En ce 4e dimanche de Pâques dit Dimanche du Bon Pasteur, nous lisons un extrait de l’évangile de saint Jean où Jésus se présente comme le Bon Pasteur. Cela a dû surprendre son auditoire. Comment pouvait-il en effet s’attribuer un titre réservé à Dieu lui-même ? Certes, déjà les rois et les princes de l’Orient ancien s’attribuaient de temps à autres ce qualificatif digne des plus grands guides : ils se considéraient comme les pasteurs des nations. Mais c’est Dieu lui-même qui s’est montré digne d’être appelé Bon Pasteur au moment de la Pâque du peuple hébreu, au temps de la libération du joug égyptien. Le pasteur est un libérateur, et ce libérateur, c’est Dieu, comme en témoignent les prophètes (cf. Ez 34, 15 sq) et les Psaumes (cf. Ps 77, 52), dont celui du jour, où nous lisons : « Nous sommes à lui, nous, son peuple, son troupeau » (Ps 99, 3).
Pour les Juifs, c’est une prétention de la part de Jésus que de déclarer qu’il se tient à la place de Dieu, dans son rôle et sa fonction libératrice. Mais si ces Juifs qui l’interrogeaient ne pouvaient pas comprendre les propos de Jésus, nous, nous le pouvons à la lumière de la célébration de Pâques : sa résurrection nous a manifesté sa puissance libératrice ; Jésus est bien le maître de la vie, il est le guide, le Bon Pasteur. Tout comme son Père, car « Le Père et moi, nous sommes UN », dit-il dans l’évangile de ce dimanche.
Oui, Jésus est le Bon Pasteur, parce qu’il donne la vie éternelle à ses brebis que nous sommes. C’est quoi ‘‘ la vie éternelle’’ ? Eh bien, c’est être dans la main de Dieu. Une main paternelle et tendre qui essuie toute larme de nos yeux, ainsi que nous l’avons entendu dans la seconde lecture. Et comment obtenir cette vie qui ne finit pas ? La réponse, Jésus nous la donne dans l’Évangile : il faut être de ceux qui écoutent la voix du Berger, c’est-à-dire de ceux qui accueillent sa Parole avec joie. Ceux qui, d’une attention aimante et humble, écoutent le ‘‘point de vue’’ de Dieu sur toutes choses. L’écoute devient ainsi obéissance aux commandements qui nous sont donnés par le Bon Pasteur, et finalement suite du Christ qui dit : « Mes brebis me suivent ». Il s’agit de laisser la Parole de Jésus transformer nos vies, de mettre nos pas dans ses pas, de nous attacher de toute notre vie à Celui qui nous aime et que nous aimons. Je crois que cela devrait nous interroger : Quelles brebis sommes-nous ? Nous laissons-nous entraîner avec joie et docilité par le Bon Berger vers les pâturages de la vie éternelle ?
Tout en cherchant à répondre à ces questions fondamentales qui engagent notre vie de chrétiens, n’oublions pas qu’en ce dimanche du ‘‘Bon Pasteur’’, nous sommes appelés à prier particulièrement pour la vocation sacerdotale, pour les pasteurs de l’Église. Ils ont besoin de la prière des brebis de Dieu qui sont à leur charge, ils ont besoin d’être bénis et éclairés par le Pasteur par excellence pour remplir leur mission avec passion et générosité. Mais n’oublions pas non plus que l’appel à s’occuper du peuple de Dieu est adressé personnellement à chacun. Il s’agit de la « vocation divine », laquelle se veut universelle. C’est « un appel que tout baptisé doit s’efforcer de discerner et de rejoindre par une bonne disposition. Le service de Dieu nous concerne tous. L’Église a besoin des bénévoles qui consacrent leur temps aux différents services. Des chrétiens qui prêtent l’oreille à la voix du Seigneur et répondent à son appel. Une paroisse ne peut tenir que grâce à des personnes dévouées qui la rendent dynamique. Il y a mille et une façon de le faire, c’est à nous de trouver notre propre vocation, notre propre voie. À chacun sa vocation ! Dieu nous invite à nous engager pour une cause en y investissant le meilleur de nous-mêmes, selon nos capacités, pour que la foi soit vivante. […] ». Certains d’entre nous le font déjà comme animateurs de tel ou tel groupe, comme bénévoles à l’EHPAD, au Secours Catholique, comme membres de l’équipe funérailles, etc. C’est là déjà une manière de participer à la charge pastorale pour le salut des âmes.
Que le Seigneur nous aide à nous lancer avec courage sur ce chemin de service. Qu’il nous aide à bien discerner son appel et à y répondre avec l’énergie du cœur.