5ème de Pâques B

« Moi, je suis la vigne, et vous les sarments ! » Cette image utilisée par le Christ dans l’Évangile de ce jour, nous rappelle la place qu’il doit tenir en nous chrétiens, afin que nous puissions porter du fruit tout au long de notre vie ! Dans une eucharistie, comme aujourd’hui, nous avons à prendre conscience de cet attachement ; nous nous souvenons que notre foi en lui nous permet d’agir en toute confiance. Alors, deux questions se posent : comment être greffés à la vigne, et comment porter du fruit ?
Comment donc, sinon en suivant notre Seigneur, en le priant de toutes nos forces, en veillant à notre comportement comme il est dit en deuxième lecture « non pas avec des discours, mais en acte et en vérité » et en parlant de Dieu à nos frères, en témoignant de lui, auprès de celui qui cherche comme de celui qui croit… même si les vents sont contraires, même si l’espérance est altérée par la différence, par la lassitude ou par les peurs… Chers frères et sœurs, il faut bien savoir où centrer notre foi ; cela pour éviter deux écueils qui ont toujours été négatifs voire destructeurs dans l’histoire de l’Église : d’une part le « on sera tous sauvés », et d’autre part, le fondamentalisme.
Le « on sera tous sauvés », dont nous en savons d’ailleurs rien et qui ne dépend pas de nous, est fortement démobilisateur, et a participé à vider les églises à la fin du siècle dernier, rendant la pratique accessoire voire inutile. Mais le fondamentalisme est tout aussi nocif. Nous ne sommes pas une religion du livre. La Bible pour les chrétiens n’est pas le Coran pour les musulmans. Et je peux dire que la Bible, dès les premiers chapitres, nous montre qu’un slogan tel que « la Bible, rien que la Bible, mais toute la Bible » disons-le, porté par nombre de chrétiens, ce slogan là n’est pas tenable. Dès la première page par exemple, la création en 7 jours lue d’une façon littérale amène à des non-sens scientifiques, qui perturbent d’entrée de jeu les croyants qui suivent un enseignement rigoriste.
Certes, et il faut le dire, la Bible, c’est Dieu qui nous parle, par la bouche et la plume des prophètes, trésor véritable qui a annoncé Jésus Christ et qui nous a donné toutes les clés de lecture. Et il est heureux et qu’à chaque eucharistie, qu’à chaque liturgie de la parole, ou que dans la plupart des réunions fraternelles, nous en lisions et nous en méditions de bons passages.
Mais si nous disons que nous ne sommes pas une religion du livre au regard du Coran pour les musulmans, c’est que nous, nous ne suivons pas un livre, mais nous suivons une personne : Jésus Christ. Et c’est sur lui que se centre notre regard de croyant. Ainsi, quand le prêtre ou le diacre vous fait acclamer l’évangile après sa lecture, il ne vous demande pas d’acclamer « cette parole », c’est-à-dire ce passage d’évangile lu en particulier, mais « acclamons La Parole », c’est-à-dire au-delà de l’écrit, le Verbe qui l’a dictée. De même, quand le prêtre élèvera le corps puis le sang du Christ : nous nous inclinerons.
Jésus Christ ; Chemin, Vérité et Vie. Jésus Christ, qui vient étancher notre soif en nous donnant l’eau vive. Jésus Christ, qui vient assouvir notre faim en nous donnant le pain de vie. Jésus Christ, qui, par la sève qui monte dans la vigne depuis la profondeur des racines, vient irriguer nos fragiles sarments.
Oui, « Je suis la vigne et vous êtes les sarments ». Nourris par la sève de l’évangile, à nous de porter du fruit !

Thierry Merle Diacre

IIIe DIMANCHE DE PÂQUES / ANNÉE B

Diacre et prêtre ont préparé chacun une homélie. Je reçois celle du Père Basile que je vous transmets. Un autre regard sur l’Évangile de ce Dimanche.
Merci à tous les deux.

Comme les disciples d’Emmaüs, cheminer avec le Christ, l’accueillir dans notre vie et devenir ses témoins. Telle me semble l’idée susceptible de guider notre méditation de ce troisième dimanche de Pâques.
Quand on parle de Jésus, il advient. C’est déjà ce qu’il fit au seuil du chemin d’Emmaüs. Peinés et découragés par la terrible épreuve de la Passion et de la mort de Jésus, ces disciples quittent Jérusalem pour retourner dans leur village natal. Chemin faisant, ils échangent leurs points de vue comme pour s’épauler l’un l’autre dans leur déroute. Quelqu’un les rejoint alors pour faire route avec eux : c’est Jésus. Bien que marchant aux côtés du Ressuscité, il leur fallait le rencontrer en vérité… Cela fut fait au moment de la fraction du pain, un geste familier de Jésus. L’évangile de ce jour nous raconte la suite de ce passage.
Si nous nous arrêtons d’abord sur l’expérience de nos deux pèlerins, nous pouvons comprendre que « ce qui se passe sur le chemin d’Emmaüs et au Cénacle nous renvoie à certains épisodes de l’histoire de notre vie. C’est nous qui marchons à la nuit tombante essayant de traverser tant bien que mal les moments difficiles : l’échec, la maladie ou la perte d’un être aimé. C’est nous qui nous enfermons dans un isolement stérile ruminant nos épreuves. Mais c’est aussi nous qui découvrons, par un concours de circonstances, la joie d’une rencontre fortuite qui nous ouvre un nouvel horizon : Quelqu’un qui nous accompagne sur le chemin de la foi et nous fait découvrir avec simplicité la Parole de Dieu. Aujourd’hui encore, Jésus marche avec nous, sans que nous le voyions. Il vient nous rassurer dans nos moments de doute et de peine. Il est là dans nos joies comme dans nos chagrins. Point n’est besoin de quitter la vie quotidienne pour Le rencontrer ».
Comme les disciples d’Emmaüs, nous sommes invités à faire cette rencontre. Mais il n’y a pas que leur expérience qui est proposée aujourd’hui à notre méditation. Il y a aussi celle des onze apôtres et leurs compagnons, à qui « ils racontaient ce qui s’était passé sur la route, et comment le Seigneur s’était fait reconnaître par eux à la fraction du pain ».
Les disciples sont à nouveau tous réunis. Ils parlent de Jésus … Il advient ! « Comme ils en parlaient encore, lui-même fut présent au milieu d’eux », dit l’évangéliste Luc. On imagine volontiers la stupeur des disciples. C’est la vie qui vient les visiter, c’est la résurrection qui vient les habiter. L’Église naît d’une rencontre avec le Ressuscité qui lui confie la paix : « La paix soit avec vous ! » dit Jésus ressuscité. Au soir de Pâques, voici que les promesses de paix se réalisent enfin ; il reste aux disciples à en faire véritablement l’expérience. Cette expérience se réalise chez les apôtres dans le souci qu’ils ont de promouvoir le message de la Bonne Nouvelle. C’est ce que fait Pierre quand, sans avoir peur, il annonce à ceux qui l’écoutent la résurrection du « Prince de la vie » et les invite à se convertir et à se tourner vers Dieu pour que leurs péchés soient effacés, comme nous lisons dans la première lecture.
Aujourd’hui, ces auditeurs des Apôtres, c’est nous. Après avoir rencontré le Christ, et remplis de l’Esprit du Ressuscité comme eux, nous sommes appelés à le porter au monde. Pour être de vrais témoins de la foi, c’est dans l’accueil de la Parole de Dieu et dans la fraction du pain, c’est-à-dire l’Eucharistie, que nous devons puiser des forces neuves, comme les disciples d’Emmaüs qui sont rentrés à Jérusalem nourris de leur expérience pour témoigner que Jésus était ressuscité.
Frères et sœurs, avec le même enthousiasme, partageons notre foi en Jésus par notre manière renouvelée de voir les choses et de vivre. Annonçons la Bonne Nouvelle à notre entourage. Dans un monde marqué par l’indifférence religieuse, le Seigneur compte sur nous pour manifester à ceux qui nous voient vivre notre rencontre avec Lui.
Père Basile

