MÉDITATION SUR L’ÉVANGILE DU 3EME DIMANCHE DE CARÊME C

20 Mars 2022
Ex. 3, 1CO10 LUC 13,1-9
Les textes de ce jour, malgré leur diversité, nous invitent tous à la conversion pour ne pas mourir à la vie divine.
Dans la première lecture : Dieu dit à Moïse parlant à travers un buisson qui ne se consume pas :« J’ai vu la misère de mon peuple qui est en Égypte », et il lui confie la mission de faire sortir d’Égypte le peuple Hébreux pour le conduire en Canaan.
Malgré les récriminations de certains, malgré les infidélités d’autres, le Seigneur conduit les hébreux dans ce pays de lait et de miel
Car, dit le psaume : « Dieu pardonne toutes les offenses, Dieu fait justice aux opprimés »
Saint Paul (2ème lecture) ne manque pas de rappeler aux Corinthiens que pendant les tribulations de cet exode, sous la conduite de Moïse, les hébreux ont franchi la mer, reçu un même baptême sous la nuée, tous ont mangé la même nourriture spirituelle, bu la même boisson spirituelle au rocher qui le suivait. Ce rocher c’était LE CHRIST
Malgré cette bénédiction, certains n’ont pas su plaire à Dieu : Ils sont morts.
Certains ont récriminés : ils ont été exterminés.
Mais dit encore le psaume :« Dieu est tendresse et pitié ; il réclame ta vie à la tombe » 
Et Saint Paul d’ajouter : « Pour éviter de tomber dans le désir du mal,( nous qui sommes à la fin des temps) il faut suivre cet exemple et changer, faire attention pour ne pas tomber. »
Ce que nous traduisons par : Nous devons nous convertir.
Quant à Luc qui rapporte les paroles du Christ à ses disciples lors de sa première étape vers Jérusalem, il se sert de deux paraboles pour marteler la nécessité de se convertir.
– Celle des Galiléens massacrés par Pilate alors qu’ils priaient et offraient des sacrifices.
– Celle de la chute de la tour de Siloé qui écrase dix huit personnes innocentes.
Sans vouloir faire une catéchèse sur les causes du mal, Jésus entend montrer que ces personnes n’étaient pas plus coupables que d’ autres, mais qu’innocentes ou coupables, elles devaient mourir, elles aussi, comme devaient mourir les hébreux qui se sont détournés de Dieu pendant l’Exode, comme nous devrons tous mourir.
La mort est la fin inéluctable du processus biologique pour les créatures que nous sommes.
La mort n’est pas une punition mais un passage obligé vers la vie éternelle, elle est plutôt une récompense, puisqu’elle nous permet de voir Dieu face à face.
«Si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous de même » dit Jésus,qui ne parle pas de notre mort à la vie humaine, mais de la mort que Maurice Zundel appelle la deuxième mort, la mort spirituelle, celle qui nous sépare définitivement de la vie de Dieu.
D’où la nécessité de se convertir, de revenir à Dieu.
Car dit le psaume :
« Dieu est lent à la colère. Fort est son amour pour qui le craint » (pour qui le respecte)
Psaume que Jésus exprime dan une troisième parabole : celle du figuier :
Malgré trois ans de stérilité le vigneron( Jésus) va implorer le maître(Dieu) de laisser au figuier, encore une occasion de se racheter et de porter enfin du fruit Pour éviter le cahot Dieu nous appelle au changement (à la conversion).
Le carême n’est pas seulement une courte période pour prier, jeûner, partager, c’est aussi l’occasion de faire un effort pour se convertir, c’est-à-dire changer, se tourner, se retourner vers Dieu, suivre le Christ de près, disait le cardinal Barbarin. Et ainsi, passer la mort, et vivre dans l’Esprit.
Notre temps a besoin de cette conversion.
A force de subir les influences extérieures, une laïcité mal comprise, la doxa du « tout tout de suite » ; à force de prétendre nous passer de Dieu parce que nous avons la science, Internet, la protection sociale, nous construisons un monde sans spiritualité, donc un monde sans âme. Or l’âme c’est ce qui reste de nous après notre mort
Sans nier l’existence heureuse de la générosité dans le monde, celle-ci s’exerce sans référence à Dieu et son seul ancrage humain la rend naturellement périssable.
A force de vivre sans Dieu, nous risquons fort de vivre sans amour, et de nous nous trouver face à la mort spirituelle, celle dont on ne revient pas.Heureusement, nous croyons qu’un jour, le figuier va fleurir.
Bernard Buisson , diacre

Homélie du 2è dimanche de carême, la transfiguration.

