« Moi, je suis la vigne, et vous les sarments ! » Cette image utilisée par le Christ dans l’Évangile de ce jour, nous rappelle la place qu’il doit tenir en nous chrétiens, afin que nous puissions porter du fruit tout au long de notre vie ! Dans une eucharistie, comme aujourd’hui, nous avons à prendre conscience de cet attachement ; nous nous souvenons que notre foi en lui nous permet d’agir en toute confiance. Alors, deux questions se posent : comment être greffés à la vigne, et comment porter du fruit ?
Comment donc, sinon en suivant notre Seigneur, en le priant de toutes nos forces, en veillant à notre comportement comme il est dit en deuxième lecture « non pas avec des discours, mais en acte et en vérité » et en parlant de Dieu à nos frères, en témoignant de lui, auprès de celui qui cherche comme de celui qui croit… même si les vents sont contraires, même si l’espérance est altérée par la différence, par la lassitude ou par les peurs… Chers frères et sœurs, il faut bien savoir où centrer notre foi ; cela pour éviter deux écueils qui ont toujours été négatifs voire destructeurs dans l’histoire de l’Église : d’une part le « on sera tous sauvés », et d’autre part, le fondamentalisme.
Le « on sera tous sauvés », dont nous en savons d’ailleurs rien et qui ne dépend pas de nous, est fortement démobilisateur, et a participé à vider les églises à la fin du siècle dernier, rendant la pratique accessoire voire inutile. Mais le fondamentalisme est tout aussi nocif. Nous ne sommes pas une religion du livre. La Bible pour les chrétiens n’est pas le Coran pour les musulmans. Et je peux dire que la Bible, dès les premiers chapitres, nous montre qu’un slogan tel que « la Bible, rien que la Bible, mais toute la Bible » disons-le, porté par nombre de chrétiens, ce slogan là n’est pas tenable. Dès la première page par exemple, la création en 7 jours lue d’une façon littérale amène à des non-sens scientifiques, qui perturbent d’entrée de jeu les croyants qui suivent un enseignement rigoriste.
Certes, et il faut le dire, la Bible, c’est Dieu qui nous parle, par la bouche et la plume des prophètes, trésor véritable qui a annoncé Jésus Christ et qui nous a donné toutes les clés de lecture. Et il est heureux et qu’à chaque eucharistie, qu’à chaque liturgie de la parole, ou que dans la plupart des réunions fraternelles, nous en lisions et nous en méditions de bons passages.
Mais si nous disons que nous ne sommes pas une religion du livre au regard du Coran pour les musulmans, c’est que nous, nous ne suivons pas un livre, mais nous suivons une personne : Jésus Christ. Et c’est sur lui que se centre notre regard de croyant. Ainsi, quand le prêtre ou le diacre vous fait acclamer l’évangile après sa lecture, il ne vous demande pas d’acclamer « cette parole », c’est-à-dire ce passage d’évangile lu en particulier, mais « acclamons La Parole », c’est-à-dire au-delà de l’écrit, le Verbe qui l’a dictée. De même, quand le prêtre élèvera le corps puis le sang du Christ : nous nous inclinerons.
Jésus Christ ; Chemin, Vérité et Vie. Jésus Christ, qui vient étancher notre soif en nous donnant l’eau vive. Jésus Christ, qui vient assouvir notre faim en nous donnant le pain de vie. Jésus Christ, qui, par la sève qui monte dans la vigne depuis la profondeur des racines, vient irriguer nos fragiles sarments.
Oui, « Je suis la vigne et vous êtes les sarments ». Nourris par la sève de l’évangile, à nous de porter du fruit !
Thierry Merle Diacre
5ème de Pâques B
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