7ème dimanche de Pâques, année C


Entre l’Ascension et la Pentecôte, les textes de ce dimanche nous invitent à
la prière. C’est l’attitude des disciples qui sont dans l’attente la venue de
l’Esprit Saint que Jésus a promis de leur envoyer et qu’ils recevront à la
Pentecôte.
Les apôtres ont vu le Christ vivant, ressuscité monter vers le Père dans la
gloire, nous l’avons fêté jeudi. Il envoie les apôtres en mission pour annoncer
la Bonne Nouvelle partout dans le monde, pour convertir et baptiser, c’est à
dire faire entrer dans la Vie éternelle dont Jésus a ouvert à tous les portes
par sa résurrection. Et il leur promet d’envoyer l’Esprit Saint
Après l’Ascension du Seigneur, la jeune Église qui s’était constituée autour
de lui s’est trouvée désemparée, en difficulté, seuls, dans l’attente de la
venue de l’Esprit Saint pour les guider, leur donner la force d’accomplir cette
mission.
Tant qu’il était au milieu des apôtres et des disciples, Jésus était
naturellement celui qui les conduisait, qui les enseignait, qui leur indiquait
comment il fallait vivre avec lui, comment prier pour être en relation intime
avec le Père.
C’est dans la prière, l’union intime avec Dieu qu’ils trouveront la force
nécessaire.
Ainsi la prière d’Étienne, le premier martyr dans le passage des Actes des
apôtres entendue dans la 1ère lecture. Étienne a suivi Jésus jusqu’au bout
sans renoncer à sa foi, même devant la menace. Il n’a pas renié le Christ
ressuscité.
Pendant qu’on le lapide, Étienne est tourné vers Dieu dans la prière, il voit le
Christ dans sa gloire auprès de Dieu. Sa foi ne vacille pas et il reste jusqu’au
bout dans cette prière, en union avec Dieu, lui demandant de l’accueillir
« Seigneur Jésus reçois mon esprit » Avant de mourir, il demande au Père
plein de miséricorde de pardonner à ses bourreaux, comme le Christ l’avait
fait sur la croix.
« Seigneur ne leur compte pas ce péché. Et après cette parole Étienne
s’endormit dans la paix. » Il ne juge pas et ne condamne pas ses bourreaux
mais les confie à la miséricorde de Dieu.
Sa prière pendant son martyre est un modèle de confiance. Il meurt en
contemplant la gloire du Christ au ciel, en pleine communion avec Dieu, dans
une absolue fidélité.
Avec l’Évangile, nous avons une autre prière, la grande prière sacerdotale de
Jésus au coeur de l’évangile de Jean. C’est une prière qui nous fait entrer
dans l’intimité de Jésus avec son Père. Tout au long des Évangiles, nous
voyons que le Christ a régulièrement éprouvé le besoin de se retirer pour
prier son Père.
Jésus prie pour l’unité de l’humanité, pour tous les hommes qu’il est venu
sauver. « Que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi. »
Cette insistance de Jésus sur l’unité avec Dieu et entre les hommes qu’il
aime est un appel à faire grandir en ce monde la fraternité, le partage, la
solidarité. C’est un appel à vivre pleinement la communion d’amour qui règne
entre le Père, le Fils et l’Esprit-Saint. Cette unité n’est pas simplement de la
sympathie ou de l’amitié mutuelle. Elle devient un signe de la communion de
Dieu.
Nous reconnaissons la présence de Dieu à la manière dont nous nous
aimons les uns les autres.
Pour entrer dans cette intimité avec Dieu il nous faut suivre le Christ c’est à
dire savoir écouter cette Parole de l’Évangile de Jean :
“Si quelqu’un m’aime, il gardera ma Parole, mon Père l’aimera, nous
viendrons vers lui, pour y faire notre demeure.” C’est ce qui se passe chaque
fois que nous nous tournons vers Dieu, que nous allons communier : Dieu
vient habiter en nous, nous devenons le temple de Dieu.
Communier, c’est recevoir un don de Dieu et y consentir. Je reçois Jésus lui même
qui se donne, par amour, en nourriture afin que ma vie soit fortifiée ;
afin que je devienne un peu plus semblable à Celui que je reçois, afin que je
devienne un peu plus corps du Christ !
La communion n’est pas qu’une affaire personnelle, elle m’unit davantage
aux autres chrétiens, elle me fait devenir le corps du Christ, c’est à dire
membre de l’Église.
Ainsi, en approchant de l’autel pour communier, je m’offre aussi au Seigneur.
Je me donne à lui pour que la vie qu’il me donne puisse se déployer dans ma
propre vie, mon propre corps.
Si je communie, c’est parce que j’aime Jésus et donc que je désire garder sa
parole, vivre de sa parole, la mettre en œuvre dans ma vie, vivre de
l’Évangile. Alors, il se produira quelque chose de formidable : Jésus et son
Père vont faire de moi une demeure, un lieu où ils vont rester, ils vont habiter.
Ainsi j’aime Jésus, et pas uniquement par de simples mots mais en le
manifestant de façon concrète dans ma vie : là où je vis.
Père Jean-Hugues Malraison

MÉDITATION DU 6E DIMANCHE DE PÂQUES. ANNÉE « C »

Actes des Ap. (15, 1-2. 22-29) ; Ps 66 (67) ; Apocalypse (21, 10-14. 22-23) ; Jean (14, 23-29)« Quand l’amour nous porte… »

