2ème Dimanche de Pâques, Dimanche de la Divine Miséricorde 24/04/22

« La Fête de la Miséricorde est issue de mes entrailles, je désire qu’elle soit fêtée
solennellement le premier dimanche après Pâques ».
C’est la demande faite par le Christ à Sœur Faustine Kowalska lorsqu’il lui est
apparu en Pologne en 1931.
Lors de cette apparition le Christ a demandé à Sœur Faustine de faire connaître au
monde la profondeur de la Miséricorde divine, l’immensité du pardon toujours offert
et ce à travers quatre dévotions qu’il lui recommande d’annoncer.
1 – Réciter le chapelet de la Divine Miséricorde.
2 – Honorer l’image de Jésus Miséricordieux, avec l’inscription “Jésus, j’ai
confiance en Toi!”
3 – Célébrer le Dimanche de la divine Miséricorde :
« Je désire que le premier dimanche après Pâques soit la Fête de la Miséricorde. /
Qui s’approchera, ce jour là, de la source de vie, ( l’eucharistie ) obtiendra la
rémission de ses fautes. »
4 – Vénérer l’heure de la miséricorde : « A trois heures (de l’après midi),
implore Ma Miséricorde, tout particulièrement pour les pécheurs. Et ne fût-ce que
pour un bref instant, plonge-toi dans Ma Passion, en particulier au moment où j’ai
été abandonné lors de Mon agonie !
C’est là une heure de grande Miséricorde pour le monde entier. / en cette heure,
Je ne saurais rien refuser à l’âme qui prie par Ma Passion ».
C’est pourquoi, lors de la canonisation de Sœur Faustine le 30 avril 2000, le Pape
St Jean Paul II a institué la fête de la Divine Miséricorde pour l’Église universelle, le
2è dimanche de Pâques, que nous célébrons aujourd’hui.
«Dans la miséricorde de Dieu, le monde trouvera la paix et l’humanité trouvera le
bonheur». déclare le Pape St Jean-Paul II
Et Le Pape François ajoutera « La miséricorde de Dieu n’est pas une idée
abstraite, mais une réalité concrète à travers laquelle Il révèle son amour.comme
celui d’un père et d’une mère qui se laissent émouvoir au plus profond d’eux
mêmes par leur fils. Il est juste de parler d’un amour « viscéral ». Il vient du cœur
comme un sentiment profond, naturel, fait de tendresse et de compassion,
d’indulgence et de pardon ».
Le monde a besoin de miséricorde, nous avons tous besoin de miséricorde.
C’est ce que Jésus va montrer à ses apôtres lors de son apparition le soir de
Pâques. Ainsi par la salutation lorsqu’il leur apparaît, « la paix soit avec vous »,
Jésus ressuscité dit ce qu’il est capable de faire. Il vient apporter la paix non
seulement aux disciples, mais à tous les hommes, cette paix intérieure qui n’est
pas un simple moment de calme, mais la plénitude de l’Amour du Père.
Cette paix que l’on reçoit juste avant la communion avec cette invocation qui en
donne tout le sens « Seigneur Jésus tu as dit à tes apôtres : « je vous laisse la
paix, je vous donne ma paix » ; ne regarde pas nos péchés mais la foi de ton
Église »… Paix et miséricorde vont de pair.
Pour mettre en œuvre cette action de miséricorde, de pardon et de paix, le Christ
vivant institue ses disciples comme ministre de la réconciliation.
En soufflant sur les apôtres pour leur donner l’Esprit-Saint, Jésus leur confie une
mission : remettre les péchés ou les maintenir selon les dispositions du cœur de
ceux auxquels ils s’adressent.
« Recevez l’Esprit Saint. A qui vous remettrez ses péchés, ils seront remis ; à qui
vous maintiendrez ses péchés, ils seront maintenus » (Jn 20,23).
Cette mission d’être ministre et témoin de la miséricorde de Dieu, éclairée et
fortifiée par le don de l’Esprit Saint, c’est ce que l’Église reçoit pour être mise en
œuvre au milieu des hommes, nous dit le cardinal André Vingt-Trois.
La miséricorde de Dieu n’est pas un simple effacement du mal que nous pouvons
faire. Elle est un signe de puissance, c’est la mise en œuvre de la capacité
d’Amour infini que Dieu a de surmonter notre péché, de l’assumer et de le vaincre,
à condition que nous soyons disposés à nous reconnaître pécheurs et à nous
tourner vers cette infinie miséricorde. Dieu nous ouvre les portes du salut, non pas
en fonction de nos mérites, mais en fonction de son amour toujours premier.
Si la miséricorde conduit de manière privilégiée au sacrement de la réconciliation,
elle ne se réduit pas seulement au pardon, elle est le lieu où l’on peut faire avec
certitude l’expérience de cette action amoureuse de Dieu qui vient guérir le cœur
de l’homme blessé par le mal qu’il est capable de commettre.
Ainsi, cette certitude de la miséricorde de Dieu, donnée en son Fils ressuscité, est
une source de joie, comme nous le dit l’évangile de Jean : « quand les disciples
voient le Seigneur, ils sont remplis de joie » (Jn 20,20).
La vue du Seigneur ressuscité est la garantie de la victoire de l’amour sur la haine,
de la victoire de la vie sur la mort, de la victoire de Dieu sur le mal.
C’est pourquoi, tous ceux qui sont disciples du Christ et qui ont foi en la
résurrection, ne peuvent pas vivre autrement que dans la paix que Jésus leur
donne et dans la joie que leur procure sa présence.
Laissons nous donc toucher par l’infinie miséricorde de Dieu, et revenons à Lui
pleins de joie avec un cœur contrit et converti.
En ce dimanche de la miséricorde, nous débordons de cette joie et nous rendons
grâce à Dieu qui nous relève et qui nous renouvelle.
Confions-nous à sa miséricorde pour qu’à son école, nous apprenions à notre tour
à être miséricordieux.
Père Jean-Hugues Malraison

