Frères et sœurs, vous voudrez bien me pardonner, si cette homélie est un peu technique…
Le Concile Vatican II nous rappelle avec force que les Écritures sont l’âme de la foi. Une vérité qui a commandé la vie de l’Église au cours des premiers siècles, et qui, après un millénaire plutôt creux, revient en force aujourd’hui. Ces Écritures qui ouvrent d’ailleurs une dimension supplémentaire à nos débats sociétaux actuels, mais aussi aux problèmes anthropologiques que nous nous posons.
Et c’est peut être l’occasion pour nous, de mesurer l’ampleur et le poids du terme « révélation », que nous autres croyants réservons à la révélation de Dieu, mais qui se double en fait d’une révélation en la vérité de l’homme est de l’humanité. En effet, dans notre conjoncture incertaine, où l’ordre ancien a été déstabilisé par des nouveautés qui agressent les représentations traditionnelles, et banalisent les manipulations en tout genre, l’Ancien Testament vient déchiffrer l’histoire d’un peuple, éclairé par la lumière de Dieu qui l’accompagne, qui le guide, et qui le sauve.
Ainsi, la lecture du livre des proverbes, où la Sagesse de Dieu s’exprime, nous a dit : « Avant les siècles j’ai été formée, dès le commencement, avant l’apparition de la terre. Quand les abîmes n’existaient pas encore, je fus enfantée » Cela répond de manière affirmée que le monde n’existe pas par hasard ; que l’homme n’est pas là par hasard, mais que la création vient de Dieu, et que l’homme est son projet. « Qu’est ce que l’homme pour que tu penses à lui ? » avons-nous entendu dans le psaume. L’univers a une finalité, et toutes les lois de la physique et de la biologie convergent vers cette finalité qui est l’homme. Et nous seuls avons droit de connaître qui est à l’origine du monde et de la vie ; c’est là notre foi, et nous le redirons dans le Credo.
L’évangile nous ramène à la Sainte Trinité, ce Dieu trinitaire qui pose tant de questions -ou d’oppositions- aux adeptes des autres religions, et que nous avons souvent un peu de mal à définir. Il y aurait paraît-il plus de 1 000 livres écrits sur la Trinité, mais peut être est-il utile de revenir à l’occasion de cette fête, aux définitions les plus basiques. La Sainte Trinité existe pour nous, les hommes de passage sur cette terre, et pour nous seuls. Dieu, c’est le Dieu créateur, cause ultime de toutes les causes qui se sont enchaînées. Jésus Christ est venu sur terre il y a 2000 ans, donc, il y a 3000 ans, il n‘était pas là. Pas ici bas, mais comme dit dans le Credo, né du Père avant tous les siècles. Il est donc dans le sein de Dieu, dès l’origine, même si ce terme d’origine est peu adéquat. Le Christ est venu pour nous montrer son Père, et par là même, nous racheter et nous emmener vers lui lors de notre mort. L’Esprit Saint c’est Dieu qui parle par notre conscience ; il parle à tout le genre humain, à tous les hommes, croyants ou non ; mais pour le reconnaître et essayer de lui être docile, il faut questionner notre être.
Et auprès de Dieu, à notre mort, comment est-ce que les 3 s’articulent ? Et bien, auprès de Dieu, il y a Dieu seul, même si le Christ est en lui, et l’Esprit Saint aussi. Le Christ accompagne les hommes sur la route de la vie ; mais il a mis lui-même un terme : « Je suis avec vous, tous les jours, jusqu’à la fin des temps ». La fin des temps n’est pas une expression au hasard dite par le Christ, elle est une réalité, que nous éclaire d’ailleurs la science : avec la fin de l’univers, arrivera de façon concomitante la fin du temps. Tout le genre humain sera alors avec le créateur, et quelque part, à ce moment là, toutes les religions reconnaîtront le même Dieu.
Remercions l’Église d’avoir donné une fête pour célébrer la Sainte Trinité, et réfléchir à ce mystère qui nous rapproche un peu plus de la réalité de Dieu.
Thierry Merle Diacre