Rameaux 2020

Chers amis du Christ, nous voilà au seuil de cette semaine Sainte, et nous y entrons par le porche que constitue la fête des Rameaux. Il y a beaucoup de monde dans les deux évangiles que nous avons entendu aujourd’hui ; il y a foule autour du Christ pour assister au drame qui se joue. Par la présence de cette foule nombreuse qui s’exprime, et qui tranche avec celle, souvent clairsemée, qui écoutait distraitement l’enseignement du Christ sur les routes de Galilée, on sent bien qu’il y a quelque chose de grave qui va se nouer… Mais à y réfléchir, et à voir nos comportements, ne sommes-nous pas, nous chrétiens, plus souvent que nous ne le pensons, cette foule des Rameaux ? Celle qui acclame aujourd’hui le Christ en jetant manteaux et rameaux sur le passage de cet étrange cortège, et celle qui condamnera, quelques jours plus tard…

Dans le premier tableau, les disciples sont là, entourant le Maître monté sur une ânesse ; étrange cortège en effet… Mais malgré l’enthousiasme de l’instant, malgré les hourras et autres Hosanna de la foule, les disciples sont inquiets… et ils ont raison, car cette foule est changeante. L’histoire est riche en exemples de retournements d’opinion. Les hommes savent mettre rapidement à mort ceux qu’ils ont encensés. Le seul qui ne se fait guère d’illusion ici, c’est bien celui qui la connaît le mieux, lui qui lui a si souvent parlé ; elle qui l’a pourtant si peu écouté…

Il ne lui a pourtant pas fait de fausses promesses. Il a rappelé, constamment, cette vérité, cette justice et cette grandeur de l’homme dont il était, au nom de Dieu, le messager, et même beaucoup plus : l’incarnation et la présence. Il a guéri les malades, nourri les affamés, relevé les blessés, rendu la vue aux aveugles, donné confiance à ceux qui doutaient d’eux-mêmes. Il a même donné de la joie, lorsque la fête pouvait être ternie ; et surtout, surtout, il a rendu aux anonymes leur visage et leur nom.

Oui, on le sait : elle changera rapidement d’avis cette foule. En écoutant et en suivant des orateurs au discours sans relief, sans conviction même, et muets comme Pilate qui ne sait comment venir à bout de ce jugement. Mais la foule veut du spectacle, comme nous souvent nous réclamons de gros titres à la presse qui finalement anticipe nos désirs… Cette foule qui réclamera la mort du Christ à grands cris, et qui oublie un peu vite tous les miracles faits pour ceux qui attendaient quelque chose de lui. Tout au plus, lorsque la croix meurtrira son épaule, lorsqu’il tombera par trois fois, et par trois fois lorsqu’il parviendra à se relever au prix de terribles souffrances, cette foule acceptera t’elle de verser quelques larmes, tout en se frayant une place sur les bords du chemin qui va conduire notre Seigneur au calvaire et à la mort.

Ne faisons-nous pas, nous, amis du Christ, encore aujourd’hui, parti de cette foule qui acclame et qui condamne. Tous, à différents niveaux, dans de multiples situations, et sous différents visages.

Et si, dans cette foule d’anonymes et dispersée aujourd’hui, et dont nous sommes, avaient lieu quelques conversions ?

Texte : Thierry Merle Diacre
Photo : La vie de Jésus Christ

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