MÉDITATION  sur la  RÉSURRECTION DU CHRIST à partir de la liturgie         Actes 3,12-15 ; Jean 2,1-5 ; Luc 24,35-48
«  C’est vrai, le Seigneur est ressuscité.  Il est apparu à Simon-Pierre »(Luc 24,34)
Ce sont ces paroles qu’ont prononcées les disciples restés à Jérusalem, en accueillant les deux pèlerins revenus dire leur extraordinaire rencontre  sur la route d’Emmaüs,  là où ils ont reconnu  Jésus,  lorsqu’il a rompu le pain.
C’est ainsi que Luc annonce la résurrection du Christ.
Mais il existe d’autres récits de cet évènement qui échappe toujours à notre raison humaine.
En particulier je n’ai trouvé chez les quatre évangélistes que six expressions  identiques, dans le récit de la résurrection, depuis la découverte du tombeau vide jusqu’à l’Ascension.
Certes, ce sont les faits majeurs qui situent la Résurrection, dans l’espace et dans le temps. Mais  des différences relevées dans les autres formulations, bien que portant seulement  sur des détails, pourraient faire douter de la véracité des faits.Les quatre Évangiles relatent tous, à l’identique :
Le premier jour de la semaine, la découverte du tombeau vide,  le dimanche matin.
– « N’ayez pas peur, Soyez sans  crainte »,  les premiers mots prononcés  par les personnages vêtus de blanc,   à l’adresse des femmes venues embaumer le corps de Jésus.
– « Il vous attend en  Galilée »(*) . les  paroles dites  par ces mêmes personnages pour signifier que le Seigneur  y attend  les disciples pour l’évangélisation..
Jésus lui-même se montre au tombeau à Marie de Magdala et à d’autres femmes.
– Jésus dit aux onze auxquels il apparait ; « La paix soit avec vous « 
– Jésus envoie ses disciples en mission : « Allez par  le monde entier proclamer l’Évangile. »
Seul Luc, dans son Évangile, mentionne la rencontre de Jésus (incognito) avec  deux disciples sur la route d’Emmaüs, et seul Jean, relate la deuxième apparition de Jésus aux disciples, huit jours plus tard, et donc, la confrontation avec Thomas.
Quant aux différences mineures :
On relève chez Luc l’invitation de jésus  aux onze à voir ses mains et ses pieds, alors que chez jean,  Jésus invite Thomas à voir ses mains et à porter la main à son côté.
Ces  différences entre les quatre évangiles ne doivent pas semer le doute dans notre esprit, mais au contraire conforter notre foi  en un évènement  qui en est le socle,  bien qu’il échappe totalement à notre entendement.
Nous savons que les Évangiles ont été rédigés plusieurs années après la Résurrection, tirés de témoignages fournis par diverses sources, dont la fidélité a pu être altérée par le temps.
Mais l’authenticité d’un récit unique ne  pourrait –elle pas,  logiquement, être mise en doute. ?
La Résurrection reste un acte de foi, immatériel, qui n’a pas eu de témoin oculaire.
Elle est un mystère  comme tant d’autres mystères demeurent dans l’Église et dans la vie.
A commencer par l’amour qui nous fait vivre mais dont on ne sait rien dire, si ce n’est que ses effets sont bien réels. Un adage populaire ne dit-il pas : « il n’y a pas d’amour mais seulement des témoignages d’amour ? ». La résurrection du Christ, de l’Homme-Dieu, précède, explique, justifie, la résurrection de l’Homme et par là même la dignité de l’Homme, être unique créé pour, lui-même, par amour, et capable de penser, d’imaginer,  d’espérer, d’aimer .
La résurrection  que nous vaut l’amour de Dieu est aussi une invitation à participer,  sur terre, à la construction du Royaume des cieux ; « Ceux qui ont fait le bien ressuscitant pour entrer dans la vie » (Jean  5,29)
« Allez par le monde entier proclamer l’Évangile à toutes les créatures. Celui qui croira et sera baptisé sera sauvé » (Marc 10,15-16)
Le pape François nous invite à « aller à la périphérie »
C’est là notre Galilée.
AMEN
Bernard Buisson , diacre18.04.2021
NB -(*)La Galilée, territoire au Nord de la Palestine , carrefour des nations , brassage de peuples dont les habitants ont été déportés de pays vaincus. Symbole de l’ouverture au monde
C’est là  que Jésus a inauguré sa mission : « les temps sont accomplis. Le Règne de Dieu est tout proche. Convertissez-vous et croyez à la Bonne nouvelle »  (Marc 1,14-15)
C’est là que les disciples sont invités à se rassembler pour un nouveau départ missionnaire à la suite de Jésus »