Quand l’amour nous porte, notre cœur, humble demeure de Dieu (Père, Fils et Esprit Saint) et toujours en désir, cherche dans la ferveur de la grâce à s’établir là où se trouvent les éternelles joies. La liturgie de ce 6E dimanche de Pâques ouvre, (à nous, pour nous et en nous), le chemin ainsi providentiel pour réaliser cette quête et atteindre cette espérance. Et seul bien l’amour, rien d’autre que l’amour ne peut nous faire avancer vers cette félicité.
Quand l’amour nous porte, nous sommes rendus capables de réaliser par toute notre vie la sainte volonté de Dieu. Celle qui veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité. Comme pour la Première Église, la Communauté Apostolique. Et c’est seulement dans un esprit de collégialité, de communion et de dialogue que la synodalité (le marcher, prier et servir ensemble) peut être une réalité aujourd’hui. A la lumière de la grande assemblée de Jérusalem, puissions-nous être à l’écoute de l’Esprit Saint.
Quand l’amour nous porte, comme l’aigle qui vole si haut ainsi notre esprit peut s’élever pour atteindre les hauteurs de la Ville sainte, la Jérusalem céleste. Et voir de nos yeux, le sanctuaire, le cœur de la Ville même : le Seigneur Dieu, Souverain de l’univers, et l’Agneau. Vivre aujourd’hui, au milieu de tant de bouleversements et dans un monde dévoré par la mondanité, c’est savoir élever l’esprit et s’illuminer de la gloire de Dieu. C’est pouvoir s’accorder au Ressuscité, sacrement de l’amour infini du Père. C’est avoir l’Agneau pour Seul Maître et Seigneur.
Quand l’amour nous porte, la fidélité à la Parole de Dieu est vivante. L’Esprit Saint nous est alors donné pour actualiser et féconder en nous ce que Jésus à dit à ses premiers disciples : « Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix ; ce n’est pas à la manière de ce monde que je vous la donne ». La Paix de Jésus, « Je vous laisse la paix », un héritage à fructifier, puis à partager. La Paix de Jésus, « Je vous donne ma paix », un don à accueillir, puis à vivre.
Quand l’amour nous porte, Dieu, notre Dieu, nous bénitque son visage s’illumine pour nouset que la terre tout entière l’adore ! (Père Davy B. B)

MÉDITATION du 5èmedimanche de Pâques C

Actes 11,21-27 Ap 21,1-5 Jean 13,31-35

Je vous avoue avoir été pris de vertige à la lecture des textes de ce jour pour préparer ce commentaire. En effet comment avoir l’audace d’ajouter quoi que ce soit à l ’Évangile, et en particulier, aux deux dernières phrases -testament prononcées par Jésus à l’endroit de ces disciples : «  Comme je vous ai aimés, vous aussi, aimez vous les uns les autres. »
Et encore :  «  A ceci, tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples ; si vous avez de l’amour les uns pour les autres »
C’est une montagne à gravir que ces deux phrases, car c’est l’essentiel du message chrétien, une spécificité chrétienne sans doute, mais une exigence hors d’atteinte de nos capacités humaines.
Alors, comme le cheval dans le manège qui refuse l’obstacle, je l’ai contourné, en empruntant des chemins détournés avant d’aborder la montagne.
Voici le récit de cette dérobade
:Depuis Pâques nous baignons, heureusement, dans les récits de la Résurrection : le retour du Christ, dans un local aux portes verrouillées, où Thomas deviendra le parangon du doute; la pêche abondante et la gêne de Simon-Pierre, nu devant le Ressuscité, ou encore la peine de ce même Simon-Pierre face au triple questionnement de Jésus : « Simon, fils de jean m’aimes tu vraiment ? »
Et alors que les Actes des apôtres nous plongent dans l’univers des Douze, devenus orphelins, qui s’organisent pour porter seuls la mission et poser les bases de l’Église Universelle que nous connaissons ,
Voici qu’aujourd’hui, l’Évangile nous ramène au dernier repas de Jésus, avant sa passion et sa mort.
Les spécialistes nous expliqueront qu’il n’y a pas de contradiction dans cet anachronisme.
A savoir : l’Évangile de Jean a été écrit à la fin du premier siècle. A cette époque, la filiation de Jésus, a mort, sa résurrection sont communément admises.
Jean et les rédacteurs associés se sont attachés à établir la véritable identité de Jésus avec des scènes imagées, précises, habitées, où chacun peut se reconnaître. Ce qui nous vaut : les Noces de Cana, la Samaritaine, la multiplication des pains, la marche sur les eaux, la résurrection de Lazare, le lavement des pieds, la Maison du Père, la Vigne et les sarments, …Mais, il faut gravir la montagne.
Dans ce passage de l’Évangile de St jean, le discours d’adieu, Jésus qui sait sa mort prochaine, livre à ses disciples un testament comminatoire.
« Je vous laisse un commandement nouveau  C’est de vous aimer les uns les autres » .
Quel est donc ce commandement nouveau ? Pas si nouveau, en fait !
Dans le livre du Lévitique (un des livres de la Loi(LV19,18), nous lisons :  « Tu aimeras ton prochain comme toi-même », complément du DT 6,5, Tu aimeras ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme…)
Pourtant ce commandement est bien nouveau puisqu’il est apporté par le Christ en signe de la Nouvelle Alliance faite par Dieu avec l’Humanité. Cette Nouvelle Alliance indestructible, inscrite au plus profond de l’être : C’est Jésus-Christ
Le fils de Dieu, Dieu lui-même.
Lisons le prophète Jérémie(JR 31,33) «  Cette Nouvelle Alliance est différente de celle que j’ai conclue avec vos pères. Eux l’ont rompue, dit le Seigneur, je déposerai mes directives au fond d’eux-mêmes, Les inscrivant dans leur être. Je deviendrai Dieu pour eux , et eux deviendront u n Peuple pour moi. »
L’alliance avec Moïse est une alliance de Promesse. La Nouvelle alliance en Jésus-Christ est une alliance de Communion.
« Comme je vous aimés, vous aussi, aimez-vous les uns les autres »
Que pouvons savoir du « Comme je vous ai aimés »?
Nos mots humains ne sont pas à la hauteur de l’amour divin qui est sans limite, sans condition, total, parfait, extrême (St Paul). Un amour qui pardonne même aux ennemis. Un amour qui va jusqu’au don de sa vie. Dieu donne son fils par amour.
Jésus donne sa vie par amour pour nous
Comme le Père m’a aimé, moi-aussi je vous ai aimés (Jean15,9)
Il s’agit d’un amour théologal ; comme Dieu seul sait aimer
Même la belle envolée de Saint Paul aux Corinthiens, que nous lisons si souvent pour les mariages est impuissante à traduire l’amour de Dieu, sauf dans sa conclusion : L’amour ne passera jamais. Maurice Zundel a cette belle formule pour traduire cette éternité de l’amour, qui nous fait naître de Dieu, vivre par Dieu, ressusciter en Dieu :
« l’anneau d’or des fiançailles éternelles »
Encore faut-il donner son vrai sens au mot amour, quand nous n’en possédons qu’un seul pour parler de l’amour oblatif, de l’amour possessif, de l’amitié, voir des préférences sensorielles. On n’aime pas de la même façon, Dieu, ses parents, son conjoint, ses enfants, ses amis, un dessert au chocolat ou une toile de maître. Alors ! difficile d’aimer comme Dieu nous aime ?
Très difficile ! Mais nous pouvons suivre le conseil que nous donne le philosophe, prêtre, Maurice Bellet : « Vous commencerez par le respect »
Si nous respectons l’autre, différent, nous commencerons à suivre le Christ, à notre mesure et en vérité. Nous commencerons à vivre ce que disait Mgr De Roubaix, évêque : «Je rêve d’une Église de laquelle on dira, non pas : «  voyez comme ils sont organisés, mais Voyez comme ils s’aiment »
Peut-être nous reconnaitra-t-on comme les disciples du Christ ?
Amen
Bernard Buisson, Diacre
15.05.2022

