Épiphanie 2021

Nous voilà à fêter l’Épiphanie, qui, dans les pratiques populaires, avec le tirage de la galette, n’est pas avare d’une belle dimension symbolique. Comme nous chrétiens, nous aimons connaître la source de la bonne eau qui peut couler dans la société, il n’est pas inintéressant de se poser la question du sens de cette fête. Je verrai trois enseignements qu’il nous faudrait retenir de la lecture de l’évangile du jour : les signes, les personnes, et leur comportement.
Les signes. Les mages ont suivi l’étoile, c’est-à-dire, ils ont scruté les signes qui pouvaient leur être donnés pour se mettre en route, et pour s’engager sur le chemin qui mène à la foi. C’est une question réelle qui est posée à l’ensemble de notre société : sommes-nous curieux des signes que Dieu nous envoie, ou nous fermons nous, sans vouloir discuter, face aux questions posées ? Dans une société où Dieu disparaît de l’horizon des hommes, il reste, alors que les jeunes font des études de plus en plus longues, à étudier les disciplines qui nous mettent directement devant le créateur, telles que celles qui se penchent sur l’homme (l’anthropologie, qui étudie l’homme et son origine), sur la nature (la biologie, qui étudie l’évolution et ses articulations) ou sur le cosmos (l’astrophysique, qui étudie l’univers, sa naissance et ses propriétés). Travailler ces questionnements est certainement une bonne entrée mieux comprendre que Dieu a créé l’univers pour l’homme, et qu’il a créé l’homme à son image…
Les personnes. Il faut le dire, le Christ, en recevant les bergers avant de recevoir les rois, remet les choses à l’endroit, et nous donne une formidable leçon d’humanité. Oui, le Christ a commencé, au tout début de sa vie, à recevoir les exclus : les bergers, qui à l’époque étaient les refoulés d’une société romaine fondée sur l’inégalité. Il les a fait passer avant ceux qui comptaient… Mieux même, après les pauvres, le Christ reçoit en la personne des rois, les païens… 1 les pauvres ; 2 les païens. Quelle pédagogie !
Ces païens, qui vivent un véritable déplacement, -parce qu’ils ont accepté d’étudier les signes-, alors que les croyants de Jérusalem eux ne bougent pas ; eux avaient leur certitude et ne voulaient pas être dérangés. On ne les verra pas d’ailleurs, installés dans leur superbe, et les grands prêtres n’arriveront que lorsque le Christ mettra le peuple en ébullition par son discours fondé sur le relèvement de toute personne. C’est ce que dit St Paul dans la deuxième lecture, « Toutes les nations sont associés au même héritage, au même corps, au partage de la même promesse dans le Christ Jésus par l’annonce de l’évangile ». 
Notre comportement. 3ème enseignement. Les mages, après avoir vu le Christ, sont repartis par un autre chemin. Un autre chemin, c’est-à-dire, eux les païens, ils se sont convertis. Nous, après avoir entendu cet évangile, après avoir contemplé la crèche, allons-nous repartir par un autre chemin ? Notre cœur va-t-il se convertir, ou allons nous rester au seuil de nos vies ? Car finalement, que nous dit l’évangile que nous entendons dimanche après dimanche sinon de nous demander, à nous humains, d’être tout simplement… humains.
Seigneur que ton Évangile nous convertisse et nous rende meilleurs ! Frères et sœurs, quand le prêtre ou le diacre repose l’évangéliaire après l’avoir fait acclamer, il dit à voix basse « Que cet évangile efface mes péchés ». C’est ce que je vous souhaite, à vous aussi, pour cette Épiphanie et cette nouvelle année.
Thierry Merle

SAINTE FAMILLE / B (Père Basile)

Dimanche de la Sainte Famille de Joseph, Marie et Jésus. C’est une fête qui prolonge admirablement la célébration de Noël. Aussitôt après la naissance de Jésus, la Sainte Famille est formée …