Dieu se révèle à chacun de nous et nous invite à le suivre pour vivre de sa vie, c’est à dire pour aimer. C’est ainsi qu’il s’est manifesté à Abraham et lui a demandé de se mettre en route pour le suivre.« Quitte ton pays, ta parenté et la maison de ton père, et va vers le pays que je te montrerai. Je ferai de toi une grande nation, je te bénirai, je rendrai grand ton nom, et tu deviendras une bénédiction. »C’est lui, Dieu, qui a l’initiative. La promesse qu’il faite à Abraham est inconditionnelle. ce qu’il attend en réponse c’est une grande confiance.
C’est pourquoi en chemin dans le désert Dieu va conclure une alliance avec Abraham dont il a éprouvé la foi. C’est la première alliance que Dieu fait avec son peuple, c’est à dire Abraham et sa descendance.
Cette alliance se conclue selon le rite en usage, lorsque deux chefs de tribus faisaient alliance, c’est à dire scellée dans le sang des animaux sacrifiés.
Cela préfigure bien sûr l’alliance nouvelle que Dieu conclura, plusieurs siècles après avec toute l’humanité, dans le sang du Christ sur la croix.
« Abraham eut foi dans le SEIGNEUR et le SEIGNEUR estima qu’il était juste ».
La foi c’est aussi ce qu’il faudra aux apôtres en premier et à tous les hommes à travers les ages, pour comprendre qui est ce Jésus qui vient nous sauver en scellant dans son sang sur la croix l’alliance nouvelle et éternelle.
Le chemin de cette révélation de Jésus, Verbe de Dieu fait homme, sera long et progressif, le baptême de Jésus en a été l’un des premiers signes, où Dieu le Père a désigné Jésus comme son Fils bien aimé, sur lequel l’Esprit vient se poser comme la colombe.
La semaine dernière en entrant en carême, l’évangile de Luc nous montrait Jésus conduit par l’Esprit Saint au désert, en ce lieu de retraite où il vient prier son Père avant de commencer sa mission. Et là pendant 40 jours il y aura cette intimité d’amour entre le Père le Fils et l’Esprit, d’où Jésus puisera sa force pour résister au tentateur. Face au démon Jésus affirmera son identité de Fils de Dieu par sa Parole.
Aujourd’hui c’est sur la montagne, autre lieu propice à la prière et à la rencontre avec Dieu, que Jésus conduit trois de ses disciples Pierre, Jacques et Jean pour prier.
Et c’est là que ces trois apôtres vont vivre un évènement particulier, celui de la transfiguration, où Jésus se montre de façon anticipée dans la gloire de la résurrection et se révèle à leurs yeux comme le Messie, le Fils de Dieu.
la Transfiguration est pour les apôtres un évènement incompréhensible de prime abord.
De quoi Pierre Jean Jacques vont ils être témoins ?
– Dieu se donne à voir en Jésus dans son identité de Fils de Dieu, dans la gloire de la résurrection qui se manifeste par la lumière qui rayonne en Jésus et vient éclairer les nations, et aussi par la blancheur immatériel de ses vêtements, pureté absolue du Christ vainqueur du péché et de la mort. Ce vêtement blanc que l’on revêt lors du baptême.
– Ils seront aussi témoins de la rencontre improbable de Jésus avec Élie et Moïse, deux hommes issus de la première alliance, celle que Dieu a faite avec Abraham. Élie l’homme qui a rencontré Dieu dans la brise légère et qui a disparu depuis longtemps, emporté vers le ciel sur un charriot de feu, Moïse qui a vu Dieu dans le buisson ardent, où le Père lui a révélé son nom, et qui est mort en arrivant à Jérusalem il y a de nombreux siècles. Et pourtant ils sont là,tous les deux, discutant avec Jésus ,signe que la mort n’est pas la fin, mais l’entrée dans la Vie éternelle en Dieu. L’Ancien Testament et le Nouveau Testament se rencontrent dans ce signe d’éternité. Jésus est bien le Messie annoncé par les prophètes et qui vient accomplir les Écritures.
Dans cette rencontre sur la montagne Jésus prie son Père et, de la nuée qui revêt les trois apôtres, signe de la présence de l’Esprit Saint, la voix du Père se fait entendre et révèle comme au baptême l’identité de Jésus « Celui-ci est mon Fils, celui que j’ai choisi, écoutez-le. »
Comme pour le baptême il y a là une dimension trinitaire qui englobe Pierre, Jean et Jacques, témoins de la prière de Jésus et de son union intime avec le Père et l’Esprit.
Certes les apôtres ne comprendront pas grand-chose de cette rencontre dont ils sont les témoins, la réaction de Pierre le montre, « Dressons ici trois tentes… » mais c’est un signe que Jésus leur donne dans sa pédagogie pour leur faire comprendre qui il est et pourquoi il est venu sur terre. Il leur faudra encore du temps et l’éclairage de la passion, de la mort et de la résurrection pour croire.
Au récit de la transfiguration nous sommes appelés nous aussi, comme les apôtres, à faire un chemin de foi et de conversion en nous approchant de Jésus et découvrir en Lui le Sauveur.
Le temps du carême nous ouvre ce long chemin qui passe, Jésus nous le montre, par la prière, cette intimité avec le Père et le Fils dans la communion de l’Esprit-Saint.
Mettons à profit ces quarante jours pour gravir notre montagne et rencontrer Dieu dans la prière, pour lire méditer et mettre en application la Parole de Jésus qui nous ouvre le chemin d’amour de notre vie, pour contempler et adorer Jésus eucharistie qui se donne à nous pour nous ouvrir à la Vie éternelle.
Père Jean-Hugues Malraison