IVe DIMANCHE DE PÂQUES

En ce 4e dimanche de Pâques dit Dimanche du Bon Pasteur, nous lisons un extrait de l’évangile de saint Jean où Jésus se présente comme le Bon Pasteur. Cela a dû surprendre son auditoire. Comment pouvait-il en effet s’attribuer un titre réservé à Dieu lui-même ? Certes, déjà les rois et les princes de l’Orient ancien s’attribuaient de temps à autres ce qualificatif digne des plus grands guides : ils se considéraient comme les pasteurs des nations. Mais c’est Dieu lui-même qui s’est montré digne d’être appelé Bon Pasteur au moment de la Pâque du peuple hébreu, au temps de la libération du joug égyptien. Le pasteur est un libérateur, et ce libérateur, c’est Dieu, comme en témoignent les prophètes (cf. Ez 34, 15 sq) et les Psaumes (cf. Ps 77, 52), dont celui du jour, où nous lisons : « Nous sommes à lui, nous, son peuple, son troupeau » (Ps 99, 3).
Pour les Juifs, c’est une prétention de la part de Jésus que de déclarer qu’il se tient à la place de Dieu, dans son rôle et sa fonction libératrice. Mais si ces Juifs qui l’interrogeaient ne pouvaient pas comprendre les propos de Jésus, nous, nous le pouvons à la lumière de la célébration de Pâques : sa résurrection nous a manifesté sa puissance libératrice ; Jésus est bien le maître de la vie, il est le guide, le Bon Pasteur. Tout comme son Père, car « Le Père et moi, nous sommes UN », dit-il dans l’évangile de ce dimanche.
Oui, Jésus est le Bon Pasteur, parce qu’il donne la vie éternelle à ses brebis que nous sommes. C’est quoi ‘‘ la vie éternelle’’ ? Eh bien, c’est être dans la main de Dieu. Une main paternelle et tendre qui essuie toute larme de nos yeux, ainsi que nous l’avons entendu dans la seconde lecture. Et comment obtenir cette vie qui ne finit pas ? La réponse, Jésus nous la donne dans l’Évangile : il faut être de ceux qui écoutent la voix du Berger, c’est-à-dire de ceux qui accueillent sa Parole avec joie. Ceux qui, d’une attention aimante et humble, écoutent le ‘‘point de vue’’ de Dieu sur toutes choses. L’écoute devient ainsi obéissance aux commandements qui nous sont donnés par le Bon Pasteur, et finalement suite du Christ qui dit : « Mes brebis me suivent ». Il s’agit de laisser la Parole de Jésus transformer nos vies, de mettre nos pas dans ses pas, de nous attacher de toute notre vie à Celui qui nous aime et que nous aimons. Je crois que cela devrait nous interroger : Quelles brebis sommes-nous ? Nous laissons-nous entraîner avec joie et docilité par le Bon Berger vers les pâturages de la vie éternelle ?
Tout en cherchant à répondre à ces questions fondamentales qui engagent notre vie de chrétiens, n’oublions pas qu’en ce dimanche du ‘‘Bon Pasteur’’, nous sommes appelés à prier particulièrement pour la vocation sacerdotale, pour les pasteurs de l’Église. Ils ont besoin de la prière des brebis de Dieu qui sont à leur charge, ils ont besoin d’être bénis et éclairés par le Pasteur par excellence pour remplir leur mission avec passion et générosité. Mais n’oublions pas non plus que l’appel à s’occuper du peuple de Dieu est adressé personnellement à chacun. Il s’agit de la « vocation divine », laquelle se veut universelle. C’est « un appel que tout baptisé doit s’efforcer de discerner et de rejoindre par une bonne disposition. Le service de Dieu nous concerne tous. L’Église a besoin des bénévoles qui consacrent leur temps aux différents services. Des chrétiens qui prêtent l’oreille à la voix du Seigneur et répondent à son appel. Une paroisse ne peut tenir que grâce à des personnes dévouées qui la rendent dynamique. Il y a mille et une façon de le faire, c’est à nous de trouver notre propre vocation, notre propre voie. À chacun sa vocation ! Dieu nous invite à nous engager pour une cause en y investissant le meilleur de nous-mêmes, selon nos capacités, pour que la foi soit vivante. […] ». Certains d’entre nous le font déjà comme animateurs de tel ou tel groupe, comme bénévoles à l’EHPAD, au Secours Catholique, comme membres de l’équipe funérailles, etc. C’est là déjà une manière de participer à la charge pastorale pour le salut des âmes.
Que le Seigneur nous aide à nous lancer avec courage sur ce chemin de service. Qu’il nous aide à bien discerner son appel et à y répondre avec l’énergie du cœur.

