HOMÉLIE DE LA VEILLÉE PASCALE ANNÉE A ( Mat 28,1-10)

« Au matin de Pâques, premier jour de la semaine, Dieu a ressuscité Jésus »  Le fils de Dieu,  Dieu lui-même, après une vraie vie d’homme a été mis à mort. Et, alors qu’il était depuis trois jours au tombeau, voici que deux femmes, celles-là même qui étaient au pied de la croix,  sont les témoins d’une scène incroyable : un grand tremblement de terre, puis un ange roule la lourde pierre qui fermait  le tombeau, s’assoit  dessus, et leur parle : « Vous, soyez sans crainte ! Je sais que vous cherchez Jésus, le Crucifié. Il n’est pas ici, car il est ressuscité, comme il l’avait dit. »

Même si les détails varient d’un  évangéliste à l’autre, tout cela nous est bien connu. Comme sont bien connus les récits que nous avons entendus dans les lectures de cette veillée.
C’est précisément parce que nous les connaissons bien,  que nous risquons de banaliser cette histoire du Peuple de Dieu et de la lire comme un  récit historique, une sorte de thriller au dénouement heureux.
Ces récits,  et bien d’autres, que nous livre la Bible disent Dieu à travers l’histoire de son peuple.  Ils disent aussi  notre histoire, à nous hommes et femmes  d’aujourd’hui. Celle de l’humanité avec laquelle Dieu a fait alliance.
Le Dieu qui nous a créés, n’est pas le grand horloger, dixit Voltaire, qui,  une  fois la création achevée le 6ème jour,  la laisse aller à « vau-l’eau »
Dieu est partie prenante, solidaire de la vie des hommes qu’il a créés, Il la poursuit avec eux.
Il se définit comme « je suis ». Celui qui était,  qui est, et qui sera.

Il nous guide, comme Il a guidé Moïse à travers le désert, pour nous conduire à la liberté, nous libérer de l’esclavage du mal. Même si pour nous la route est cahoteuse, c’est toujours  le bien qu’Il fera triompher pour nous.
Le Dieu qui nous crée sans cesse,  veut notre bonheur. II nous comble de biens, à notre insu. « Écoutez ma parole et vous vivrez ». Il nous relève nous remet debout,  nous ressuscite.  
Dieu  a parlé à ce peuple à la nuque raide, mais Il ne s’est pas montré. Alors Il s’est donné à voir en Jésus-Christ.
Par son incarnation, Dieu a  concrètement rejoint notre histoire, l’histoire des Hommes.
Il a fait alliance avec l’humanité. Cette alliance  est scellée en Jésus Christ.
Jésus est fils de Dieu : N Il a fait alliance avec l’humanité. Cette alliance  est scellée en Jésus Christ.
Jésus est mort : nous mourrons
Jésus est ressuscité : Nous ressusciterons au jour que Dieu a choisi à la fin des temps.


