XVIIe DIMANCHE DU T.O / C

XVIIe DIMANCHE DU T.O / C

Frères et sœurs, les lectures de ce dimanche nous invitent à une réflexion sur la prière. Comme nous le savons, la prière est un pilier indispensable dans la vie d’un chrétien. Mais comment prier malgré l’aridité spirituelle pour bien entrer en relation avec Dieu ?
Nous avons d’abord l’exemple de la belle intercession du Patriarche Abraham dans la première lecture. Dans ce dialogue, nous voyons Abraham demander à Dieu de pardonner aux habitants de Sodome et Gomorrhe. Faut-il voir dans cette prière insistante un marchandage, comme on a eu l’habitude de l’intituler ? Il semble que non, selon les spécialistes de la Bible. En effet, c’est Abraham qui nous montre comment prier, comment insister dans la prière, lui le juste qui prie pour que le Seigneur sauve les deux villes de Sodome et Gomorrhe. L’exemple que le Patriarche nous donne par là, c’est celui de la persévérance dans sa foi en Dieu, d’une profonde espérance dans sa bonté quand nous prions. Selon la suite du récit, la prière insistante d’Abraham a été exaucée, car « lorsqu’il détruisit les villes de la Plaine, Dieu s’est souvenu d’Abraham et il a retiré Lot du milieu de la catastrophe » (Gn 19, 29). Mais il convient de signaler que c’est le Seigneur qui met fin à la prière et pas Abraham, car il est écrit à la fin du texte (un verset que nous n’avons pas lu) : « Le Seigneur, ayant achevé de parler, il laissa Abraham s’en aller, et Abraham retourna chez lui » (Gn 18, 33). Abraham a intercédé jusqu’à 10 justes. S’il était allé jusqu’au bout, il aurait dû demander : « Et s’il y a un seul juste, est-ce que tu sauveras Sodome et Gomorrhe ? » Oui, il y a un seul juste qui va sauver non seulement Sodome et Gomorrhe, mais tous les pécheurs que nous sommes, si nous désirons être sauvés, et ce juste, c’est Jésus.
Nous avons ensuite, dans l’Évangile, la parabole de l’ami importun qui éclaire le sens du Notre Père. Peu nombreux parmi nous sont ceux qui accepteraient de se comporter à l’instar de cet ami importun à cause du scrupule que la société actuelle nous a appris à avoir. (N’entendons-nous pas au téléphone des formules comme : ‘‘Est-ce que je ne vous dérange pas ?’’ ou, dans la vie courante : ‘‘C’est comme vous voulez !’’, etc.) Pourtant, c’est son sans-gêne que nous conseille Jésus pour notre prière, quand il dit : « Demandez, … ; cherchez, … ; frappez, … ». C’est essentiellement sur ces trois verbes que je voudrais m’arrêter, pas sur le Notre Père, que, du reste, Jésus ne nous propose pas comme une formule à rabâcher, mais plutôt comme modèle exprimant l’esprit avec lequel nous sommes invités à faire tout ce qui est prière de demande.
Premièrement donc : « Demandez et il vous sera donné ». Il y a un certain nombre de fois où l’on demande et l’on a l’impression que rien ne nous est donné. Mais que demandons-nous souvent à Dieu ? Telle est, je crois, la vraie question. Saint Jean nous dit à ce sujet : « Nous avons en Dieu cette assurance que, si nous demandons quelque chose selon sa volonté, il nous écoute » (1Jn 5, 14). Ce qu’il convient de demander à Dieu dans nos prières, c’est donc ceci : non pas de réaliser ce que nous voulons, mais d’accomplir sa volonté, qui est belle et bonne : « Que ta volonté soit faite … », comme Jésus nous apprend à dire. Nous lisons aussi dans un psaume : « Enseigne-moi tes commandements », « apprends-moi tes volontés » (Ps 119). Il est donc question de demander pour qu’il nous soit donné selon la volonté de Dieu qui est ce qui peut nous arriver de meilleur, de faire des prières inspirées par la charité, l’amour des uns pour les autres et l’aide fraternelle. Pas comme cette pieuse vieille dame qui disait, après la guerre : « Le Bon Dieu a été vraiment très bon pour nous. Nous avons prié et prié, et toutes les bombes sont tombées sur l’autre partie de la ville ! » Deuxième conseil que donne Jésus : « Cherchez et vous trouverez ». Qu’est-ce qu’il faut chercher ? Nous lisons chez Matthieu : « Cherchez d’abord le Royaume et sa justice, et tout le reste vous sera donné en plus » (Mt 6, 33). Pour dire que si l’on cherche le Royaume de Dieu, on sera exaucé, même au-delà de ses désirs. Et troisièmement : « Frappez et l’on vous ouvrira ». Frapper à quelle porte ? Cette porte, c’est bien évidemment la porte qui s’ouvre pour les justes, comme il est dit au psaume 18 : « Ouvrez-moi les portes de justice » (v. 19). Cette porte de l’ajustement à Dieu, à laquelle il faut frapper pour avoir le salut, le Christ nous dit que c’est bien Lui (cf. Jn 10, 9). En passant par Jésus, il nous sera révélé ce que le Seigneur veut pour nous. Et puisqu’il s’agit d’adhérer à ce vouloir divin, la vraie prière équivaut finalement à mener une vie conforme à la volonté du Seigneur exprimée par ses commandements.
Frères et sœurs, ce à quoi nous invite la liturgie de la Parole de ce dimanche, c’est en bref la confiance dans le Père du ciel et l’audace, quand nous prions, sûrs, comme Abraham et l’ami importun, que nous serons écoutés de notre ami : Dieu. Pourvu que notre prière soit conforme à sa sainte volonté. Et puisque une telle prière ne peut être que l’œuvre de l’Esprit en nous, que par la force de cette eucharistie le Seigneur nous accorde son Esprit Saint, qui est le don de Dieu par excellence, le don qui inspirera l’initiative et le contenu de nos prières.
Père Basile

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