3ème dimanche de Pâques C

Frères et sœurs, nous voici, en ce temps pascal, à pèleriner, dimanche après dimanche à la rencontre du ressuscité. Aujourd’hui, c’est au bord d’un lac qu’il nous donne rendez-vous avec ses disciples. Hier c’était sur un chemin, ou dans une maison verrouillée… Mais c’est toujours lui, que les disciples ont pourtant tant de mal à reconnaitre…
Deux enseignements de premier ordre sont donc à retenir en compagnie du Christ ressuscité : le premier vaut aussi -et je dirai surtout !- pour notre vie qui nous attend après le départ de ce monde. Nous allons proclamer dans le Credo, « Je crois en la résurrection de la chair » Nous pouvons avoir du mal à imaginer cette résurrection, tant cela nous paraît éloigné de la réalité de la mort. Alors la rencontre des apôtres avec leur maître dans les jours et semaines qui suivent la résurrection sont à lire avec attention, d’autant que Jean, aujourd’hui, mais aussi Mattieu, Luc et Marc, disent tous quatre la même chose : Les apôtres ne reconnaissent pas le Christ avec lequel ils ont vécu pendant 3 ans, son physique n’était donc plus le même. Et en même temps, il se laisse toucher, et il mange même avec eux. Il apparait et disparait d’une façon incompréhensible pour un vivant.
Ce corps de ressuscité n’est donc plus de ce monde ; il n’obéit plus aux règles de la vie sur terre, qui sont inséparablement liées -et la science nous le dit- au temps, à l’espace et à la matière. Toute réalité dans ce monde est en effet prisonnière du temps et de l’espace, et n’existe que par la matière. Ce corps du ressuscité est donc en dehors de cette réalité. Comme Dieu, qui a une réalité non spatiale, non temporelle et non matérielle. Et comme nos défunts. Il revient donc au Christ de donner des preuves après sa résurrection ; il est fils de Dieu, à lui les miracles et les preuves pour solidifier la foi, pour la « coller » à ses apôtres.
Mais, -et c’est le deuxième enseignement-, toute preuve qu’apporte le Christ à ses apôtres n’est pourtant pas suffisante pour donner la foi. Car la foi n’est pas de l’ordre de la démonstration ou de la logique. Elle ne vient pas par la preuve. Non, elle est une rencontre, une rencontre avec le Christ, comme l’expérimentent les apôtres dans l’évangile ; et une rencontre qui se fait, dans le don, et dans l’amour. Et c’est ainsi que le Christ, dans ce même évangile, après avoir pris quantité de poissons leur donne du pain. Donner, quel beau verbe ! Et peu après, il questionne Pierre, en lui demandant si il l‘aime. Et il faudra que la question lui soit posée trois fois, pour qu’il prenne conscience que la foi, c’est l’amour et le don de la personne.
Ainsi, le Christ va-t-il bâtir son Église sur celui qui l’avait renié trois fois. Et même si, dans l’histoire qui se déroule jusqu’à nos jours, certains de ses membres vont le renier encore et encore, l’épreuve de vérité devant la face du Christ qui demande l’amour et le don est inévitable. D’ailleurs, l’amour et le don dépassent ce que l’on peut attendre des normes établies dans ce monde pour ceux qui font autorité. Si Pierre est choisi par le Christ pour devenir le roc sur lequel celui-ci veut édifier son Église, ce n’est pas en raison de ses qualités d’organisateur, de visionnaire ou de tribun. Il est établi Berger des brebis parce qu’il est capable de répondre à Jésus, qu’il a pourtant trahi au moment de la passion : « …Tu sais bien Seigneur que je t’aime ». Là est le secret de la foi. Et au-delà de nos péchés, là est notre véritable force ; là est la sève qui nous nourrit.
Frères et sœurs, aujourd’hui comme il y a 2000 ans, le Christ nous propose l’amour et le don. Ne nous privons pas de les donner au monde. La foi n’est que jeunesse !
Thierry Merle Diacre