Le tombeau  vide n’est pas une preuve de la Résurrection  mais il est un signe, un signe qui suscite la foi, un signe d’espérance  car l’homme  n’est pas voué au néant,  mais à la vie.
La résurrection du Christ annonce la notre : « Si le Christ n’est pas ressuscité dit saint Paul, notre foi est vaine  et vaine est notre espérance. »µ
Le Christ en  passant de la vie à la mort, des ténèbres à la lumière,  a fait de nous des vivants . Il nous a ouvert une voie d’Espérance.
Le risque pour nous,  Hommes de peu de foi, c’est que cet évènement  soit considéré comme parallèle à notre vie , alors qu’il en est l’essence. Il en donne le sens.
L’emploi du passé pour dire la résurrection  accentue encore ce risque. Le Christ n’a pas seulement été ressuscité, IL EST RESSUSCITE ; IL EST VIVANT. Il ressuscite tous les jours, et nous avec lui.
L’emploi du passé pour dire la résurrection  accentue encore ce risque. Le Christ n’a pas seulement été ressuscité, IL EST RESSUSCITE ; IL EST VIVANT. Il ressuscite tous les jours, et nous avec lui.
La résurrection n’est pas un acte isolé. C’est toute l’humanité qui bénéficie de ce don gratuit de Dieu : son amour
A travers  l’épidémie du  Coronavirus  que nous vivons actuellement, Dieu nous fait signe.  Pour porter notre fardeau, certes.  Mais peut être aussi pour nous parler,  et nous dire que nous faisons fausse route : Que  notre science si puissante si nécessaire  doit servir le  bien de l’humanité et non  son dévoiement ;   que la nature,  environnementale et humaine,  si  merveilleuse, si riche,  si forte dans sa résilience ,  ne peut pas être provoquée impunément ,sauf à se rebeller  et à reprendre ses droits originels .
C’est chaque jour, à chaque instant que le tombeau est vide,  que le Christ nous relève en se relevant.
C’est chaque jour, à chaque instant qu’il nous envoie en   Galilée,  là où tout  a commencé, au carrefour des nations,  là où Il nous attend pour nous dire : « je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin des temps » . Amen

B.Buisson

MÉDITATION DU VENDREDI SAINT. LA PASSION DU SEIGNEUR

Isaïe (52, 13-53,12). Psaume 30 (31). Hébreux 4, 14-16 ; 5, 7-9. Jean 18, 1-19,4
THÈME : La Croix du Christ :
Chemin du Salut révélé, Vérité de l’Amour témoignée, Vie de Dieu livrée.

Pour méditer et élargir l’horizon confiné de notre actualité.
« Ils lèveront les yeux vers celui qu’ils ont transpercé »
Au pied de la croix, les yeux levés vers le crucifié, entrons tous dans l’infini mystère de notre délivrance. Contemplons Jésus accomplir le dessein du Père. De notre regard, suivons-le dans le passage de son Heure où tout bascule. L’Heure Sainte de la Passion. L’Heure grave qui change le cours des événements. L’Heure H où la parole et le bruit se taisent pour laisser entendre le recueillement et le silence.

Silence qui préside à tout commencement et à toute fin de vie. Silence qui travaille toute nature dans son être, sa croissance et son mouvement. Silence qui octroie à notre âme la force de désirer dans la foi, à notre cœur la grâce de contempler dans l’amour, à notre esprit la sagesse de savourer dans l’espérance les fruits de la rédemption.

En ce jour du Vendredi Saint, « les yeux fixés sur Jésus » le crucifié-transpercé, nous sommes placés dans cette expression vitale et fondamentale de l’Eglise : la Prière. Prière d’adoration, de vénération et de supplication. Prière nourrie de la Passion de Notre Seigneur Jésus-Christ selon Saint Jean.

Jésus, Serviteur souffrant, abandonné des hommes, homme des douleurs, défiguréhumiliédépouilléméprisé (1ère lecture), Lui, le Fils de Dieule grand prêtre par excellence qui intercède pour nous, dans les larmes, des prières et des supplications à Dieu,  (2ème lecture), nous introduit dans la communion avec le Père. C’est-à-dire dans la grande prière avec le Père pour toujours. Il nous fait donc avancer avec assurance vers le trône de la grâce. Sa mort signe ainsi l’offrande de toute l’humanité dans la gloire de Dieu : ô Père, en tes mains, je remets mon esprit (Ps 30).

Voilà qui est à saisir et à ressaisir ! Voilà qui est à méditer et à approfondir dans l’horizon confiné de notre actualité : la mort sur une croix, humiliation infligée, est à la lumière de Jésus, (par Lui, avec Lui et en Lui), signe de gloire et d’élévation ; mieux Chemin du Salut révélé, Vérité de l’Amour témoignée, Vie de Dieu livrée.

