10 Octobre 2021
Sagesse 7,7-11 ; Hébreux 4,12-13 ;Marc 10,17-30
Au 13ème siècle, Frédéric II (+1250), roi de Sicile, empereur du Saint Empire
Romain Germanique ; homme savant, féru d’art et de science, fit une
expérience cruelle.
Pour savoir quelle langue parleraient des enfants à qui on ne parlerait jamais,
il fit enfermer dans une pièce des nouveaux- nés, leur fit donner les soins que
nécessitait leur état, mais interdit formellement qu’on parle en leur présence.
Ces enfants ont dépéri et sont morts assez rapidement. La parole est donc
indispensable à la vie.
Il en est de même de la Parole de Dieu. Elle est indispensable à la vie du
chrétien. Sans la Parole, la foi s’étiole, la vie spirituelle est inexistante.
« La parole de Dieu est vivante, énergique, plus tranchante qu’une épée »
avons-nous entendu dans la deuxième lecture. Mais pour être salvifique, la
parole de Dieu, quand elle à été écoutée, doit être entendue c’est-à-dire vécue.
Parce qu’elle n’est pas une parole humaine, mais une parole divine, qui va au-delà
de notre compréhension, elle permet de passer au-dessus des idées
reçues, des sensations, des sollicitations et des agressions de notre vie.
Le monde actuel, sanglé dans son autosuffisance, se prive de cette parole.
C’est pourquoi naissent les désordres, les dérives les transgressions, et de ce
fait les drames que nous connaissons dans la société et même dans l’Église.
Quand il n’y a plus de garde-fou le long de la route, le précipice attire, et la
catastrophe est inévitable.
Quant à nos questionnements sur le fait que de tels actes,(ceux révélés par le
rapport de la Ciase sur la pédophilie dans l’Église) aient pu être perpétrés par
des personnes en responsabilités, ayant reçu, médité, enseigné la Parole de
Dieu, je pense que nous pouvons nous mettre modestement en face de ce que
dit Saint Pierre dans sa première lettre : « Soyez sobres, soyez vigilants, votre
adversaire, le démon, comme un lion qui rugit, va et vient, à la recherche de sa
proie » (1Pierre 5,8)
Arrêtons- nous maintenant sur l’Évangile du jour et sur quelques mots lourds de
sens.
« Jésus posa son regard sur lui, et il l’aima.» entre-nous, je préfère l’ancienne
traduction : (Jésus se mit à l’aimer)
Comme si Jésus ne l’aimait pas déjà, comme si Dieu n’aimait pas ses enfants de
la même mesure, sans condition, sans limite !
En fait Jésus se serait mis à l’aimer d’une façon particulière, parce qu’il a lu
dans la réponse de ce juif pieux, toute sa détresse, car sa bonne foi et sa
bonne volonté sont mises en doute ; « maître, j’ai observé tous ces
commandements depuis ma jeunesse »
Oui, notre Dieu est aussi un homme qui a de la peine avec ceux qui ont de la
peine, qui soufre avec ceux qui souffrent.
« Alors Jésus se mit à l’aimer » comme notre Dieu, qui aime encore plus ceux
qui sont « les plus petits d’entre les siens »
Cependant la compassion n’est pas la faiblesse. Malgré la souffrance qu’il sent
dans l’attitude de son interlocuteur, il lui demande encore plus pour mériter le
Royaume : « va, vends ce que tu as, donnes le aux pauvres puis viens et suis moi
» L’invitation à vendre ses biens n’est pas la plus importante, elle n’est
faite que parce qu’elle conditionne l’appel; « viens et suis moi »
Nous avons bien compris que cet appel concernait cet homme en particulier.
Il n’est pas adressé à la cantonade. C’est un appel ciblé comme on dit
aujourd’hui.
Suivre Jésus est une voie royale personnelle, qui dépasse de loin toutes les
richesses du monde
Consacrer sa vie au Christ, à l’Évangile n’a pas son équivalent sur terre.
L’appel est certes exigeant. Saint Paul s’adressant aux Romains dit: « j’estime
que les souffrances du temps présent sont sans commune mesure avec la gloire
qui doit être révélée en nous. »
Monseigneur Joseph Doré, ex archevêque de Strasbourg disait : « N’espérez pas
suivre le Christ sans porter, avec lui, sa croix »
« Viens et suis moi» C’est un appel qui nous est adressé à tous personnellement,
mais toujours dans la limite de nos moyens. Un de mes amis, diacre a cette
belle formule : Dieu est un bon patron, il nous donne toujours les bons outils au
bon moment
Ce qui est important c’est la réponse à l’appel, car suivre le Christ c’est vivre.
Maintenant, permettez-moi de revenir sur cette image utilisée dans l’Évangile
et qui pose problème ; celle du chameau qui peut plus facilement passer par le
trou d’une aiguille qu’un riche entrer dans le Royaume. Il s’agit d’une
métaphore dont les orientaux sont friands, une exagération visant à faire
comprendre une idée complexe.
Cette expression semble être tirée d’une situation réelle. A Jérusalem, la porte
de l’aiguille, était si étroite et si basse que les chameaux ne pouvaient pas la
franchir sans être débâtés et déchargés de leurs fardeaux.
Maurice Zundel dit : « nous devons nous dés-approprier de nous-mêmes pour
laisser place au Christ ».
Cette comparaison montre bien les exigences de la vie à la suite du Christ :
se délester de l’inutile se désencombrer des préjugés se défaire de l’avoir
pour ÊTRE ;
Jésus n’aime pas à demi-mesure. Jésus n’est pas une idée, mais un homme qui
peut dire « Viens et suis moi » parce qu’il a lui-même suivi la voie sur laquelle il
nous entraîne. Celle de la Vie Éternelle
Après cet Évangile nous sommes dans l’embarras. Suivre le Christ. D’ACCORD.
Mais Comment ?
Serai-je assez lucide ? Serai-je assez fort pour choisir, pour renoncer ?
La réponse : Se nourrir de la Parole de Dieu. L’éclairer par la prière, « Ne nous
laisse pas entrer en tentation », faire confiance à la force de l’Esprit, celle des
sacrements.
Et puis, Jésus ne nous a-t-il pas dit : « je suis avec vous tous les jours » et
aussi : « Rien n’est impossible à Dieu ». Amen
B.Buisson, diacre 10.10.21