L’année liturgique B, les textes bibliques ont une particularité propre : au lieu de mettre l’accent sur les vertus familiales comme on aurait pu s’y attendre, ils insistent sur la foi. Nous avons là un autre aspect de cette fête qui nous rappelle que la foi est une dimension essentielle de la vie familiale. Si elle est présente dans nos familles, alors les vertus familiales peuvent s’y épanouir.
La première lecture et la seconde présentent Abraham comme un modèle de foi. Il a répondu oui à l’appel du Seigneur. Sans savoir où il allait, il a quitté son pays et sa famille. Il a seulement cru à l’accomplissement de la parole de Dieu qui lui promettait une descendance issue de son sang. Descendance qui s’accroît aujourd’hui en ceux que l’Esprit Saint engendre à la foi. A partir de l’exemple d’Abraham, nous pouvons retenir deux choses au sujet de la foi, à savoir : que celle-ci ne consiste pas « seulement [à] adhérer à des idées, des croyances ; c’est d’abord se mettre en route, s’engager sur le chemin que Dieu nous montre » ; que la foi nous aide à supporter les épreuves. Par rapport à cela, le message d’espérance que nous livre Noël, c’est qu’en Jésus, Verbe de Dieu fait chair, Dieu est avec-nous (Emmanuel) dans notre combat contre toutes sortes de souffrance – y compris la souffrance liée à la crise sanitaire.
Selon l’Épître aux Hébreux, la foi d’Abraham est tellement profonde que ce dernier est prêt, à la demande de Dieu, à offrir son fils Isaac, celui-là même qu’il a reçu en exécution de la promesse divine. Il offre son fils et, ainsi, manifeste sa disponibilité. Il est prêt à rendre à Dieu ce don reçu, ce don qui ne lui appartient pas totalement. L’épreuve au travers de laquelle Abraham est passé signifie et manifeste profondément que les enfants appartiennent à Dieu. A cet égard, la foi d’Abraham interpelle les parents. Ils ne doivent pas avoir vis-à-vis de leurs enfants une attitude possessive. Ils ne doivent pas chercher, dans les relations qu’ils établissent avec eux, leur propre satisfaction, mais le bien des enfants, le bien de ces créatures aimées de Dieu, qui doivent progressivement acquérir leur autonomie et vivre leur vocation propre.
Nous voyons dans l’Évangile comment Marie et Joseph prennent conscience de ce que Jésus n’est pas un bien qu’ils possèdent, mais une responsabilité, un don de Dieu qui continue d’appartenir à celui-ci plus qu’à eux. C’est ce qu’ils expriment lorsqu’ils le conduisent à Jérusalem pour l’offrir au Seigneur, c’est-à-dire pour reconnaître qu’il appartient à Dieu. Démarche de foi semblable à celle d’Abraham, qui voit en Dieu la source et la fin de tout bien.
L’exemple que nous donne la Sainte Famille est avant tout un exemple de foi. « Dans la vie familiale de Marie et Joseph, Dieu est au centre ; il l’est en la personne de Jésus. La famille de Nazareth est sainte parce qu’elle est centrée sur la personne de Jésus. Voilà l’idéal qui est proposé aujourd’hui à toutes nos familles, parents et enfants ». Leur socle, ce sera la foi,la confiance en Dieu, qui lui seul a un plan merveilleux pour nous. Sans oublier qu’avoir confiance en Dieu permet de tenir bon ; qu’avoir confiance en Dieu nous évite de douter de l’amour de Dieu envers nous et nous permet de persévérer dans la prière ; qu’avoir confiance en Dieu renforce notre relation avec Lui, nous donne d’entrer dans ses promesses et d’accueillir ses bénédictions.
Puissions-nous tous nous laisser éclairer par la Lumière des nations qu’est Jésus pour pouvoir la répandre autour de nous et vivre en amitié avec ce Fils de Dieu et unique sauveur du monde. Que la prière de Joseph, le gardien et le protecteur de la Sainte Famille, et de Marie, la Mère du Verbe incarné, obtienne la confiance de la foi à toutes les familles du monde pour qu’elles restent toujours fidèles à l’amour de Dieu.

Méditation de Noël

Et le Verbe s’est fait chair, il a habité parmi nous,
et nous avons vu sa gloire. ( Jn 1, 14 )

« Et voilà le signe qui vous est donné : vous trouverez un nouveau-né emmailloté et
couché dans une mangeoire ». ( Lc, 2, 12 )

« Rien de merveilleux, rien d’extraordinaire, rien d’éclatant n’est donné comme signe aux bergers, Ils verront seulement un enfant entouré de langes qui, comme tous les enfants, a besoin de soins maternels ; un enfant qui est né dans une étable et qui, de ce fait, est couché non pas dans un berceau, mais dans une mangeoire. Le signe de Dieu est l’enfant, avec son besoin d’aide et sa pauvreté ». ( Benoît XVI )
Une femme a tissé le corps de Dieu.
Une femme ravie a bercé son Dieu.
Une femme attentive a nourri le Fils de Dieu.
On l’appelle Marie, Mère de Dieu.
Un enfant nous a dit la paix de Dieu.
Un sauveur nous est né,
Grâce de Dieu.
Un enfant nous a dit l’âge de Dieu.
Un enfant nous est né,
Gloire de Dieu.
Un enfant nous a dit le cœur de Dieu.
Un enfant nous est né,
Amour de Dieu.