La Croix : Chemin du salut révélé. La croix est le passage qui conduit au salut. Sur la croix et par elle, la révélation de Jésus : « Je suis le chemin » trouve tout son sens et sa signification. Car ici, sur la croix… de son côté sortit du sang et de l’eau (Jean 19, 31.34), se donne et se reçoit le salut de Dieu. Par le moyen du sang et de l’eau, sacrement du sacrifice de la croix, l’humanité est sauvée, libérée et délivrée.

La Croix : Vérité de l’Amour témoigné. La croix est le lieu lumineux où l’Amour est dit totalement et pleinement. Sur la croix et par elle, la proclamation de Jésus : « Je suis la vérité » est plus que jamais témoignée, authentifiée. En ce lieu de la croix, nous avons, de manière éloquente, toute l’explication de la réponse de Jésus à Pilate : « Moi, je suis né, je suis venu dans le monde pour ceci : rendre témoignage à la vérité » (Jean 18, 37), la Vérité du cœur de Dieu : l’Amour. Puisque Dieu est Amour

La Croix : Vie de Dieu livrée. Avec la croix du Christ, Dieu se donne, Dieu s’offre. C’est la vie de Dieu livrée. Sur la croix et par elle, la déclaration de Jésus : « Je suis la vie » est désormais confirmée et réalisée. C’est bien à la croix que la parole de Pilate : « Voici l’homme ! » (Jean 19, 5) prend toute la mesure de son actualité et l’acuité de sa résonance au-delà des limites du contexte. Jésus, Vie de Dieu livrée pour le monde, hier, aujourd’hui et demain.

  1. Pour prier, entrer en dialogue et aller plus loin.

« Ils lèveront les yeux vers celui qu’ils ont transpercé »En gardant à l’esprit la méditation qui précède, quel sens ce passage de l’Écriture trouve-t-il dans ma vie présente marquée par les soubresauts d’une pandémie qui affecte les capacités de l’esprit à s’élever et brise tout élan ?
En ces temps d’incertitudes et de grandes surprises, ce passage me donne et me fait-il encore signe, à la manière d’être et d’agir chrétiennement ?
Dans ma situation actuelle de confinement qui génère interrogations pour demain dans un aujourd’hui inquiétant, quelle place je donne à la prière ?
Dans ce contexte où le monde virtuel de l’image remplace le monde réel des corps, quel sens accorder à la contemplation de la croix et à l’adoration de Dieu en esprit et en vérité ?
Ce passage ! Que me dit-il de mon regard ? Ai-je le regard levé au ciel ou baissé contre terre ? (Le regard levé au ciel, j’entends bien, est celui qui se pense et se repense, s’invente et se réinvente, se ressource et prie. Cependant, le regard baissé contre terre est celui qui se fige, se laisse glisser, se lâche et se résigne, se ferme et s’enferme).
Comment je continue dans ce contexte de Covid19 comme une passion qui dure, à garder foi, espérance et amour en Jésus, vrai-Dieu et vrai-homme, Crucifié ? De quelle manière, je peux regarder la Croix de Jésus : Chemin du salut révélé, Vérité de l’Amour témoignée, Vie de Dieu livrée ?
Que notre regard en soit un de silence, un d’appel, un de confiance. Comme le psalmiste : En toi, Seigneur, j’ai mon refuge…Moi je suis sûr de toi…je dis : « tu es mon Dieu ! ». Mes jours sont dans ta main : délivre-moi des mains hostiles qui s’acharnent… (Ps 30).
Père Davy

Message tridum pascal

Chers paroissiens, en ce jeudi Saint, entrant dans le tridium pascal, prenons le temps de la méditation, de la prière et l’adoration, le temps d’avancer avec Jésus vers la joie de Pâques, la résurrection du Christ, cœur de notre foi

Confinement, subir le temps ou choisir de le vivre ?