2ème Dimanche de Pâques, Dimanche de la Divine Miséricorde 24/04/22

« La Fête de la Miséricorde est issue de mes entrailles, je désire qu’elle soit fêtée
solennellement le premier dimanche après Pâques ».
C’est la demande faite par le Christ à Sœur Faustine Kowalska lorsqu’il lui est
apparu en Pologne en 1931.
Lors de cette apparition le Christ a demandé à Sœur Faustine de faire connaître au
monde la profondeur de la Miséricorde divine, l’immensité du pardon toujours offert
et ce à travers quatre dévotions qu’il lui recommande d’annoncer.
1 – Réciter le chapelet de la Divine Miséricorde.
2 – Honorer l’image de Jésus Miséricordieux, avec l’inscription “Jésus, j’ai
confiance en Toi!”
3 – Célébrer le Dimanche de la divine Miséricorde :
« Je désire que le premier dimanche après Pâques soit la Fête de la Miséricorde. /
Qui s’approchera, ce jour là, de la source de vie, ( l’eucharistie ) obtiendra la
rémission de ses fautes. »
4 – Vénérer l’heure de la miséricorde : « A trois heures (de l’après midi),
implore Ma Miséricorde, tout particulièrement pour les pécheurs. Et ne fût-ce que
pour un bref instant, plonge-toi dans Ma Passion, en particulier au moment où j’ai
été abandonné lors de Mon agonie !
C’est là une heure de grande Miséricorde pour le monde entier. / en cette heure,
Je ne saurais rien refuser à l’âme qui prie par Ma Passion ».
C’est pourquoi, lors de la canonisation de Sœur Faustine le 30 avril 2000, le Pape
St Jean Paul II a institué la fête de la Divine Miséricorde pour l’Église universelle, le
2è dimanche de Pâques, que nous célébrons aujourd’hui.
«Dans la miséricorde de Dieu, le monde trouvera la paix et l’humanité trouvera le
bonheur». déclare le Pape St Jean-Paul II
Et Le Pape François ajoutera « La miséricorde de Dieu n’est pas une idée
abstraite, mais une réalité concrète à travers laquelle Il révèle son amour.comme
celui d’un père et d’une mère qui se laissent émouvoir au plus profond d’eux
mêmes par leur fils. Il est juste de parler d’un amour « viscéral ». Il vient du cœur
comme un sentiment profond, naturel, fait de tendresse et de compassion,
d’indulgence et de pardon ».
Le monde a besoin de miséricorde, nous avons tous besoin de miséricorde.
C’est ce que Jésus va montrer à ses apôtres lors de son apparition le soir de
Pâques. Ainsi par la salutation lorsqu’il leur apparaît, « la paix soit avec vous »,
Jésus ressuscité dit ce qu’il est capable de faire. Il vient apporter la paix non
seulement aux disciples, mais à tous les hommes, cette paix intérieure qui n’est
pas un simple moment de calme, mais la plénitude de l’Amour du Père.
Cette paix que l’on reçoit juste avant la communion avec cette invocation qui en
donne tout le sens « Seigneur Jésus tu as dit à tes apôtres : « je vous laisse la
paix, je vous donne ma paix » ; ne regarde pas nos péchés mais la foi de ton
Église »… Paix et miséricorde vont de pair.
Pour mettre en œuvre cette action de miséricorde, de pardon et de paix, le Christ
vivant institue ses disciples comme ministre de la réconciliation.
En soufflant sur les apôtres pour leur donner l’Esprit-Saint, Jésus leur confie une
mission : remettre les péchés ou les maintenir selon les dispositions du cœur de
ceux auxquels ils s’adressent.
« Recevez l’Esprit Saint. A qui vous remettrez ses péchés, ils seront remis ; à qui
vous maintiendrez ses péchés, ils seront maintenus » (Jn 20,23).
Cette mission d’être ministre et témoin de la miséricorde de Dieu, éclairée et
fortifiée par le don de l’Esprit Saint, c’est ce que l’Église reçoit pour être mise en
œuvre au milieu des hommes, nous dit le cardinal André Vingt-Trois.
La miséricorde de Dieu n’est pas un simple effacement du mal que nous pouvons
faire. Elle est un signe de puissance, c’est la mise en œuvre de la capacité
d’Amour infini que Dieu a de surmonter notre péché, de l’assumer et de le vaincre,
à condition que nous soyons disposés à nous reconnaître pécheurs et à nous
tourner vers cette infinie miséricorde. Dieu nous ouvre les portes du salut, non pas
en fonction de nos mérites, mais en fonction de son amour toujours premier.
Si la miséricorde conduit de manière privilégiée au sacrement de la réconciliation,
elle ne se réduit pas seulement au pardon, elle est le lieu où l’on peut faire avec
certitude l’expérience de cette action amoureuse de Dieu qui vient guérir le cœur
de l’homme blessé par le mal qu’il est capable de commettre.
Ainsi, cette certitude de la miséricorde de Dieu, donnée en son Fils ressuscité, est
une source de joie, comme nous le dit l’évangile de Jean : « quand les disciples
voient le Seigneur, ils sont remplis de joie » (Jn 20,20).
La vue du Seigneur ressuscité est la garantie de la victoire de l’amour sur la haine,
de la victoire de la vie sur la mort, de la victoire de Dieu sur le mal.
C’est pourquoi, tous ceux qui sont disciples du Christ et qui ont foi en la
résurrection, ne peuvent pas vivre autrement que dans la paix que Jésus leur
donne et dans la joie que leur procure sa présence.
Laissons nous donc toucher par l’infinie miséricorde de Dieu, et revenons à Lui
pleins de joie avec un cœur contrit et converti.
En ce dimanche de la miséricorde, nous débordons de cette joie et nous rendons
grâce à Dieu qui nous relève et qui nous renouvelle.
Confions-nous à sa miséricorde pour qu’à son école, nous apprenions à notre tour
à être miséricordieux.
Père Jean-Hugues Malraison