HOMÉLIE DE PÂQUES 2022-Messe du jour C

Actes (10, 34a.37-43)– Col (3,1-4) Jean, (20,1-9)
Il est ressuscité. Il est vivant ! Alléluia !

Tous les ans, dans la nuit et au matin de Pâques, nous proclamons cette vérité
qui nous fait vivre.
Elle nous fait vivre parce qu’elle est le fondement de notre foi.
« Si le Christ n’est pas ressuscité, dit Saint Paul, notre foi est vaine, vaine est
notre espérance et nous sommes les plus malheureux des Hommes »
(1Co15,13)
Mais précisément, vivons-nous cette foi ? Conditionne-t-elle notre vie ?
Le risque est grand que, d’année en année, nous célébrions cette fête comme un
autre évènement historique, 732, 1515 ou le 14 juillet, par exemple. Une date
importante certes, mais qui marque une période révolue ; alors qu’avec Pâques,
c’est le mystère permanent de la vie plus forte que la mort que nous célébrons.
Il y a bien une réalité historique de la résurrection, et à défaut de témoins
oculaires, nous avons des témoins dans la foi qui s’expriment dans les Evangiles.
Saint Jean, lui, s’attache plus à démontrer la foi des apôtres qu’à décrire la
découverte du tombeau vide.
En effet, dans ce récit St Jean met en scène une seule femme : Marie-Madeleine
qui se rend au tombeau dès la fin du Sabbat, le premier jour de la semaine, au
lever du jour. Elle ne vient pas pour embaumer le corps de Jésus, cela a déjà été
fait par Joseph d’Arimathie et Nicodème au moment de l’ensevelissement. Elle
vient par amour, pour exprimer sa tendresse et sa piété, et ainsi rester le plus
longtemps possible auprès de son Seigneur, dans une attitude de grande humanité.
La pierre a été enlevée. Elle court prévenir deux disciples, Simon Pierre et un
autre, que la tradition dit être Saint Jean.
En toute hâte ils se rendent au tombeau. Jean le premier arrivé, voit le linceul
mais n’entre pas dans le tombeau. Pierre lui y entre et voit le linceul c’est-à-dire
les bandelettes qui enveloppaient le corps de Jésus et le linge qui recouvrait sa
tête. Le tout bien rangé à sa place. C’est alors que Jean entre à son tour dans le
tombeau. « Il vit et il crut » nous dit l’Evangile.
Il vit qu’il n’y avait rien à voir. Le corps de Jésus n’était plus là. Les linges
mortuaires correctement repliés indiquent, contrairement à ce que croyait Marie-
Madeleine, que le corps n’avait pas été enlevé, mais que Jésus s’était relevé seul,
sans vêtement du tombeau.
De vêtements Jésus n’en avait plus besoin, puisqu’il n’était plus dans la condition
d’un être humain, mais ressuscité, corps glorieux, tout autre.
Il vit et il crut. Jean crut car il comprit que, comme le dit l’Ecriture : « Jésus
devait ressusciter d’entre les morts ». Il comprit les paroles que Jésus leur avait
dites : « Détruisez ce temple et en trois jours je le rebâtirai / je pars vous
préparer une place /.Je reviendrai vous prendre avec moi. / je ne vous laisserai
pas seul / je vous enverrai mon Esprit Saint. »
Dans la suite du récit, que nous n’avons pas lu, Jésus ressuscité se manifeste à
Marie Madeleine, il l’interpelle :« Marie » ! Le cri de joie de Marie Madeleine qui
le reconnait :« Rabbouni » vaut attestation pour nous.
Alors elle annonce aux autres disciples : « J’ai vu le Seigneur et voilà ce qu’il m’a
dit » : « vas trouver mes frères pour leur dire que je monte vers mon Père et
votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu »
Le rappel du texte, certes nécessaire, n’est pas suffisant. L’essentiel réside dans
la dynamique créée par la résurrection du Christ dans nos vies.
En prenant la condition humaine, par Jésus-Christ, Dieu s’est investi dans
l’Homme, il lui a légué une part de sa divinité. C’est ce qui confère à l’être
humain sa grandeur et sa dignité.
En ressuscitant, le Christ a permis à tous les Hommes de ressusciter à leur tour.
Mais, la Résurrection, notre résurrection n’est pas seulement la vie éternelle dont
nous ne savons pas exactement ce qu’elle sera, mais elle est, dès maintenant, la
vie du Christ en nous.
Quand nous proclamons : « Il est ressuscité il est vivant », nous affirmons que
Jésus (Dieu) est en nous en permanence.
Il nous revient à nous, ses enfants de vivre en ressuscités.
Comment :
Ecoutons la réponse de Jésus à Nicodème : « En vérité, en vérité, je te le dis : à
moins de naitre de nouveau (d’en-haut ) nul ne peut voir le Royaume de Dieu »
(Jean 3,3)
Cette nouvelle naissance (spirituelle, celle-là) c’est celle que nous invitent à vivre
Saint Paul (Col) Origène, maître Eckhart ou plus près de nous Maurice Zundel dont
je vous livre quelques lignes : « Nous devons nous désapproprier de nous-mêmes,
faire place au Christ. Il ne suffit pas de faire le Bien, mais il faut devenir le
bien »
« Il faut naitre de nouveau, et n’oublions jamais que l’homme authentique (celui
qui n’est pas fabriqué par la société), que Dieu Esprit et Vérité se situent toujours
en avant de nous »
Certes la mission est difficile. Notre bonne volonté ne suffira pas. Mais l’Esprit
Saint veille.
Écoutons le.
Bernard Buisson diacre

DIMANCHE DES RAMEAUX ET DE LA PASSION « C »

Luc (19, 28-40) ; Isaïe (50, 4-7) ; Ps 21 (22) ; Philippiens (2, 6-11) ; Luc (22, 14 – 23, 56)
« Pour nous et pour notre salut… »

Pour nous et pour notre salut, voici Jésus acclamé avec des rameaux en mains…Jésus crucifié sur la croix ; Jésus entre le « Hosanna » de la procession et le « A mort » du chemin de croix. Avec Lui, triomphalement accueilli et douloureusement condamné, Dieu-avec-nous jusqu’au bout : il se livre, il se donne. Son amour est sans faille. Sa fidélité au Père est absolue.
Pour nous et pour notre salut, voici que s’ouvre devant nous la semaine du grand passage, la semaine sainte. Au cœur, Jésus qui dévoile à nos yeux l’amour que Dieu nous porte : un amour éternel, fidèle et unique.
Pour nous et pour notre salut, voici l’amour qui seul fait vivre : Jésus, serviteur souffrant (Isaïe) et humble (Paul aux Philippiens). Lui qui, hier comme aujourd’hui, porte la prière de l’Eglise à son Père, par son cri plein de confiance et d’espérance : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » (Psaume).
Pour nous et pour notre salut, voici Jésus qui fait triompher la vie. Suivons-le comme la foule de Jérusalem, en élevant nos cœurs à l’image des rameaux agités, pour recevoir le don incomparable de sa bénédiction. De cœur et d’âme, prenant part à sa passion pour échapper à la mort éternelle et obtenir la grâce de la vie sans déclin.
Pour nous et pour notre salut, osons contempler, regarder, méditer, prier devant la Croix du Christ. Déposons à ses pieds toute notre actualité et tout notre désir à faire le bien. Avec effusion du cœur et dans l’Esprit Saint, ouvrons-nous à l’Amour qui se donne, l’amour qui se livre.
Père Davy B. B.