Dans le petit enfant de la crèche accueillons avec joie Jésus venu nous visiter, présent chaque jour dans sa Parole et dans l’eucharistie. Reconnaissons sa présence aimante au cœur de tous ceux que nous rencontrons.
Dieu a passé la nuit comme un guetteur.
La lumière de l’aube a brillé dans l’étable où Dieu nous a rejoints.
Les bergers s’en sont retournés sur leurs pâtures accompagnés du chant des anges,
« dans la paix des hommes qu’il aime. »
N’aie donc pas peur de vivre !

Dieu lui-même a marché en nos chemins, nous invitant à le suivre avec son Fils.
Il est allé de Bethléem aux rives du lac de Galilée.
Il a marché vers la Montagne de Sion, et s’est offert sur la colline du Golgotha.
Il est ressuscité, pour nous conduire au Père.
Ne t’arrête pas ! Marche à sa suite !
N’aie donc pas peur de vivre !

« Gloire à Dieu au plus haut des cieux
et paix sur la terre aux hommes qu’il aime. »


Joyeux Noël à chacun de vous, que Dieu vous bénisse.

Père Jean-Hugues Malraison



MESSAGE AUX JEUNES

DANS L’ESPÉRANCE, JOYEUSES FÊTES DE NOËL ET DE NOUVEL AN

Chers Jeunes de l’aumônerie et vous leurs Parents ; Chers Animateurs sans oublier vos familles, Chers Jeunes de nos deux paroisses (Saint Pierre en Pays Roussillonnais et Notre Dame des Sources en Sanne Dolon),
Dans l’espérance, je viens vers vous pour vous partager ces mots de cœur qui chantent en douce musique l’esprit de Noël, joie infinie de mon âme : Paix à vous et santé à tous égards.
L’Année 2020 qui va bientôt laisser place à 2021 nous aura exigé de vivre différemment. Différemment nos célébrations et nos histoires. Différemment nos rencontres et nos échanges. Différemment nos liens d’amitiés et de fraternité. Différemment nos apprentissages et nos enseignements. Différemment nos communications et nos partages. Voilà les signes par milliers, des passages, traces ineffaçables de l’espérance dans notre vie.
Certainement vous allez me demander : Père Davy, pourquoi nous parles-tu de l’espérance ? Je vous réponds : Parce que l’espérance fait vivre. Merci beaucoup, vous allez me dire. Et si l’espérance fait vivre, nous entendons peut-être bien ; pourrais-tu cependant nous dire : Ce que c’est que l’espérance ? Alors, écoutez ce que je vais vous dire.
Quand aujourd’hui tu entends crier : crise sanitaire…attention…interdit. Curieusement tu remarques, en même temps, que rien ne s’arrête. La vie continue. L’histoire se poursuit. Malgré le poids du réel lourd et pesant, tout redouble d’activité. C’est ça l’espérance.
Quand tout va mal autour de toi : absence de liens, de gestes empreints d’humanité ; difficulté d’être-avec et de faire avec. Curieusement tu vois, en dépit de cette morosité, que se créent des présences nouvelles d’être, s’inventent d’autres moyens de faire ; ainsi prend forme dans l’actualité des mises à jour pour vivre autrement. C’est ça l’espérance. Quand rien ne se passe comme tu voudrais : plus de motivations à se surpasser, défaut d’intérêt éprouvé pour le lendemain, manque de raison pour entreprendre quoi que ce soit. Curieusement et très étonné parfois, tu constates qu’en toi, comme une force intérieure aux allures insoupçonnées, te fais avancer et orienter vers l’avenir. C’est ça l’espérance.
Quand tout sombre sans ouvrir à aucun horizon : fatigue morale, carence d’énergie, angoisse, stress et parfois déprime. Curieusement tu te sens comme porter par quelque chose que tu ne sais pas définir ni bien expliquer (que moi j’appelle la grâce). C’est ça l’espérance.
Quand tout s’enlise dans la dépréciation sans aucune forme d’optimisme : déception, saturation d’ennuis et de soucis, occupations sans envergure ni conviction. Curieusement au-delà de toute attente, un potentiel équilibre vient tout refaire et renouveler. Alors passe le temps, les jours, les semaines et les mois, tu te vois encore là, debout. Et tu te demandes : Qu’arrive-t-il ? C’est ça l’espérance.
Quand tout baigne dans la contrariété et la lassitude : pensée négative sans ambition, considérations ravagées par le mépris des jours dans leurs réalités. Curieusement adviennent la perspective d’un regard qui prend de la hauteur, la possibilité d’une vision qui te projette, la patience de vivre. C’est ça l’espérance.
Quand tout s’agite, lacéré et ulcéré par la dictature mondaine : plus de profondeur ni d’enracinement, tout s’envole au gré du vent impétueux du relativisme. Curieusement s’offre à toi, une sorte d’intelligence qui t’accorde de conjuguer les trois temps majeurs de ta vie : le passé d’hier, le présent d’aujourd’hui et le futur de demain. Tout cela dans une configuration du Christ Jésus qui est le même hier, aujourd’hui et demain. C’est ça l’espérance.

