’Église n’est pas un club, ni une forteresse ; elle est ouverte à tous : aucun
peuple, aucune culture, aucune personne ne lui est étrangère.

Je termine en vous rappelant, à la suite de ce passage d’évangile, que l’Église
ne travaille pas pour Elle-même, pour se complaire en Elle-même ; elle est
collaboratrice du Christ pour la gloire de Dieu et le salut du monde. Moi-même,
je suis envoyé à Toulouse pour marcher devant vous, avec vous et derrière vous
à la suite du Christ, qui est le Chemin qui conduit à Dieu notre Père et à nos
frères humains.

Que l’Esprit Saint renouvelle en nous ses dons, pour qu’ensemble nous
accomplissions la volonté de Dieu là où Il nous a placés, et que nous donnions à
voir et à expérimenter l’amour de Dieu pour toute personne humaine !

† Guy de Kerimel
Archevêque de Toulouse

HOMÉLIE du 3èmè dimanche ordinaire C 23 janvier 2022-

Néhémie 8, 1CO 12, Luc 1, 1-14.4, 14-21
« Cette parole de l’écriture que vous venez d’entendre, c’est aujourd’hui qu’elle s’accomplit »
Jésus vient d’être baptisé par Jean-Baptiste. Il a reçu l’onction. Pénétré de l’Esprit Saint, il commence sa mission : annoncer la Bonne nouvelle du salut pour toute l’humanité.
Dans la synagogue de Nazareth, celle de son pays, et comme il en a l’habitude, Jésus se lève, monte à la tribune, se revêt du châle de prière, ouvre le livre qu’on lui tend ( plus sûrement, il déroule le rouleau de la Loi ) et s’arrête à ce passage du livre du prophète Isaïe (61,1) : « L’Esprit du Seigneur est sur moi , il m’a consacré par l’onction. Il m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres, annoncer aux prisonniers qu’ils seront libres, aux aveugles qu’ils verront la lumière… »
Par ces mots le prophète Isaïe annonçait le serviteur de Dieu, le consolateur d’ Israël ,qui allait combler de joie les déportés de retour de l’exil à Babylone, panser les plaies de ceux qui avaient souffert.
Pas de doute, Jésus se présente comme l’incarnation de cette parole. Il est le Messie. Il est cette parole de Dieu qui se fait vie. Voici venu le temps de la réalisation de la promesse. Le temps où Dieu vit de la vie de ses enfants, le temps où les hommes vivent de la vie de Dieu.
« Le verbe s’est fait chair, il a demeuré parmi nous »  (St Jean1,14)
En ouvrant le Livre de la Loi, Jésus libère la parole de Dieu. En fermant le Livre, jésus scelle le sort de l’Humanité, et transforme ses souffrances en joie éternelle.Car la parole de Dieu n’est pas faite de mots, mais d’amour. Elle transforme de l’intérieur, la tristesse en joie la détresse en espérance. C’est pourquoi dans la première lecture du livre de Néhémie, le prêtre scribe Esdras invite les juifs revenus d’Exil à se réjouir et à festoyer après avoir entendu la lecture du livre de la loi. « Ne vous affligez pas la joie du seigneur est votre rempart »(Ne 8,10)Et le psalmiste chantera :
La loi du seigneur est parfaite, elle donne vie
Les préceptes du Seigneur sont droits, ils réjouissent le cœur
Ainsi Jésus peut dire avec Isaïe : «L’Esprit du Seigneur est sur moi. Le Seigneur a fait de moi un messie. Il m’a envoyé porter la Bonne nouvelle aux pauvres. »
Cette Bonne Nouvelle c’est l’Espérance que Dieu a mise dans nos cœurs. C’est le royaume déjà là
Dieu par le Christ qui nous communique sa condition de fils, fait de nous des héritiers, et nous invite à partager sa vie éternelle dans l’amour. Avec st Paul (Ga 2), nous pouvons dire :« Avec le Christ je suis fixé à la croix, je vis mais ce n’est plus moi, c’est le Christ qui vit en moi »
La parole de Dieu, cette Bonne nouvelle se vit dès aujourd’hui malgré les apparences, en dépit des guerres, des catastrophes climatiques, malgré la pandémie, les peines et les souffrances.
Car Dieu qui nous a créés par amour, pour le bonheur éternel, ne peut pas abandonner ses enfants « Dieu nous a créés pour le bonheur ; Il nous a appelés pour la grandeur » dit Maurice Zundel. Ainsi notre vie terrestre a un sens. Elle est un passage pendant lequel nous avons une place unique et irremplaçable à tenir : celle de travailler, selon nos moyens, à l’établissement d’un monde plus juste et plus fraternel, dans la paix le refus du mal et de la souffrance.
C’est une inestimable confiance que Dieu nous fait en nous établissant créateurs d’un monde qui nait dans les douleurs de l’enfantement. Ainsi, la mort n’est pas un obstacle mais un tremplin vers la vie avec Dieu. Elle n’est pas une punition mais une récompense grâce à la résurrection du Christ qui précède la notre.
« Cette parole de l’écriture que vous venez d’entendre, , c’est aujourd’hui qu’elle s’accomplit »Et s’il nous arrive d’en douter à cause des turpitudes du monde actuel, à cause d’un monde où Dieu n’a plus sa place ; un monde où le compte en banque tient lieu de Crédo, où «  Supermaché, Télé, Sécurité », sont élevés au rang de vertus théologales, nous savons que nous ne sommes pas seuls, nous avons un recours :« Venez à moi vous qui peinez sous le poids du fardeau et moi je vous procurerai le repos »  (Mat11)
Bernard Buisson diacre