5éme de Carême C

Frères et sœurs, les lectures d’aujourd’hui, et en particulier la première peut nous servir d’introduction à notre vie de chrétiens.
En effet, dès la première lecture, le prophète Isaïe nous dit : « Ainsi parle le Seigneur, lui qui fit un chemin dans la mer, un sentier dans les eaux puissantes ». Le Seigneur nous fait un chemin en effet ; car qu’est-ce que la foi, sinon suivre un chemin. Mais ce chemin n’est pas droit, passant, comme nous le dit Isaïe, au milieu d’une mer agitée. Ainsi en est-il de la barque de nos vies, de la barque de l’Eglise, de la barque du monde, chahutée par les tentations du malin, abondamment rappelées au cours de ce carême. Personne ne peut traverser sa vie sans que sa barque ne soit battue par les flots. Mais sans chemin on est perdu, et les lumières du matérialisme ne font qu’éblouir ; que reste t-il une fois cet aveuglement passé ?
L’évangile propose un de ces balisages du chemin avec ce fameux passage de la femme adultère que nous connaissons bien. Pour les scribes et les pharisiens, il n’y a que la loi qui compte, quitte à mouiller Moïse avec, pour se donner bonne conscience. Permettez-moi de faire trois remarques qui me sont venues à la lecture de ce passage.
-La première concerne tout le peuple chrétien, y compris -et peut-être surtout- ceux qui ont mission de nous guider. Ce passage arrive après les questions posées au Christ sur le lien du mariage, et où le Christ avait déclaré « Celui qui renvoie sa femme et en épouse une autre est en flagrant délit d’adultère ». Le Christ avait été clair, et pourtant, la force du pardon va dépasser le poids du péché. Car dans l’évangile de ce jour, le Christ n’a pas jeté la pierre sur la femme adultère ; et il lui dit « je ne te condamne pas », Le Christ n’est pas allé trouver les érudits qui tenaient la loi, mais celle qui avait péché. Et se sont ceux qui jugeaient cette femme qui ne pourront soutenir le regard du Christ, et qui devront dû partir…
-La deuxième remarque tient dans la fin de la phrase du Christ « Va, et désormais ne pêche plus ». La remise des peines, qui peut aller jusqu’à l’infini doit permettre à l’homme de devenir meilleur. Le pardon illimité doit s’accompagner de la conversion. Avec la reconnaissance de la faute, on doit être au moins un peu meilleurs. Etre sur le chemin, c’est donc parcourir un chemin d’humanité fait de pardon et de conversion. Globalement, cela doit -cela devrait- se voir dans une assemblée des chrétiens, et l’on doit, quelque part, montrer quelque chose du Royaume, qui passe aussi par la prise en compte de ce qui est bien comme de ce qui ne l’est pas. Aujourd’hui, pour éviter la contradiction et éviter de juger, on a tendance à accepter que tout se vaut. Mais pour le Christ tout ne se vaut pas, et l’on sait bien, voir trop bien, que la vérité des actes, comme celle des paroles, sont ceux qui permettent de construire le monde meilleur que nous appelons de nos vœux.
-Enfin, Saint Jean relève que ceux qui n’ont pu soutenir le regard du Christ sont partis, en commençant par les plus âgés… Lorsque l’on vit au milieu de la jeunesse, on est frappé par leur sens des actes justes, et leur faculté à percevoir d’emblée les choses évidentes. Au plus on prend de l’âge, au plus on devient compliqué, et l’on devient de véritables virtuoses à tordre le cou des choses évidentes, voire de la vérité. Mieux encore, plus loin, le Christ fera venir vers lui les enfants, c’est-à-dire ceux qui sont à même de mieux discerner les réalités de l’au-delà.
Alors, dans ce chemin sur lequel il nous est proposé d’avancer, demandons au Christ de nous éclairer le but ultime. Car déjà, en ce 5ème dimanche de carême, on peut dire que pointe au bout de chemin, la lueur de jour de Pâques.
Thierry Merle Diacre