HOMÉLIE DE PÂQUES 2022-Messe du jour C

Actes (10, 34a.37-43)– Col (3,1-4) Jean, (20,1-9)
Il est ressuscité. Il est vivant ! Alléluia !

Tous les ans, dans la nuit et au matin de Pâques, nous proclamons cette vérité
qui nous fait vivre.
Elle nous fait vivre parce qu’elle est le fondement de notre foi.
« Si le Christ n’est pas ressuscité, dit Saint Paul, notre foi est vaine, vaine est
notre espérance et nous sommes les plus malheureux des Hommes »
(1Co15,13)
Mais précisément, vivons-nous cette foi ? Conditionne-t-elle notre vie ?
Le risque est grand que, d’année en année, nous célébrions cette fête comme un
autre évènement historique, 732, 1515 ou le 14 juillet, par exemple. Une date
importante certes, mais qui marque une période révolue ; alors qu’avec Pâques,
c’est le mystère permanent de la vie plus forte que la mort que nous célébrons.
Il y a bien une réalité historique de la résurrection, et à défaut de témoins
oculaires, nous avons des témoins dans la foi qui s’expriment dans les Evangiles.
Saint Jean, lui, s’attache plus à démontrer la foi des apôtres qu’à décrire la
découverte du tombeau vide.
En effet, dans ce récit St Jean met en scène une seule femme : Marie-Madeleine
qui se rend au tombeau dès la fin du Sabbat, le premier jour de la semaine, au
lever du jour. Elle ne vient pas pour embaumer le corps de Jésus, cela a déjà été
fait par Joseph d’Arimathie et Nicodème au moment de l’ensevelissement. Elle
vient par amour, pour exprimer sa tendresse et sa piété, et ainsi rester le plus
longtemps possible auprès de son Seigneur, dans une attitude de grande humanité.
La pierre a été enlevée. Elle court prévenir deux disciples, Simon Pierre et un
autre, que la tradition dit être Saint Jean.
En toute hâte ils se rendent au tombeau. Jean le premier arrivé, voit le linceul
mais n’entre pas dans le tombeau. Pierre lui y entre et voit le linceul c’est-à-dire
les bandelettes qui enveloppaient le corps de Jésus et le linge qui recouvrait sa
tête. Le tout bien rangé à sa place. C’est alors que Jean entre à son tour dans le
tombeau. « Il vit et il crut » nous dit l’Evangile.
Il vit qu’il n’y avait rien à voir. Le corps de Jésus n’était plus là. Les linges
mortuaires correctement repliés indiquent, contrairement à ce que croyait Marie-
Madeleine, que le corps n’avait pas été enlevé, mais que Jésus s’était relevé seul,
sans vêtement du tombeau.
De vêtements Jésus n’en avait plus besoin, puisqu’il n’était plus dans la condition
d’un être humain, mais ressuscité, corps glorieux, tout autre.
Il vit et il crut. Jean crut car il comprit que, comme le dit l’Ecriture : « Jésus
devait ressusciter d’entre les morts ». Il comprit les paroles que Jésus leur avait
dites : « Détruisez ce temple et en trois jours je le rebâtirai / je pars vous
préparer une place /.Je reviendrai vous prendre avec moi. / je ne vous laisserai
pas seul / je vous enverrai mon Esprit Saint. »
Dans la suite du récit, que nous n’avons pas lu, Jésus ressuscité se manifeste à
Marie Madeleine, il l’interpelle :« Marie » ! Le cri de joie de Marie Madeleine qui
le reconnait :« Rabbouni » vaut attestation pour nous.
Alors elle annonce aux autres disciples : « J’ai vu le Seigneur et voilà ce qu’il m’a
dit » : « vas trouver mes frères pour leur dire que je monte vers mon Père et
votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu »
Le rappel du texte, certes nécessaire, n’est pas suffisant. L’essentiel réside dans
la dynamique créée par la résurrection du Christ dans nos vies.
En prenant la condition humaine, par Jésus-Christ, Dieu s’est investi dans
l’Homme, il lui a légué une part de sa divinité. C’est ce qui confère à l’être
humain sa grandeur et sa dignité.
En ressuscitant, le Christ a permis à tous les Hommes de ressusciter à leur tour.
Mais, la Résurrection, notre résurrection n’est pas seulement la vie éternelle dont
nous ne savons pas exactement ce qu’elle sera, mais elle est, dès maintenant, la
vie du Christ en nous.
Quand nous proclamons : « Il est ressuscité il est vivant », nous affirmons que
Jésus (Dieu) est en nous en permanence.
Il nous revient à nous, ses enfants de vivre en ressuscités.
Comment :
Ecoutons la réponse de Jésus à Nicodème : « En vérité, en vérité, je te le dis : à
moins de naitre de nouveau (d’en-haut ) nul ne peut voir le Royaume de Dieu »
(Jean 3,3)
Cette nouvelle naissance (spirituelle, celle-là) c’est celle que nous invitent à vivre
Saint Paul (Col) Origène, maître Eckhart ou plus près de nous Maurice Zundel dont
je vous livre quelques lignes : « Nous devons nous désapproprier de nous-mêmes,
faire place au Christ. Il ne suffit pas de faire le Bien, mais il faut devenir le
bien »
« Il faut naitre de nouveau, et n’oublions jamais que l’homme authentique (celui
qui n’est pas fabriqué par la société), que Dieu Esprit et Vérité se situent toujours
en avant de nous »
Certes la mission est difficile. Notre bonne volonté ne suffira pas. Mais l’Esprit
Saint veille.
Écoutons le.
Bernard Buisson diacre