Ces derniers jours, le temps a comme ralenti. Il se fait pesant. La vie ne s’arrête pas pendant le confinement, c’est les conditions de la vie qui sont changées.  Ce temps peut être mis à disposition pour nous recentrer sur l’essentiel, sur notre relation à Dieu dans la prière et la lecture de la Parole, sur notre relation aux autres, pour découvrir les signes que Dieu nous fait dans cette épidémie pour transformer notre vie.

Le mercredi des Cendres, nous commencions le carême, 40 jours pour se préparer, se purifier, se tourner vers Dieu et vers les autres. Carême qui s’achève le dimanche des rameaux, ou plutôt que de se terminer vient s’accomplir dans la Semaine Sainte qui commence.

Ce temps nous a permis de nous préparer dans la prière, le jeûne et le partage, à vivre avec le Christ sa passion, sa mort et sa résurrection le jour de Pâques. Carême très particulier cette année, vécu dans le confinement qui bouleverse nos habitudes et notre rythme de vie. Quel a été notre parcours pendant ce carême, comment l’avons nous vécu ? Avons nous pris le temps de vivre les engagements pris au début de notre carême ?

dimanche des Rameaux : Jésus acclamé, reconnu comme Seigneur, le messie attendu, fils de David, Emmanuel, Dieu avec nous. La foule acclame celui qui entre solennellement dans Jérusalem vient sauver l’humanité, la libérer de l’esclavage du péché et de la mort.

Mais cette foule est versatile, comme nous le sommes souvent, et retournera sa parole.
Ceux qui acclament Jésus avec leurs rameaux, « Hosanna au Fils de David », crieront « à mort, crucifie-le » le vendredi saint. 
Cela nous place chacun au cœur de notre faiblesse, de la fragilité de notre foi, de notre reniement.

Jeudi saint : Jésus serviteur, le plus petit, le plus humble ; Jésus Eucharistie

Jésus serviteur qui s’abaisse aux pieds de ses apôtres, qui prend soin du corps des apôtres en leur lavant les pieds avant le repas et nous montre ainsi le chemin du service de notre prochain, comment être toujours et partout attentif à tous nos frères, proche du malade, de l’isolé, du plus précaire, comment toujours plus aimer, aimer Dieu et aimer nos frères, les deux plus grands commandements donnés par le Christ.
Jésus eucharistie qui se donne dans le pain et le vin au cours du repas de la Cène, corps livré et sang versé, nourriture pour le salut de toute l’humanité, pour les siècles des siècles.
Jésus médecin des corps, médecin des âmes.

Vendredi saint : Jésus souffrant, Jésus crucifié.

Jésus victime innocente, jugé, condamné à mort qui souffre sa passion sous les coups de ses bourreaux et qui porte sur ses épaules le bois de la croix, poids de tout le péché de l’humanité, poids de mon propre péché.
Jésus crucifié qui meurt sur la croix, abandonné de la plupart des siens, renié par les plus fidèles ; Jésus victime innocente offrant sa vie pour le salut de tous, qui se donne par amour pour toute l’humanité, par amour pour chacun d’entre nous, sublimation de l’Amour

Samedi Saint : Jésus repose dans la mort, l’humanité pleure et prie.

Pâques : Jésus glorieux, Jésus ressuscité sauveur du monde

Jésus ressuscité, Jésus le Vivant, sorti du tombeau vainqueur de la mort et du péché, Jésus sauveur, Jésus glorieux, roi de l’univers. Jésus qui apparaît de nombreuses fois à ses apôtre et ses proches, témoignant de la vérité de sa résurrection.
Jésus qui s’élève dans sa gloire et monte vers son Père, d’où il nous envoie l’Esprit Saint pour nous guider, Jésus qui reviendra dans cette même gloire lorsque les temps seront accomplis pour nous emmener avec Lui dans le Royaume de Dieu.
Jésus qui s’élève dans sa gloire et monte vers son Père, d’où il nous envoie l’Esprit Saint pour nous guider, Jésus qui reviendra dans cette même gloire lorsque les temps seront accomplis pour nous emmener avec Lui dans le Royaume de Dieu.