Homélie 1er Carême C

Si Dieu existait, il n’y aurait pas tout ce mal sur terre.
Pas de guerre en Ukraine, pas d’immigrés qui sombrent depuis un radeau en
méditerranée ; pas de virus car Dieu l’aurait arrêté de sa main… et il ne l’a pas
fait. Cette formule, que l’on entend trop souvent, et qui fonctionne comme un
vieux diesel, doit être travaillée sans attendre pour essayer de passer à autre
chose… et c’est justement ce que le Christ nous demande dans l’évangile du
jour.
Car dans cet évangile, on a bien et le Christ, et Satan. Les deux sont là, et bien
vivants. Certes, Satan n’est pas décrit, et c’est vrai que nous en sommes réduits
à des images, – telles sur le magnifique vitrail de St Michel dans le transept –
mais qui nous trompent sur la nature même du diable. L’être gris et velu, avec
des cornes, des griffes, tenant une fourche et attisant un grand feu n’est que le
fruit de notre imagination…
Par contre, Satan est bien celui qui vient frapper à notre conscience pour
introduire quantité de maux dont nous sommes tous victimes. Et les trois
tentations offertes par Satan au Christ, et qui nous sont indirectement
adressées, ne sont pas des moindres, et elles résument ces maux qui nous
assaillent : la tentation du pouvoir (Satan propose au Christ tous les royaumes),
la tentation de l’avoir (il lui propose de ne plus avoir faim) et la tentation de la
puissance (il lui propose de feindre jusqu’aux lois de la nature, ici celle ce la
pesanteur).
Le Christ, tenté à l’aube de son ministère repousse donc Satan, nous
demandant de faire de même. Mais contrairement à sa rencontre avec le
Christ, Satan n’a rien à nous offrir ; car avec nous, il n’a même pas besoin de
biscuits. Car il est simplement là, à l’heure de nos choix, auxquels nous sommes
invités tout au long de notre vie. L’homme est le seul être qui peut choisir ; et
tous les jours nous pouvons choisir, entre être agréables ou pénibles, joyeux ou
grincheux, lâches ou courageux, égoïstes ou généreux… et dans nos projets de
vie, entre être centrés sur nous-mêmes, ce qui nous amène immanquablement
contre le mur de notre finitude, ou être ouverts aux autres, au partage d’une
attitude humaine qui fait grandir l’autre, qui fait du bien dans notre entourage,
et par extension, à la société toute entière.
Car tout est faussé dans les promesses de Satan ; tout est mensonge. Il est
heureux dans les guerres, et celle d’Ukraine le réjouit ; il est heureux dans les
couples qui se déchirent, il est heureux dans les entreprises où les conflits du
travail éclatent. Il est heureux dans les actes de pédophilie qui détruisent des
vies ; il est heureux quand un homme a perdu tout espoir… Mais il est malade
des baptêmes, où nommément on le repousse ; il est malheureux des
associations qui viennent en aide aux pauvres ou aux étrangers ; il est
malheureux des couples qui s’aiment, il est malheureux de nous voir ici
rassemblés dans cette église pour prier… très malheureux.
Frères et sœurs, le Christ a été vainqueur du mal. Il s’est fait homme pour
accompagner les humains. A nous chrétiens de le suivre sur ce chemin qui est
tout bénéfice pour nous. Le carême qui s’ouvre est un temps de conversion.
Alors prions et avançons vers ce royaume que Dieu nous promet, et qu’il nous
faut, coûte que coûte, faire entrevoir à nos contemporains en quête de la
définition de l’homme.

COMMENTAIRES DE L’ÉVANGILE DU 8ème dimanche ordinaire C

27 Février 2022, Ben Sirac ( 27, 4-7), 1Co 15,54-58, Luc 6, 39-45


Aujourd’hui, le prédicateur risque d’être tenté par la facilité, et de transformer l’homélie en sermon moralisateur.
Il est vrai que les trois paraboles utilisées par le Christ à l’endroit de ses disciples s’y prêtent dangereusement.
Mais le Christ n’est pas un procureur. Sa mission est d’annoncer l’amour de Dieu (le Royaume) et la joie du salut. « Car Dieu a envoyé son fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais, pour que par lui, le monde soit sauvé » Jean 3,1
Pour ce faire, il doit préparer ses disciples à l’humilité, à la patience, la bienveillance et au juste discernement. Il va les inviter à faire ce qui est bon, ce qui est juste, ce qui est vrai.
C’est ainsi que, depuis quelques semaines, Saint Luc nous entraîne, à trouver à la suite du Christ, la juste place du disciple : celui qui écoute la Parole de Dieu et la fait vivre.
Jésus montrant la foule de ses disciples dit : « Voici ma mère et mes frères, quiconque fait la volonté de mon Père qui est aux cieux »
Ainsi, nous avons vu Jésus, dans la synagogue de Nazareth, lire ce passage du prophète Isaïe (3ème dimanche) : « l’Esprit du Seigneur est sur moi parce que le Seigneur m’a consacré par l’onction » et commenter en reposant le livre : « Cette Parole de l’écriture c’est aujourd’hui qu’elle s’accomplit »
Jésus est lui-même cette Parole à vivre.
Puis, toujours dans la synagogue de Nazareth, devant le scepticisme des juifs qui ne voient en lui que le fils du charpentier, Jésus déclarer (4ème dimanche);  «  Nul ne peut prophétiser dans son pays ». Signifiant ainsi que d’autres pays accueilleront le prophète, car, la parole de Dieu, n’est pas réservée au peuple juif seulement, mais elle est pour tous.
Et de confirmer : « Au temps du prophète Elie, malgré les grandes souffrances d’Israël ce sont des étrangers, la veuve de Sarepta et le syrien Naaman qui ont bénéficié des bontés de Dieu. »
La parole de Dieu a porté son fruit là où on ne l’attendait pas.
Sur le lac de Génézareth,(5ème dimanche) alors que les pécheurs rentraient bredouilles Jésus intime à Simon Pierre l’ordre d’avancer au large et se jeter ses filets. Chose faite, les filets remontent pleins à craquer.
C’est grâce à la Parole « Jetez vos filets » que l’impossible arrive.
Au cours de ces deux derniers dimanches, Jésus nous entraîne sur un chemin d’exigence, un chemin d’excellence : Le Sermon dans la plaine. Là, il ne s’agit plus de suivre des règles admises par tous, mais d’avancer à contre courant des idées du monde. De rechercher le bonheur dans le service des pauvres, de pleurer avec les malheureux, d’aimer même ses ennemis et de se réjouir, malgré le dénigrement, parce que c’est la promesse de connaître le Royaume des cieux. Et encore cette règle d’or qui n’est que justice et sagesse : « Ce que vous voulez que les autres fassent pour vous, faites le aussi pour eux. »
Enfin dans l’Évangile de ce jour, pour être encore plus précis quant à l’attitude du disciple, Jésus quitte le domaine des généralités pour cibler trois exemples précis, sans doute parce qu’ils sont représentatifs des faiblesses humaines. « Un aveugle peut-il guider un autre aveugle ? »
Le disciple pour enseigner doit être pétri de sagesse et de foi mais aussi d’humilité et de patience.
« Car le disciple n’est pas au-dessus du maître mais le disciple bien formé, sera comme son maître « (Luc 6,40)
« Soyez attentifs à enseignez ce que vous croyez et à vivre ce que vous enseignez dit la prière de bénédiction des ordinations. »
Quant à l’image de la paille et de la poutre, elle invite par sa démesure à beaucoup de bienveillance et de prudence de la part du disciple qui selon le dicton populaire doit «  balayer devant sa porte. »
Ne jugez pas vous ne serez pas jugés. (Luc 6,37)
Enfin la troisième parabole appelle à la clairvoyance, au discernement. C’est au fruit que l’on reconnait l’arbre. Si les paroles que nous avons prononcées ou entendues ne sont pas suivies d’actes effectifs, bons et généreux, l’arbre n’était pas bon ; le prophète n’est pas bon.
Armés de ces quelques formules simples, appuyés par les béatitudes. Éclairés par l’Esprit Saint nous sommes prêts vivre à fond notre baptême qui nous fait « Prêtres, Prophètes et Rois » à l’image même du Christ dont nous sommes les frères et sœurs, et les disciples.
Nous pourrons vivre sereinement le carême qui commence ce Mercredi des Cendres.
Bonne route vers Pâques, bonne route vers la Vie.
Bernard Buisson diacre.