Chers Jeunes,
Vous comprenez : Pour nous vivre, c’est le Christ. Lui notre Seule et Unique Espérance. Lui que nous accueillons comme don de Dieu, le plus grand cadeau que le Ciel nous fait à Noël. Lui qui nous accompagne à faire le passage à la fin de chaque année pour le début d’une nouvelle année. DANS L’ESPÉRANCE, JOYEUSES FÊTES DE NOËL ET DE NOUVEL AN.
A toi Jeune : « Que le Seigneur te bénisse et te garde ! Que le Seigneur fasse briller sur toi son visage, qu’il te prenne en grâce ! Que le Seigneur tourne vers toi son visage, qu’il t’apporte la paix ! » (Cf. Nombres 6, 22-27)
Père Davy B. B.

DANS L’ESPÉRANCE : AVANCE AU LARGE, AUJOURD’HUI !

« Celui qui a l’espérance vit différemment » (Spe Salvi, sur l’espérance chrétienne, §2)

L’Espérance, cette lumineuse orientation du cœur et force mobilisatrice de l’esprit, nous fait avancer, aujourd’hui au large. C’est-à-dire dans les profondeurs de notre humanité blessée par la suffisance hautaine de son avoir, brisée par l’arrogance de son savoir et diminuée par la démesure de son pouvoir. L’Espérance ouvre à nous l’horizon d’un regard autre que celui que le monde impose. Et nous fait vivre ainsi différemment.
« Celui qui a l’espérance vit différemment » dans le sens où les actes posés comme les actions menées ainsi que les gestes accomplis, donc tout l’être et le faire, racontent la qualité de la foi et donnent la mesure de l’amour de Dieu. L’Espérance, à l’essentiel, est la foi à l’œuvre et le reflet resplendissant de l’amour. Avancer au large, aujourd’hui, dans l’espérance c’est rendre raison de sa foi qui n’oublie pas les exigences de l’amour.
vance au large, aujourd’hui !Dans la tourmente, l’espérance mobilise. Dans le tourbillon des évènements, l’espérance fait oser. Dans la fatigue, l’espérance relève. Dans le découragement, l’espérance pousse. Dans l’enfermement, l’espérance ouvre. Dans le flou de l’actualité, l’espérance éclaire. Dans le marasme du quotidien, l’espérance fait tenir debout. L’Espérance nous fait habiter le présent avec la lumière du passé, tout en nous tournant vers le futur. Dans sa dynamique et sa force de propulsion, l’espérance demeure le parfait équilibre toujours recherché. Pour conjuguer dans l’actualité, le passé d’hier, le présent d’aujourd’hui et le futur de demain.
Avance au large, aujourd’hui ! « La prière comme école de l’espérance » (Spe Salvi, sur l’espérance chrétienne, §32). Quelle place occupe la prière dans ma vie ?
Avance au large, aujourd’hui ! « Tout agir sérieux et droit de l’homme est espérance en acte » (Spe Salvi, sur l’espérance chrétienne, §35). De quelle manière, dans le réel présent, je témoigne de l’espérance qui m’habite ?
Avance au large, aujourd’hui ! « Un monde sans Dieu est un monde sans espérance » (Spe Salvi, sur l’espérance chrétienne, §44). Que me dit cette parole de mon existence, du sens que je lui accorde, de mes projets, de mes orientations donc ma vision, de l’après vie sur terre ? Avec Marie, Mère de l’espérance (Jésus), allons au large ! (Père Davy B. B)

DIMANCHE 20 DÉCEMBRE 2020. 4E DIMANCHE DE L’AVENT. ANNÉE « B »