Père Jean-Hugues Malraison


HOMÉLIE DU JEUDI SAINT 2020

Au cours de la Messe de la Cène du Seigneur, le dernier repas du Christ avec ses Apôtres la veille de sa mort sur la Croix,

« l’Église commémore [trois choses] : l’institution de l’Eucharistie, le sacerdoce ministériel et le commandement nouveau de la charité, laissés par Jésus à ses disciples » (Benoît XVI). Je voudrais axer cette brève méditation essentiellement sur l’institution de l’Eucharistie et sur le don du commandement nouveau de la charité.

L’institution de l’Eucharistie par Jésus souligne un aspect capital de la messe, à savoir qu’elle est un sacrifice. Chaque fois que nous célébrons la sainte messe, chacun de nous est rendu contemporain de la Croix du Christ. L’Eucharistie « rend présent et actualise le sacrifice que le Christ a offert à son Père, une fois pour toutes, sur la Croix, en faveur de l’humanité » (Catéchisme de l’Église Catholique). A ce titre, Jésus est l’Agneau de la Pâque nouvelle, qui rappelle l’agneau dont Dieu s’était servi pour réaliser la libération du peuple juif de l’esclavage. Jésus est la victime pour nous libérer de l’esclavage du péché, il est le « pain rompu pour un monde nouveau ».

En instituant le saint sacrifice de la messe le Jeudi saint, Il a dit : « Faites cela en mémoire de moi ». Par ces paroles, il s’est donné à nous qui sommes son Eglise dans la confiance, par amour, sans distinction aucune. Sous les espèces du pain et du vin, Il se rend présent avec son corps donné et avec son sang versé.

Il nous faut accueillir avec joie et dans l’action de grâce ce don offert par amour pour le salut du monde. Même lorsque nous suivons la messe de loin en cette période particulière de confinement. Au moment de la communion, nous pouvons faire une communion spirituelle en récitant par exemple cette belle prière que le pape François nous a proposée le 21 mars dernier :

« Mon Jésus, je crois que tu es réellement présent dans le Très-Saint Sacrement de l’autel. Je t’aime par-dessus toute chose et mon âme te désire. Puisqu’à présent je ne peux pas te recevoir de façon sacramentelle, viens au moins spirituellement dans mon cœur. Et comme tu es venu, je t’embrasse et je m’unis entièrement à toi. Ne permets pas que je sois jamais séparé de toi ».

L’Évangile du Jeudi saint nous révèle une caractéristique importante du sacrement de l’Eucharistie. Saint Jean, à la différence des autres évangélistes qui relatent l’institution de l’Eucharistie, rapporte, à la place, l’épisode du lavement des pieds par Jésus, qui « aima les siens jusqu’au bout » (Jn 13, 1b). Comme pour dire qu’« On ne peut pas comprendre l’Institution de l’Eucharistie sans entrer dans la logique de l’Amour. L’Amour conduit à se donner. C’est sa caractéristique principale […] L’Eucharistie, autre forme du don de Jésus, est la plus haute manifestation ici-bas sur terre de l’Amour. Par conséquent, tous ceux qui fréquentent ce sacrement, en le recevant physiquement, spirituellement, en l’adorant, ont accès à la plus haute source de l’Amour qui se déverse sur le monde et dans nos vies ». Remplis de l’amour de Jésus, nous devons, nous aussi, comme lui, nous laver mutuellement les pieds, c’est-à-dire nous rendre mutuellement service, car « C’est un exemple que je vous ai donné afin que vous fassiez, vous aussi, comme j’ai fait pour vous » (Jn 13, 15).

