Le récit de la Genèse ne nous parle pas de la création de l’homme et de la femme
comme personnes singulières, monsieur Adam et madame Eve, mais il nous
parle de l’universel, de l’humanité en général dans laquelle l’homme Ish et la
femme Ishsha sont créés ensembles et indissociables dans leur complémentarité,
et à travers cela de notre propre création.
Dieu est Amour, tout Amour. S’il a créé l’homme, c’est pour lui communiquer
son amour, c’est pour qu’il soit le reflet de son Amour infini.
« Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu il le créa, homme et femme il
les créa. » (Gn 1, 27)
Dieu veut rendre sa créature capable de vivre pleinement dans cet amour. Il a
donc créé l’homme et la femme en même temps. Tous deux sont égaux devant
lui. “Il n’est pas bon que l’homme soit seul… Je vais lui faire une aide qui lui
correspondra.” (Gn 2, 18)
L’homme, l’humain, n’a pas été créé pour vivre seul, unique. S’il en était ainsi
comment pourrait-il vivre d’amour ? Comment pourrait-il procréer, donner par
amour la vie qu’il a reçue de Dieu ?
Nous voyons ainsi le grand projet de Dieu : “L’homme quittera son père et sa
mère, il s’attachera à sa femme, et tout deux ne feront plus qu’un ” (Gn 2, 24), non
pas avec les liens de la domination ou de la soumission mais avec celui de
l’amour.
Citant ce passage de la genèse en réponse à la question des pharisiens Jésus
ajoute : « Ainsi, ils ne sont plus deux, mais une seule chair. Donc, ce que Dieu a
uni, que l’homme ne le sépare pas ! » (Mc 10,7)
Et Jésus évoque ainsi l’union de l’homme et de la femme dans les liens
indissociables du mariage.
Il défend l’essence même du mariage. L’homme et la femme qui se marient sont
appelés à former une communauté de vie, de partage et d’amour, dans laquelle
Dieu s’engage à leurs côtés. À travers leur manière de s’aimer et d’aimer leurs
enfants, les époux disent quelque chose de l’amour passionné qui est en Dieu. Or
c’est précisément cela qui a été voulu par Dieu depuis les origines. Il a voulu que
leur amour soit un écho de celui qui est en lui. Et l’amour de Dieu ne se reprend
pas, Dieu est fidèle à son engagement, à sa Parole.
Certes la vie conjugale n’est pas toujours simple et peut conduire à des tensions,
des déchirements pouvant aboutir à la séparation. Cela était fréquent déjà du
temps de Moïse qui a voulu codifier la séparation avec un acte de répudiation.
C’est pourquoi dans l’évangile, nous voyons les pharisiens interroger Jésus sur
cette question, d’ailleurs pour le mettre à l’épreuve :
“Est-il permis à un mari de renvoyer sa femme ?” (Notons que la question inverse
n’est pas posée).
Jésus ne répond pas directement mais leur ouvre le chemin de la réflexion. Il les
renvoie à la loi de Moïse et aux écritures qu’ils connaissent par coeur.
C’est toujours dans la lecture, la méditation et la compréhension de la Parole
que nous trouvons les réponses à nos interrogations et notre chemin de vie.
L’Évangile de ce dimanche nous montre deux manières de se comporter à
l’égard du Christ et de sa Parole:
— D’un côté, nous trouvons celle des petits enfants ; Jésus les donne en exemple
pour leur manière d’accueillir le Royaume de Dieu. Pour ce faire, il suffit de se
laisser aimer par Dieu comme seuls les petits enfants savent le faire.
— De l’autre côté, l’Évangile nous montre ceux qui ne cherchent qu’à piéger
Jésus. Ils n’hésitent pas à utiliser la ruse pour l’enfoncer, à détourner le sens de
la Parole pour en tirer leur avantage. Ce que font ici les Pharisiens, c’est ce que
fera à plusieurs reprises Satan qui se sert de la Parole et la détourne pour
introduire la séparation et le péché. C’est d’ailleurs ce qu’il fera en déformant
les passages de la Parole qu’il citera pour tenter Jésus au désert. C’est aussi en
citant les Écritures que Jésus rétablira la Vérité et sera vainqueur du démon.
Ces deux attitudes, celle des pharisiens et celle des petits enfants, nous
interpellent et nous renvoie à notre rapport personnel à la Parole de Dieu :
Comment accueillons-nous la Parole de Dieu ?
– Avec indifférence et incompréhension, voire dans le refus, l’adversité et le
mépris comme les Pharisiens qui veulent s’en servir pour piéger Jésus ?
– Avec respect et envie de découvrir, avec droiture et générosité, comme ces
enfants innocents que Jésus donne en exemple ?
En ce début d’année donnons nous les moyens de parcourir et redécouvrir la
Parole et tout son sens, à travers la lecture, la méditation, la prière, le partage
dans différents groupes.
Cette Parole est toujours d’une vivante actualité et nous concerne tous dans le
quotidien de notre vie. Elle nous montre le chemin que Dieu nous invite à suivre
pour vivre de son amour et le partager avec tous nos frères.
Ayons soif de cette Parole vivante.
Père Jean-Hugues Malraison