VIIe DIMANCHE T.O / C

Frères et sœurs, le texte d’évangile que nous venons de lire, fait directement suite aux fameuses Béatitudes que nous avons entendues dimanche dernier. Le pauvre que Jésus proclamait heureux met sa foi dans le Seigneur, non pas dans des principes humains. L’Esprit de Dieu lui permet de vivre et de croître dans les orientations essentielles du message de la Bonne Nouvelle.
L’Évangile d’aujourd’hui, où Jésus nous commande d’aimer nos ennemis, est à prendre comme une application des Béatitudes. Il s’agit de bien saisir quels sont les enjeux miséricordieux dans nos relations avec les autres. Ces Béatitudes devraient nous interpeller au point de nous amener à nous interroger sur notre attitude à l’égard de ceux qui nous causent des torts.
Être « miséricordieux comme [notre] Père est miséricordieux », n’est-ce pas au-delà de nos forces, voire impossible à réaliser ? En effet, il ne s’agit pas seulement de tolérer nos ennemis (c’est-à-dire ceux qui parlent mal de nous, qui nous détestent et nous maltraitent) et d’être patients avec eux, mais de les aimer.
Sachons que plus que quiconque, Dieu sait qu’« à l’impossible nul n’est tenu ». Regardons le roi David dans la 1ère lecture. Alors qu’il en avait l’opportunité, il refuse de se venger du roi Saül, qui le pourchasse et lui veut du mal. Pourquoi ? Parce que Saül a reçu l’onction royale ; même injuste, il appartient au Seigneur. En épargnant son ennemi, David devient le modèle de l’Israélite fidèle, qui se conforme à la loi ancienne, où il était écrit : « Aime ton prochain comme toi-même » (Lv 19, 18 ; voir aussi Tb 4, 15). Il y a là déjà un bel enseignement. A l’instar de David, nous devons toujours éviter de confondre les hommes avec leurs erreurs. Même fautifs, ils ont encore du prix aux yeux du Seigneur. Sachons qu’en principe on ne devrait pas aimer quelqu’un parce qu’il est ceci ou parce qu’il est cela (bon, beau, etc.), mais tout simplement parce qu’il ‘est’. A partir du moment où l’on commence à poser des conditions pour aimer, on se donne la possibilité de ne pas aimer. Or l’amour chrétien est inconditionnel, étant donné que le frère à aimer a été voulu par Dieu. Or la volonté de Dieu est aimante. De quel droit haïrais-tu quelqu’un que Dieu a créé par amour ? Je pense que si « dès qu’un homme est né il est assez vieux pour mourir » (Martin Heidegger), dès qu’un humain ‘est’ il a suffisamment de valeur pour être aimé.En épargnant la vie de Saül, le roi David a bien compris qu’on ne supprimera pas une vie voulue par Dieu, qu’on ne portera pas la main sur son oint.Mais Jésus va plus loin encore que la non-violence de David, qui n’est pas encore le pardon des ennemis.
Pour Jésus, aimer, ce n’est pas seulement s’abstenir de faire du tort à son adversaire, comme David nous en donne l’exemple ; c’est répondre au mal par le bien, même s’il n’y a pas de réciprocité. Tout est gratuit, sans espoir de compensation, de récompense ou de gratitude. Et ne pas faire du tort à quelqu’un ne suffit pas pour dire qu’on l’aime. Il faut poser des actes concrets de bonté à son égard.
Le radicalisme évangélique dont il est question dans la page d’Évangile d’aujourd’hui, a, à mon sens, un double avantage : sur le plan spirituel et sur le plan social. Premièrement, sur le plan spirituel. Par le dépassement qu’il nous propose, Jésus veut nous arracher à nos réactions spontanées, à notre instinct naturel de vengeance, car en tant que chrétiens, nous n’appartenons pas seulement à la terre, mais nous sommes à l’image du Christ qui vient du ciel, comme nous l’enseigne saint Paul aujourd’hui. Cela nous invite à l’ambition de laisser la place à l’action de l’Esprit Saint, de faire prévaloir l’amour, en imitation de Dieu notre Père, qui n’est qu’amour, bonté et miséricorde. Deuxièmement, la grandeur d’âme que nous recommande Jésus à l’égard de ceux qui nous causent du tort, est bénéfique sur le plan social. Quand nous nous sentons offensés, nous cherchons spontanément à nous venger. Or, à bien y regarder, cela ne fait que compliquer nos relations. En effet, « la vengeance est un acte de pure rétorsion, elle ne répare jamais rien. Son intention n’est pas de réparer mais de causer un autre tort, en pensant que ce dernier pourrait laver l’affront du premier. Elle vise seulement à faire souffrir l’auteur d’un mal, rejoignant l’antique loi du talion ‘œil pour œil dent pour dent’ ». Au contraire, seule « l’attitude d’un cœur humble et patient […] peut placer le violent face à sa conscience et le désarmer ». Elle invite ceux qui nous font du mal à réfléchir sur leur acte et les force à entrer dans la logique, la dynamique de l’amour. Nous brisons ainsi le cercle de la violence.
Sommes-nous capables d’amour ? Avons-nous seulement assez l’esprit de pauvreté ? Sommes-nous les pauvres des Béatitudes pour faire confiance à l’agir de Dieu et pour bâtir la paix ?