L’épreuve que nous traversons en cette période peut être l’occasion pour nous de percevoir cet appel à la charité. Comme nous l’a récemment rappelé le pape François, à l’occasion de la bénédiction ‘‘à la ville et au monde’’, nous sommes « tous appelés à ramer ensemble, tous ayant besoin de nous réconforter mutuellement […] Le Seigneur nous invite à réveiller puis à activer la solidarité et l’espérance capables de donner stabilité, soutien et sens en ces heures où tout semble faire naufrage. Le Seigneur se réveille pour réveiller et raviver notre foi pascale ».


Père Basile

Texte de Pierre-Alain Lejeune, prêtre à Bordeaux

Et tout s’est arrêté…..

Ce monde lancé comme un bolide dans sa course folle, ce monde dont nous savions tous qu’il courait à sa perte mais dont personne ne trouvait le bouton « arrêt d’urgence », cette gigantesque machine a soudainement été stoppée net. A cause d’une toute petite bête, un tout petit parasite invisible à l’œil nu, un petit virus de rien du tout…Quelle ironie ! Et nous voilà contraints à ne plus bouger et à ne plus rien faire. Mais que va-t-il se passer après ? Lorsque le monde va reprendre sa marche ; après, lorsque la vilaine petite bête aura été vaincue ?

A quoi ressemblera notre vie après ?

Après ?

Nous souvenant de ce que nous aurons vécu dans ce long confinement, nous déciderons d’un jour dans la semaine où nous cesserons de travailler car nous aurons redécouvert comme il est bon de s’arrêter ; un long jour pour goûter le temps qui passe et les autres qui nous entourent.

Et nous appellerons cela le dimanche.

Après ?

Ceux qui habiteront sous le même toit, passeront au moins 3 soirées par semaine ensemble, à jouer, à parler, à prendre soin les uns des autres et aussi à téléphoner à Papy qui vit seul de l’autre côté de la ville ou aux cousins qui sont loin.

Et nous appellerons cela la famille.

Après ?

Nous rirons en pensant à avant, lorsque nous étions tombés dans l’esclavage d’une machine financière  que nous avions nous-mêmes créée, cette poigne despotique broyant des vies humaines et saccageant la planète. Après, nous remettrons l’homme au centre de tout parce qu’aucune vie ne mérite d’être sacrifiée au nom d’un système, quel qu’il soit.

Et nous appellerons cela la justice.

Après ?

Nous nous souviendrons  que ce virus s’est transmis entre nous sans faire de distinction de couleur de peau, de culture, de niveau de revenu ou de religion. Simplement parce que nous appartenons tous à l’espèce humaine. Simplement parce que nous sommes des humains. Et de cela nous aurons appris que si nous pouvons nous transmettre le pire, nous pouvons aussi nous transmettre le meilleur. Simplement parce que nous sommes humains.

Et nous appellerons cela l’humanité.

Après ?

Dans nos maisons, dans nos familles, il y aura de nombreuses chaises vides et nous pleurerons celles et ceux qui ne verront jamais cet après. Mais ce que nous aurons vécu aura été si douloureux et si intense à la fois que nous aurons découvert ce lien entre nous, cette communion plus forte que la distance géographique. Et nous saurons que ce lien qui se joue de l’espace, se joue aussi du temps ; que ce lien passe par la mort. Et ce lien entre nous qui unit ce côté-ci et l’autre de la rue, ce côté-ci et l’autre de la mort, ce côté-ci et l’autre de la vie,

Nous l’appellerons Dieu.

Après ?

Après ce sera différent d’avant mais pour vivre cet après, il nous faut traverser le présent. Il nous faut consentir à cette autre mort qui se joue en nous, cette mort bien plus éprouvante que la mort physique. Car il n’y a pas de résurrection sans passion, pas de vie sans passer par la mort, pas de vraie paix sans avoir vaincu sa propre haine, ni de joie sans avoir traversé la tristesse. Et pour dire cela, pour dire cette lente transformation de nous qui s’accomplit au coeur de l’épreuve, cette longue gestation de nous-mêmes, pour dire cela, il n’existe pas de mot. 