2 Samuel (7, 1-5. 8b-12. 14a. 16) ; Ps 88 (89) ; Romains (16, 25-27) ; Luc (1, 26-38)
DONNER DIEU AU MONDE

Noël est maintenant proche. Il vient, celui que nous attendons. Les lectures d’aujourd’hui nous disent l’espérance d’un peuple, la foi et la confiance de Marie en l’amour de Dieu.
Ce 4e dimanche de l’Avent, comme une porte qui devant nous s’ouvre, nous fait entrer dans le mystère de l’incarnation du Verbe : Dieu-avec-nous (l’Emmanuel).
Le « Oui » (fiat) de Marie : « Je suis la servante du Seigneur ; que tout m’advienne selon ta parole » éclaire notre liturgie. En elle, Marie, la Parole de ce dimanche trouve sens dans ce que Dieu nous dit et nous communique
Marie répond magnifiquement à l’appel adressé à David et à ses successeurs (1ère lecture). Ce n’est pas elle qui fait une place à Dieu dans sa vie. C’est Dieu qui lui donne de reconnaître que, par elle, il veut naître en l’homme, se rendre présent à notre histoire. Ainsi par l’obéissance de la foi, à Celui qui est le seul sage, Dieu, Marie rend possible la révélation d’un mystère gardé depuis toujours dans le silence, mystère maintenant manifesté (2ème lecture) : Jésus-Christ, Fils de Dieu, le Sauveur parmi les hommes. Marie donne Dieu au monde. ..
Et toi mon frère, et toi ma sœur ! Comment à ton tour, aujourd’hui, à la suite de Marie, tu donnes Dieu au monde ? Avec quelles dispositions, en cette année 2020 qui bientôt laisse place à 2021, tu t’avances vers cette naissance de Jésus, la nuit du 24 décembre ?
Marie est la parfaite image de l’Israël qui a su faire le passage de la promesse à l’accomplissement, de l’ancienne à la nouvelle alliance. Elle est la personnification du vrai peuple de Dieu qui tout à la fois engendre le Messie et cependant l’accueille comme un don gratuit d’en haut. N’est-elle pas le modèle de l’Église, qui doit rester tout au long de son histoire en disposition d’Avent ?
Par Marie, prions toujours, sans cesse et à jamais. Avec elle, avançons sur ce chemin de foi, d’espérance et d’amour ; chemin de l’éternelle alliance que Dieu vient sceller avec l’humanité par la naissance de son Fils.  (Père Davy B. B.)

Joie et espérance dans la 3ème semaine de l’Avent.