IVe DIMANCHE DE CARÊME C

En ce quatrième dimanche de Carême,temps de renouvellement spirituel et de conversion,c’est un passage susceptible d’éclairer notre réflexion sur la réconciliation, que nous venons d’écouter. Un merveilleux récit évangélique qui nous parle au cœur. Dans cette parabole, l’attitude du père patient nous rassure ; quant à celles des deux fils, elles sont un peu les nôtres.
Regardons d’abord l’attitude du Père. Jésus y dépeint le visage de Dieu, un Dieu passionné d’amour. Vis-à-vis du fils perdu, aucun reproche, aucune question. Simplement, tout naturellement des gestes d’accueil et de joie : embrassade, beau vêtement, bague aux doigts, repas de fête … Autant de gestes de sollicitude et de bonté de la part de Dieu à l’égard de ceux qui sont éloignés. Il ne peut y avoir d’accueil plus affectueux et plus chaleureux. Envers le fils aîné, même démarche de tendresse de la part du père : il sort à sa rencontre, il lui rappelle ses privilèges de fils aîné et l’invite à venir festoyer avec les autres, car l’enfant qui était perdu est revenu.
Dieu est vraiment ce père de tendresse qui aime, accueille, pardonne. Sa bonté est pleine de délicatesse. En ce temps de Carême, cette parabole nous invite à faire un pas de plus dans la découverte de sa miséricorde, une miséricorde qui rend la dignité au pécheur et l’honore. Son amour bienveillant qui nous accueille tel que nous sommes. Il nous a créés libres de mener notre vie selon nos choix personnels, mais, si éloignés de Lui que nous soyons, il nous porte toujours dans son cœur et attend notre retour. Ce que Jésus nous recommande en dressant ce portrait du père patient, c’est en même temps qu’une immense confiance en la miséricorde de Dieu, l’accueil de l’autre quel qu’il soit, quoi qu’il doive assumer comme poids de passé et de souffrance, de peine ou de péché. Et c’est ici que les attitudes des deux fils ont, chacune, une dimension qui nous concerne.
Ces deux fils, l’un parti mais revenu, et l’autre resté à la maison mais refusant d’entrer, nous représentent. Nous sommes tantôt en ordre, tantôt en désordre, ou les deux à la fois. Nous sommes tous plus ou moins des fils perdus. Des erreurs commises dans le passé, soit par inadvertance soit par choix délibéré, parsèment notre chemin. Nous avons besoin d’être réconciliés avec Dieu, comme saint Paul nous y exhorte aujourd’hui. Nous ressemblons aussi au fils aîné chaque fois que nous refusons de pardonner, quand nous enfermons les autres dans leurs erreurs, par réduction, par manque de charité, quand nous portons sur eux des jugements négatifs de façon définitive et que, à la manière des pharisiens, c’est-à-dire des « séparés », nous nous coupons d’eux. Comme le fils aîné de l’évangile, qui n’appelle plus son frère « mon frère », mais « ton fils » (« ton fils que voilà »), nous oublions qu’il est difficile d’être fils sans être frères, difficile d’aimer Dieu sans aimer son frère.
Puisse le Seigneur nous faire découvrir davantage, à la mi-temps de ce Carême, son visage de père miséricordieux pour que nous soyons nous-mêmes plus miséricordieux envers nos frères et sœurs. Qu’il nous touche par son regard plein d’amour et nous fasse revenir à Lui de tout notre cœur pour célébrer la fête de Pâques dans la joie de lui appartenir.
Père Basile Mulewa