Rameaux 2020

Chers amis du Christ, nous voilà au seuil de cette semaine Sainte, et nous y entrons par le porche que constitue la fête des Rameaux. Il y a beaucoup de monde dans les deux évangiles que nous avons entendu aujourd’hui ; il y a foule autour du Christ pour assister au drame qui se joue. Par la présence de cette foule nombreuse qui s’exprime, et qui tranche avec celle, souvent clairsemée, qui écoutait distraitement l’enseignement du Christ sur les routes de Galilée, on sent bien qu’il y a quelque chose de grave qui va se nouer… Mais à y réfléchir, et à voir nos comportements, ne sommes-nous pas, nous chrétiens, plus souvent que nous ne le pensons, cette foule des Rameaux ? Celle qui acclame aujourd’hui le Christ en jetant manteaux et rameaux sur le passage de cet étrange cortège, et celle qui condamnera, quelques jours plus tard…

Dans le premier tableau, les disciples sont là, entourant le Maître monté sur une ânesse ; étrange cortège en effet… Mais malgré l’enthousiasme de l’instant, malgré les hourras et autres Hosanna de la foule, les disciples sont inquiets… et ils ont raison, car cette foule est changeante. L’histoire est riche en exemples de retournements d’opinion. Les hommes savent mettre rapidement à mort ceux qu’ils ont encensés. Le seul qui ne se fait guère d’illusion ici, c’est bien celui qui la connaît le mieux, lui qui lui a si souvent parlé ; elle qui l’a pourtant si peu écouté…

Il ne lui a pourtant pas fait de fausses promesses. Il a rappelé, constamment, cette vérité, cette justice et cette grandeur de l’homme dont il était, au nom de Dieu, le messager, et même beaucoup plus : l’incarnation et la présence. Il a guéri les malades, nourri les affamés, relevé les blessés, rendu la vue aux aveugles, donné confiance à ceux qui doutaient d’eux-mêmes. Il a même donné de la joie, lorsque la fête pouvait être ternie ; et surtout, surtout, il a rendu aux anonymes leur visage et leur nom.

Oui, on le sait : elle changera rapidement d’avis cette foule. En écoutant et en suivant des orateurs au discours sans relief, sans conviction même, et muets comme Pilate qui ne sait comment venir à bout de ce jugement. Mais la foule veut du spectacle, comme nous souvent nous réclamons de gros titres à la presse qui finalement anticipe nos désirs… Cette foule qui réclamera la mort du Christ à grands cris, et qui oublie un peu vite tous les miracles faits pour ceux qui attendaient quelque chose de lui. Tout au plus, lorsque la croix meurtrira son épaule, lorsqu’il tombera par trois fois, et par trois fois lorsqu’il parviendra à se relever au prix de terribles souffrances, cette foule acceptera t’elle de verser quelques larmes, tout en se frayant une place sur les bords du chemin qui va conduire notre Seigneur au calvaire et à la mort.

Ne faisons-nous pas, nous, amis du Christ, encore aujourd’hui, parti de cette foule qui acclame et qui condamne. Tous, à différents niveaux, dans de multiples situations, et sous différents visages.

Et si, dans cette foule d’anonymes et dispersée aujourd’hui, et dont nous sommes, avaient lieu quelques conversions ?

Texte : Thierry Merle Diacre
Photo : La vie de Jésus Christ

Pastorale santé

Aux personnes en attente de nos visites,

Chers tous,

L’épidémie de coronavirus nous oblige en ce début de printemps à cesser les visites que nous pouvions faire à votre domicile pour partager la Parole de Dieu et vous porter la communion. Le confinement qui est nécessaire pour ralentir la progression de la maladie ne nous autorise plus à vous rencontrer physiquement mais nous continuons à vous porter dans notre prière.

Restons dans la confiance et continuons notre route avec Dieu dans « cette tempête inattendue et furieuse » !