IIe DIMANCHE DU T.O / C

Après son baptême, qui a inauguré sa vie publique, Jésus a entamé sa mission consistant à montrer à l’humanité le chemin à emprunter pour aller à Dieu. Non seulement il a commencé à enseigner pour que les hommes connaissent Dieu et l’aiment, mais il a accompli beaucoup de miracles pour fortifier la foi de ses disciples. Le changement de l’eau en vin que rapporte l’Évangile de ce dimanche, est le premier signe qui nous fait entrer sur son chemin missionnaire. Or qui dit signe dit quelque chose qui « donne à penser ». Pour Jean qui le raconte, le signe de Cana renvoie à une réalité profonde : cet évangéliste voit dans l’eau changé en vin le symbole du légalisme religieux faisant place à l’univers du don gratuit fait par Dieu aux hommes.
Le cadre du miracle est ordinaire : un repas de noces, auquel Jésus lui-même est invité, ainsi que sa mère. Ce qui paraît insolite, c’est le manque de vin, alors que le marié était censé en prévoir en suffisance. Mais cela ne paraît pas grave, car la fête pouvait continuer sans vin. Tout au plus, cette pénurie risquait de pourrir la suite. La mention du manque de vin est pourtant ici tout à fait significative, car le récit prend un nouveau virage au moment où Marie intervient pour déclarer très simplement à son fils : Ils n’ont plus de vin. Ce manque a certainement un sens profond « au-delà du seul public de ces noces galiléennes. De fait, le peuple d’Israël a soif d’un bien nettement plus vital que tous les aliments. Ce qui fait défaut au peuple, c’est l’espérance elle-même. Depuis très longtemps en effet, aucun prophète digne de ce nom ne s’est levé en Israël ! Personne n’a jamais plus rapporté le message tant attendu de Dieu ». Par conséquent, le peuple est longtemps resté cette Délaissée, cette Terre déserte, dont parle le prophète Isaïe dans la première lecture. Sans doute Jésus est-il celui qui peut redonner l’espérance manquante, celui qui peut faire que Jérusalem soit nommée par Dieu : Ma préférée, Mon épouse. Car la mutation qu’il apporte par rapport à l’exigence de respecter absolument un certain nombre de règles et d’obligations dans l’ancienne religion ; cette mutation permet la rencontre définitive (les noces) de Dieu et de l’humanité.
Le miracle de Cana réfère donc avant tout à l’alliance de Dieu avec son peuple en son Fils. Ce miracle où Jésus, solidaire dans la joie des convives, vient au secours des époux en difficulté en changeant l’eau en vin, symbolise la présence de Dieu « dans nos moments de bonheur mais aussi lorsqu’une inquiétude se pointe. Il répond aux besoins des hommes et les comble au-delà de leurs espérances […]. [Il est] un Dieu d’Amour au plus près des hommes. Un Amour attentionné jusqu’au plus petit détail dans la vie de chacun ». Ainsi, la religion qu’il nous propose n’est pas l’ennemie de la joie, et la foi en lui ne s’oppose pas au bonheur humain, comme le pensent certaines personnes qui jugent difficile, voire impossible, d’observer les commandements de Dieu. Au contraire, il nous invite à venir à lui pour nous procurer le repos. Il nous faut savoir nous confier au Seigneur aux heures d’inquiétude et lui demander sans cesse de changer notre eau en vin. C’est un appel à la foi, à la confiance en Dieu en chaque circonstance, quelles que soient les situations que nous traversons : il est toujours à nos côtés.
Nous pouvons noter dans le récit de l’Évangile la délicatesse de Marie par rapport au bien-être de son entourage. En révélant le manque, elle apparaît comme le modèle du croyant qui sait se tourner vers Jésus dans une prière de compassion et de demande. Et en disant : Faites tout ce qu’il vous dira, elle se montre confiante. Elle sait, elle connaît, elle a confiance. Comme elle, il nous faut reconnaître la présence même de Dieu parmi nous. A travers l’Église, qui révèle la présence agissante du Christ, Jésus continue de changer l’eau en vin pour répondre à l’espérance de notre humanité qui aspire au vrai bonheur. Notre mission à sa suite est de manifester à nos contemporains le message d’amour, d’espérance et de paix du Seigneur, en mettant en œuvre les dons de l’Esprit que nous avons reçus en vue du bien (2e lect.).