MÉDITATION SUR L’ÉVANGILE DU 3EME DIMANCHE DE CARÊME C

20 Mars 2022
Ex. 3, 1CO10 LUC 13,1-9
Les textes de ce jour, malgré leur diversité, nous invitent tous à la conversion pour ne pas mourir à la vie divine.
Dans la première lecture : Dieu dit à Moïse parlant à travers un buisson qui ne se consume pas :« J’ai vu la misère de mon peuple qui est en Égypte », et il lui confie la mission de faire sortir d’Égypte le peuple Hébreux pour le conduire en Canaan.
Malgré les récriminations de certains, malgré les infidélités d’autres, le Seigneur conduit les hébreux dans ce pays de lait et de miel
Car, dit le psaume : « Dieu pardonne toutes les offenses, Dieu fait justice aux opprimés »
Saint Paul (2ème lecture) ne manque pas de rappeler aux Corinthiens que pendant les tribulations de cet exode, sous la conduite de Moïse, les hébreux ont franchi la mer, reçu un même baptême sous la nuée, tous ont mangé la même nourriture spirituelle, bu la même boisson spirituelle au rocher qui le suivait. Ce rocher c’était LE CHRIST
Malgré cette bénédiction, certains n’ont pas su plaire à Dieu : Ils sont morts.
Certains ont récriminés : ils ont été exterminés.
Mais dit encore le psaume :« Dieu est tendresse et pitié ; il réclame ta vie à la tombe » 
Et Saint Paul d’ajouter : « Pour éviter de tomber dans le désir du mal,( nous qui sommes à la fin des temps) il faut suivre cet exemple et changer, faire attention pour ne pas tomber. »
Ce que nous traduisons par : Nous devons nous convertir.
Quant à Luc qui rapporte les paroles du Christ à ses disciples lors de sa première étape vers Jérusalem, il se sert de deux paraboles pour marteler la nécessité de se convertir.
– Celle des Galiléens massacrés par Pilate alors qu’ils priaient et offraient des sacrifices.
– Celle de la chute de la tour de Siloé qui écrase dix huit personnes innocentes.
Sans vouloir faire une catéchèse sur les causes du mal, Jésus entend montrer que ces personnes n’étaient pas plus coupables que d’ autres, mais qu’innocentes ou coupables, elles devaient mourir, elles aussi, comme devaient mourir les hébreux qui se sont détournés de Dieu pendant l’Exode, comme nous devrons tous mourir.
La mort est la fin inéluctable du processus biologique pour les créatures que nous sommes.
La mort n’est pas une punition mais un passage obligé vers la vie éternelle, elle est plutôt une récompense, puisqu’elle nous permet de voir Dieu face à face.
«Si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous de même » dit Jésus,qui ne parle pas de notre mort à la vie humaine, mais de la mort que Maurice Zundel appelle la deuxième mort, la mort spirituelle, celle qui nous sépare définitivement de la vie de Dieu.
D’où la nécessité de se convertir, de revenir à Dieu.
Car dit le psaume :
« Dieu est lent à la colère. Fort est son amour pour qui le craint » (pour qui le respecte)
Psaume que Jésus exprime dan une troisième parabole : celle du figuier :
Malgré trois ans de stérilité le vigneron( Jésus) va implorer le maître(Dieu) de laisser au figuier, encore une occasion de se racheter et de porter enfin du fruit Pour éviter le cahot Dieu nous appelle au changement (à la conversion).
Le carême n’est pas seulement une courte période pour prier, jeûner, partager, c’est aussi l’occasion de faire un effort pour se convertir, c’est-à-dire changer, se tourner, se retourner vers Dieu, suivre le Christ de près, disait le cardinal Barbarin. Et ainsi, passer la mort, et vivre dans l’Esprit.
Notre temps a besoin de cette conversion.
A force de subir les influences extérieures, une laïcité mal comprise, la doxa du « tout tout de suite » ; à force de prétendre nous passer de Dieu parce que nous avons la science, Internet, la protection sociale, nous construisons un monde sans spiritualité, donc un monde sans âme. Or l’âme c’est ce qui reste de nous après notre mort
Sans nier l’existence heureuse de la générosité dans le monde, celle-ci s’exerce sans référence à Dieu et son seul ancrage humain la rend naturellement périssable.
A force de vivre sans Dieu, nous risquons fort de vivre sans amour, et de nous nous trouver face à la mort spirituelle, celle dont on ne revient pas.Heureusement, nous croyons qu’un jour, le figuier va fleurir.
Bernard Buisson , diacre

Homélie du 2è dimanche de carême, la transfiguration.

