Diacre et prêtre ont préparé chacun une homélie. Je reçois celle du Père Basile que je vous transmets. Un autre regard sur l’Évangile de ce Dimanche.
Merci à tous les deux.
Comme les disciples d’Emmaüs, cheminer avec le Christ, l’accueillir dans notre vie et devenir ses témoins. Telle me semble l’idée susceptible de guider notre méditation de ce troisième dimanche de Pâques.
Quand on parle de Jésus, il advient. C’est déjà ce qu’il fit au seuil du chemin d’Emmaüs. Peinés et découragés par la terrible épreuve de la Passion et de la mort de Jésus, ces disciples quittent Jérusalem pour retourner dans leur village natal. Chemin faisant, ils échangent leurs points de vue comme pour s’épauler l’un l’autre dans leur déroute. Quelqu’un les rejoint alors pour faire route avec eux : c’est Jésus. Bien que marchant aux côtés du Ressuscité, il leur fallait le rencontrer en vérité… Cela fut fait au moment de la fraction du pain, un geste familier de Jésus. L’évangile de ce jour nous raconte la suite de ce passage.
Si nous nous arrêtons d’abord sur l’expérience de nos deux pèlerins, nous pouvons comprendre que « ce qui se passe sur le chemin d’Emmaüs et au Cénacle nous renvoie à certains épisodes de l’histoire de notre vie. C’est nous qui marchons à la nuit tombante essayant de traverser tant bien que mal les moments difficiles : l’échec, la maladie ou la perte d’un être aimé. C’est nous qui nous enfermons dans un isolement stérile ruminant nos épreuves. Mais c’est aussi nous qui découvrons, par un concours de circonstances, la joie d’une rencontre fortuite qui nous ouvre un nouvel horizon : Quelqu’un qui nous accompagne sur le chemin de la foi et nous fait découvrir avec simplicité la Parole de Dieu. Aujourd’hui encore, Jésus marche avec nous, sans que nous le voyions. Il vient nous rassurer dans nos moments de doute et de peine. Il est là dans nos joies comme dans nos chagrins. Point n’est besoin de quitter la vie quotidienne pour Le rencontrer ».
Comme les disciples d’Emmaüs, nous sommes invités à faire cette rencontre. Mais il n’y a pas que leur expérience qui est proposée aujourd’hui à notre méditation. Il y a aussi celle des onze apôtres et leurs compagnons, à qui « ils racontaient ce qui s’était passé sur la route, et comment le Seigneur s’était fait reconnaître par eux à la fraction du pain ».
Les disciples sont à nouveau tous réunis. Ils parlent de Jésus … Il advient ! « Comme ils en parlaient encore, lui-même fut présent au milieu d’eux », dit l’évangéliste Luc. On imagine volontiers la stupeur des disciples. C’est la vie qui vient les visiter, c’est la résurrection qui vient les habiter. L’Église naît d’une rencontre avec le Ressuscité qui lui confie la paix : « La paix soit avec vous ! » dit Jésus ressuscité. Au soir de Pâques, voici que les promesses de paix se réalisent enfin ; il reste aux disciples à en faire véritablement l’expérience. Cette expérience se réalise chez les apôtres dans le souci qu’ils ont de promouvoir le message de la Bonne Nouvelle. C’est ce que fait Pierre quand, sans avoir peur, il annonce à ceux qui l’écoutent la résurrection du « Prince de la vie » et les invite à se convertir et à se tourner vers Dieu pour que leurs péchés soient effacés, comme nous lisons dans la première lecture.
Aujourd’hui, ces auditeurs des Apôtres, c’est nous. Après avoir rencontré le Christ, et remplis de l’Esprit du Ressuscité comme eux, nous sommes appelés à le porter au monde. Pour être de vrais témoins de la foi, c’est dans l’accueil de la Parole de Dieu et dans la fraction du pain, c’est-à-dire l’Eucharistie, que nous devons puiser des forces neuves, comme les disciples d’Emmaüs qui sont rentrés à Jérusalem nourris de leur expérience pour témoigner que Jésus était ressuscité.
Frères et sœurs, avec le même enthousiasme, partageons notre foi en Jésus par notre manière renouvelée de voir les choses et de vivre. Annonçons la Bonne Nouvelle à notre entourage. Dans un monde marqué par l’indifférence religieuse, le Seigneur compte sur nous pour manifester à ceux qui nous voient vivre notre rencontre avec Lui.