DIMANCHE 9 JANVIER 2022. BAPTÊME DU SEIGNEUR. ANNÉE « C »

Isaïe (40, 1-5. 9-11) ; Psaume 103 (104) ; Tite (2, 11-14 ; 3, 4-7) ; Luc (3, 15-16. 21-22)

Aujourd’hui, nous célébrons le Baptême de Jésus, le premier acte public de sa vie, le prolongement même de son épiphanie (sa manifestation comme Fils de Dieu, Sauveur du monde)
Jésus n’avait aucun péché à se faire pardonner, il n’avait aucune culpabilité. En se faisant baptiser, Jésus veut épouser pleinement l’élan, le désir de l’homme suppliant Dieu de le justifier et de l’apaiser. Il se montre viscéralement solidaire de nos inquiétudes, de nos appels à quelque chose de vrai et de pur.
A sa prière qui suivait le baptême, le ciel répondit : le Père dévoilé dans la voix, « Toi, tu es mon Fils bien aimé ; en toi, je trouve ma joie » ; le Fils assumé dans l’homme qui se fait baptiser des mains de Jean le Baptiste, « Comme tout le peuple se faisait baptiser et qu’après avoir été baptisé lui aussi, Jésus priait, le ciel s’ouvrit » et l’Esprit Saint manifesté « sous une apparence corporelle, comme une colombe, descendit sur Jésus ».
Jésus qui se fait baptiser est ce « Serviteur » annoncé par Isaïe, celui qui vient inaugurer une ère nouvelle. De cette fonction et revêtu des pouvoirs de l’Esprit Saint, dit Saint Paul à Tite, Jésus ouvre pour tout baptisé les portes du ciel, il donne accès à la vie de Dieu. En effet, « rendus justes par sa grâce, nous devenions en espérance héritiers de la vie éternelle ».
Dans le baptême du Christ c’est le renouvellement de toute la création qui est annoncé. C’est notre propre baptême au cours duquel nous avons été crées fils de Dieu, grâce à la présence vivante de l’Esprit qui nous fait participer à la mort et à la résurrection du Christ.
Toi mon frère, toi ma sœur,
En célébrant le baptême de notre Seigneur : Que dis-tu de ton baptême ? Qu’as-tu fait de la grâce reçue, cette vie de Dieu en toi ? De quelle manière tu en prends soin et tu en rayonnes dans l’Eglise et dans le monde ? Par le baptême, à la suite de Jésus, tu es prêtre pour sanctifier, prophète pour enseigner et roi pour servir. Comment, dans la réalité, tu vis cette mission ?
Père Davy B. B.