« Réjouissez-vous dans le Seigneur, soyez toujours dans la joie, le Seigneur est proche» L’antienne d’ouverture de la messe du 3è dimanche de l’Avent nous rappelle que c’est le dimanche de la joie, gaudete : le Seigneur est proche, il se fait l’un de nous
« Savoir que Dieu est proche, attentif et plein de compassion, (…), qu’il est un père miséricordieux qui s’intéresse à nous dans le respect de notre liberté, est motif d’une joie profonde » nous dit le Pape saint Jean-Paul II.
Dans la marche vers Noël qui est un temps de conversion et de pénitence nous commençons à voir poindre la lumière de Noël qui vient éclairer nos ténèbres et nous prépare à la joie.
La venue de l’enfant Jésus dans la crèche de Noël est le plus beau et le
premier cadeau que nous recevons. Jésus Sauveur, « Dieu parmi nous », se fait le plus proche, le plus humble, pour venir nous réconforter dans nos détresses et porter avec nous le joug de nos fardeaux. Se savoir accompagné, secouru, aimé est source d’une joie profonde et d’une grande paix intérieure.
Dans ces temps troublés, si difficiles, que nous traversons actuellement, Dieu en Jésus vient nous montrer le chemin qui nous ouvre aux autres, à ceux qui sont plus isolés, souffrants, désespérés, le chemin du don et du service, qui nous pousse à sortir de nous-mêmes, le chemin de l’Amour qui mène à la Vie.
A travers les siècles, nous voyons dans les écritures comment le Seigneur vient rejoindre notre espérance et nous réconforter
Ainsi dans le livre d’Isaïe le prophète s’adresse à un peuple touché par la
pauvreté et l’injustice. Il est envoyé par Dieu pour annoncer la délivrance à son peuple. C’est le Seigneur qui apporte la libération, la justice et le réconfort. Le peuple Hébreu trouve ainsi la joie et son accomplissement, l’Amour du Seigneur triomphera. « Je tressaille de joie dans le Seigneur, mon âme exulte en mon Dieu. / / 11 le Seigneur Dieu fera germer la justice et la louange devant toutes les nations » Is 61, 10
Marie est aussi dans cette même dynamique, lors de la Visitation, en louant
Dieu par le chant du Magnificat. Elle se réjouit de porter en elle le Seigneur.
Reprenant des paroles des psaumes et des prophètes elle exprime cette joie et rend gloire à Dieu, ce Dieu fidèle en tout ce qu’il dit :
« Mon âme exalte le Seigneur, exulte mon esprit en Dieu mon sauveur…
Le puissant fit pour moi des merveilles, Saint est son nom…
Il comble de biens les affamés, renvoie les riches les mains vides. Il relève Israël, son serviteur, il se souvient de son amour, de la promesse faite en faveur d’Abraham et de sa descendance à jamais. »
La joie de la foi, l’émerveillement devant la fidélité de Dieu à ses promesses et à son Alliance, l’action de grâce pour l’oeuvre de Dieu, la découverte de la
prédilection de Dieu pour les pauvres et les petits, tout est dit dans le chant du Magnificat.
Dans la nuit de Noël, le message des anges aux bergers est tout empreint de
cette joie :
« Alors l’ange leur dit : Ne craignez pas, car voici que je vous annonce une
bonne nouvelle, qui sera une grande joie pour tout le peuple : Aujourd’hui,
dans la ville de David, vous est né un Sauveur qui est le Christ, le Seigneur. / Et voici le signe qui vous est donné : vous trouverez un nouveau-né
emmailloté et couché dans une mangeoire. » (Lc 2, 10-11)
Non seulement l’ange annonce aux bergers cette grande joie, mais il leur en
donne une preuve. Ce n’est pas simplement une bonne Parole, il y a le signe
qui l’accomplit. Parole et signe, comme dans tout sacrement.
St Paul à son tour reprendra ce thème de la joie et de l’action de grâce dans sa lettre aux Thessaloniciens : « Frères, soyez toujours dans la joie, priez sans relâche, rendez grâce en toute circonstance : c’est la volonté de Dieu à votre égard dans le Christ Jésus. » et lui aussi donnera la preuve que cette Parole s’accomplit : « Il est fidèle, Celui qui vous appelle : tout cela, il le fera. »
Plus récemment, dans son exhortation apostolique Gaudete et exultate, le
pape François nous dit :
« « Soyez dans la joie et l’allégresse » dit Jésus à ceux qui sont persécutés ou
humiliés à cause de lui. Le Seigneur demande tout ; et ce qu’il offre est la
vraie Vie, le bonheur pour lequel nous avons été créés. »
De nos jours, il paraît difficile de se réjouir en voyant toutes les guerres qui
endeuillent trop de pays, face au terrorisme et aux nombreux attentats dans le monde et proches de nous, face à la persécution religieuse dans l’Église d’Orient et même en France, en cette période de crise sanitaire, financière,sociale, morale qui touche chacun de nous, peut on espérer être dans la joie ?
Oui car il s’agit de la joie profonde de l’assemblée croyante ; joie d’accueillir la Bonne Nouvelle de la Parole de Dieu ; joie de lire dans nos vies les signes de l’Esprit ; joie d’une vie fraternelle donnée dans l’amour.
Dans ce temps de joyeuse espérance qu’est l’avent, malgré les épreuves de la crise nous pouvons nous demander :
– Dans ma vie ai-je fait l’expérience personnelle de cette joie profonde qui
conduit à la paix ?
– Quels sont les signes que Dieu nous donne au quotidien pour garder vive
notre espérance ?
– Quelle est ma véritable espérance en tant que chrétien ?
Soyons donc tous ensemble dans cette dynamique d’espérance, croyons que Dieu nous donne sa joie et que ce n’est pas un vain mot mais une promesse qui s’accomplit dès aujourd’hui.
Que Dieu nous bénisse.
Père Jean-Hugues Malraison

