13è dimanche du temps ordinaire, année B

La vie est au centre des lectures de ce jour, la vie terrestre temporelle, et la vie éternelle. Le passage du livre de la Sagesse en première lecture fait un rappel sur la création. Dieu a créé le monde et tout ce qu’il renferme par amour, à chaque étape Dieu a vu que tout cequ’il a créé est bon, du côté de l a Vie et de l’Amour. A l’origine la mort ne règne pas sur la terre. Le mal, le péché et leur conséquence la mort sont de l’ordre de l’incréé, ils sont le résultat de la désobéissance du malin et de la tentation qu’il a induite dans le monde.
L’homme a été créé par Dieu à son image, c’est à dire reflet de son Amour infini. « Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu il le créa, il les créa homme et femme. » Gn1, 27 La conséquence du péché déforme cette image et fait que la vie de l’homme sur terre devient limitée, la mort vient y mettre fin. Mais la mort sur terre n’est pas la fin de tout puisque Dieu
rachète l’homme. Par sa mort et sa résurrection, Jésus nous ouvre les portes de la Vie éternelle. C’est là l’espérance de notre foi.
Dans le passage de l’évangile de Marc entendu aujourd’hui, où deux récits s’imbriquent, Jésus va redonner la plénitude de la vie à une femme et à une jeune fille et montrer ainsi qui il est, le Messie, le Fils de Dieu qui règne sur la création. C’est par la foi qu’elles seront guéries, la foi de la femme, la foi du père pour l’enfant. Tout est possible à celui qui croit.
Pour participer à cette puissance de guérison, de résurrection, donnée par Jésus, il y a une seule condition, croire : « Ma fille, ta foi t’a sauvée » avoir foi en Jésus maître de la vie. Quelle est la foi de ceux qui entourent Jésus dans les différents événements du récit ?
La foi commençante de la foule
Jésus arrive en terre païenne, sur l’autre rive, après avoir beaucoup enseigné et fait quelques guérisons et miracles pour attester qui il est, il a même dominé et calmé la mer déchaînée en tempête. La foule se presse pour le voir, l’écouter attendre peut être un signe pour chacun. Il est clair que ces gens vivent une certaine foi, balbutiante et imparfaite ,pour courir ainsi après lui.Jésus est reconnu comme un prophète, un guérisseur, mais pas encore perçu comme le Messie. Il faudra encore du chemin pour convertir les cœurs.
La foi en chemin de la femme
Dans cette foule il y a une femme malade souffrant d’hémorragies, ce qui la rend « impure » et donc marginale. Le sang s’écoulant hors du corps est symbole d’impureté. Ainsi la femme est périodiquement impure, aux yeux des juifs. En effet le sang est principe de vie. Cette vie qui semble fuir cette femme depuis 12 ans. Elle est de ce fait exclue de la synagogue, de la société, elle ne peut approcher ou toucher quelqu’un sans le rendre impur. Et pourtant elle ose se frayer un chemin dans la foule compacte, discrètement, pour approcher Jésus et toucher par derrière la frange de son manteau. Elle a la certitude que ce geste sera salvifique pour elle, que Jésus pourra la guérir. Sa foi est encore teintée de superstition : « Si je le touche, je serai sauvée ». Jésus va la faire grandir dans sa confiance déjà là. Il va chercher qui elle est pour avoir avec elle la rencontre en vérité, en tête à tête qu’il a avec ceux qu’il rencontre. Il la conduit à travers cette rencontre en vérité à une foi plus vraie, plus éclairée qui est une reconnaissance de sa personne. « Ma fille, ta foi t’a sauvée, va en paix et sois guérie de ton mal. »
La foi accomplie de Jaïre
L’attitude de Jaïre est impressionnante. Ce chef de synagogue n’hésite pas à se mettre à genoux et à supplier instamment Jésus alors qu’il pratique la loi juive et lit la Torah. Il en oublie la dignité de la fonction qui est la sienne, et ce devant la foule qui le connaît, au travers de laquelle il s’est frayé un chemin et qui risque de le dénoncer aux grands prêtres.
Pour cette fille qu’il aime, bien sûr, mais avec quelle insistance auprès de Jésus. le père de la petite jeune-fille, ne demandait d’abord qu’une guérison physique. Mais au fond de lui il est persuadé que Jésus peut surtout sauver sa vie en lui apportant la vie éternelle.
Lorsqu’on apprend à Jaïre que son enfant est morte, il va continuer à croire, Jésus l’invite à aller encore plus loin, à franchir le pas de la foi en la
résurrection. C’est jusqu’à cette foi pascale que veut nous conduire le vainqueur de tout mal. « Ne crains pas. Crois seulement », lui dit Jésus.
De l’extérieur, pressé par la foule nombreuse, Jésus va entrer à l’intérieur de la maison, dans l’intimité de la chambre avec seulement les parents de l’enfant et les trois apôtres qui seront ses témoins privilégiés, ici, à la transfiguration et au jardin des Oliviers Pierre, Jacques et Jean,
futurs piliers de l’Église.Jésus prend la main de la jeune fille et la relève, la ramène à la vie montrant ainsi qu’il domine la vie et la mort. Seul Dieu peut agir ainsi. Et pour bien faire comprendre la réalité et le sens de cette résurrection Jésus demande que l’on donne à manger à l’enfant. Elle est bien vivante avec son corps, et en même temps ce repas préfigure le banquet des noces éternelles.
A la fin du texte Marc précise que la jeune fille avait douze ans, l’âge de l’entrée dans la vie ,adulte, l’âge à cette époque de la puberté et des premières règles. 12 ans de vie pour la fille. Douze ans c’est aussi le temps de la maladie de la femme, le temps où la vie s’échappe d’elle. Douze c’est aussi le nombre des tribus d’Israël, 12 représente la plénitude, celle de tout le peuple Hébreux et par la suite de l’humanité entière à travers les siècles.
Ainsi Jésus montre qu’il est venu pour sauver tous les hommes et leur donner la vie qui ne finit pas. A chacun de croire pour vivre.
Notre foi.
Quelle est notre propre foi ? Celle balbutiante et teintée de superstition de la foule ? Celle hésitante, en croissance, de la femme qui n’ose approcher Jésus en face à face ? Celle de Jaïre, plus affirmée malgré les épreuves ?
Nous aussi, nous avons reçu par le baptême la même grâce que cette jeune adolescente, nous le croyons. Nous sommes ainsi passés de la mort à la vie et notre éternité est déjà commencée. Celui qui est « passé de la mort à la vie » par le baptême est introduit par-là à la table de l’eucharistie, de l’intimité avec Jésus sauveur, dans l’attente du banquet éternel. Entendons Jésus nous redire : « Debout ! Lève-toi ! Ressuscite ! »
Vivons notre baptême pour ne pas laisser s’endormir notre foi…
Père Jean-Hugues Malraison

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