Homélie 4è Dimanche de carême Laetare

En ce 4è dimanche de carême nous célébrons le dimanche de laetare, c’est-à-dire de la
joie
« Réjouis-toi, Jérusalem ; vous tous qui l’aimez, rassemblez-vous. Jubilez de sa joie, vous
qui étiez dans la tristesse ; alors vous exulterez, vous serez rassasiés de consolation ».
Is 66,10
C’est une manière d’anticiper la joie des fêtes de Pâques, de marcher vers la résurrection
du Christ.
Le carême est aussi le temps de la préparation au baptême pour les catéchumènes qui
seront admis aux sacrements de l’initiation chrétienne lors de la Vigile Pascale, avec
aujourd’hui le 2è scrutin, mais c’est aussi une démarche baptismale et de conversion pour
tous les baptisés.
L’Église souhaite que les assemblées chrétiennes accompagnent par la prière les
catéchumènes qui seront baptisés à Pâques. C’est donc une autre manière, mais bien
réelle, d’anticiper la joie pascale.
Cette joie c’est de savoir que nous sommes sauvés définitivement par le Christ.
Par le baptême, nous sommes configurés au Christ et devenons à sa suite prêtre,
prophète et roi et nous sommes déjà marqués par la résurrection.
Jésus est venu pour nous sauver et non pour juger ou pour condamner. Il nous ouvre à la
miséricorde du Père.
« Dieu est riche en miséricorde ; à cause du grand amour dont il nous a aimés, nous qui
étions des morts par suite de nos fautes, il nous a donné la vie avec le Christ : c’est bien
par grâce que vous êtes sauvés ! » . Ep 2, 4
Le salut de chacun de nous ne dépend pas de la seule volonté de Dieu mais aussi de
nous, il nous est offert par grâce, encore faut-il que nous l’acceptions.
Dieu soumet le salut du monde à la liberté de l’homme, de tout homme, qui est appelé à
choisir les ténèbres ou la lumière. Et si jugement il y a, il est à chercher dans cette
possibilité laissée à tout homme de préférer les ténèbres à la lumière !
Le jugement, la condamnation, ne vient pas de l’extérieur ; c’est l’homme qui se juge et se
condamne lui-même quand il refuse de croire. Le jugement c’est l’acte de celui qui refuse
l’amour de Dieu. « Celui qui ne veut pas croire est déjà jugé ». Jn 3, 18
Jésus est venu nous sauver de nos égoïsmes, de nos peurs, de nos petitesses, de tous
nos manques d’amour. Mais aussi de nos certitudes, de nos pseudo bonnes consciences,
tout ce qui nous enferme dans le mensonge, loin du Christ qui est la Vérité.
Il n’est pas d’amour véritable qui ne soit pas porté par le désir de donner à l’être aimé la
possibilité d’accéder à la vérité de son être, et, ce faisant, d’être autre !
Aimer en vérité, c’est toujours apprendre à respecter et à promouvoir ce que l’autre a
d’unique. C’est ainsi que Dieu nous aime chacun pour ce que nous sommes dans notre
identité propre.
Croire en Jésus, lumière venu éclairer le monde, c’est passer des ténèbres du
péché à la lumière de l’Amour de Dieu. C’est changer notre agir.
« Jn 3,19-21 la lumière est venue dans le monde, et les hommes ont préféré les
ténèbres à la lumière, parce que leurs œuvres étaient mauvaises… mais celui qui
fait la vérité vient à la lumière. »
C’est ce qui se passe par exemple pour l’aveugle né qui rencontre Jésus.
Dans les ténèbres de la cécité depuis sa naissance il représente l’humanité
refermée sur elle-même par le mal et par le péché des origines.
Entendant Jésus passer près de lui, l’aveugle crie vers lui. Jésus vient lui ouvrir les
yeux du cœur. Il fait découvrir le tout Autre qu’est Dieu et les autres que sont nos
frères et sœurs. L’illumination intérieure se traduit par un regard extérieur
renouvelé. C’est ce que les pharisiens, enfermés dans leur suffisance, se refusent
à faire.
Ainsi, l’aveugle passe de la cécité intérieure à la lumière intérieure de l’amour de
Dieu pour lui.
Voir n’est pas seulement une fonction physique. Voir c’est aussi une vision
spirituelle, une vision qui envahit le cœur et l’intelligence. C’est ce qui se produit
dans le Baptême chrétien qu’on appelait dans les premiers siècles de l’Église une «
illumination ». Le baptisé est illuminé par le Christ.
Sortir de nos ténèbres et laisser entrer la lumière du Christ en nous c’est ce que
nous sommes tous invités à faire et à toujours refaire. Le temps du Carême à
chaque année est là pour cela. C’est aussi le chemin que font les catéchumènes
jalonné des étapes qui les mènent à la rencontre du Christ par le baptême. Le
scrutin d’aujourd’hui en est une.
Comme à l’aveugle-né, Jésus demande à chacun de nous : « Crois-tu au Fils de
l’homme ? ». Et si je lui dis : « Et qui est-il, Seigneur, pour que je croie en lui ? »
Jésus me répondra: « Tu le vois, et c’est lui qui te parle ».
À l’exemple de l’aveugle-né, comme baptisés, nous sommes invités à refaire notre
profession de foi baptismale en disant nous aussi « Je crois, Seigneur ! ».
Que notre Carême, éclairé par les paroles de Jésus nous donne une foi encore
plus agissante et vivante.
P Jean-Hugues

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