IIe DIMANCHE DU T.O / C

Après son baptême, qui a inauguré sa vie publique, Jésus a entamé sa mission consistant à montrer à l’humanité le chemin à emprunter pour aller à Dieu. Non seulement il a commencé à enseigner pour que les hommes connaissent Dieu et l’aiment, mais il a accompli beaucoup de miracles pour fortifier la foi de ses disciples. Le changement de l’eau en vin que rapporte l’Évangile de ce dimanche, est le premier signe qui nous fait entrer sur son chemin missionnaire. Or qui dit signe dit quelque chose qui « donne à penser ». Pour Jean qui le raconte, le signe de Cana renvoie à une réalité profonde : cet évangéliste voit dans l’eau changé en vin le symbole du légalisme religieux faisant place à l’univers du don gratuit fait par Dieu aux hommes.
Le cadre du miracle est ordinaire : un repas de noces, auquel Jésus lui-même est invité, ainsi que sa mère. Ce qui paraît insolite, c’est le manque de vin, alors que le marié était censé en prévoir en suffisance. Mais cela ne paraît pas grave, car la fête pouvait continuer sans vin. Tout au plus, cette pénurie risquait de pourrir la suite. La mention du manque de vin est pourtant ici tout à fait significative, car le récit prend un nouveau virage au moment où Marie intervient pour déclarer très simplement à son fils : Ils n’ont plus de vin. Ce manque a certainement un sens profond « au-delà du seul public de ces noces galiléennes. De fait, le peuple d’Israël a soif d’un bien nettement plus vital que tous les aliments. Ce qui fait défaut au peuple, c’est l’espérance elle-même. Depuis très longtemps en effet, aucun prophète digne de ce nom ne s’est levé en Israël ! Personne n’a jamais plus rapporté le message tant attendu de Dieu ». Par conséquent, le peuple est longtemps resté cette Délaissée, cette Terre déserte, dont parle le prophète Isaïe dans la première lecture. Sans doute Jésus est-il celui qui peut redonner l’espérance manquante, celui qui peut faire que Jérusalem soit nommée par Dieu : Ma préférée, Mon épouse. Car la mutation qu’il apporte par rapport à l’exigence de respecter absolument un certain nombre de règles et d’obligations dans l’ancienne religion ; cette mutation permet la rencontre définitive (les noces) de Dieu et de l’humanité.
Le miracle de Cana réfère donc avant tout à l’alliance de Dieu avec son peuple en son Fils. Ce miracle où Jésus, solidaire dans la joie des convives, vient au secours des époux en difficulté en changeant l’eau en vin, symbolise la présence de Dieu « dans nos moments de bonheur mais aussi lorsqu’une inquiétude se pointe. Il répond aux besoins des hommes et les comble au-delà de leurs espérances […]. [Il est] un Dieu d’Amour au plus près des hommes. Un Amour attentionné jusqu’au plus petit détail dans la vie de chacun ». Ainsi, la religion qu’il nous propose n’est pas l’ennemie de la joie, et la foi en lui ne s’oppose pas au bonheur humain, comme le pensent certaines personnes qui jugent difficile, voire impossible, d’observer les commandements de Dieu. Au contraire, il nous invite à venir à lui pour nous procurer le repos. Il nous faut savoir nous confier au Seigneur aux heures d’inquiétude et lui demander sans cesse de changer notre eau en vin. C’est un appel à la foi, à la confiance en Dieu en chaque circonstance, quelles que soient les situations que nous traversons : il est toujours à nos côtés.
Nous pouvons noter dans le récit de l’Évangile la délicatesse de Marie par rapport au bien-être de son entourage. En révélant le manque, elle apparaît comme le modèle du croyant qui sait se tourner vers Jésus dans une prière de compassion et de demande. Et en disant : Faites tout ce qu’il vous dira, elle se montre confiante. Elle sait, elle connaît, elle a confiance. Comme elle, il nous faut reconnaître la présence même de Dieu parmi nous. A travers l’Église, qui révèle la présence agissante du Christ, Jésus continue de changer l’eau en vin pour répondre à l’espérance de notre humanité qui aspire au vrai bonheur. Notre mission à sa suite est de manifester à nos contemporains le message d’amour, d’espérance et de paix du Seigneur, en mettant en œuvre les dons de l’Esprit que nous avons reçus en vue du bien (2e lect.).

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