COMMENTAIRES DE L’ÉVANGILE DU 8ème dimanche ordinaire C

27 Février 2022, Ben Sirac ( 27, 4-7), 1Co 15,54-58, Luc 6, 39-45


Aujourd’hui, le prédicateur risque d’être tenté par la facilité, et de transformer l’homélie en sermon moralisateur.
Il est vrai que les trois paraboles utilisées par le Christ à l’endroit de ses disciples s’y prêtent dangereusement.
Mais le Christ n’est pas un procureur. Sa mission est d’annoncer l’amour de Dieu (le Royaume) et la joie du salut. « Car Dieu a envoyé son fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais, pour que par lui, le monde soit sauvé » Jean 3,1
Pour ce faire, il doit préparer ses disciples à l’humilité, à la patience, la bienveillance et au juste discernement. Il va les inviter à faire ce qui est bon, ce qui est juste, ce qui est vrai.
C’est ainsi que, depuis quelques semaines, Saint Luc nous entraîne, à trouver à la suite du Christ, la juste place du disciple : celui qui écoute la Parole de Dieu et la fait vivre.
Jésus montrant la foule de ses disciples dit : « Voici ma mère et mes frères, quiconque fait la volonté de mon Père qui est aux cieux »
Ainsi, nous avons vu Jésus, dans la synagogue de Nazareth, lire ce passage du prophète Isaïe (3ème dimanche) : « l’Esprit du Seigneur est sur moi parce que le Seigneur m’a consacré par l’onction » et commenter en reposant le livre : « Cette Parole de l’écriture c’est aujourd’hui qu’elle s’accomplit »
Jésus est lui-même cette Parole à vivre.
Puis, toujours dans la synagogue de Nazareth, devant le scepticisme des juifs qui ne voient en lui que le fils du charpentier, Jésus déclarer (4ème dimanche);  «  Nul ne peut prophétiser dans son pays ». Signifiant ainsi que d’autres pays accueilleront le prophète, car, la parole de Dieu, n’est pas réservée au peuple juif seulement, mais elle est pour tous.
Et de confirmer : « Au temps du prophète Elie, malgré les grandes souffrances d’Israël ce sont des étrangers, la veuve de Sarepta et le syrien Naaman qui ont bénéficié des bontés de Dieu. »
La parole de Dieu a porté son fruit là où on ne l’attendait pas.
Sur le lac de Génézareth,(5ème dimanche) alors que les pécheurs rentraient bredouilles Jésus intime à Simon Pierre l’ordre d’avancer au large et se jeter ses filets. Chose faite, les filets remontent pleins à craquer.
C’est grâce à la Parole « Jetez vos filets » que l’impossible arrive.
Au cours de ces deux derniers dimanches, Jésus nous entraîne sur un chemin d’exigence, un chemin d’excellence : Le Sermon dans la plaine. Là, il ne s’agit plus de suivre des règles admises par tous, mais d’avancer à contre courant des idées du monde. De rechercher le bonheur dans le service des pauvres, de pleurer avec les malheureux, d’aimer même ses ennemis et de se réjouir, malgré le dénigrement, parce que c’est la promesse de connaître le Royaume des cieux. Et encore cette règle d’or qui n’est que justice et sagesse : « Ce que vous voulez que les autres fassent pour vous, faites le aussi pour eux. »
Enfin dans l’Évangile de ce jour, pour être encore plus précis quant à l’attitude du disciple, Jésus quitte le domaine des généralités pour cibler trois exemples précis, sans doute parce qu’ils sont représentatifs des faiblesses humaines. « Un aveugle peut-il guider un autre aveugle ? »
Le disciple pour enseigner doit être pétri de sagesse et de foi mais aussi d’humilité et de patience.
« Car le disciple n’est pas au-dessus du maître mais le disciple bien formé, sera comme son maître « (Luc 6,40)
« Soyez attentifs à enseignez ce que vous croyez et à vivre ce que vous enseignez dit la prière de bénédiction des ordinations. »
Quant à l’image de la paille et de la poutre, elle invite par sa démesure à beaucoup de bienveillance et de prudence de la part du disciple qui selon le dicton populaire doit «  balayer devant sa porte. »
Ne jugez pas vous ne serez pas jugés. (Luc 6,37)
Enfin la troisième parabole appelle à la clairvoyance, au discernement. C’est au fruit que l’on reconnait l’arbre. Si les paroles que nous avons prononcées ou entendues ne sont pas suivies d’actes effectifs, bons et généreux, l’arbre n’était pas bon ; le prophète n’est pas bon.
Armés de ces quelques formules simples, appuyés par les béatitudes. Éclairés par l’Esprit Saint nous sommes prêts vivre à fond notre baptême qui nous fait « Prêtres, Prophètes et Rois » à l’image même du Christ dont nous sommes les frères et sœurs, et les disciples.
Nous pourrons vivre sereinement le carême qui commence ce Mercredi des Cendres.
Bonne route vers Pâques, bonne route vers la Vie.
Bernard Buisson diacre.

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