MÉDITATION DU DIMANCHE 13.02.2022. 6E DIMANCHE DU T.O. « C »

Jérémie (17,5-8) ; Psaume 1 ; 1 Corinthiens (15, 12. 16-20) ; Luc (6, 17. 20-26)

Dieu est Dieu. L’Homme est sa béatitude, la fenêtre ouverte à l’infini de son mystère. La vie est la trace visible et audible de sa présence et de son passage. Sa Parole Vivante et Vraie est lumière sur la route et appel à vivre selon le dessein de son cœur.
Toi qui vis sans Dieu, contre Dieu et loin de Dieu : « Ainsi parle le Seigneur : Maudit soit l’homme qui met sa foi dans un mortel, qui s’appuie sur un être de chair… ».
Toi qui détournes ton cœur de la vérité pour siéger au conseil des méchants et te complaire avec tous ceux qui ricanent et murmurent le mal, « Le Seigneur connaît le chemin des justes »
Toi qui nies la vie après la vie (l’éternité de Dieu) et refuses de croire au Christ ressuscité d’entre les morts, Chemin qui nous conduit au Ciel, « tu es le plus à plaindre de tous les hommes ».
Toi qui demandes : Mais qui me fera voir le bonheur ? De qui me viendra le secours ? Écoute Jésus te dire : « Heureux, vous… », c’est-à-dire En marche, vous. Une Parole qui appelle à la confiance, mobilise l’espérance et ouvre à l’amour de son Nom. Elle témoigne l’attention de Dieu (Père, Fils et Esprit Saint) : son désir, sa proximité et sa présence dans nos vies. Et porte au bonheur d’être pour devenir, à la joie d’avoir pour s’accomplir et à la félicité des possibles.
En ce dimanche de la santé et de la célébration de la Journée mondiale du malade placée sous le signe : « Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux », nous sommes invités à laisser Dieu être Dieu en nous : Dieu pour nous et avec nous. Dieu à nos côtés et présent parmi nous. Dieu en nous et pour toujours dans nos vies.
Dans la santé comme dans la maladie, Il est notre béatitude : une aide inestimable et un secours espéré. La force de sa grâce nous relève. La douceur de sa tendresse nous apaise autant qu’elle nous réconcilie et nous redit toute notre dignité.
« Heureux, vous… ». Parole qui surprend. A toi mon frère, à toi ma sœur d’en reprendre l’esprit et d’en pénétrer le cœur des hommes et les structures de la société.
Père Davy B. B.

Homélie 5ème dimanche C

Voici un évangile que nous avons maintes fois entendu, et pourtant, à chaque fois que nous le lisons, nous avons le sentiment que Dieu vient nous apprendre quelque chose…De cet évangile, il est question tout d’abord de s’éloigner du rivage. S’éloigner du rivage de nos soucis de tous les jours, de nos occupations, de nos préoccupations même, qui encombrent autant notre esprit que notre agenda. C’est la première leçon : pour être en phase avec Dieu, il faut être soi-même, prendre le temps de se poser, comme nous le faisons ce matin. Cela permet une petite vérification de notre adhésion à l’évangile.
Le Christ nous demande ensuite d’avancer au large, et cela sans se décourager. C’est une vraie question pour aujourd’hui, bien plus qu’hier, tant la société est devenue complexe, multiforme, et face à laquelle aucune recette miracle d’évangélisation ne marche. Le primat de l’individu, au détriment d’un espace commun dont les normes régulaient la société rend l’annonce de la Bonne Nouvelle souvent inopérante…
Comment rejoindre aujourd’hui le monde médical qui veut suivre sa conscience ? Comment rejoindre les enseignants apeurés par l’éducatif, domaine dans lequel ils ne sont pas formés, et alors même qu’’ils sont contredits dans leur savoir par la pseudo science qui fait nombre d’adeptes ? Comment rejoindre l’entreprise, pressée, pour tenir debout, de sacrifier le mode de relation respectueux des personnes ? Comment se faire entendre des décideurs désemparés face aux défis majeurs qui nous attendent, et dont seuls quelques épiphénomènes confisquent le débat pour l’élection présidentielle ? Comment montrer aux parents que les Saintes Écritures sont peut être le meilleur moyen de retrouver le sens de l’éducation de leurs enfants ? Comment rejoindre les jeunes en quête de sens, et… comment rejoindre la masse qui ne cesse de grossir de ceux qui ne nous demandent plus rien…
Un petit tour en plongée dans le lac nous montre pourtant que depuis 15 siècles, il n’y a jamais eu autant de poissons ! Et c’est sur cette mer agitée que le Christ nous envoie en mission. C’est aujourd’hui qu’il nous appelle à lancer nos filets, alors que nos barques semblent vides…
Mais ne sommes nous pas aussi des poissons ? Cette eau du lac, c’est aussi l’eau de notre baptême, celle qui doit nous purifier, et dont nous attendons son achèvement le jour où nous quitterons ce monde. Cette eau, c’est aussi l’eau du péché, dans laquelle nous sommes, et dont nous demandons, à chaque instant de vérité, que Dieu nous en sorte, qu’il vienne nous repêcher…
Pas de pêche miraculeuse pour l’Église, si elle ne se purifie pas dans l’eau de son baptême ; pas de pêche miraculeuse pour nous personnellement, si nous ne regardons les préceptes de l’évangile que pour les autres. Le Christ, dans l’évangile de ce jour comme dans tout son évangile, nous demande une attitude active. C’est à nous maintenant de répondre, en sautant dans la barque, en nous éloignant du rivage des peurs et de l’immobilisme, et en jetant inlassablement les filets que nous puissions répondre aux promesses de notre baptême !

