Si Dieu existait, il n’y aurait pas tout ce mal sur terre.
Pas de guerre en Ukraine, pas d’immigrés qui sombrent depuis un radeau en
méditerranée ; pas de virus car Dieu l’aurait arrêté de sa main… et il ne l’a pas
fait. Cette formule, que l’on entend trop souvent, et qui fonctionne comme un
vieux diesel, doit être travaillée sans attendre pour essayer de passer à autre
chose… et c’est justement ce que le Christ nous demande dans l’évangile du
jour.
Car dans cet évangile, on a bien et le Christ, et Satan. Les deux sont là, et bien
vivants. Certes, Satan n’est pas décrit, et c’est vrai que nous en sommes réduits
à des images, – telles sur le magnifique vitrail de St Michel dans le transept –
mais qui nous trompent sur la nature même du diable. L’être gris et velu, avec
des cornes, des griffes, tenant une fourche et attisant un grand feu n’est que le
fruit de notre imagination…
Par contre, Satan est bien celui qui vient frapper à notre conscience pour
introduire quantité de maux dont nous sommes tous victimes. Et les trois
tentations offertes par Satan au Christ, et qui nous sont indirectement
adressées, ne sont pas des moindres, et elles résument ces maux qui nous
assaillent : la tentation du pouvoir (Satan propose au Christ tous les royaumes),
la tentation de l’avoir (il lui propose de ne plus avoir faim) et la tentation de la
puissance (il lui propose de feindre jusqu’aux lois de la nature, ici celle ce la
pesanteur).
Le Christ, tenté à l’aube de son ministère repousse donc Satan, nous
demandant de faire de même. Mais contrairement à sa rencontre avec le
Christ, Satan n’a rien à nous offrir ; car avec nous, il n’a même pas besoin de
biscuits. Car il est simplement là, à l’heure de nos choix, auxquels nous sommes
invités tout au long de notre vie. L’homme est le seul être qui peut choisir ; et
tous les jours nous pouvons choisir, entre être agréables ou pénibles, joyeux ou
grincheux, lâches ou courageux, égoïstes ou généreux… et dans nos projets de
vie, entre être centrés sur nous-mêmes, ce qui nous amène immanquablement
contre le mur de notre finitude, ou être ouverts aux autres, au partage d’une
attitude humaine qui fait grandir l’autre, qui fait du bien dans notre entourage,
et par extension, à la société toute entière.
Car tout est faussé dans les promesses de Satan ; tout est mensonge. Il est
heureux dans les guerres, et celle d’Ukraine le réjouit ; il est heureux dans les
couples qui se déchirent, il est heureux dans les entreprises où les conflits du
travail éclatent. Il est heureux dans les actes de pédophilie qui détruisent des
vies ; il est heureux quand un homme a perdu tout espoir… Mais il est malade
des baptêmes, où nommément on le repousse ; il est malheureux des
associations qui viennent en aide aux pauvres ou aux étrangers ; il est
malheureux des couples qui s’aiment, il est malheureux de nous voir ici
rassemblés dans cette église pour prier… très malheureux.
Frères et sœurs, le Christ a été vainqueur du mal. Il s’est fait homme pour
accompagner les humains. A nous chrétiens de le suivre sur ce chemin qui est
tout bénéfice pour nous. Le carême qui s’ouvre est un temps de conversion.
Alors prions et avançons vers ce royaume que Dieu nous promet, et qu’il nous
faut, coûte que coûte, faire entrevoir à nos contemporains en quête de la
définition de l’homme.