Frères et sœurs, l’évangile que nous venons d’entendre en ce trentième dimanche nous ouvre plus d’un chemin, parmi lesquels celui de la confiance.
Le texte nous dit qu’« un mendiant aveugle, Bartimée, le fils de Timée, était assis au bord de la route ». Nous pouvons dire qu’il était posé là comme une poubelle, jeté sur le bord. Les gens allaient et revenaient sans se préoccuper de lui. Mais il a suffi qu’un homme appelé Jésus, c’est-à-dire ‘‘Dieu sauve’’, ‘‘Dieu délivre’’, pour que cet aveugle trouve quelqu’un qui s’intéresse à lui. Avec Jésus, les choses ont totalement changé. Car voir le visage de Jésus, c’est voir le Père plein d’amour ; c’est voir Dieu qui sauve son peuple, Dieu qui affirme, dans la première lecture, qu’il est un Dieu puissant et un Dieu de bonté, quand il dit : « L’aveugle et le boiteux, je les fais revenir ».
Bartimée se rend compte que celui qui passe n’est pas n’importe qui. Cet aveugle est un modèle de rencontre pour chacun de nous, il a l’audace de la prière, la vraie, celle qui interpelle le Seigneur qui passe. Il sait reconnaître le Messie, le Fils de David, sa foi le fait crier. A l’approche de Jésus, « on appelle donc l’aveugle, et on lui dit : ‘‘Confiance, lève-toi ; il t’appelle’’ ». C’est le verbe ressusciter qu’il faut lire derrière l’expression lève-toi. C’est un message d’espérance et de vie confié à l’Église que nous sommes pour qu’elle l’adresse à tous ceux qui ont besoin d’être guéris de tel ou tel mal, d’avoir une solution à tel ou tel problème.
Il est dit que comme réponse à l’appel de Jésus, l’aveugle jeta son manteau, bondit et courut vers lui. Trois verbes d’action pour montrer la confiance en acte. Le manteau qu’il jette, c’est toute sa richesse, toute sa possession ; il le jette comme on jette tout son passé, tout son fardeau, tout le poids des jugements qu’on vous a mis sur le dos. Libéré de tout ce poids, il peut alors bondir pour courir vite vers Jésus. Quelle belle dynamique ! Avant d’être guéri de sa cécité, il semble qu’il est d’abord guéri de ses pieds. Lui qui était à une place fixe sans jamais bouger, empêché par son handicap, le voilà bondissant. C’est un miracle de la confiance. Ce que Jésus donne à cet homme en réponse à sa foi, ce n’est pas seulement une guérison physique ; c’est aussi une guérison spirituelle, car le miraculé se met à suivre Jésus sur le chemin. Pour Bartimée, voir et croire deviennent un même chemin. Cet aveugle est un modèle de disciple, le modèle de ceux qui veulent vivre un nouveau commencement avec le Seigneur en cherchant la véritable lumière.
Nous aussi, dans notre faiblesse humaine, nous sommes atteints de cécité à un degré plus ou moins fort : quand nous nous enfermons dans notre petit monde bien clos, incapables d’ouvrir nos volets et de jeter un regard vers les autres, de nous ouvrir à l’appel de ceux qui ont besoin de nous. Nous sommes aveugles quand nous nous barricadons derrière nos propres vérités, incapables d’écoute, d’accueil et de remise en cause. Si comme le fils de Timée nous croyons que le Christ peut nous guérir de tous ces aveuglements, quel est ce manque de confiance qui nous empêche de crier vers lui, de nous en remettre à Celui qui nous rappelle qu’il est « un père pour Israël », un père pour nous ? Qu’est-ce qui entrave nos pieds au point que nous n’avons pas la force de bondir et de courir vers Jésus ?
Frères et sœurs, avec confiance, laissons, nous aussi la lumière du Christ nous guérir de nos aveuglements. « Implorons Dieu avec force. Pour nous-mêmes, pour les plus éprouvés ».
HOMÉLIE DU XXXe DIMANCHE T.O / B (Basile)
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