Père Basile
MÉDITATION sur la RÉSURRECTION DU CHRIST à partir de la liturgie Actes 3,12-15 ; Jean 2,1-5 ; Luc 24,35-48
« C’est vrai, le Seigneur est ressuscité. Il est apparu à Simon-Pierre »(Luc 24,34)
Ce sont ces paroles qu’ont prononcées les disciples restés à Jérusalem, en accueillant les deux pèlerins revenus dire leur extraordinaire rencontre sur la route d’Emmaüs, là où ils ont reconnu Jésus, lorsqu’il a rompu le pain.
C’est ainsi que Luc annonce la résurrection du Christ.
Mais il existe d’autres récits de cet évènement qui échappe toujours à notre raison humaine.
En particulier je n’ai trouvé chez les quatre évangélistes que six expressions identiques, dans le récit de la résurrection, depuis la découverte du tombeau vide jusqu’à l’Ascension.
Certes, ce sont les faits majeurs qui situent la Résurrection, dans l’espace et dans le temps. Mais des différences relevées dans les autres formulations, bien que portant seulement sur des détails, pourraient faire douter de la véracité des faits.Les quatre Évangiles relatent tous, à l’identique :
– Le premier jour de la semaine, la découverte du tombeau vide, le dimanche matin.
– « N’ayez pas peur, Soyez sans crainte », les premiers mots prononcés par les personnages vêtus de blanc, à l’adresse des femmes venues embaumer le corps de Jésus.
– « Il vous attend en Galilée »(*) . les paroles dites par ces mêmes personnages pour signifier que le Seigneur y attend les disciples pour l’évangélisation..
– Jésus lui-même se montre au tombeau à Marie de Magdala et à d’autres femmes.
– Jésus dit aux onze auxquels il apparait ; « La paix soit avec vous «
– Jésus envoie ses disciples en mission : « Allez par le monde entier proclamer l’Évangile. »
Seul Luc, dans son Évangile, mentionne la rencontre de Jésus (incognito) avec deux disciples sur la route d’Emmaüs, et seul Jean, relate la deuxième apparition de Jésus aux disciples, huit jours plus tard, et donc, la confrontation avec Thomas.
Quant aux différences mineures :
On relève chez Luc l’invitation de jésus aux onze à voir ses mains et ses pieds, alors que chez jean, Jésus invite Thomas à voir ses mains et à porter la main à son côté.
Ces différences entre les quatre évangiles ne doivent pas semer le doute dans notre esprit, mais au contraire conforter notre foi en un évènement qui en est le socle, bien qu’il échappe totalement à notre entendement.
Nous savons que les Évangiles ont été rédigés plusieurs années après la Résurrection, tirés de témoignages fournis par diverses sources, dont la fidélité a pu être altérée par le temps.
Mais l’authenticité d’un récit unique ne pourrait –elle pas, logiquement, être mise en doute. ?
La Résurrection reste un acte de foi, immatériel, qui n’a pas eu de témoin oculaire.
Elle est un mystère comme tant d’autres mystères demeurent dans l’Église et dans la vie.
A commencer par l’amour qui nous fait vivre mais dont on ne sait rien dire, si ce n’est que ses effets sont bien réels. Un adage populaire ne dit-il pas : « il n’y a pas d’amour mais seulement des témoignages d’amour ? ». La résurrection du Christ, de l’Homme-Dieu, précède, explique, justifie, la résurrection de l’Homme et par là même la dignité de l’Homme, être unique créé pour, lui-même, par amour, et capable de penser, d’imaginer, d’espérer, d’aimer .
La résurrection que nous vaut l’amour de Dieu est aussi une invitation à participer, sur terre, à la construction du Royaume des cieux ; « Ceux qui ont fait le bien ressuscitant pour entrer dans la vie » (Jean 5,29)
« Allez par le monde entier proclamer l’Évangile à toutes les créatures. Celui qui croira et sera baptisé sera sauvé » (Marc 10,15-16)
Le pape François nous invite à « aller à la périphérie »
C’est là notre Galilée.
AMEN
Bernard Buisson , diacre18.04.2021
NB -(*)La Galilée, territoire au Nord de la Palestine , carrefour des nations , brassage de peuples dont les habitants ont été déportés de pays vaincus. Symbole de l’ouverture au monde
C’est là que Jésus a inauguré sa mission : « les temps sont accomplis. Le Règne de Dieu est tout proche. Convertissez-vous et croyez à la Bonne nouvelle » (Marc 1,14-15)
C’est là que les disciples sont invités à se rassembler pour un nouveau départ missionnaire à la suite de Jésus »