Homélie de Mgr de Kerimel prononcée le dimanche 30 janvier 2022 à la cathédrale Saint-Étienne de Toulouse

Frères et sœurs,
« S’il me manque l’amour, je ne suis rien », et je manquerais à ma mission et à la confiance que me font le Christ et l’Église en m’envoyant vers vous pour être votre pasteur au nom du Christ. S’il nous manquait l’amour, comment témoigner de l’Amour divin ? S’il nous manque l’amour, nous ne sommes pas disciples du Christ, et nous n’accomplissons pas la mission des disciples du Christ. Mais « nous avons reconnu l’amour que Dieu a pour nous, et nous y avons cru », comme l’écrit saint Jean, et nous nous sommes laissés saisir par l’Amour divin. « Dieu est Amour », et Il a envoyé son Fils pour nous révéler son amour et le répandre en nos cœurs par la puissance de l’Esprit Saint. En reconnaissant en Jésus la manifestation de l’Amour de Dieu, en mettant notre foi en Lui, nous nous laissons purifier, guérir, transformer par l’amour de Dieu ; nous devenons réellement enfants de Dieu, fils et filles de l’Amour divin.


.Jésus, rempli de l’Esprit Saint, est venu annoncer aux pauvres la Bonne Nouvelle de l’amour vainqueur ; Il est venu libérer tous ceux qui sont sous le joug du péché et du mal. Au début de sa vie publique, Il prêche dans les synagogues et accomplit de nombreux signes. C’est dans ce contexte qu’Il est entré dans la synagogue de Nazareth, sa ville d’origine, et qu’après avoir lu un passage du prophète Isaïe, Il a déclaré : « aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Écriture que vous venez d’entendre ». Avec Lui, l’Écriture s’accomplit, le salut est arrivé, le royaume de Dieu est là. Les gens de Nazareth lui rendent témoignage, mais rapidement ils vont devenir furieux au point de vouloir L’éliminer. Que s’est-il passé ?


Jésus, qui devine les pensées des cœurs, met en lumière le comportement intéressé de ses compatriotes. Les Nazaréens auraient voulu qu’Il accomplisse pour eux les signes qu’Il a réalisés à Capharnaüm ; ils auraient voulu L’avoir pour eux, au lieu d’entrer dans un chemin de conversion et de Le suivre sur le chemin du véritable amour. Jésus dénonce un amour captatif qui veut ramener à soi, au lieu de s’ouvrir à l’autre, au Tout Autre. La tentation est grande de se servir de Dieu, c’est une tentation que le diable a fait subir à Jésus Lui-même au désert ; la prière devient alors un moyen de capter un pouvoir, une force, d’utiliser Dieu pour son bien-être personnel. La tentation n’est pas moins forte de se servir des autres pour être conforté dans ses propres idées.


Le Fils de Dieu, en se faisant homme, vient au-devant de l’humanité par amour pour elle et pour lui apprendre à aimer. Il vient à nous pour nous sortir de nous-mêmes, de nos égocentrismes, pour nous tourner vers Dieu notre Père et vers le prochain. Le chemin de l’amour est exigeant ; le véritable amour est don de soi ; lui seul est source de vraies joies, mais il passe par des renoncements, des épreuves, une sortie de soi. Saint Paul a très bien décrit le véritable amour, dans la deuxième lecture que nous avons entendue : l’amour « supporte tout, il fait confiance en tout, il espère tout, il endure tout ».

Jésus ne se laisse pas récupérer, ni même impressionner par la fureur des
Nazaréens : « passant au milieu d’eux, il allait son chemin ». Il est libre face
aux flatteries ou aux critiques ; Il est tout à sa mission. Il a semé une parole qui
dérange, mais qui peut continuer à agir dans les cœurs, jusqu’à ce que ces
cœurs s’ouvrent à la grâce de Dieu.

Quelles leçons tirer de ce passage de l’Écriture ? La première est de nous laisser
déranger par la Parole de Dieu ; elle nous dérange pour nous faire grandir, pour
susciter le don de nous-mêmes, car, comme le dit le Concile Vatican II,
« l’homme ne peut pleinement se trouver que par le don désintéressé de lui même
».

