11 Octobre 2020
Isaïe(25,6.10) PS 22 Ph.( 4,12-14.19-20) Mt (22,1-14)
C’est le quatrième dimanche consécutif, la liturgie nous propose des paraboles de Matthieu.
Que ce soit celle des ouvriers de la dernière heure, celle des deux fils, celle des vignerons homicides, ou aujourd’hui celle des invités au festin des noces, toutes concernent le Royaume de Dieu qui est offert à tous ceux qui font la volonté du Père.
Royaume qui ne figure sur aucun atlas, mais qui est déjà là parce qu’il est dans nos cœurs. On y voit le peuple élu, Israël, se détourner de la promesse et s’intéresser à ses propres affaires.
Mais Dieu est obstiné, Dieu est patient. Il ne se lasse pas d’inviter, il ne se lasse pas de faire confiance.
Dimanche dernier, les vignerons à qui la vigne était confiée tuent les serviteurs venus se faire remettre le produit de la récolte. ils tuèrent même le fils du propriétaire. Alors celui-ci leur retira la vigne pour la confier à d’autres. Ces autres, c’est le peuple de Dieu conduit par Jésus Christ ressuscité. Aujourd’hui, toujours dans le même esprit du Royaume offert à tous, mais à construire par tous, Matthieu nous invite au repas de noces que donne un roi pour son fils. Un repas c’est important, à fortiori pour une noce. Mais à l’époque du Christ, il l’était encore bien davantage puisque les noces, dit-on, duraient une semaine au moins.
Le Roi donc donne un banquet et envoie ses serviteurs avertir les invités. Mais à sa grande déception, certains refusent, préférant s’occuper de leurs affaires, allant même jusqu’à maltraiter voire tuer les serviteurs.
Alors le roi se fâche, punit les coupables et invite largement en dehors du cercle des habitués.
Essayons de voir ce que cela signifie pour nous.
Le projet de Dieu c’est de sauver tous les Hommes. C’est-à-dire les arracher à leur condition terrestre, périssable, pour les amener à la vie éternelle.
Il invite toute l’humanité, sans exclusion, sans condition .Dieu nous invite à ce grand banquet final dont parle Isaïe dans la première lecture. La mort sera détruite. « Il n’y aura plus ni deuil, ni larmes, ni douleur, mais la joie et la paix » (rituel)
Dieu invite à sa table, au banquet offert pour les noces éternelles de son fils Jésus-Christ. Cependant, prenons garde. Invité ne signifie pas automatiquement élu, accepté. Il y a une condition : revêtir le vêtement de noce. C’est-à-dire pour nous, satisfaire aux promesses de notre baptême : Devenir prêtre, prophète, et roi. (prier, annoncer, partager)
Le baptême, c’est notre vêtement de noce. Encore nous faut-il le vivre pour participer au repas.
« Maître que dois-je faire de bon pour gagner la vie éternelle ? » demande le jeune homme riche à Jésus ; et sa réponse : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de toute ton âme, de toute ta force et de tout ton esprit, et ton prochain comme toi-même » (Luc 10,25)
Notre baptême seul ne nous confère aucun privilège. Le Royaume est à construire tous les jours, avec l’Église, car nous ne sommes pas seuls
Nous avons vu dimanche dernier, qu’après avoir confié sa vigne aux vignerons, le propriétaire est parti en voyage. Dieu nous fait confiance. Il nous a donné tous les moyens de vivre selon sa loi. Un de mes amis diacre aime à dire que « Dieu est un bon patron, il nous donne toujours les bons outils au bon moment. »
Libre à nous de les utiliser ou non. C’est une lourde responsabilité qui nous est laissée. Dieu nous sait capable de l’assurer.
Peut-être faut-il voir dans le mauvais usage de cette liberté, une des causes du mal ?
Certes nous nous reconnaissons aussi bien dans ces invités qui se dérobent, que dans ces indélicats qui n’ont pas revêtu le vêtement de noce.
Mais nous avons plus confiance en la miséricorde de Dieu que dans notre force à résister au mal.
Pour ma part, à la suite de Maurice Zundel, je pense qu’il vaut mieux se tourner vers le Christ et sa lumière que se centrer sur soi-même. L’Église nous demande de croire en Dieu, pas au démon.
Si vous le permettez, au privilège de l’âge, je voudrais vous livrer quelques réflexions sur la situation actuelle qui entraîne l’acédie voire le doute alors que Dieu a mis dans notre cœur l’Espérance qui est le fruit de son amour.
Depuis toujours, le monde a connu des guerres, des épidémies, des catastrophes, des crises de toutes sortes y compris de la foi. Mais toujours, la Nature a montré sa capacité de résilience, et ce qui dans l’heure, paraissait irrémédiable, a repris son cours vers bien, vers mieux.
Car, la nature c’est l’œuvre de Dieu. Or Dieu n’abandonne ni ses créatures ni sa création. Quant à l’Homme, douloureuse victime de ces crises, il sait que sa vie terrestre n’est que passage et qu’il n’est pas appelé seulement à la résilience mais à la résurrection. « Nous savons que lorsque paraîtra le fils de l’Homme, nous serons semblables à Lui puisque nous le verrons tel qu’il est » (1Jean 3,2)
La période actuelle, comme celles des crises précédentes passera, comme toutes ont passées. « le ciel et la terre passeront mais mes paroles ne passeront pas ».(Mt24,35)
Les crises sont, pour l’humanité, les douleurs de l’enfantement qui annoncent le monde nouveau. Et pour nous croyants, la manifestation du Royaume qui avance vers la Lumière « Lorsque le Christ aura réuni tout en tous »(col ,3,11)
Le monde est en crise, l’Église est en crise. La crise n’est pas le signe de l’échec mais au contraire le signe de la transformation vers plus d’humanité.
Puissions nous, appuyés sur le Christ, sur l ‘Église et sur notre baptême, vivre et communiquer cette Espérance, pour participer pleinement au banquet des noces éternelles de l’amour de Dieu pour les Hommes.
Amen
B.Buisson, diacre