Dieu se révèle à chacun de nous et nous invite à le suivre pour vivre de sa vie, c’est à dire pour aimer. C’est ainsi qu’il s’est manifesté à Abraham et lui a demandé de se mettre en route pour le suivre.« Quitte ton pays, ta parenté et la maison de ton père, et va vers le pays que je te montrerai. Je ferai de toi une grande nation, je te bénirai, je rendrai grand ton nom, et tu deviendras une bénédiction. »C’est lui, Dieu, qui a l’initiative. La promesse qu’il faite à Abraham est inconditionnelle. ce qu’il attend en réponse c’est une grande confiance.
C’est pourquoi en chemin dans le désert Dieu va conclure une alliance avec Abraham dont il a éprouvé la foi. C’est la première alliance que Dieu fait avec son peuple, c’est à dire Abraham et sa descendance.
Cette alliance se conclue selon le rite en usage, lorsque deux chefs de tribus faisaient alliance, c’est à dire scellée dans le sang des animaux sacrifiés.
Cela préfigure bien sûr l’alliance nouvelle que Dieu conclura, plusieurs siècles après avec toute l’humanité, dans le sang du Christ sur la croix.
« Abraham eut foi dans le SEIGNEUR et le SEIGNEUR estima qu’il était juste ».
La foi c’est aussi ce qu’il faudra aux apôtres en premier et à tous les hommes à travers les ages, pour comprendre qui est ce Jésus qui vient nous sauver en scellant dans son sang sur la croix l’alliance nouvelle et éternelle.
Le chemin de cette révélation de Jésus, Verbe de Dieu fait homme, sera long et progressif, le baptême de Jésus en a été l’un des premiers signes, où Dieu le Père a désigné Jésus comme son Fils bien aimé, sur lequel l’Esprit vient se poser comme la colombe.
La semaine dernière en entrant en carême, l’évangile de Luc nous montrait Jésus conduit par l’Esprit Saint au désert, en ce lieu de retraite où il vient prier son Père avant de commencer sa mission. Et là pendant 40 jours il y aura cette intimité d’amour entre le Père le Fils et l’Esprit, d’où Jésus puisera sa force pour résister au tentateur. Face au démon Jésus affirmera son identité de Fils de Dieu par sa Parole.
Aujourd’hui c’est sur la montagne, autre lieu propice à la prière et à la rencontre avec Dieu, que Jésus conduit trois de ses disciples Pierre, Jacques et Jean pour prier.
Et c’est là que ces trois apôtres vont vivre un évènement particulier, celui de la transfiguration, où Jésus se montre de façon anticipée dans la gloire de la résurrection et se révèle à leurs yeux comme le Messie, le Fils de Dieu.
la Transfiguration est pour les apôtres un évènement incompréhensible de prime abord.
De quoi Pierre Jean Jacques vont ils être témoins ?
– Dieu se donne à voir en Jésus dans son identité de Fils de Dieu, dans la gloire de la résurrection qui se manifeste par la lumière qui rayonne en Jésus et vient éclairer les nations, et aussi par la blancheur immatériel de ses vêtements, pureté absolue du Christ vainqueur du péché et de la mort. Ce vêtement blanc que l’on revêt lors du baptême.
– Ils seront aussi témoins de la rencontre improbable de Jésus avec Élie et Moïse, deux hommes issus de la première alliance, celle que Dieu a faite avec Abraham. Élie l’homme qui a rencontré Dieu dans la brise légère et qui a disparu depuis longtemps, emporté vers le ciel sur un charriot de feu, Moïse qui a vu Dieu dans le buisson ardent, où le Père lui a révélé son nom, et qui est mort en arrivant à Jérusalem il y a de nombreux siècles. Et pourtant ils sont là,tous les deux, discutant avec Jésus ,signe que la mort n’est pas la fin, mais l’entrée dans la Vie éternelle en Dieu. L’Ancien Testament et le Nouveau Testament se rencontrent dans ce signe d’éternité. Jésus est bien le Messie annoncé par les prophètes et qui vient accomplir les Écritures.
Dans cette rencontre sur la montagne Jésus prie son Père et, de la nuée qui revêt les trois apôtres, signe de la présence de l’Esprit Saint, la voix du Père se fait entendre et révèle comme au baptême l’identité de Jésus « Celui-ci est mon Fils, celui que j’ai choisi, écoutez-le. »
Comme pour le baptême il y a là une dimension trinitaire qui englobe Pierre, Jean et Jacques, témoins de la prière de Jésus et de son union intime avec le Père et l’Esprit.
Certes les apôtres ne comprendront pas grand-chose de cette rencontre dont ils sont les témoins, la réaction de Pierre le montre, « Dressons ici trois tentes… » mais c’est un signe que Jésus leur donne dans sa pédagogie pour leur faire comprendre qui il est et pourquoi il est venu sur terre. Il leur faudra encore du temps et l’éclairage de la passion, de la mort et de la résurrection pour croire.
Au récit de la transfiguration nous sommes appelés nous aussi, comme les apôtres, à faire un chemin de foi et de conversion en nous approchant de Jésus et découvrir en Lui le Sauveur.
Le temps du carême nous ouvre ce long chemin qui passe, Jésus nous le montre, par la prière, cette intimité avec le Père et le Fils dans la communion de l’Esprit-Saint.
Mettons à profit ces quarante jours pour gravir notre montagne et rencontrer Dieu dans la prière, pour lire méditer et mettre en application la Parole de Jésus qui nous ouvre le chemin d’amour de notre vie, pour contempler et adorer Jésus eucharistie qui se donne à nous pour nous ouvrir à la Vie éternelle.
Père Jean-Hugues Malraison