La deuxième leçon est de demander la grâce de la liberté intérieure qui est le
fruit d’une relation étroite avec Dieu, et de la recherche de sa volonté.
Apprenons du Christ à garder du recul face aux agitations de surface, à
discerner avant de réagir, à ne pas nous laisser séduire par les flatteries ni
impressionner par attaques. C’est au Christ que nous cherchons à plaire, c’est
Lui que nous voulons suivre et non les courants d’opinion fugaces et versatiles ;
c’est Lui notre Lumière, la référence de nos pensées, de nos paroles et de nos
actions. Certes, nous vivons dans ce monde et nous l’aimons tel qu’il est ; nous
naissons dans une famille humaine, nous sommes enracinés dans un pays, dans
une région, dans une culture ; mais le coeur humain est ouvert sur l’infini, il ne
peut se laisser enfermer dans des horizons limités ; Dieu seul peut le combler. Il
nous revient d’être présents et acteurs dans notre société, de discerner ses
questions, ses attentes, de partager ses angoisses et ses espoirs, mais aussi de
lui transmettre la Parole de vie et de lui donner une espérance.

La troisième leçon que je tire de ce passage est l’ouverture à l’universel : déjà
les prophètes Élie et Élisée avaient été envoyés à des païens et ils leur avaient
fait du bien ; Jésus Lui-même enverra ses disciples dans le monde entier.
L’Église n’est pas un club, ni une forteresse ; elle est ouverte à tous : aucun
peuple, aucune culture, aucune personne ne lui est étrangère.

Je termine en vous rappelant, à la suite de ce passage d’évangile, que l’Église
ne travaille pas pour Elle-même, pour se complaire en Elle-même ; elle est
collaboratrice du Christ pour la gloire de Dieu et le salut du monde. Moi-même,
je suis envoyé à Toulouse pour marcher devant vous, avec vous et derrière vous
à la suite du Christ, qui est le Chemin qui conduit à Dieu notre Père et à nos
frères humains.

Que l’Esprit Saint renouvelle en nous ses dons, pour qu’ensemble nous
accomplissions la volonté de Dieu là où Il nous a placés, et que nous donnions à
voir et à expérimenter l’amour de Dieu pour toute personne humaine !

† Guy de Kerimel
Archevêque de Toulouse

HOMÉLIE du 3èmè dimanche ordinaire C 23 janvier 2022-

Néhémie 8, 1CO 12, Luc 1, 1-14.4, 14-21
« Cette parole de l’écriture que vous venez d’entendre, c’est aujourd’hui qu’elle s’accomplit »
Jésus vient d’être baptisé par Jean-Baptiste. Il a reçu l’onction. Pénétré de l’Esprit Saint, il commence sa mission : annoncer la Bonne nouvelle du salut pour toute l’humanité.
Dans la synagogue de Nazareth, celle de son pays, et comme il en a l’habitude, Jésus se lève, monte à la tribune, se revêt du châle de prière, ouvre le livre qu’on lui tend ( plus sûrement, il déroule le rouleau de la Loi ) et s’arrête à ce passage du livre du prophète Isaïe (61,1) : « L’Esprit du Seigneur est sur moi , il m’a consacré par l’onction. Il m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres, annoncer aux prisonniers qu’ils seront libres, aux aveugles qu’ils verront la lumière… »
Par ces mots le prophète Isaïe annonçait le serviteur de Dieu, le consolateur d’ Israël ,qui allait combler de joie les déportés de retour de l’exil à Babylone, panser les plaies de ceux qui avaient souffert.
Pas de doute, Jésus se présente comme l’incarnation de cette parole. Il est le Messie. Il est cette parole de Dieu qui se fait vie. Voici venu le temps de la réalisation de la promesse. Le temps où Dieu vit de la vie de ses enfants, le temps où les hommes vivent de la vie de Dieu.
« Le verbe s’est fait chair, il a demeuré parmi nous »  (St Jean1,14)
En ouvrant le Livre de la Loi, Jésus libère la parole de Dieu. En fermant le Livre, jésus scelle le sort de l’Humanité, et transforme ses souffrances en joie éternelle.Car la parole de Dieu n’est pas faite de mots, mais d’amour. Elle transforme de l’intérieur, la tristesse en joie la détresse en espérance. C’est pourquoi dans la première lecture du livre de Néhémie, le prêtre scribe Esdras invite les juifs revenus d’Exil à se réjouir et à festoyer après avoir entendu la lecture du livre de la loi. « Ne vous affligez pas la joie du seigneur est votre rempart »(Ne 8,10)Et le psalmiste chantera :
La loi du seigneur est parfaite, elle donne vie
Les préceptes du Seigneur sont droits, ils réjouissent le cœur
Ainsi Jésus peut dire avec Isaïe : «L’Esprit du Seigneur est sur moi. Le Seigneur a fait de moi un messie. Il m’a envoyé porter la Bonne nouvelle aux pauvres. »
Cette Bonne Nouvelle c’est l’Espérance que Dieu a mise dans nos cœurs. C’est le royaume déjà là
Dieu par le Christ qui nous communique sa condition de fils, fait de nous des héritiers, et nous invite à partager sa vie éternelle dans l’amour. Avec st Paul (Ga 2), nous pouvons dire :« Avec le Christ je suis fixé à la croix, je vis mais ce n’est plus moi, c’est le Christ qui vit en moi »
La parole de Dieu, cette Bonne nouvelle se vit dès aujourd’hui malgré les apparences, en dépit des guerres, des catastrophes climatiques, malgré la pandémie, les peines et les souffrances.
Car Dieu qui nous a créés par amour, pour le bonheur éternel, ne peut pas abandonner ses enfants « Dieu nous a créés pour le bonheur ; Il nous a appelés pour la grandeur » dit Maurice Zundel. Ainsi notre vie terrestre a un sens. Elle est un passage pendant lequel nous avons une place unique et irremplaçable à tenir : celle de travailler, selon nos moyens, à l’établissement d’un monde plus juste et plus fraternel, dans la paix le refus du mal et de la souffrance.
C’est une inestimable confiance que Dieu nous fait en nous établissant créateurs d’un monde qui nait dans les douleurs de l’enfantement. Ainsi, la mort n’est pas un obstacle mais un tremplin vers la vie avec Dieu. Elle n’est pas une punition mais une récompense grâce à la résurrection du Christ qui précède la notre.
« Cette parole de l’écriture que vous venez d’entendre, , c’est aujourd’hui qu’elle s’accomplit »Et s’il nous arrive d’en douter à cause des turpitudes du monde actuel, à cause d’un monde où Dieu n’a plus sa place ; un monde où le compte en banque tient lieu de Crédo, où «  Supermaché, Télé, Sécurité », sont élevés au rang de vertus théologales, nous savons que nous ne sommes pas seuls, nous avons un recours :« Venez à moi vous qui peinez sous le poids du fardeau et moi je vous procurerai le repos »  (Mat11)
Bernard Buisson diacre