Homélie 3ème dimanche de l’Avent, Gaudete

« Frères, soyez toujours dans la joie, priez sans relâche »
La Parole de ce dimanche nous dit bien avec force et insistance qu’il faut nous réjouir, que nous avons raison d’être joyeux, même en temps de crise. Car la joie est le baromètre de foi, de notre vie dans l’esprit ! Cette joie manifeste l’anticipation de la promesse qui va se réaliser à Noël.
C’est précisément de cette joie dont nous parle le prophète Isaïe. Il s’adresse à un peuple touché par la pauvreté et l’injustice. Il est envoyé par le Seigneur pour annoncer la délivrance à son peuple. C’est le Seigneur qui apporte la libération, la justice et le réconfort.
Le cantique de Marie est aussi tout entier placé sur le signe de la joie et la
reconnaissance. Marie reconnaît en Dieu le Tout puissant, le miséricordieux, celui qui tout au long de l’histoire a honoré l’Alliance avec son peuple. En ce début de l’Évangile selon saint Jean, nous retrouvons Jean-Baptiste, déjà rencontré la semaine dernière avec l’ouverture de l’Évangile selon saint Marc. Jean-Baptiste, dernier prophète de l’Ancien Testament, qui annonce la venue du Messie, premier prophète du Nouveau Testament, qui dévoile qui est Jésus : il est la Lumière, l’Agneau de Dieu, l’Époux qui vient, le Verbe du Père.
Qui es-tu donc, Jean ? « Je suis la voix de celui qui crie à travers le désert ». Il est la voix, il n’est pas la Parole. Il prête sa voix à la Parole. Il est la voix pour que nous recevions la Parole. La voix, nous l’oublions, mais la Parole demeure en nous. Certains ont pris la voix pour la parole, dit saint Augustin, mais la voix de Jean-Baptiste s’efface pour que la parole demeure en nous. « Il faut que Lui grandisse, et que moi je diminue ». La parole, c’est le Logos, c’est le Verbe du Père qu’il annonce, celui qui était au commencement :
« Au commencement était le Verbe ». Noël, c’est le Verbe qui se fait chair pour nous, pour venir en nous, et il y a une béatitude promise à ceux qui l’accueillent : « Bienheureux ceux qui entendent le Verbe de Dieu et qui le gardent ». A chaque vigile de dimanche, nous chantons le psaume 94 : « Aujourd’hui puissiez-vous écouter sa voix, ne fermez pas vos cœurs comme aux jours de discorde ». Les envoyés de Jérusalem ne peuvent rejoindre la vérité du Baptiste. Ils enquêtent, soupèsent les opinions, ils ne reçoivent pas sa parole parce que leurs cœurs sont fermés. Et nous, pendant cet Avent, saurons-nous écouter la voix de Jean-Baptiste ?
Pour l’écouter, il faut le rejoindre au désert. Le désert est au-delà des lieux habités, de la foule, du bruit, du monde. C’est là où l’ordre du monde ne peut prévaloir, où l’homme se retrouve sans fard, sans rôle à jouer dans la comédie humaine, et où il peut rencontrer Dieu. Et c’est le lieu du silence, où l’on peut écouter.
C’est là que la voix du Baptiste retentit. Si nous n’allons pas au désert, nous ne l’entendrons pas, nous ne sortirons pas du bruit du monde, de notre propre bruit. La prière, la prière silencieuse est essentielle, elle nous plonge dans le désert de notre cœur. Partons au fond de notre cœur, avec nos obscurités, nos ténèbres, pour y trouver la lumière. Partons avec notre soif d’amour inassouvie, pour y rencontrer l’Époux de nos âmes. Partons avec nos peines, nos souffrances, pour rejoindre l’Agneau qui porte l’iniquité du monde.
Alors, que nous dit le Baptiste ? « Redressez le chemin du Seigneur. Il nous invite à dégager le chemin, celui de notre cœur, pour que Jésus puisse y accéder. Dans l’Évangile, on voit Jésus passer et repasser en Judée, en Galilée, à Capharnaüm, à Jéricho… et parfois, il passe son chemin, parce qu’il n’est pas accueilli. Si le chemin de nos cœurs n’est pas dégagé, Jésus ne pourra y passer. Comment dégager le chemin ? Jean-Baptiste nous le dit sans équivoque : en allant recevoir ce baptême de pénitence, qu’il a donné à ses disciples. Quel est-il, pour nous, ce baptême de pénitence ? C’est le pardon du Père que nous recevons pour les fautes que nous commettons. Les obstacles au chemin du Seigneur, ce sont nos fautes, nos détournements, nos trahisons et nos lâchetés. Aplanir le chemin du Seigneur, c’est vivre de cet esprit de pénitence, et recevoir le pardon du Père pour nos fautes. Le sacrement n’est pas tout, avec lui il nous faut aussi nous convertir. Convertir ce qu’il y a de mondain en nous, quitter les apparences du monde pour revêtir l’homme nouveau.
Réjouissons-nous, le Seigneur est proche, le Seigneur vient ! Préparons-nous à l’accueillir avec la simplicité et la confiance d’un cœur de pauvre. Si nous suivons ainsi Jean-Baptiste au désert, nous ne serons pas vêtus de poils de chameau, et nous ne mangerons pas des sauterelles. Mais nous partagerons sa joie, nous deviendrons nous aussi des amis de l’Époux, et nous serons dans la joie à la vue de l’Époux, qui vient.
Père Thomas Messidor
Haïti, 13 décembre 2020

Le Chemin et l’Espérance

Ce dimanche, les lectures, et l’évangile en particulier, sont centrées sur le chemin.
« Préparez les chemins du Seigneur et rendez droit ses sentiers… »
Voilà, le programme de toute une vie, pour celui qui cultive la dimension métaphysique qui est en lui, et qui, ayant soif d’une réponse, se tourne vers l’évangile pour emboiter les pas du Seigneur…
Toute sa vie, l’homme cherche un sens à sa vie ; et le sens ne peut être donné que par un chemin à suivre.
« EGO SUM VIA, VERITAS ET VITA »* est-il gravé sur le vitrail du chœur de l’église d’Anjou qui veille sur la table eucharistique.
EGO SUM VIA…
En faisant le pari de suivre les pas du Christ, de s’engager sur son chemin, c’est l’Espérance en un point d’arrivée qui nous motive, puis nous habite, et enfin qui nous transforme…
-Où me conduit ce chemin ? Quelle est ici mon Espérance ?
-Ce chemin est-il droit pour moi ?
-Puis-je vérifier que je suis sur le bon chemin si chacun de mes pas fortifient mon Espérance et incline mon être vers plus d’humanité ?
Bonne marche vers Noël à tous !
Thierry, d+*
 « Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie »

2ème dimanche Avent B

Lecture de la deuxième lettre de saint Pierre apôtre : Bien-aimés, il est une chose qui ne doit pas vous échapper : pour le Seigneur, un seul jour est comme mille ans. Cependant le jour du Seigneur viendra, comme un voleur. Alors les cieux disparaîtront avec fracas, les éléments embrasés seront dissous, la terre, avec tout ce qu’on a fait ici-bas, ne pourra y échapper.
Frères et sœurs, combien dans une église aujourd’hui (pas dans cette église bien sûr), croient à la fin du monde ?
Lecture du livre du prophète Isaïe : Une voix proclame : « Dans le désert, préparez le chemin du Seigneur ; tracez droit, dans les terres arides, une route pour notre Dieu ».
En étant attentif à ces deux lectures, on ne peut s’empêcher de relire l’histoire religieuse de notre pays depuis 60 ans, et nous donner des perspectives, pour redresser une situation qui pourrait paraître perdue. Vous le savez, notre pays, comme une partie de l’Europe occidentale, a fait face dès la fin des années 1960 à un effondrement de toutes les courbes concernant la pratique religieuse. La sociologie nous apprend que de véritables nappes de charriage ont déplacé la jeunesse de cette époque, qui d’un coup, a été avide de liberté, ne voulant plus ni autorité, ni contraintes, ni interdits, et où les activités intellectuelles, culturelles, sportives et ludiques devenaient subitement plus attractives que la messe.
Mais cette analyse doit aussi être complétée par une démission de l’Église à l’issue du concile Vatican II, où toutes les contraintes de la religion sont passées subitement à la trappe : louper la messe n’est plus un péché, et les enfants de chœur ne sont plus utiles ;  le jeun devient une pratique désuet, de même que les processions ou la confession ; ajouté à l’abandon de tout un vocabulaire qui pouvait faire peur ou froisser (le purgatoire, l’enfer), ou ne pas entrer dans une science qui devait tout expliquer (la fin du monde)
.Plus de barrières, et au devant de parents désemparés, est arrivé le « catholique non pratiquant ». Celui-ci, vivant dans le souvenir de la vielle matrice a pu encore vivre quelque chose de l’évangile ; mais le non pratiquant est systématiquement remplacé par un non chrétien. Cette évolution vous le savez, elle est massive. Une religion ne survit pas à l’absence de rites ou de barrières, visibles, et qui construisent la personne. Aujourd’hui, nous ne sommes en France qu’une poignée à pratiquer ; 90% sont dehors, et seront bientôt tous, hors de la sphère et de la culture même du catholicisme.
Les conséquences, d’abord sociales, deviennent monumentales. Prenons les resto du cœur, le secours catholique, le secours populaire et les associations pour les migrants… et je ne parle pas de la visite des malades ou des plus âgés dans les Ehpad ou autre maison de retraite… je n’ai même pas besoin de dire que si on enlève les pratiquants, il ne sera plus possible de continuer… Et pire, pire, prenons la personne elle-même : que va-t-elle penser, comment va-t-elle réagir, lorsqu’au moment de sa mort, elle va voir apparaître cette lumière vive qui voudrait l’envelopper ? Qui aurait voulu l’envelopper ?
Évangile de Jésus Christ selon saint Marc : Il est écrit dans Isaïe, le prophète :
« Voici que j’envoie mon messager en avant de toi,
pour ouvrir ton chemin.
Voix de celui qui crie dans le désert : Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers ».
Frères et sœurs, nous crions dans le désert, pas de doute, mais il nous faut probablement passer par là. Il nous faut sortir et parler à la périphérie, comme le Christ savait le faire. Sur le chemin du Christ, il n’y a pas que des chrétiens à 95% (on ne l’est jamais à 100%), mais il y en a beaucoup à 5%. Et je dirais même que notre Seigneur a pris davantage soin de ceux qui peinaient à croire, soin de ceux qui peinaient à prier.
Ste Thérèse d’Avila, qui dans sa jeunesse a eu de grandes difficultés à prier, dit un jour au Seigneur : « Seigneur, 7 fois que je viens, 7 fois que je compte les carreaux ». Et le Seigneur lui a répondu : « Ne t’excuse pas : 7 fois que tu viens me voir ! »