2ème Dimanche de Pâques, Dimanche de la miséricorde

Le dimanche après Pâques est pour l’Église le Dimanche de la Divine Miséricorde fête instituée par St Jean Paul II lors de la canonisation de Ste Sœur Faustine Kowalska en 2000.
Le Christ qui est apparu à Sœur Faustine lui avait dit :
« La Fête de la Miséricorde est issue de mes entrailles, je désire qu’elle soit fêtée solennellement le premier dimanche après Pâques ».
Lors de cette apparition le Christ a demandé à Sœur Faustine de faire connaître au monde la profondeur de la Miséricorde divine, et ce à travers quatre dévotions qu’il lui recommande d’annoncer.
1 – Réciter le chapelet de la Divine Miséricorde.
2 – Honorer l’image de Jésus Miséricordieux,
Jésus lui est apparu, portant un vêtement blanc,  la main droite levée en signe de bénédiction l’autre touchant sa poitrine. Dessous ses vêtements sortent deux grands rayons, rouge et blanc sortent de son côté, comme l’eau et le sang lors de sa mort sur la croix. Faustine fait peindre une représentation de cette vision. Jésus promet à Faustine de défendre l’âme qui aura honoré cette image.
3 – Célébrer le Dimanche de la divine Miséricorde : « Je désire que le premier dimanche après Pâques soit la Fête de la Miséricorde. / Qui s’approchera, ce jour là, de la source de vie, ( l’eucharistie ) obtiendra la rémission de ses fautes et de leurs châtiments. »
4 – Vénérer l’heure de la miséricorde :  « A trois heures (de l’après midi), implore Ma Miséricorde, tout particulièrement pour les pécheurs. Et ne fût-ce que pour un bref instant, plonge-toi dans Ma Passion, en particulier au moment où j’ai été abandonné lors de Mon agonie ! C’est là une heure de grande Miséricorde pour le monde entier. Je te laisserai partager ma mortelle tristesse ; en cette heure, Je ne saurais rien refuser à l’âme qui prie par Ma Passion ».
Quelle est donc cette miséricorde ?
« La miséricorde, c’est le chemin qui unit Dieu et l’homme, pour qu’il ouvre son cœur à l’espérance  d’être aimé pour toujours malgré les limites de notre pêché. »
« La miséricorde de Dieu n’est pas une idée abstraite, mais une réalité concrète à travers laquelle Il révèle son amour.comme celui d’un père et d’une mère qui se laissent émouvoir au plus profond d’eux mêmes par leur fils. Il est juste de parler d’un amour « viscéral ». Il vient du cœur comme un sentiment profond, naturel, fait de tendresse et de compassion, d’indulgence et de pardon. » dit le Pape François.
Miséricorde vient du latin « miser, misera, miserum » qui signifie pauvre, misérable et de « cor, cordis, » le cœur.
Miséricorde signifie donc cœur de pauvre, ou encore cœur tourné vers les pauvres. Saint Thomas d’Aquin dit « miséricorde signifie un cœur rendu misérable par la misère d’autrui. » La miséricorde consiste donc à avoir le cœur qui bat pour les pauvres. C’est la compassion pour toutes formes de souffrances ; le pardon généreux envers qui se reprend ;la patience bienveillante devant la lenteur de la conversion. C’est le cœur qui s’ouvre devant la misère du prochain.
Autrement dit, la Miséricorde c’est l’Amour infini de Dieu.
La miséricorde, c’est l’acte ultime et suprême par lequel Dieu vient à notre rencontre, qui s’exprime pleinement dans la rémission des péchés.
La miséricorde, c’est aussi ce qui habite le cœur de chacun lorsqu’il jette un regard sincère sur le frère qu’il rencontre sur le chemin de la vie. « Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux. » Lc 6, 36
Ce cœur est une attitude de toute la personne, un engagement de la volonté, il pousse à vouloir faire cesser la misère du prochain comme on le ferait pour la sienne.
La miséricorde de Dieu s’exprime de façon trinitaire dans son Amour infini :
– Dieu le Père nous a donné la vie par Amour, il a tout créé par la force de cet Amour.
– Dieu a envoyé son Fils par Amour pour sauver l’humanité de la mort et du péché par la manifestation suprême de cet amour, la mort et la résurrection du Christ.
– Dieu envoie son Esprit par Amour pour nous réconcilier avec Lui par le pardon des péchés.
C’est ce que nous retrouvons dans la Parole de l’absolution sacramentelle :
« Que Dieu vous donne sa miséricorde. Par la mort et la résurrection de son Fils il a réconcilié le monde avec Lui et il a envoyé l’Esprit Saint pour la rémission des péchés. Par le ministère de l’Église qu’il vous donne le pardon et la paix. »
« Recevez l’Esprit Saint. Tous ceux à qui vous remettrez ses péchés, ils seront remis ; Tous ceux à qui vous maintiendrez ses péchés, ils seront maintenus. » nous dit Jésus dans l’évangile de Jean entendu aujourd’hui. Jn 20, 21-23
La miséricorde va bien au-delà de la réconciliation.
Si la miséricorde conduit de manière privilégiée au sacrement de la réconciliation, elle ne se réduit pas seulement au pardon, elle est le lieu où l’on peut faire avec certitude l’expérience de cette action amoureuse de Dieu qui vient guérir le cœur de l’homme blessé par le mal qu’il est capable de commettre.
Laissons nous donc toucher par l’infinie miséricorde de Dieu, par cette manifestation de son Amour et revenons à lui pleins de joie avec un cœur contrit et converti.
Père Jean-Hugues Malraison