Le sacrement des malades prévu initialement en Église pour le dimanche de la Miséricorde sera reprogrammé dès que cela sera rendu possible.

Béatrice Merle 06 06 53 26 02

MÉDITATION DU CINQUIÈME DIMANCHE DE CARÊME ANNÉE LITURGIQUE « A »

Proposée par le Père Davy Bassila Benaz
Ezékiel 37, 12-14. Psaume 129 (130). Romains 8, 8-11. Jean 11, 1-45

P
Du 1er au 5ème dimanche de Carême, notre cheminement vers Pâques s’illumine de signes. Signe de la Parole au désert de la tentation. Signe de la Croix au mont Thabor de la Transfiguration. Signe de l’Eau au puit avec la samaritaine. Signe de la Lumière à la sortie du Temple avec l’aveugle-né guéri. Signe, aujourd’hui, du Linge blanc au tombeau signifiant la re-naissance, le retour à la vie de Lazare. Voilà qui nous plonge dans les profondeurs de notre baptême et nous introduit dans le cœur de Dieu qui fait de nous ses fils par le Fils dans l’Esprit Saint.

P
Par Amour, Dieu notre Père, Seigneur de l’univers, appelle ses enfants à la vie : «…j’ouvrirai vos tombeaux et vous en ferai remonter, ô mon peuple ! » (1ère Lecture). Par Grâce de l’Esprit Saint, Il nous arrache au pouvoir de la mort : « Dieu… donnera aussi la vie à vos corps mortels par son Esprit qui habite en vous » (2ème lecture). Par son fils Jésus-Christ, la Résurrection et la Vie, qui ne retînt pas ses larmes au point de pleurer son ami, en effet, du tombeau va jaillir la vie : « Lazare, viens dehors ! Et le mort sortit » (Évangile). Que cette liturgie nous fasse entrer dans la contemplation de Dieu, source d’Amour dans le Père, de Grace par l’Esprit Saint et de Vie en Jésus-Christ.

P
A Béthanie, au lieu du tombeau, Jésus cria d’une voix forte : « Lazare, viens dehors ! » Et le mort sortit…A Nous qui sommes, aujourd’hui, dans la grotte fermée par la pierre de la pandémie, laissons la force du cri de Jésus nous sortir de cet enfermement pour croire et voir la gloire de Dieu.
A toi aussi, Jésus dit : sort du tombeau de la désespérance qui travaille ce monde menacé par le covid19 pour retrouver l’espérance qui fait avancer, progresser, mobiliser et aller. A toi écrasé par le poids du réel affligeant, accueille cet appel de Jésus : vis ; n’arrête pas de désirer dans le sens de croire, d’aimer et d’espérer. A toi actuellement confiné, diminué et réduit par la force des événements, que ce cri de Jésus libère ton esprit, délivre ta conscience de ce qui l’inquiète, arrache ton humanité de ce qui la retient esclave
Toi mon frère, toi ma sœur qui a un cœur pour écouter, laisse ce cri puissant de Jésus faire chemin à l’intérieur de toi. Qu’il arpente en toi les voies d’une Béthanie où ton âme se ressource et puise force et énergie. A toi le Lazare des temps actuels, laisse le cri de Jésus te rejoindre : « viens dehors ! »

P
De quelle manière je cherche à m’ouvrir et à m’ajuster à la Parole de Dieu en ces temps d’épreuve ? A quelle conversion m’appelles-tu Seigneur en ces jours de grande inquiétude et de peur ? Comment ressaisir la vie de Dieu en moi dans un moment troublé et où l’actualité laisse place aux larmes et au bruit du deuil et de la douleur.

En ce Carême 2020, Seigneur viens à mon secours. « Des profondeurs je crie vers toi, …Dieu, écoute mon appel. Que ton oreille se fasse attentive au cri de ma prière !…Mon âme attend…plus qu’un veilleur ne guette l’aurore… » (Psaume 129).