Élisée est le successeur du prophète Élie, il est son fils spirituel, il a des
pouvoirs semblables à ceux du grand prophète.
Comme les prophètes il annonce la Parole de Dieu il est l’intermédiaire entre
Dieu et le peuple. Pour attester de cette mission qui lui est confiée il lui est
donné de pouvoir faire quelques signes et miracles au nom du Seigneur.
Ainsi sitôt après avoir été désigné et oint par Élie pour lui succéder, il ouvrit
les eaux du Jourdain en frappant le sol avec son manteau et traversa à pied sec
(2 R 2,14) comme Élie lui-même venait de le faire devant lui (2 R 2,8). Ce qui
n’est pas sans rappeler la traversée de la mer Rouge avec Moïse pour libérer le
peuple Hébreux de l’esclavage en Égypte.
Élisée accomplit aussi de nombreuses guérisons dont celle du général Syrien
Naaman qui était lépreux. (2 R 5)
Dans le récit entendu en 1ère lecture, Élisée va pouvoir nourrir une foule en
multipliant la nourriture.
Élisée agit dans un contexte de pauvreté et de famine, tel que le royaume
d’Israël en a connu plusieurs fois. Grâce à quelques pains prélevés sur la
maigre récolte apportés par un homme, Élisée va pouvoir nourrir une centaine
de personnes.
Élisée a eu confiance en la Parole de Dieu qu’il avait entendue dans sa
prière : « car ainsi parle le SEIGNEUR : On mangera, et il en restera. »
Il sait que le Seigneur n’abandonne jamais son peuple.
Sans doute avait il aussi en mémoire le psaume 144 que nous avons entendu :
« Le SEIGNEUR est proche de ceux qui l’invoquent, de tous ceux qui
l’invoquent en vérité ».
Il accomplit ainsi pleinement sa mission de prophète en nourrissant le peuple
par la Parole de Dieu qu’il transmet et par le pain multiplié par le Seigneur.
Par ce geste il préfigure et annonce celui que le Christ viendra transcender.
Ainsi les Hébreux peuvent se laisser guider par ce prophète et croire en
l’Amour inépuisable de ce Dieu qui vient toujours au secours de son peuple et
marche avec lui.
2
Quelques siècles plus tard Jésus se trouve dans une situation similaire. Lui qui
est Dieu, le Fils du Père, le messie attendu par Israël, est venu par sa Parole et
par ses actes, annoncer le Royaume de Dieu. Il a longuement enseigné et
nourrit la foule tout au long de la journée par sa Parole, lui qui est le Verbe de
Dieu.
Pour attester de son identité et se faire reconnaître du peuple, et en particulier
des apôtres, il aura besoin lui aussi de signes, guérisons et miracles.
Ainsi le miracle de la multiplication des pains, de la foule nourrie en
abondance, que l’on retrouve dans chacun des évangiles, et même deux fois
chez St Jean. C’est dire son importance et sa signification, Jésus vient nourrir
en abondance les foules de la nourriture essentielle à la vie, sa Parole et le pain,
ce pain qu’il prendra le Jeudi Saint pour le consacrer en son corps, nourriture
pour notre âme.
Jésus se donne totalement à nous par sa Parole de Vie et par son corps, pain de
la Vie éternelle.
Dans ces deux récits de la multiplication des pains entendus aujourd’hui, nous
retrouvons quatre éléments, présents dans tout miracle et guérison :
– un besoin, une demande, souvent exprimés par le peuple : la guérison face
à la maladie, le handicap, la mort, ou encore ici la faim
– un geste libre : ici, quelqu’un a pris du pain sur sa récolte, en temps de
famine, justement ; là les apôtres remarquent un enfant qui a quelques pains et
deux poissons, sans doute sa propre nourriture pour la journée, ailleurs un
aveugle qui crie sa détresse, un paralytique amené par ses proches…
– le recours à celui qui est considéré comme l’envoyé de Dieu :
ici Elisée, les pains lui sont offerts, parce qu’il est reconnu comme l’homme
de Dieu,
là Jésus, celui à qui l’on s’adresse pour guérir, pour être sauvé d’une situation
périlleuse, pour ramener à la vie…
– la foi dans l’intervention du Seigneur : contre l’avis de son serviteur,
Elisée maintient sa décision. La sollicitude de Dieu lui a donné raison, Elisée a
foi en l’amour et la puissance de Dieu.
3
Jésus sait que son Père est toujours avec Lui, et qu’il lui accorde toujours la
force d’accomplir sa volonté. « Moi je suis dans le Père et le Père est en
moi. »
Nous qui sommes prophètes par le baptême, conformés au Christ prêtre,
prophète et roi, avons nous foi dans le Seigneur ? Croyons nous que Dieu
répond toujours à notre prière, à celle que nous allons lui adresser dans
quelque minutes ?
Croyons nous en la force de cette prière quelque soit notre situation et
particulièrement face à cette épidémie ?
Oui, Dieu dans son Amour infini et miséricordieux entend chacun de nous, il
vient à tout instant nous éclairer, nous guider, nous sauver. Sachons le
reconnaître avec foi et marcher avec lui.
Il nous donne sa Parole que nous venons d’entendre, pour nous guider dans le
quotidien de notre vie dans l’amour de Dieu et de nos frères ; il nous donne
son corps, force et nourriture pour la Vie éternelle.
Sachons les demander dans la prière.
Oui, « Le Seigneur est proche de ceux qui l’invoquent, de tous ceux qui l’invoquent en vérité. »Ps 144
Père Jean-Hugues Malraison
Homélie 17è Di TO B
Pour marque-pages : Permaliens.