DIMANCHE DES RAMEAUX ET DE LA PASSION « B » Marc (11, 1-10) ; Isaïe (50,4-7) ; Ps 21 (22) ; Philippiens (2, 6-11) ; Marc (14, 1 – 15, 47)

Le contraste est saisissant entre les deux cortèges, celui dit des Rameaux et celui qu’on appelle le cortège du chemin de croix. En ce dimanche, notre regard se porte vers l’un et l’autre de ces deux cortèges, comme deux faces du même mystère pascal : dans l’une, Jésus triomphe sur un tapis de manteaux et de feuillages, au milieu des palmes qui s’agitent et des clameurs qui fusent ; et dans l’autre, il est écrasé sous le poids du bois de la croix et conduit vers Golgotha comme on emmène un agneau à l’abattoir. « Qui donc est cet homme ? ». C’est une invitation à faire de notre écoute des récits de l’entrée à Jérusalem et de la Passion, la même question : « Sur ces acclamations nourries d’Hosanna et sur cette croix, dans ce supplice horrible et immérité, qui es-tu pour le monde ? Qui es-tu pour moi ?
Pour le monde comme pour moi, tu es le « Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! », notre salut, notre santé et notre paix. C’est là notre foi et notre espérance, tout l’amour qui nous anime pour ton Saint Nom.
Pour le monde comme pour moi, tu es celui qui est allé au bout de nos propres questions les plus angoissées : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? ». Dieu, alors, nous abandonne-t-il ? Aujourd’hui, pourquoi nous soumet-il à telle épreuve ? (Qui peut être soit la maladie, soit la crise sanitaire, soit les conflits armés, soit les attaques meurtrières, soit les agressions sous toutes les formes, soit la dépression morale et psychique, soit la dictature, soit l’échec quelconque, soit le mensonge, soit le mépris, soit la haine, soit le grand âge, etc…)
Par Jésus, avec Lui et en Lui, tous nos pourquoi sont assumés dans son cri : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » Ce n’est pas un total abandon puisque Jésus l’interroge. Tant que nous questionneront Dieu, nous serons avec Dieu. Et si toutes nos questions pouvaient ouvrir la Voie qui mène vers Lui, apporter la Vérité de son cœur et donner la Vie qui sans fin, demeure ! Que cette liturgie nous procure la grâce de vivre cette semaine sainte qui devant nous s’ouvre ; la semaine du grand passage. Père Davy B. B.

HOMÉLIE DU 21 MARS 2021 5ème dimanche de carême B Jérémie 31,31-34 ; Hébreux 5,7-9 ; Jean 12,20-33

« Au commencement était le verbe. Et le verbe s’est fait chair » Jean 1,1.14 Dès le début de son Évangile, l’évangéliste Jean précise sa pensée. C’est de la chair, c.à.d. de l’homme dans sa fragilité dont il va parler. Et c’est dans cet homme que Dieu se donne à voir.
Ainsi nous lisons dons son Évangile, non pas une chronique de la vie de Jésus, (que ferons Matthieu, Marc et Luc) mais des scènes fortes de cette vie d’homme de Jésus qui est Dieu : les noces de Cana, la samaritaine, la multiplication des pains, la marche sur les eaux, la résurrection de Lazare.
Dans le récit que nous venons d’entendre, Jésus est un homme connu, un certain nombre de prodiges lui valent la réputation de prophète, ne vient—t’il pas de ressusciter Lazare. ?
Au milieu de la foule qui se rend à Jérusalem pour la Pâque, il est acclamé comme celui qui va libérer le peuple juif de l’occupant. Il entre donc triomphalement à Jérusalem. On étend des manteaux sous ses pieds, on agite des palmes (c’est notre fête des Rameaux).
Parmi la foule il y a aussi des grecs, qui ne sont pas grecs, mais étrangers, ce sont des païens sympathisants du judaïsme qui n’ont cependant pas franchi le pas de la circoncision.
Ces étrangers veulent voir Jésus. Traduit dans notre langage actuel, cela signifie qu’ils veulent croire en Jésus, le suivre, devenir disciples.
Comme étrangers, ils ont besoin d’interprètes, ils feront appel à Philippe et André, habitants comme eux, de Galilée terre étrangère, cosmopolite et païenne.
Bien sûr, ces étrangers ne sont pas nommés par hasard. Ils attestent que la mission de Jésus est de rassembler juifs et païens en un seul peuple.
« C’est lui, le Christ qui est notre paix, des deux, Israël et les païens, il a fait un seul peuple ; par sa chair crucifiée, il a fait tomber ce qui les séparait, le mur de la haine ». (Ep 2,14)
La réponse de Jésus, interpelé par Philippe et André, surprend ses
interlocuteurs. «
L’heure est venue pour le fils de l’Homme, d’être glorifié »
L’heure est venue : cette formule souvent utilisée par Jean, signifie qu’un moment important de l’histoire du salut est arrivé. En l’occurrence, ici, le moment est venu pour Jésus d’entrer dans sa passion.
L’heure est venue pour le fils de l’homme d’être glorifié : Ici la gloire n’est pas la célébrité humaine aléatoire et fugace, c’est pour Jésus le moment d’entrer dans la vie éternelle en passant par la mort et la résurrection.
Mais comment ses interlocuteurs pourraient-ils comprendre que Jésus annonce sa mort ? Le Messie, le fils de Dieu ne peut pas mourir. « Nous proclamons un Messie crucifié, scandale pour les juifs, folie pour les peuples païens » (1 Co 1,23)
Alors, comme souvent, pour se faire comprendre, Jésus prend un exemple dans la vie ordinaire (encore cette vie des hommes chère à St Jean)
Le grain de blé. II n’est pas nécessaire d’être diplômé d’agronomie pour savoir qu’il doit disparaître en terre pour donner une belle tige portant un épi généreux. S’il reste bien au sec dans le grenier il ne portera pas de grains. C’est sa mort qui sera génératrice de vie.
Chacun peut comprendre maintenant que Jésus doit mourir, non pas pour se sauver, pour s’évader de sa condition d’homme, mais pour sauver la multitude c.à.d. l’humanité entière. Car il ne s’agit pas tant de mourir pour vivre que mourir et porter du fruit.
Ce passage est souvent utilisé pour les funérailles. C’est un moyen simple de faire comprendre qu’à la suite du Christ, la mort si elle est un passage obligé n’est pas la fin de tout mais le début d’une vie nouvelle et éternelle dans la plénitude de l’amour de Dieu. La mort n’est pas une punition, elle est au contraire notre récompense, un tremplin vers la vie éternelle.
En disant cela, me revient à l’esprit cette citation d’A. de Saint Exupéry dans Citadelle. II disait à la mort de son père : « Je compris ce jour-là que ce n’était pas un cadavre qu’on ensevelissait, mais une provision qu’on engrangeait. »
Cependant cette récompense n’entraîne pas à la passivité. Puisque nous sommes rachetés par le Christ, sauvés par le Christ, cela ne signifie pas que nous pouvons attendre, les bras croisés, la mort libératrice. « Celui qui aime sa vie la perd, celui qui s’en détache en ce monde la garde pour la vie éternelle »
Comme le Christ, à son exemple, nous sommes invités à participer au salut, en donnant nous aussi notre vie.
Donner sa vie, ce n’est pas se donner la mort. Donner sa vie, c’est donner de sa vie, c.à.d. de son temps, de ses compétences pour faire exister l’autre. Donc, donner sa vie, c’est aimer. Nous avons reçu la vie en cadeau, il est somme tout logique, que nous donnions un peu de notre vie en cadeau ; c’est la condition pour que d’autres vivent.
Nous n’aurons jamais fini d’aimer à plein temps. Nous ne pourrons jamais égaler le Christ qui a fait le don parfait de sa vie. Mais nous ne devons pas pour autant nous culpabiliser jusqu’à la paralysie. Tous et chacun nous donnons de notre vie que ce soit comme parents, éducateurs, bénévoles etc.
Imparfaitement bien sûr, mais avec nos moyens, avec nos limites, avec notre souci du lendemain.
Mère Térésa disait : « Nous ne serons pas jugés sur ce que nous avons fait mais sur l’amour que nous avons mis à le faire. »
Peut-être en ce temps de carême pouvons-nous faire le don d’un peu plus de notre vie, avec encore plus d’attention, encore un peu plus d’amour.
Ainsi Dieu sera glorifié car : La Gloire de Dieu c’est l’homme vivant. Et nous serons, nous aussi, glorifiés : car la gloire de l’homme c’est de voir Dieu. (Saint Irénée)
Bernard Buisson 21 Mars 2021