Homélie 1er Carême C

Si Dieu existait, il n’y aurait pas tout ce mal sur terre.
Pas de guerre en Ukraine, pas d’immigrés qui sombrent depuis un radeau en
méditerranée ; pas de virus car Dieu l’aurait arrêté de sa main… et il ne l’a pas
fait. Cette formule, que l’on entend trop souvent, et qui fonctionne comme un
vieux diesel, doit être travaillée sans attendre pour essayer de passer à autre
chose… et c’est justement ce que le Christ nous demande dans l’évangile du
jour.
Car dans cet évangile, on a bien et le Christ, et Satan. Les deux sont là, et bien
vivants. Certes, Satan n’est pas décrit, et c’est vrai que nous en sommes réduits
à des images, – telles sur le magnifique vitrail de St Michel dans le transept –
mais qui nous trompent sur la nature même du diable. L’être gris et velu, avec
des cornes, des griffes, tenant une fourche et attisant un grand feu n’est que le
fruit de notre imagination…
Par contre, Satan est bien celui qui vient frapper à notre conscience pour
introduire quantité de maux dont nous sommes tous victimes. Et les trois
tentations offertes par Satan au Christ, et qui nous sont indirectement
adressées, ne sont pas des moindres, et elles résument ces maux qui nous
assaillent : la tentation du pouvoir (Satan propose au Christ tous les royaumes),
la tentation de l’avoir (il lui propose de ne plus avoir faim) et la tentation de la
puissance (il lui propose de feindre jusqu’aux lois de la nature, ici celle ce la
pesanteur).
Le Christ, tenté à l’aube de son ministère repousse donc Satan, nous
demandant de faire de même. Mais contrairement à sa rencontre avec le
Christ, Satan n’a rien à nous offrir ; car avec nous, il n’a même pas besoin de
biscuits. Car il est simplement là, à l’heure de nos choix, auxquels nous sommes
invités tout au long de notre vie. L’homme est le seul être qui peut choisir ; et
tous les jours nous pouvons choisir, entre être agréables ou pénibles, joyeux ou
grincheux, lâches ou courageux, égoïstes ou généreux… et dans nos projets de
vie, entre être centrés sur nous-mêmes, ce qui nous amène immanquablement
contre le mur de notre finitude, ou être ouverts aux autres, au partage d’une
attitude humaine qui fait grandir l’autre, qui fait du bien dans notre entourage,
et par extension, à la société toute entière.
Car tout est faussé dans les promesses de Satan ; tout est mensonge. Il est
heureux dans les guerres, et celle d’Ukraine le réjouit ; il est heureux dans les
couples qui se déchirent, il est heureux dans les entreprises où les conflits du
travail éclatent. Il est heureux dans les actes de pédophilie qui détruisent des
vies ; il est heureux quand un homme a perdu tout espoir… Mais il est malade
des baptêmes, où nommément on le repousse ; il est malheureux des
associations qui viennent en aide aux pauvres ou aux étrangers ; il est
malheureux des couples qui s’aiment, il est malheureux de nous voir ici
rassemblés dans cette église pour prier… très malheureux.
Frères et sœurs, le Christ a été vainqueur du mal. Il s’est fait homme pour
accompagner les humains. A nous chrétiens de le suivre sur ce chemin qui est
tout bénéfice pour nous. Le carême qui s’ouvre est un temps de conversion.
Alors prions et avançons vers ce royaume que Dieu nous promet, et qu’il nous
faut, coûte que coûte, faire entrevoir à nos contemporains en quête de la
définition de l’homme.