IIe DIMANCHE DU T.O / C

Après son baptême, qui a inauguré sa vie publique, Jésus a entamé sa mission consistant à montrer à l’humanité le chemin à emprunter pour aller à Dieu. Non seulement il a commencé à enseigner pour que les hommes connaissent Dieu et l’aiment, mais il a accompli beaucoup de miracles pour fortifier la foi de ses disciples. Le changement de l’eau en vin que rapporte l’Évangile de ce dimanche, est le premier signe qui nous fait entrer sur son chemin missionnaire. Or qui dit signe dit quelque chose qui « donne à penser ». Pour Jean qui le raconte, le signe de Cana renvoie à une réalité profonde : cet évangéliste voit dans l’eau changé en vin le symbole du légalisme religieux faisant place à l’univers du don gratuit fait par Dieu aux hommes.
Le cadre du miracle est ordinaire : un repas de noces, auquel Jésus lui-même est invité, ainsi que sa mère. Ce qui paraît insolite, c’est le manque de vin, alors que le marié était censé en prévoir en suffisance. Mais cela ne paraît pas grave, car la fête pouvait continuer sans vin. Tout au plus, cette pénurie risquait de pourrir la suite. La mention du manque de vin est pourtant ici tout à fait significative, car le récit prend un nouveau virage au moment où Marie intervient pour déclarer très simplement à son fils : Ils n’ont plus de vin. Ce manque a certainement un sens profond « au-delà du seul public de ces noces galiléennes. De fait, le peuple d’Israël a soif d’un bien nettement plus vital que tous les aliments. Ce qui fait défaut au peuple, c’est l’espérance elle-même. Depuis très longtemps en effet, aucun prophète digne de ce nom ne s’est levé en Israël ! Personne n’a jamais plus rapporté le message tant attendu de Dieu ». Par conséquent, le peuple est longtemps resté cette Délaissée, cette Terre déserte, dont parle le prophète Isaïe dans la première lecture. Sans doute Jésus est-il celui qui peut redonner l’espérance manquante, celui qui peut faire que Jérusalem soit nommée par Dieu : Ma préférée, Mon épouse. Car la mutation qu’il apporte par rapport à l’exigence de respecter absolument un certain nombre de règles et d’obligations dans l’ancienne religion ; cette mutation permet la rencontre définitive (les noces) de Dieu et de l’humanité.
Le miracle de Cana réfère donc avant tout à l’alliance de Dieu avec son peuple en son Fils. Ce miracle où Jésus, solidaire dans la joie des convives, vient au secours des époux en difficulté en changeant l’eau en vin, symbolise la présence de Dieu « dans nos moments de bonheur mais aussi lorsqu’une inquiétude se pointe. Il répond aux besoins des hommes et les comble au-delà de leurs espérances […]. [Il est] un Dieu d’Amour au plus près des hommes. Un Amour attentionné jusqu’au plus petit détail dans la vie de chacun ». Ainsi, la religion qu’il nous propose n’est pas l’ennemie de la joie, et la foi en lui ne s’oppose pas au bonheur humain, comme le pensent certaines personnes qui jugent difficile, voire impossible, d’observer les commandements de Dieu. Au contraire, il nous invite à venir à lui pour nous procurer le repos. Il nous faut savoir nous confier au Seigneur aux heures d’inquiétude et lui demander sans cesse de changer notre eau en vin. C’est un appel à la foi, à la confiance en Dieu en chaque circonstance, quelles que soient les situations que nous traversons : il est toujours à nos côtés.
Nous pouvons noter dans le récit de l’Évangile la délicatesse de Marie par rapport au bien-être de son entourage. En révélant le manque, elle apparaît comme le modèle du croyant qui sait se tourner vers Jésus dans une prière de compassion et de demande. Et en disant : Faites tout ce qu’il vous dira, elle se montre confiante. Elle sait, elle connaît, elle a confiance. Comme elle, il nous faut reconnaître la présence même de Dieu parmi nous. A travers l’Église, qui révèle la présence agissante du Christ, Jésus continue de changer l’eau en vin pour répondre à l’espérance de notre humanité qui aspire au vrai bonheur. Notre mission à sa suite est de manifester à nos contemporains le message d’amour, d’espérance et de paix du Seigneur, en mettant en œuvre les dons de l’Esprit que nous avons reçus en vue du bien (2e lect.).