Homélie du 4ème Dimanche de Carême.

« De même que le serpent de bronze fut élevé par Moïse dans le désert, ainsi faut-il que le Fils de l’homme soit élevé, afin que tout homme qui croit obtienne par lui la vie éternelle » Jn 3, 14-15
Pour comprendre cette comparaison faite par Jésus il nous faut d’abord regarder le peuple Hébreu dans la traversée du désert.
Depuis l’aube de l’humanité l’homme est marqué par le péché, individuel ou collectif, qui le détourne de l’Amour de Dieu.
« Celui qui fait le mal déteste la lumière : il ne vient pas à la lumière, de peur que ses œuvres ne soient dénoncées » Jn 3, 20
Nous en voyons un exemple dans la 1ère lecture, à Jérusalem au temps du roi Sédécias, où le peuple et les prêtres se livrent à l’idolâtrie.
« Sous le règne de Sédécias, tous les chefs des prêtres et le peuple multipliaient les infidélités, en imitant toutes les abominations des nations païennes, et ils profanaient la Maison que le SEIGNEUR avait consacrée à Jérusalem. » 2 Chr 36, 14
En remontant de quelques siècles, le peuple Hébreu suivait Moïse qui les avait fait sortir de l’exil en Égypte. La traversée du désert durera 40 ans, le temps de purifier le peuple pour qu’il abandonne les divinités égyptiennes et revienne à Dieu. Les 40 jours du carême que nous vivons actuellement, sont aussi pour nous ce temps de purification, de retour à l’essentiel, la Parole et l’Amour de Dieu.
Dans le désert du Sinaï les Hébreux ont été confrontés à plusieurs difficultés qui les ont amené à récriminer contre Moïse et son Dieu.
La faim, Dieu y pourvoit par la manne, la soif, Dieu permet à Moïse de faire jaillir une source, et l’épisode où ils étaient assaillis par des serpents venimeux qui fait mourir beaucoup d’hommes.
Comme ils n’ont pas la conscience tranquille, les Hébreux sont convaincus que c’est une punition que Dieu leur envoie. Ils se tournent alors vers le prophète :
« Nous avons péché en critiquant le SEIGNEUR et en te critiquant ; intercède auprès du SEIGNEUR pour qu’il éloigne de nous les serpents ! »
La réponse de Dieu à Moïse paraît surprenante .
« Fais faire un serpent brûlant en airin et fixe-le à une hampe : quiconque aura été mordu et le regardera aura la vie sauve. » Nb 21, 7-9
En fait il s’agit d’une croyance païenne répandue dans le peuple, mais dont
l’efficacité semble discutable. (Notons que c’est sans doute de cette coutume qu’est né le caducée, emblème des médecins qui apportent la guérison.)
Moïse fit un serpent d’airain et le fixa à une hampe ; et lorsqu’un serpent mordait un homme, celui-ci regardait le serpent d’airain et il avait la vie sauve. A première vue, cela semble relever de la magie, pourtant Dieu va se servir de cette coutume pour convertir le peuple et transformer ce qui était jusqu’ici un acte magique en acte de foi.
Moïse ne va pas brusquer pas le peuple en s’opposant et lui dit de faire comme ils ont l’habitude de faire, mais de ne pas se tromper de dieu : il n’existe qu’un seul Dieu, celui qui les a libérés d’Égypte. « Faites-vous un serpent, et regardez-le. Croyez cependant que celui qui vous guérit, c’est le Seigneur, ce n’est pas le serpent. »
Ainsi en levant les yeux vers le ciel, vers le serpent élevé sur le bois c’est vers Dieu qu’ils regardent, lui seul pouvant les guérir et les sauver.
Dans le passage de l’Évangile de Jean entendu ce matin Jésus reprend cet exemple à son propre compte.
« De même que le serpent de bronze fut élevé par Moïse dans le désert, ainsi faut-il que le Fils de l’homme soit élevé, afin que tout homme qui croit obtienne par lui la vie éternelle » Jn 3, 14-15
De la même manière qu’il suffisait de lever les yeux avec foi vers le Dieu de l’Alliance pour être guéri physiquement, désormais, il suffit de lever les yeux avec foi vers le Christ en croix pour obtenir la guérison spirituelle.
Lever les yeux et regarder la croix c’est croire en Jésus sauveur qui apporte le salut à tous les pécheurs par sa mort et sa résurrection. C’est reconnaître en Lui l’amour infini de Dieu. C’est écouter sa Parole et la mettre en pratique. Lever les yeux vers la croix veut dire croire en Jésus sauveur, reconnaître en lui l’amour même de Dieu. Face à la proposition d’amour de Dieu, notre réponse peut être celle de l’accueil, la foi mais aussi le refus car nous sommes libres.
« Dieu est riche en miséricorde ; à cause du grand amour dont il nous a aimés, nous qui étions des morts par suite de nos fautes, il nous a donné la vie avec le Christ » nous dit St Paul dans la 2è lecture Ep 2, 4-5
« Car Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que
quiconque croit en lui ne se perde pas, mais obtienne la vie éternelle. Car Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé. » Jn 3, 16-17
Désormais, en Jésus, c’est tout homme, c’est le monde entier, qui est invité à croire pour vivre et accueillir le salut.
Alors chaque fois que nous sentons en nous la morsure mortelle du péché puissions nous lever les yeux vers le Seigneur, vers le Christ rédempteur élevé sur le bois de la croix.
« Tout homme qui croit en lui obtiendra la vie éternelle »
Père Jean-Hugues Malraison
4è dimanche de carême.


