Après avoir appelé ses premiers apôtres sur les bords du lac de Tibériade, Jésus arrive à Capharnaüm, carrefour des nations et il se rend au temple le jour du Sabbat. Là il va participer aux échanges qui se font après la lecture de la Torah, où chacun peut commenter le texte du jour, en faisant souvent référence à un propos du rabbin qui les a formés.
Pour Jésus il en est autrement. Il a une Parole qui s’impose d’elle même car elle dit la vérité. Jésus qui est le Verbe de Dieu incarné ne fait référence qu’à son Père.
Ce qu’il dit n’est pas une simple discussion, argumentation, mais un véritable enseignement qui fait autorité.
« On était frappé par son enseignement, car il enseignait en homme qui a autorité, et non pas comme les scribes. »
Autorité, le mot vient du verbe latin “augere” qui veut dire “croître”, faire grandir”. L’autorité naturelle a donc pour fonction essentielle de permettre à celui qui l’exerce d’aider quelqu’un à grandir dans la vie, dans la foi, à devenir lui-même, un homme à part entière, responsable de son agir, capable d’initiative et de solidarité. Une autorité véritable autorise l’autre à être auteur de sa vie. Rien à voir donc avec l’autoritarisme qui écrase l’autre et l’enferme.
La Parole de Jésus au contraire ouvre et libère. Il est venu nous révéler le Père et nous enseigner le sens des Écritures, nous révéler comment nous pouvons participer à la construction du Royaume d’Amour auquel le Père nous invite en vivant des deux commandements que Il nous enseigne, aimer Dieu et aimer notre prochain.
Par sa Parole et ses actes Jésus exerçait une autorité de service, avec une compassion active, en particulier pour ceux qui étaient les plus fragilisés, les malades et c’est le cas de cet homme, tourmenté par un esprit mauvais, dans le passage de l’évangile de Marc entendu aujourd’hui.
Dans la rencontre avec Jésus, l’homme ne dira rien, seul l’esprit mauvais, le démon qui habite en l’homme va s’exprimer.
« Que nous veux-tu, Jésus de Nazareth ? Es-tu venu pour nous perdre ? Je sais qui tu es : Tu es le Saint de Dieu. »
Phrase étrange dans l’articulation du Je – Nous qui laisse présager que le démon est multiple, comme c’est le cas dans d’autres récits de possession.
Le démon sait à qui il s’adresse, à Jésus, en précisant de Nazareth, un étranger venu dans cette ville de Capharnaüm, et surtout il sait qui est Jésus, le Fils de Dieu. Il sait mais il n’a pas la foi. Au contraire, il s’oppose à l’Amour qui vient de Dieu, il s’est séparé de Dieu et vient pour diviser les hommes, les couper de la relation à Dieu.
Un esprit impur, c’est un esprit qui nuit à notre intégrité. qui empêche d’être complètement donnés à Dieu. Face à cet esprit Jésus n’aura qu’une phrase : « Tais-toi, sors de cet homme ».
– Le faire taire, car il n’est pas bon d’entendre cette petite voix qui susurre à nos oreilles des paroles de division et nous entraîne dans le péché.
– Le faire sortir de celui dont il a pris possession. Et ainsi, par cette parole d’exorcisme, libérer l’homme et le sauver. Face à Jésus le démon ne peut que fuir. Et il sort avec fracas, provoquant chez l’homme comme une crise d’épilepsie.
Jésus révèle par cet acte qu’il domine sur les forces du mal, qu’il est venu pour sauver l’humanité et réconcilier les hommes avec Dieu.
Jésus nous montre une autorité qui aime : il ouvre aux autres et conduit à son Père. En face de Lui, nous sommes appelés à devenir des disciples qui l’écoutent et le suivent pour à notre tour vivre la plénitude de notre baptême qui nous fait prêtre, prophète et roi à la suite de Jésus.
Aujourd’hui, Jésus nous associe à ce salut en particulier, dans toutes les formes d’autorité que nous pouvons exercer, dans la mesure où nous détenons une responsabilité et donc un pouvoir qui lui est lié.
Comment exerçons-nous cette autorité ? Pour dominer ? Pour nous mettre en valeur ? Arriver à nos fins ?
Ou en respectant l’autre ; en accueillant son désir lorsqu’il est bon ; en lui faisant confiance et en lui montrant le chemin qui mène à Dieu.
Essayons-nous de rendre notre proche auteur de sa propre vie ?. C’est cela suivre le Christ et mettre sa Parole en pratique.
Père Jean-Hugues Malraison
31 janvier 2021, 4è Dimanche du Temps Ordinaire, année B
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