« De même que le serpent de bronze fut élevé par Moïse dans le désert, ainsi faut-il que le Fils de l’homme soit élevé, afin que tout homme qui croit obtienne par lui la vie éternelle » Jn 3, 14-15
Pour comprendre cette comparaison faite par Jésus il nous faut d’abord regarder le peuple Hébreu dans la traversée du désert.
Depuis l’aube de l’humanité l’homme est marqué par le péché, individuel ou collectif, qui le détourne de l’Amour de Dieu.
« Celui qui fait le mal déteste la lumière : il ne vient pas à la lumière, de peur que ses œuvres ne soient dénoncées » Jn 3, 20
Nous en voyons un exemple dans la 1ère lecture, à Jérusalem au temps du roi Sédécias, où le peuple et les prêtres se livrent à l’idolâtrie.
« Sous le règne de Sédécias, tous les chefs des prêtres et le peuple multipliaient les infidélités, en imitant toutes les abominations des nations païennes, et ils profanaient la Maison que le SEIGNEUR avait consacrée à Jérusalem. » 2 Chr 36, 14
En remontant de quelques siècles, le peuple Hébreu suivait Moïse qui les avait fait sortir de l’exil en Égypte. La traversée du désert durera 40 ans, le temps de purifier le peuple pour qu’il abandonne les divinités égyptiennes et revienne à Dieu. Les 40 jours du carême que nous vivons actuellement, sont aussi pour nous ce temps de purification, de retour à l’essentiel, la Parole et l’Amour de Dieu.
Dans le désert du Sinaï les Hébreux ont été confrontés à plusieurs difficultés qui les ont amené à récriminer contre Moïse et son Dieu.
La faim, Dieu y pourvoit par la manne, la soif, Dieu permet à Moïse de faire jaillir une source, et l’épisode où ils étaient assaillis par des serpents venimeux qui fait mourir beaucoup d’hommes.
Comme ils n’ont pas la conscience tranquille, les Hébreux sont convaincus que c’est une punition que Dieu leur envoie. Ils se tournent alors vers le prophète :
« Nous avons péché en critiquant le SEIGNEUR et en te critiquant ; intercède auprès du SEIGNEUR pour qu’il éloigne de nous les serpents ! »
La réponse de Dieu à Moïse paraît surprenante .
« Fais faire un serpent brûlant en airin et fixe-le à une hampe : quiconque aura été mordu et le regardera aura la vie sauve. » Nb 21, 7-9
En fait il s’agit d’une croyance païenne répandue dans le peuple, mais dont
l’efficacité semble discutable. (Notons que c’est sans doute de cette coutume qu’est né le caducée, emblème des médecins qui apportent la guérison.)
Moïse fit un serpent d’airain et le fixa à une hampe ; et lorsqu’un serpent mordait un homme, celui-ci regardait le serpent d’airain et il avait la vie sauve. A première vue, cela semble relever de la magie, pourtant Dieu va se servir de cette coutume pour convertir le peuple et transformer ce qui était jusqu’ici un acte magique en acte de foi.
Moïse ne va pas brusquer pas le peuple en s’opposant et lui dit de faire comme ils ont l’habitude de faire, mais de ne pas se tromper de dieu : il n’existe qu’un seul Dieu, celui qui les a libérés d’Égypte. « Faites-vous un serpent, et regardez-le. Croyez cependant que celui qui vous guérit, c’est le Seigneur, ce n’est pas le serpent. »
Ainsi en levant les yeux vers le ciel, vers le serpent élevé sur le bois c’est vers Dieu qu’ils regardent, lui seul pouvant les guérir et les sauver.
Dans le passage de l’Évangile de Jean entendu ce matin Jésus reprend cet exemple à son propre compte.
« De même que le serpent de bronze fut élevé par Moïse dans le désert, ainsi faut-il que le Fils de l’homme soit élevé, afin que tout homme qui croit obtienne par lui la vie éternelle » Jn 3, 14-15
De la même manière qu’il suffisait de lever les yeux avec foi vers le Dieu de l’Alliance pour être guéri physiquement, désormais, il suffit de lever les yeux avec foi vers le Christ en croix pour obtenir la guérison spirituelle.
Lever les yeux et regarder la croix c’est croire en Jésus sauveur qui apporte le salut à tous les pécheurs par sa mort et sa résurrection. C’est reconnaître en Lui l’amour infini de Dieu. C’est écouter sa Parole et la mettre en pratique. Lever les yeux vers la croix veut dire croire en Jésus sauveur, reconnaître en lui l’amour même de Dieu. Face à la proposition d’amour de Dieu, notre réponse peut être celle de l’accueil, la foi mais aussi le refus car nous sommes libres.
« Dieu est riche en miséricorde ; à cause du grand amour dont il nous a aimés, nous qui étions des morts par suite de nos fautes, il nous a donné la vie avec le Christ » nous dit St Paul dans la 2è lecture Ep 2, 4-5
« Car Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que
quiconque croit en lui ne se perde pas, mais obtienne la vie éternelle. Car Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé. » Jn 3, 16-17
Désormais, en Jésus, c’est tout homme, c’est le monde entier, qui est invité à croire pour vivre et accueillir le salut.
Alors chaque fois que nous sentons en nous la morsure mortelle du péché puissions nous lever les yeux vers le Seigneur, vers le Christ rédempteur élevé sur le bois de la croix.
« Tout homme qui croit en lui obtiendra la vie éternelle »
Père Jean-Hugues Malraison
4è dimanche de carême.