Évangile de la Samaritaine

Dans l’évangile de ce jour, Jésus ne vient pas en marchant sur l’eau, il ne parle pas à une immense foule de 5000 personnes, il ne participe pas non plus à une fête où il va changer l’eau en vin. Non. Aujourd’hui, Jésus se met dans un comportement humain des plus simples : il fait chaud, il a soif, il voit une femme et il va lui demander à boire… 
Il a donc besoin de cette femme pour qu’elle lui donne de l’eau, et c’est lui qui le premier se fait demandeur, c’est lui le fils de Dieu qui se met à son niveau, qui vient s’asseoir sur la margelle. Les disciples lui reprocheront bien cette attitude, parler à une femme qu’il ne connaît pas, qui plus est une samaritaine… Car pour redonner l’espoir à cette Samaritaine au puits de Jacob, Jésus transgresse tous les tabous : le tabou racial, le tabou sexuel et le tabou religieux. Mais Jésus est un homme libre. Il ne croit pas aux blocages définitifs, ni aux étiquettes blessantes, ni aux rancœurs ancestrales ; mais il sait redonner l’espoir à ceux et celles qui sont abattus par les difficultés de la vie : «Venez à moi vous tous qui souffrez et qui ployez sous le poids du fardeau et moi je vous soulagerai.» nous dira t-il un peu plus loin dans l’évangile.
Et Jésus va écouter cette femme ; il est attentif à ce qu’elle vit, à ce qu’elle est, à son histoire, à ses blessures… et à ses soifs. Il sait quelles sont ses soifs. Il connait son cœur, et il va être respectueux, pédagogue, et partant de ses désirs, il va lui permettre de découvrir des désirs encore plus grands, des désirs qui ne lui paraissaient même pas accessibles…
C’est maintenant la Samaritaine qui est demandeuse « Seigneur donne la moi cette eau ». C’est maintenant elle qui a soif, à travers cette conversation devant le puits, à travers ces paroles bienveillantes, où la femme découvre une autre soif beaucoup plus profonde. Oui, Jésus creuse un puits dans cette nouvelle créature, un puits qui devient source d’eau vive et de fécondité. Il lui révèle qu’elle vaut beaucoup plus que la somme de tous ses échecs. Reconnaissant le Christ, le cœur de cette femme est sauvé. Dans sa vie superficielle, desséchée par une existence trop terre à terre, une source d’eau vive a jailli. Elle n’a plus que faire de ce puits et de sa cruche. Elle court communiquer ce qu’elle vient de découvrir, Celui qu’elle vient de découvrir. Cette Samaritaine qui a cherché son bonheur et sa vérité dans ses amours passagers, et qui n’a connu que des échecs, est consumée d’une autre soif que le Christ lui permet d’étancher. Elle n’aura donc plus jamais «soif» car la source d’eau vive est en elle et elle sait maintenant qu’elle est aimée de Dieu.
Et nous, que sommes-nous venus chercher ou demander dans cette église aujourd’hui ? Nous savons que nos demandes les plus fortes dépassent un verre d’eau pour passer une soif passagère. Nous sommes là, avec nos demandes les plus profondes, pour ceux que nous aimons, pour nous-mêmes peut être aussi. Comme vous Lola et Sandra qui venez chercher le baptême, puissions-nous remplir notre cœur de ce Dieu qui vient nous dire son amour, qui vient constamment nous dire, comme à la Samaritaine, que nous sommes beaucoup plus grands que tous nos échecs cumulés.
Mais Dieu nous laisse libre. Libre de répondre ; libre de le suivre. Dans la table de la Loi que nous avons entendu en première lecture, Dieu commence par nous donner la liberté « Je suis ton Dieu qui t’as donné la liberté » Un telle confiance en l’homme ne sera-t-elle jamais atteinte dans nos sociétés ?
Thierry MERLE, diacre