Vœux

« Gloire à Dieu au plus haut des cieux. »

Dans la nuit de Noël le Christ Jésus,
lumière du monde, est venu éclairer nos ténèbres.
Il nous apporte le salut et la paix, en Lui toute notre espérance.
Que Dieu tout puissant vous bénisse et vous garde en son Amour.

SAINT ET JOYEUX NOËL !

2021 a été une année difficile avec toutes les crises traversées, les
soucis et les peurs dues à la pandémie, les contraintes d’isolement, le
départ d’êtres chers.
Que cela ne nous fasse pas oublier tout ce qu’il y a eu de beau et de
bon au long de ces mois et tous les liens nouveaux que nous avons pu
entretenir avec les plus fragiles et isolés.

2022 pointe à l’horizon, entrons dans cette nouvelle année avec
espérance et force. Restons vigilants, sans catastrophisme, même si
pour l’instant la crise n’est pas encore terminée. Le Seigneur ne nous
abandonne pas.
Cette année sera remplie de célébrations, de partages, de rencontres
fraternelles et généreuses, de pèlerinages…
Ensemble nous avancerons en Église, pleins d’espérance en suivant le
Christ qui nous guide par sa Parole.
« Que le Seigneur vous bénisse et rende ferme votre foi, joyeuse votre
espérance et constante votre charité. »

Père Jean-Hugues Malraison


IVe DIMANCHE DE L’AVENT / C

Dans une semaine, nous célébrerons Noël, la fête de la venue de Jésus dans notre monde. Le récit de la Visitation que nous lisons aujourd’hui, constitue l’ultime étape de notre chemin de préparation de l’Avent, commencé depuis trois semaines. Dans la rencontre entre Marie et sa cousine Élisabeth, la liturgie nous fait contempler la manifestation d’une mystérieuse réalité qui n’est visible que par les yeux de la foi : c’est le mystère de la présence secrète du Messie de Dieu, présence révélée par l’Esprit Saint.
Afin de partager avec force et dans la foi la joie et le bonheur de ces deux femmes, suscités par l’heureux événement de la présence de Jésus parmi nous, il convient de nous laisser d’abord éclairer par les autres textes liturgiques de ce dimanche, qui nous en parlent.
La première lecture (Mi 5, 1-4a) nous renvoie au temps de l’invasion, au VIIIe siècle av. J-C. Réfugié à Jérusalem, Michée, le paysan, observe et crie son dégoût en voyant le clergé entretenir une espérance illusoire par la multiplication des sacrifices rituels, parfaitement vains. Un jour, tout ce monde faux sera balayé. Alors surgira le Messie. Venu du plus petit des clans de Juda, ce Messie refera l’unité du peuple. Il introduira dans le monde le règne du Seigneur. Nouveau David, il sera source de paix. En célébrant la naissance de Jésus à Noël, nous serons témoins de la réalisation de cette promesse. Dès maintenant nous participons à l’avènement du Seigneur, dans la mesure où chacun de nous se sent personnellement concerné par sa naissance qui bouleverse notre histoire.
La seconde lecture (He 10, 5-10) souligne la mutation religieuse radicale introduite par le Christ. Alors que les sacrifices rituels par lesquels les religions antérieures à celle inaugurée par ce dernier n’opéraient qu’une purification illusoire, seul Jésus, qui s’est donné lui-même, par amour, répond à la volonté de Dieu d’expulser le mal qui ronge nos cœurs. Tel est le véritable sacrifice, source de vie. Et c’est en vue de ce sacrifice pour notre salut que Jésus a pris chair dans le sein de la Vierge Marie, qu’il est né à Bethléem.
Prêt pour le sacrifice, le Christ dit, selon la Lettre aux Hébreux : « Me voici, je suis venu pour faire ta volonté ». Et Marie, qui communie pleinement au sacrifice d’amour de son fils, dit, dans l’évangile de l’annonciation : « Voici la servante du Seigneur ; que tout m’advienne selon ta parole ». Dans l’évangile d’aujourd’hui, la paix fondée sur l’amour que Marie porte en elle par la force de l’Esprit Saint, la met immédiatement en mouvement vers sa cousine Élisabeth, pour lui apporter son aide. A l’occasion de la rencontre de ces deux femmes, la joie est partagée. « Marie porteuse de Dieu [et allant vers sa sœur], nous montre là un bel exemple à suivre. Ces quelques jours avant Noël nous donnent l’occasion de prendre conscience que nous sommes porteurs, nous aussi, d’une part de Dieu en nous. Avons-nous un cœur assez ouvert, assez disponible, pour transmettre cette grâce de Dieu aux autres ? »
À la suite de Marie, il nous faut ouvrir notre cœur et nos bras au partage. Il nous faut offrir de la chaleur humaine à tous ceux que le Seigneur met sur notre route. Mais aussi, au terme de la célébration de ce dimanche, nous sommes invités à goûter les prémices de la Nativité, car il s’agit d’accueillir la Parole qui vient toucher notre être tout entier. Le tressaillement de Jean dans le sein de sa mère n’est autre que notre éveil à la présence de Dieu qui vient vers nous en brisant toute distance. Saurons-nous reconnaître cette lumière qui vient nous éclairer ?
Père Basile

