Le Christ Roi de l’univers année A
Ez. 34 , 1 Co 15, Mat 25, 31.46
La fête du Christ Roi a été instaurée en 1925 par le Pape PieXI pour contrecarrer le laïcisme ambiant qui avait conduit au début du XIX ème siècle à la suppression des états pontificaux. (Congrès de Vienne) L’Église a créé cette fête pour annoncer un Christ roi d’une société humaine égale en droits sociaux, en justice, et combattre les totalitarismes en Europe, qui allaient conduire aux agissements que l’on sait : la guerre, la Shoah
Fêter le Christ Roi de l’Univers est à la foi un pléonasme et une incongruité.
Un pléonasme, parce que dans la tradition juive : « Le Christ est celui qui a reçu l’onction de Dieu, et il est le chef du peuple » donc le roi ou encore le Berger.
Une incongruité, parce qu’il n’est pas imaginable qu’on puisse réduire Dieu à nos contingences humaines, fussent-elles de le mettre à la première place. Dieu est le Tout –Autre, l’indéfinissable. Une incongruité de vouloir donner au fils de Dieu une autorité temporelle, alors que toute sa vie humaine a été marquée par son humilité et son service des plus pauvres.
Il est né dans une étable, il a travaillé de ses mains, vécu avec les pauvres, prêché l’amour de ses ennemis, le pardon, le partage, et il est mort sur une croix comme un brigand.
Bien entendu la liturgie s’appuie sur l’ Évangile et sur lui seul pour célébrer cette fête. Et si le titre de roi est donné au Christ Jésus c’est plus par analogie avec le berger qui donne sa vie pour ses brebis, que pour marquer une domination. « Lui qui était de condition divine, s’est fait le serviteur de tous »( Ph 2) La liturgie de cette année A nous offre le chapitre 25 de l’Évangile de Matthieu qu’on appelle aussi du Jugement dernier. Matthieu nous parle d’un roi qui, comme le berger sépare les brebis des chèvres le soir venu au retour des troupeaux.
Mais il n’y a pas d’ambigüité. Dès le début du chapitre nous sommes fixés : « Quand le fils de l’homme viendra dans sa gloire, Il siègera sur son trône de gloire, toutes les nations seront réunies ; il séparera les hommes les uns des autres comme le berger sépare les brebis des boucs. »
Le roi de la parabole est donc Dieu, le juge universel qui interviendra à la fin des temps . Car il y aura bien un jugement. Mais y aura-t-il une condamnation ? Notre foi en la miséricorde divine nous fait espérer que non. Car personne n’est tout bon ni tout mauvais et le feu éternel ne peut pas détruire ce qui constitue la partie vertueuse d’une créature du Père.
A la requête d’Abraham pour sauver Sodome, « Le seigneur dit : Si je trouve dix justes dans la ville de Sodome, je ne la détruirai pas à cause de ces dix » (genèse 18-32)
Ainsi, ce roi (Dieu) sépare les hommes les uns des autres, et place à sa droite les élus: « Venez les bénis de mon Père… »
« Car vous m’avez donné à manger, donné à boire, vous m’avez accueilli, vous m’avez habillé, vous m’avez visité….etc »
Rien d’extraordinaire, rien qui soit hors de notre portée, rien que nous n’accomplissions déjà, à notre insu même. !
A tel point, que comme les justes, étonnés de la réponse de Jésus nous pouvons lui poser la question : « Quand est ce que nous t’avons vu ?. Quand sommes nous venus jusqu’à toi ? »
La réponse surprend : « Chaque fois que vous l’avez fait à un de ces petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait
Elle nous étonne aussi, et elle nous chagrine. Comment se fait il que nous n’ayons jamais vu le Christ dans le visage d’un frère ?… Notre égocentrisme sans doute ? Mais nous pouvons nous consoler, parce que l’essentiel a été fait. Au nom de notre humanisme, certes, mais n’est-ce-pas aussi l’humanité du Christ ?
Car ceux qui, sciemment, ne l’ont pas fait, seront jugés sévèrement, maudits et jetés dan le feu éternel. Certes, le trait est forcé, car nous ne pouvons pas imaginer que Dieu puisse condamner, sans rémission, ses propres enfants .
Dans son livre « La peste » Camus fait dire par le docteur Rieux au Père Paneloux : « Je me fais une autre idée de l’amour d’un Dieu créateur d’un monde où meurent des enfants»
Eh bien moi, je me fais une autre idée du Dieu dont la miséricorde dépasse toutes nos défaillances ! « Là où le péché abonde, la grâce surabonde. » (Romains 5,20)
Dimanche prochain, nous entrons dans le temps de l’Avent, la préparation à la naissance de Dieu chez les Hommes, et aussi, le temps où le Christ reviendra dans sa gloire. Le temps du Jugement dernier ou Dieu(Roi) fera toute chose nouvelle.
« Venez les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume préparé pour vous depuis le commencement du monde. »
Amen
Bernard Buisson, Diacre