HOMÉLIE DU IIe DIMANCHE DE CARÊME / ANNÉE B (Père Basile)

En ce deuxième dimanche de Carême, la liturgie nous propose de gravir deux montagnes pour nous préparer au mystère pascal de Jésus : la montagne où Abraham offre à Dieu son fils unique en sacrifice et celle où Dieu offre son Fils transfiguré au monde. Par la mention de la mort des fils, ces deux épisodes nous indiquent le chemin de la résurrection, de la Vie.
Dans le récit de la Genèse, il semble que Dieu exige de la part de l’homme quelque chose d’impossible, voire d’inhumain ! Comment un Dieu d’amour et de miséricorde peut-il demander le sacrifice d’un fils ? N’est-ce pas une incohérence de sa part que de demander la mort du fils de la promesse ? De quoi est-il réellement question dans ce texte ? Abraham ne sacrifiera pas son fils, car l’Ange du Seigneur ne le lui permettra pas. Cet Ange, c’est le Seigneur lui-même, c’est le Dieu de l’Alliance et de la vie… Dieu n’est pas comparable aux fausses divinités qui exigent la mort du fils, il est le Seigneur de la promesse. Le vrai culte rendu à Dieu, c’est une célébration de la vie et des promesses d’avenir que Dieu nous fait. C’est parce que nous sommes ainsi promis non pas à la mort, mais à la vie que, pleins d’espérance, nous chantons aujourd’hui avec le psalmiste : «Je marcherai en présence du Seigneur sur la terre des vivants» (Ps 115). 
Jésus transfiguré entouré des plus grands représentants de l’Histoire sainte, les témoins par excellence de l’Alliance que Dieu a promise à son peuple, est le fils offert sur la seconde montagne. La Transfiguration de Jésus sur le mont Thabor en présence de Pierre, Jacques et Jean, marque un tournant décisif dans le mystère de la Rédemption. La Passion en ligne de mire, cette manifestation du Christ préfigure sa Résurrection. Ses souffrances et sa mort ne mettront pas un point final à sa mission mais révéleront sa divinité. En définitive, l’Amour va triompher de la mort. Et ce sera à ses disciples d’en témoigner ! Pour les trois disciples témoins de la Transfiguration, Jésus a voulu faire le lien entre sa gloire et sa souffrance. Le message était clair : Jésus leur dévoile une petite lueur de sa divinité. Car malgré tout ce qui va Lui arriver, Il est toujours le Messie, l’Envoyé du Père. «Celui-ci est mon Fils bien-aimé. Écoutez-le» (Mc 9, 7)
Pour chacun de nous, le chemin de foi n’est jamais linéaire. Il y a toujours des hauts et des bas suivant les événements de la vie ! Il est facile d’avoir la foi lorsque tout va bien dans notre famille, au travail et que nous sommes en bonne santé. C’est plus difficile lorsque nous traversons une période de crise et d’incertitude. Jésus nous invite à ne pas nous laisser arrêter par les épreuves, à aborder avec courage le chemin escarpé et difficile pour aller à sa rencontre
Quand nous avons envie de rester en haut, de nous installer et de planter notre tente comme Pierre émerveillé, Jésus nous invite à redescendre, à nous replonger dans la réalité de la vie et à l’affronter avec courage. Cette réalité est le lieu de notre témoignage, de la manifestation de notre foi, de l’attestation de l’amour du Christ dont la résurrection aura le dernier mot sur la mort, car Lui qui est venu pour nous donner la vie, et la vie en abondance, nous veut vivants.
En ce temps de Carême, notre montagne de la Transfiguration est celle de cette victoire de la vie sur la mort ; elle est le signe de l’espérance qui nous habite et dont nous devons témoigner en prenant parti pour le Dieu de la vie, et cela, en luttant contre toutes les forces mortifères comme la haine, la discorde, la malveillance, etc. ; bref, tout ce qui ne favorise pas la vie. Les disciples l’ont fait après la résurrection, il convient que nous le fassions dans notre vie de tous les jours dans la fidélité à l’écoute et à l’obéissance aux paroles du Fils bien-aimé du Père.

HOMÉLIE DU 1ER DIMANCHE DE CARÊME B

21 février 2021
Genèse(9,8-15 ) ;1Pierre (3,18-22) ; Marc (1,12-15)

« En ce temps là, Jésus venait d’être baptisé. Aussitôt l’Esprit le pousse au désert et, dans ce désert, il resta quarante jours, tenté par Satan. » Chaque fois que je lis ce texte de Saint Marc, tous les trois ans, j’ai l’impression d’avoir sauté une page

