Dimanche 19 juin 2022
Gn 14, 18-21 ; 1Co 11,23-26 ; Luc 9,11-17
Les textes de ce dimanche nous apprennent, que depuis la nuit des temps, les Hommes, ont compris que la nourriture du corps était indispensable, mais pas suffisante.
Nous dirions, aujourd’hui, qu’il leur manquait la dimension spirituelle qui caractérise l’être humain.
Tout naturellement ils se sont tournés vers leur Dieu pour lui offrir les fruits de leur travail : le pain, le vin, le premier né du bétail, afin qu’il nourrisse leur âme.
Cette pratique oblative trouve son aboutissement dans le sacrifice du Christ qui rend grâce à Dieu son Père, pour la création toute entière. Offrande de sa vie de fils, pour tous les fils.
Dans la première lecture. Melkisédek dont on sait peu de chose, sinon qu’il était Grand Prêtre de l’ Ancien testament et roi de Salem (Jérusalem) chargé d’offrir des sacrifices pour son peuple.
Dans ce récit Melkisédek bénit Abraham et offre le pain et le vin en action de grâce pour les victoires remportées par Abraham sur ses ennemis.
C’est le signe de la première Alliance scellée entre Dieu et son peuple en la personne d’Abraham.
C’est ainsi, qu’au retour de l’Exil, s’introduit au temple de Jérusalem, la coutume d’accompagner par une action de grâce, les offrandes présentées à Dieu pour l’œuvre de création et de salut du monde (Lev. 3,11).
Cette action devint un rituel, reprit par le Christ élevé par l’Église en sacrement: l’Eucharistie.*
C’est le récit de l’institution de ce sacrement que Saint Paul livre aux Corinthiens en signe de la Nouvelle Alliance faite par Dieu en jésus Christ : « Chaque fois que vous mangez ce pain et que vous buvez à cette coupe , vous proclamez la mort su Seigneur , jusqu’à ce qu’il vienne. » (2ème lecture )
Enfin dans l’Évangile, Luc s’emploie à expliquer aux nouveaux chrétiens, qui est ce jésus, que le roi Hérode ne connait pas, mais que des rumeurs lui rapportent comme un nouveau prophète encore plus puissant que Jean Baptiste qu’il vient de faire décapiter.
Alors Luc Rapporte cette scène surprenante où Jésus après avoir guéri beaucoup de malades, enseigné sur le Règne de Dieu, se trouve devant une foule de cinq mille personnes, alors que le jour commence à baisser. Les disciples demandent à jésus de renvoyer la foule pour qu’elle puisse se nourrir et se loger dans les villages voisins.
Jésus au lieu de les écouter leur conseille : « Donnez leur vous-mêmes à manger ». Le disciple n’est pas inerte, il est appelé à l’action.
Or en rassemblant toutes les provisions individuelles ils ne récupèrent que cinq pains et deux poissons.
Jésus cependant ne se désintéresse pas du sort des hommes, des femmes et des enfants présents
.Il demande de les faire asseoir. Puis ayant prié son Père, il bénit la foule, rompt les pains et les poissons, et les fait distribuer.
Tout le monde mangea à sa fin et les restes remplirent douze corbeilles.
Quel sens a pour nous ce récit ?
« L’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu (Dt8,3)
L’homme créé par Dieu par amour, a aussi besoin d’une nourriture spirituelle, immatérielle, indispensable à sa construction d’être habité par l’esprit.
Il nous parait évident que le Christ ait manifesté cette nécessité vitale en la comparant au pain et au vin de la nourriture terrestre.
Jésus en multipliant les pains et les poissons, a certes, voulu exprimer sa puissance de Messie de Dieu. Il a aussi montré aux foules que la Parole de Dieu c’est-à-dire son amour, était inépuisable, d’où les douze corbeilles de restes alors que la foule est rassasiée.( 12 chiffre symbole de l’ensemble du peuple de Dieu)
Vecteur de l’amour de Dieu, sa parole indispensable est pourtant délaissée, méconnue.
Le monde, occidental au moins, anesthésié par le confort drogué par le consumérisme, rassuré par les protections sociales, naïvement confiant dans le progrès scientifique, n’ a plus besoin de Dieu.
Ou plus précisément pense pouvoir se passer de Dieu.
Ce manque de spiritualité engendre la morosité quand ce n’est pas un égoïste malsain.
Quand surviennent des évènements hors de notre portée, règne le désespoir.
En tenant ce propos je n’apporte pas de l’au au moulin des pessimistes et des grincheux
« Je sais en qui j’ai mis ma foi) (2Ti 1,12) et je sais que mon Dieu est un Dieu d’amour qui veut le bonheur des ses enfants malgré, eux et je sais que la marche du monde, qu’on l’estime bonne ou mauvaise , est orientée vers le Salut.
Le pain eucharistique et tous les sacrements qui y sont attachés sont porteurs de cette Pentecôte où l’Esprit nous guide et nous rassure.
Mais encore faut-il rencontrer ces signes de la présence de de Dieu. !Dieu de bonté. Dieu de liberté qui laisse le libre choix entre :
« J’ai mis devant toi la vie, et la mort, dit le Seigneur. Choisis donc la vie (Dt 30.19) »
Bernard Buisson diacre