Actes (10, 34a.37-43)– Col (3,1-4) Jean, (20,1-9)
Il est ressuscité. Il est vivant ! Alléluia !
Tous les ans, dans la nuit et au matin de Pâques, nous proclamons cette vérité
qui nous fait vivre.
Elle nous fait vivre parce qu’elle est le fondement de notre foi.
« Si le Christ n’est pas ressuscité, dit Saint Paul, notre foi est vaine, vaine est
notre espérance et nous sommes les plus malheureux des Hommes »
(1Co15,13)
Mais précisément, vivons-nous cette foi ? Conditionne-t-elle notre vie ?
Le risque est grand que, d’année en année, nous célébrions cette fête comme un
autre évènement historique, 732, 1515 ou le 14 juillet, par exemple. Une date
importante certes, mais qui marque une période révolue ; alors qu’avec Pâques,
c’est le mystère permanent de la vie plus forte que la mort que nous célébrons.
Il y a bien une réalité historique de la résurrection, et à défaut de témoins
oculaires, nous avons des témoins dans la foi qui s’expriment dans les Evangiles.
Saint Jean, lui, s’attache plus à démontrer la foi des apôtres qu’à décrire la
découverte du tombeau vide.
En effet, dans ce récit St Jean met en scène une seule femme : Marie-Madeleine
qui se rend au tombeau dès la fin du Sabbat, le premier jour de la semaine, au
lever du jour. Elle ne vient pas pour embaumer le corps de Jésus, cela a déjà été
fait par Joseph d’Arimathie et Nicodème au moment de l’ensevelissement. Elle
vient par amour, pour exprimer sa tendresse et sa piété, et ainsi rester le plus
longtemps possible auprès de son Seigneur, dans une attitude de grande humanité.
La pierre a été enlevée. Elle court prévenir deux disciples, Simon Pierre et un
autre, que la tradition dit être Saint Jean.
En toute hâte ils se rendent au tombeau. Jean le premier arrivé, voit le linceul
mais n’entre pas dans le tombeau. Pierre lui y entre et voit le linceul c’est-à-dire
les bandelettes qui enveloppaient le corps de Jésus et le linge qui recouvrait sa
tête. Le tout bien rangé à sa place. C’est alors que Jean entre à son tour dans le
tombeau. « Il vit et il crut » nous dit l’Evangile.
Il vit qu’il n’y avait rien à voir. Le corps de Jésus n’était plus là. Les linges
mortuaires correctement repliés indiquent, contrairement à ce que croyait Marie-
Madeleine, que le corps n’avait pas été enlevé, mais que Jésus s’était relevé seul,
sans vêtement du tombeau.
De vêtements Jésus n’en avait plus besoin, puisqu’il n’était plus dans la condition
d’un être humain, mais ressuscité, corps glorieux, tout autre.
Il vit et il crut. Jean crut car il comprit que, comme le dit l’Ecriture : « Jésus
devait ressusciter d’entre les morts ». Il comprit les paroles que Jésus leur avait
dites : « Détruisez ce temple et en trois jours je le rebâtirai / je pars vous
préparer une place /.Je reviendrai vous prendre avec moi. / je ne vous laisserai
pas seul / je vous enverrai mon Esprit Saint. »
Dans la suite du récit, que nous n’avons pas lu, Jésus ressuscité se manifeste à
Marie Madeleine, il l’interpelle :« Marie » ! Le cri de joie de Marie Madeleine qui
le reconnait :« Rabbouni » vaut attestation pour nous.
Alors elle annonce aux autres disciples : « J’ai vu le Seigneur et voilà ce qu’il m’a
dit » : « vas trouver mes frères pour leur dire que je monte vers mon Père et
votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu »
Le rappel du texte, certes nécessaire, n’est pas suffisant. L’essentiel réside dans
la dynamique créée par la résurrection du Christ dans nos vies.
En prenant la condition humaine, par Jésus-Christ, Dieu s’est investi dans
l’Homme, il lui a légué une part de sa divinité. C’est ce qui confère à l’être
humain sa grandeur et sa dignité.
En ressuscitant, le Christ a permis à tous les Hommes de ressusciter à leur tour.
Mais, la Résurrection, notre résurrection n’est pas seulement la vie éternelle dont
nous ne savons pas exactement ce qu’elle sera, mais elle est, dès maintenant, la
vie du Christ en nous.
Quand nous proclamons : « Il est ressuscité il est vivant », nous affirmons que
Jésus (Dieu) est en nous en permanence.
Il nous revient à nous, ses enfants de vivre en ressuscités.
Comment :
Ecoutons la réponse de Jésus à Nicodème : « En vérité, en vérité, je te le dis : à
moins de naitre de nouveau (d’en-haut ) nul ne peut voir le Royaume de Dieu »
(Jean 3,3)
Cette nouvelle naissance (spirituelle, celle-là) c’est celle que nous invitent à vivre
Saint Paul (Col) Origène, maître Eckhart ou plus près de nous Maurice Zundel dont
je vous livre quelques lignes : « Nous devons nous désapproprier de nous-mêmes,
faire place au Christ. Il ne suffit pas de faire le Bien, mais il faut devenir le
bien »
« Il faut naitre de nouveau, et n’oublions jamais que l’homme authentique (celui
qui n’est pas fabriqué par la société), que Dieu Esprit et Vérité se situent toujours
en avant de nous »
Certes la mission est difficile. Notre bonne volonté ne suffira pas. Mais l’Esprit
Saint veille.
Écoutons le.
Bernard Buisson diacre