DIMANCHE DES RAMEAUX ET DE LA PASSION « C »

Luc (19, 28-40) ; Isaïe (50, 4-7) ; Ps 21 (22) ; Philippiens (2, 6-11) ; Luc (22, 14 – 23, 56)
« Pour nous et pour notre salut… »

Pour nous et pour notre salut, voici Jésus acclamé avec des rameaux en mains…Jésus crucifié sur la croix ; Jésus entre le « Hosanna » de la procession et le « A mort » du chemin de croix. Avec Lui, triomphalement accueilli et douloureusement condamné, Dieu-avec-nous jusqu’au bout : il se livre, il se donne. Son amour est sans faille. Sa fidélité au Père est absolue.
Pour nous et pour notre salut, voici que s’ouvre devant nous la semaine du grand passage, la semaine sainte. Au cœur, Jésus qui dévoile à nos yeux l’amour que Dieu nous porte : un amour éternel, fidèle et unique.
Pour nous et pour notre salut, voici l’amour qui seul fait vivre : Jésus, serviteur souffrant (Isaïe) et humble (Paul aux Philippiens). Lui qui, hier comme aujourd’hui, porte la prière de l’Eglise à son Père, par son cri plein de confiance et d’espérance : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » (Psaume).
Pour nous et pour notre salut, voici Jésus qui fait triompher la vie. Suivons-le comme la foule de Jérusalem, en élevant nos cœurs à l’image des rameaux agités, pour recevoir le don incomparable de sa bénédiction. De cœur et d’âme, prenant part à sa passion pour échapper à la mort éternelle et obtenir la grâce de la vie sans déclin.
Pour nous et pour notre salut, osons contempler, regarder, méditer, prier devant la Croix du Christ. Déposons à ses pieds toute notre actualité et tout notre désir à faire le bien. Avec effusion du cœur et dans l’Esprit Saint, ouvrons-nous à l’Amour qui se donne, l’amour qui se livre.
Père Davy B. B.

5éme de Carême C

Frères et sœurs, les lectures d’aujourd’hui, et en particulier la première peut nous servir d’introduction à notre vie de chrétiens.
En effet, dès la première lecture, le prophète Isaïe nous dit : « Ainsi parle le Seigneur, lui qui fit un chemin dans la mer, un sentier dans les eaux puissantes ». Le Seigneur nous fait un chemin en effet ; car qu’est-ce que la foi, sinon suivre un chemin. Mais ce chemin n’est pas droit, passant, comme nous le dit Isaïe, au milieu d’une mer agitée. Ainsi en est-il de la barque de nos vies, de la barque de l’Eglise, de la barque du monde, chahutée par les tentations du malin, abondamment rappelées au cours de ce carême. Personne ne peut traverser sa vie sans que sa barque ne soit battue par les flots. Mais sans chemin on est perdu, et les lumières du matérialisme ne font qu’éblouir ; que reste t-il une fois cet aveuglement passé ?
L’évangile propose un de ces balisages du chemin avec ce fameux passage de la femme adultère que nous connaissons bien. Pour les scribes et les pharisiens, il n’y a que la loi qui compte, quitte à mouiller Moïse avec, pour se donner bonne conscience. Permettez-moi de faire trois remarques qui me sont venues à la lecture de ce passage.
-La première concerne tout le peuple chrétien, y compris -et peut-être surtout- ceux qui ont mission de nous guider. Ce passage arrive après les questions posées au Christ sur le lien du mariage, et où le Christ avait déclaré « Celui qui renvoie sa femme et en épouse une autre est en flagrant délit d’adultère ». Le Christ avait été clair, et pourtant, la force du pardon va dépasser le poids du péché. Car dans l’évangile de ce jour, le Christ n’a pas jeté la pierre sur la femme adultère ; et il lui dit « je ne te condamne pas », Le Christ n’est pas allé trouver les érudits qui tenaient la loi, mais celle qui avait péché. Et se sont ceux qui jugeaient cette femme qui ne pourront soutenir le regard du Christ, et qui devront dû partir…
-La deuxième remarque tient dans la fin de la phrase du Christ « Va, et désormais ne pêche plus ». La remise des peines, qui peut aller jusqu’à l’infini doit permettre à l’homme de devenir meilleur. Le pardon illimité doit s’accompagner de la conversion. Avec la reconnaissance de la faute, on doit être au moins un peu meilleurs. Etre sur le chemin, c’est donc parcourir un chemin d’humanité fait de pardon et de conversion. Globalement, cela doit -cela devrait- se voir dans une assemblée des chrétiens, et l’on doit, quelque part, montrer quelque chose du Royaume, qui passe aussi par la prise en compte de ce qui est bien comme de ce qui ne l’est pas. Aujourd’hui, pour éviter la contradiction et éviter de juger, on a tendance à accepter que tout se vaut. Mais pour le Christ tout ne se vaut pas, et l’on sait bien, voir trop bien, que la vérité des actes, comme celle des paroles, sont ceux qui permettent de construire le monde meilleur que nous appelons de nos vœux.
-Enfin, Saint Jean relève que ceux qui n’ont pu soutenir le regard du Christ sont partis, en commençant par les plus âgés… Lorsque l’on vit au milieu de la jeunesse, on est frappé par leur sens des actes justes, et leur faculté à percevoir d’emblée les choses évidentes. Au plus on prend de l’âge, au plus on devient compliqué, et l’on devient de véritables virtuoses à tordre le cou des choses évidentes, voire de la vérité. Mieux encore, plus loin, le Christ fera venir vers lui les enfants, c’est-à-dire ceux qui sont à même de mieux discerner les réalités de l’au-delà.
Alors, dans ce chemin sur lequel il nous est proposé d’avancer, demandons au Christ de nous éclairer le but ultime. Car déjà, en ce 5ème dimanche de carême, on peut dire que pointe au bout de chemin, la lueur de jour de Pâques.
Thierry Merle Diacre