En effet, notre mémoire collective retient un récit des tentations de Jésus
beaucoup plus coloré, à l’instar des noces de Cana, de la résurrection de Lazare ou de la multiplication des pains.
Dans les évangiles de Matthieu et de Luc le démon est montré, comme on le
redoute, rusé, provocateur, agressif.
« Si tu es le fils de Dieu, ordonne à ces pierres de devenir du pain »
« Si tu te prosternes devant moi, tu auras tous les royaumes de la terre »
« Si tu es le fils de Dieu jette toi en bas de ce temple »
Pourquoi cette discrétion chez Saint Marc ?
Marc a été le premier des quatre évangélistes, à recueillir des témoignages de la vie de Jésus, à les mettre en formes pour témoigner et éduquer les peuples. L’Évangile de Marc est court, il se lit en moins d’une heure, il va à l’essentiel : Jésus est le fils de Dieu. Sans perdre sa condition divine, il a vécu pleinement sa vie d’homme. Il est mort. Il est ressuscité. Il est le Sauveur du Monde.
Jésus est maintenant baptisé. Les cieux se sont ouverts, signe de la présence
divine dont la voix annonce : « Tu es mon fils bien-aimé, en toi j’ai mis tout mon amour » Il est adulte. Sa mission chez les hommes peut commencer. Mais chez les hommes, il va danger. La liberté qui leur est donnée se paie d’efforts pour résister aux tentations du monde.
L’esprit de Dieu pousse alors Jésus au désert. Probablement, pour le mettre à l’épreuve, comme on met les jeunes soldats à l’épreuve du feu avant de monter au front.
Le désert est, certes, le lieu de la méditation où se sont rendus les prophètes Elie et Jean-Baptiste, où se rendront par la suite, Saint Antoine et les pères du désert, mais c’est aussi un lieu de solitude, où le silence même est agressif, où les organismes, affaiblis par la faim et la soif, sont à la merci des tentations du monde.
Jésus y vivra pendant quarante jours au milieu des bêtes sauvages. Il triomphera de toutes les tentations grâce à Dieu et à « ses anges qui le servaient. » Il vivra l’itinéraire spirituel du peuple de Dieu, quarante ans à travers le désert, la mer rouge, les dix plaies d’Égypte, le veau d’or, etc.
Le carême commence. Le carême, temps de conversion, de prières et de partage pour vivre pleinement cette fête du renouveau : la Résurrection du Christ Pour les catéchumènes des premiers siècles, ce sont quarante jours pour se préparer au baptême à Pâques.
Pour les pénitents, c’est la dernière étape de conversion avant de réintégrer la communauté dont ils avaient été exclus.
Que sera notre désert ?
Nous avons quarante jours pour regarder dans le rétroviseur, faire que, dans notre futur, naisse un autre « nous », pour nous convertir, retrouver le chemin que le Christ nous a tracé.
Oh ! ne nous berçons pas d’illusions ! Nous devrons nous contenter de petits pas. Dans la mesure de nos moyens, avec nos charismes, ce sera le temps de modifier notre comportement pour participer à la construction du Règne de Dieu : « Les temps sont accomplis » dit Jésus.
« N’attendez pas le jugement dernier, dit Albert Camus, il a lieu tous les jours »
Pour être concret, je me risque à citer quelques attitudes du quotidien : -Veiller à ce que nos relations avec nos semblables soient franches, sans arrières pensées.
-Veiller à ce que notre rapport à l’argent se limite au nécessaire.
-Être assidus aux rassemblements dominicaux, là, on y rencontre le Christ mais aussi nos frères.
-Revoir notre comportement vis-à-vis de la nature qui est création de Dieu ;
particulièrement pendant cette année « Laudato Si » voulue par le pape François.
-Faire un effort spécial pendant cette période de Pandémie, pour nous informer sérieusement et vivre cette épreuve dans l’Espérance.
Le carême n’est pas seulement un temps de petites privations pour nous préparer à Pâques,
c’est aussi le prolongement de l’Alliance que Dieu a faite avec Noé : quarante jours à travers l’eau,
renouvelée avec Moïse, 40 ans dans le désert, confirmée par Jésus-Christ,
quarante jours au désert, à l’épreuve du Mal.
Par excellence le carême est le renouvellement de notre Alliance avec Dieu :
notre BAPTÊME.
Saint Pierre nous le rappelle dans la deuxième lecture :« Le baptême ne purifie pas de souillures extérieures mais il est l’engagement envers Dieu d’une conscience droite. »


« Les temps sont accomplis, Convertissez vous et croyez à l’Évangile »


Bon carême. Amen

Bernard Buisson , diacre


Homélie Mercredi des Cendres

Frères et sœurs,
Au début de ce carême, entendons l’Église, notre mère, reprendre les paroles de saint Paul aux Corinthiens : « Nous sommes donc les ambassadeurs du Christ, et par nous c’est Dieu lui-même qui lance un appel : nous vous le demandons au nom du Christ, laissez-vous réconcilier avec Dieu. » (2 Co 5,20) Comment pouvons-nous nous laisser réconcilier avec Dieu ? Jésus lui-même nous l’enseigne dans l’évangile proclamé ce jour : l’aumône, la prière et le jeûne. Ces trois axes, Jésus nous invite à les vivre comme une attitude intérieure qui doit transfigurer notre vie extérieure. Ils ne sont pas un poids qui vient peser sur nos épaules. Ils sont un chemin qui nous ouvre à la joie car ils sont le dynamisme même de la réconciliation voulue par Dieu.
L’invitation à la prière, au jeûne et au partage nous est proposée pour avancer sur ce chemin de plus grande authenticité humaine. Ce n’est pas un hasard si Jésus demande à ses disciples de vivre ces dimensions à l’insu du regard des autres et sans doute aussi à l’insu de notre propre regard. C’est pour faire en sorte que la dimension intérieure de notre être prenne plus de place et de consistance.
Sur cet itinéraire spirituel, nous ne sommes pas seuls, car l’Église nous accompagne et nous soutient dès ce premier jour à la lumière de la Parole de Dieu qui contient un programme de vie spirituelle et d’engagement pénitentiel. Les paroles de l’Apôtre Paul nous offrent une consigne précise : « Nous vous invitons à ne pas laisser sans effet la grâce reçue de Dieu … Le voici le moment favorable, le voici le jour du Salut … »
Si les cendres, qui vont être répandues sur notre front dans quelques instants, manifestent la tristesse qui envahit notre cœur par notre péché, elles sont aussi le signe de l’espérance. Elles marquent notre désir de conversion, d’un changement profond de notre cœur, de notre vie. C’est ainsi que les paroles du prophète Joël sont un formidable cri d’espérance : « Revenez à moi de tout votre cœur » (Joël 2,12). Lorsqu’on crie à quelqu’un « reviens », il y a toujours un ton de supplication, c’est-à-dire le ton de la personne qui est attachée à celui qui part et qui le supplie de revenir à elle. C’est un véritable cri d’amour que Dieu exprime à travers la bouche du prophète. Si Dieu me semble loin, ce n’est pas parce qu’il s’est éloigné de moi mais parce que mon péché m’a éloigné de Lui !
Que ce Carême nous donne, à tous et à chacun, de renaître de nos cendres et de vivre du feu de Dieu !  Amen
Père Thomas Mesidor