MÉDITATION DU 3ème DIMANCHE DE L’AVENT « C ». DIMANCHE 12. 12. 2021

Sophonie (3, 14-18a) ; Cantique Isaïe 12, 2-3, 4bcde, 5-6 ; Philippiens (4, 4-7) ; Luc 3, 10-18
Le secret de Dieu : Joie du cœur

« Jubile, crie de joie, car il est grand au milieu de toi, le Saint d’Israël ». Notre attente vigilante et qui espère, à la lumière de cet appel et à mesure surtout qu’approche la venue du Sauveur au monde, se fait joyeuse et pleine d’assurance. Ce « déjà-là et pas-encore-là » de la clarté et joie de Noël, nous fait ainsi entrer dans le secret de Dieu : Joie du cœur. Un cœur, de toujours, en élan de joie. Un cœur, pour toujours, en effusion de joie.
Avec une joie toujours nouvelle, joie du cœur, secret de Dieu, avançons à la rencontre de Dieu-avec-nous, Jésus qui est venu, qui vient et qui viendra !
Une joie, selon le prophète Sophonie, que chacun se doit d’être porteur, comme on porte la bonne nouvelle : « Pousse des cris de joie…Éclate en ovations…Réjouis-toi, de tout ton cœur bondis de joie…Le Seigneur ton Dieu est en toi, c’est lui, le héros qui apporte le salut…il te renouvellera par son amour… »
Une joie, selon l’apôtre Paul, à témoigner. C’est-à-dire dont on se doit de rendre compte : « soyez toujours dans la joie du Seigneur…Que votre bienveillance soit connue de tous les hommes…en toute circonstance, priez et suppliez, tout en rendant grâce… »
Une joie, selon Jean-Baptiste, à incarner dans la vie quotidienne, comme d’un dynamisme positif. A la question : « Que devons-nous faire ? », cette joie peut se traduire : en geste de partage et d’amitié (réponse à la foule), en attitude de loyauté et de fidélité (réponse aux publicains, collecteurs d’impôts) et en une vie de justice et de vérité (réponse aux soldats).
La joie ! Une expérience profonde et intense de vie dans l’Esprit Saint. Son prix est la conversion qui pousse à l’action et qui se réalise dans l’agir. Être dans la joie revient à se tourner toujours vers Dieu qui est plénitude de joie parfaite et véritable. Ainsi, au milieu des épreuves de ce monde, demeurer dans la joie c’est placer toute sa confiance en Dieu ; laisser Dieu être Dieu en nous ; ouvrir son cœur au feu de l’Esprit Saint.
Que notre joie soit patience et miséricorde, sans vanité ni envie, mais ferveur et sérénité.
P. Davy B. B