IVe DIMANCHE DE CARÊME C

En ce quatrième dimanche de Carême,temps de renouvellement spirituel et de conversion,c’est un passage susceptible d’éclairer notre réflexion sur la réconciliation, que nous venons d’écouter. Un merveilleux récit évangélique qui nous parle au cœur. Dans cette parabole, l’attitude du père patient nous rassure ; quant à celles des deux fils, elles sont un peu les nôtres.
Regardons d’abord l’attitude du Père. Jésus y dépeint le visage de Dieu, un Dieu passionné d’amour. Vis-à-vis du fils perdu, aucun reproche, aucune question. Simplement, tout naturellement des gestes d’accueil et de joie : embrassade, beau vêtement, bague aux doigts, repas de fête … Autant de gestes de sollicitude et de bonté de la part de Dieu à l’égard de ceux qui sont éloignés. Il ne peut y avoir d’accueil plus affectueux et plus chaleureux. Envers le fils aîné, même démarche de tendresse de la part du père : il sort à sa rencontre, il lui rappelle ses privilèges de fils aîné et l’invite à venir festoyer avec les autres, car l’enfant qui était perdu est revenu.
Dieu est vraiment ce père de tendresse qui aime, accueille, pardonne. Sa bonté est pleine de délicatesse. En ce temps de Carême, cette parabole nous invite à faire un pas de plus dans la découverte de sa miséricorde, une miséricorde qui rend la dignité au pécheur et l’honore. Son amour bienveillant qui nous accueille tel que nous sommes. Il nous a créés libres de mener notre vie selon nos choix personnels, mais, si éloignés de Lui que nous soyons, il nous porte toujours dans son cœur et attend notre retour. Ce que Jésus nous recommande en dressant ce portrait du père patient, c’est en même temps qu’une immense confiance en la miséricorde de Dieu, l’accueil de l’autre quel qu’il soit, quoi qu’il doive assumer comme poids de passé et de souffrance, de peine ou de péché. Et c’est ici que les attitudes des deux fils ont, chacune, une dimension qui nous concerne.
Ces deux fils, l’un parti mais revenu, et l’autre resté à la maison mais refusant d’entrer, nous représentent. Nous sommes tantôt en ordre, tantôt en désordre, ou les deux à la fois. Nous sommes tous plus ou moins des fils perdus. Des erreurs commises dans le passé, soit par inadvertance soit par choix délibéré, parsèment notre chemin. Nous avons besoin d’être réconciliés avec Dieu, comme saint Paul nous y exhorte aujourd’hui. Nous ressemblons aussi au fils aîné chaque fois que nous refusons de pardonner, quand nous enfermons les autres dans leurs erreurs, par réduction, par manque de charité, quand nous portons sur eux des jugements négatifs de façon définitive et que, à la manière des pharisiens, c’est-à-dire des « séparés », nous nous coupons d’eux. Comme le fils aîné de l’évangile, qui n’appelle plus son frère « mon frère », mais « ton fils » (« ton fils que voilà »), nous oublions qu’il est difficile d’être fils sans être frères, difficile d’aimer Dieu sans aimer son frère.
Puisse le Seigneur nous faire découvrir davantage, à la mi-temps de ce Carême, son visage de père miséricordieux pour que nous soyons nous-mêmes plus miséricordieux envers nos frères et sœurs. Qu’il nous touche par son regard plein d’amour et nous fasse revenir à Lui de tout notre cœur pour célébrer la fête de Pâques dans la joie de lui appartenir.
Père Basile Mulewa